L'emploi de l'écriture dépend de la conception celtique de la sagesse véritable. Contrairement à nos habitudes, les Celtes n'ont jamais fait usage de l'écriture pour la transmission à la postérité d'un savoir quelconque. Les druides n'ont certainement pas prohibé l'usage de l'écriture. Eux-mêmes étaient certainement ceux qui savaient le mieux lire et écrire. Mais l'écriture a été, pendant toute la haute époque, d'emploi exceptionnel. En Irlande, l'écriture ogamique (des traits horizontaux, verticaux et obliques de part et d'autre d'une arête verticale) excluait tout usage fréquent et simple. Elle n'est utilisée qu'à des fins magiques. On grave des ogam sur des baguettes d'if pour faire de la divination, ou bien Cúchulainn en fait autant, sur une grosse branche de chêne, pour arrêter l'armée de la reine Medb à la frontière d'Ulster. En fait, l'écriture est une application pratique de la magie, et les lettres dépendent du dieu-lieur, Ogme. L'écriture, fixation dans la matière d'une formule ou d'un nom, fige pour l'éternité, rend une malédiction ou une incantation efficace aussi longtemps que dure le support, bois, pierre ou métal, sur lequel elle est gravée.