Sur le Cerro de las Mesas, dans la Serrania de Ronda (province de Malaga, Espagne)
Peuple:
Celtiques, Acinipponenses
Type:
Oppidum, puis ville hispano-romaine
Muraille:
Murs cyclopéens
Acinipo - Ville de Béturie, puis de la province de Bétique, attribuée aux Celtiques de Bétique par Pline (Histoire naturelle, III, 14) et Ptolémée (Géographie, II, 4, 11). Elle fut mentionnée par Pline sous la forme Acinipo et Ἀκινιππώ par Ptolémée. L'épigraphie fournit également des attestations de ce nom, notamment quelques monnaies émises dans cette localité à l'époque romaine marquées ACINIPO et des inscriptions lapidaires. Ce toponyme n'est aucunement celtique, on y reconnaît un composé en *Acin(i)-ipo, comportant le suffixe tartessien *-ippo > -ipo, qui signifierait "ville / lieu habité" (Villar Liébana, 2000). Plusieurs inscriptions officielles posées par l'ordre des décurions de la cité (CIL 02, 1347 ; 1350 & 1351) permettent assurément de localiser Acinipo au niveau des importantes ruines antiques mises au jour au niveau de la localité de Ronda la Vieja, dans la Serranía de Ronda (Ronda, province de Malaga, Espagne).
Acinipo occupe une position défensive remarquable sur un plateau bordé d'imposants escarpements rocheux, dominant de 200 à 300 mètres la plaine alentour. L'archéologie révèle que le site d'Acinipo fut occupé de manière discontinue depuis le Néolithique, et de manière continue depuis l'âge du bronze, comme en témoignent les vestiges d'habitations circulaires datés du VIIIe-VIe s. av. J.-C. Au cours de l'âge du fer, un oppidum indigène s'y est développé. Sur la période comprise entre 550 et 400 av. J.-C., un double transfert de population s'est effectué entre le site d'Acinipo et celui de Silia del Moro, puis depuis ce dernier site vers Acinipo. L'origine de ces évènements demeure indéterminé (Castaño Aguilar et al., 2009 ; Castaño Aguilar, 2019). à une époque mal-déterminée, mais antérieure à la domination romaine, Acinipo fut dotée de murailles cyclopéennes derrière lesquelles l'agglomération indigène a continué à se développer, sans perturbation véritable jusqu'au début de la période impériale.
En effet, dans un premier temps, aux Ier s. av. - Ier s. ap. J.-C., la présence romaine n'a pas bouleversé notablement le site. L'urbanisme ibérique s'est maintenu, et la parure monumentale romaine de la métropole de la cité des Acinipponenses s'y est intégrée (Aguayo de Hoyos et al., 2009 ; Castaño Aguilar, 2019). C'est à cette même époque qu'Acinipo reçut le privilège de battre monnaie, comme en témoignent de nombreuses monnaies à la grappe de raisin portant la mention ACINIPO (Mora Serrano, 2017). Aux Ier et IIe s. ap. J.-C., lors de la phase d'apogée de la ville, l'urbanisme d'Asinipo changea radicalement et adopta le modèle romain. Compte-tenu du relief, la ville fut aménagée sur un système de terrasses aménagées sur les versants. Les activités artisanales et industrielles se déplacèrent vers la périphérie de la ville. La parure de la ville fut enrichie ; un théâtre, un forum et des thermes furent érigés, tandis que les fortifications protohistoriques furent restaurées en dotées de portes monumentales. À cette époque, la ville couvrait une superficie de l'ordre de 32 ha et devait posséder une population de l'ordre de 5000 habitants. Cette période d'oppulence prit fin dés la fin du IIe s. ap. J.-C., lorsque s'amorça son déclin. Une partie de la parue monumentale fut dés lors démantelée. C'est probablement à cette époque qu'Acinipo fut reléguée au second plan derrière Arunda (Ronda, province de Malaga, Espagne), la métropole de la petite cité voisine. Cette dernière phase se prolongea jusqu'au IVe s. Entre le IVe et le VIe s., le déclin fut plus appuyé encore. Tandis que la superficie de la ville se réduisait peu à peu, les activités artisanales et industrielles se redéployèrent dans le centre de la ville. Finalement, Acinipo fut définitivement désertée au VIIe s. ap. J.-C. (Aguayo de Hoyos et al., 2009 ; Castaño Aguilar et al., 2009 ; Castaño Aguilar, 2019).
Sources littéraires anciennes
Pline, Histoire naturelle, III, 13-14 :"La contrée qui s'étend au delà des pays déjà décrits, du fleuve Bétis jusqu'au fleuve Ana, s'appelle Baeturie, divisée en deux parties et en autant de nations : les Celtiques qui touchent à la Lusitanie et qui dépendent de la juridiction d'Hispalis, et les Turdules qui sont limitrophes de la Lusitanie et de la Tarragonaise, et qui appartiennent à la juridiction de Cordoue. Les Celtiques venus de la Lusitanie sont une branche des Celtibères ; cela est manifeste par les rites religieux, par la langue, par les noms des villes, qui sont les mêmes dans la Bétique, sauf le surnom : Seria, surnommée Fama Julia ; Nertobriga, surnommée Concordia Julia ; Segida, Restituta Julia ; Contributa Julia Ucultiniacum, aujourd'hui Curiga ; Laconimurgi, Constantia Julia ; Térèses, Fortunales ; et Callenses, Emaniques. En outre, dans la Celtique, on trouve : Acinippo, Arunda, Arunci, Turobrica, Lastigi, Alpesa, Saepone, Serippo. L'autre Baeturie, que nous avons dit appartenir aux Turdules et à la juridiction de Cordoue, a des villes qui ne sont pas sans renom : Arsa, Mellaria, Mirobrica, et, de la contrée Osintiade, Sisapon."
Sources épigraphiques
Col du Grand Saint-Bernard (CIL 05, 6888) I(OVI) O(PTIMO) M(AXIMO) / POENINO / M(ARCVS) SVLPIC(IVS) MAR/CELLVS AC(I)NIP(PONE) / V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)
"À Jupiter le très bon, le très grand, Poeninus. Marcus Sulpicius Marcellus, d'Acinippo, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
"À Marcus Iunius Terentianus Servilius Sabinus, fils de Lucius, petit-fils de Lucius, (de la tribu) Galeria, duumvir, flamine, pontife perpétuel des colons de la colonie Patricia. Le peuple des Acinipponenses, pour le patron, pour son mérite, ont décrété (l'érection de cette) statue, à leurs frais. Marcus Iunius Terentianus Servilius Sabinus leur a assumé la dépense pour cet honneur."
"À Fabia Maura. Lucius Fabius Victor, à son épouse, a ordonné par testament que soit posée cette statue. L'Ordre (des décurions) aciniponense a décrété (l'octroi) de ce lieu. Marcus Aemilius Dio, fils de Spurius, (?), son héritier, a pris soin de poser ce monument."
"Flavius, fils de Caius, (de la tribu) Galeria, sévir […] (?) […] des décurions acinipponenses. Par décret des décurions."
Sources
• P. Aguayo de Hoyos et al., (2009) - "Síntesis histórica de Acinipo”, in : J. M. Castaño Aguilar & B. Nieto González (coord.), Cuadernos de Arqueología de Ronda, vol.3, 2007-2008 - La ciudad romana de Acinipo. Investigaciones 2005-2007. Avance de resultados, pp.27-30
• J. M. Castaño Aguilar et al., (2009) - "Estudios arqueológicos - Conclusiones preliminares”, in : J. M. Castaño Aguilar & B. Nieto González (coord.), Cuadernos de Arqueología de Ronda, vol.3, 2007-2008 - La ciudad romana de Acinipo. Investigaciones 2005-2007. Avance de resultados, pp.101-106
• J. M. Castaño Aguilar, (2019) - "La ciudad de Acinipo (Ronda). Yacimiento arqueológico y símbolo territorial", Andalucía en la historia, n°66, pp.48-53
• B. Mora Serrano, (2017) - "Acinipo (Ronda la Vieja). La aportación de la moneda al estudio de la ciudad y su relación con el litoral e interior béticos", in : AA. VV., (dir.), Las ocupaciones por sociedades prehistóricas, protohistóricas y de la antigüedad en la Serranía de Ronda y Béticas Occidentales, Actas del I Congreso Internacional de Historia de la Serranía de Ronda (Ronda, 13 al 15 de noviembre de 2015), José Ramos Muñoz et ál. (eds.), Anejos de Takurunna 1, Ronda, Editorial La Serranía-Instituto de Estudios de Ronda y la Serranía, 2017, pp.493-511
• F. Villar Liébana, (2000) - Indoeuropeos y no indoeuropeos en la Hispania prerromana, Número 277 de Acta Salmanticensia : Estudios filológicos, Ediciones Universidad de Salamanca. Salamanca, 487p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique