ãvio- / ãvi(o)- - La racine gauloise *ãvio- désigne d'abord l'oeuf, au sens littéral, comme objet concret et neutre. Cette racine est attestée dans des anthroponymes et inscriptions gauloises, par exemple dans des noms propres tels que Avius ou Anavus, où elle constitue la base du mot. Son origine remonte au proto-indo-européen *h₂ōwyóm, la racine reconstruite pour "oeuf", qui a également donné le latin ovum, le grec ancien ᾠόν (ōión), et le germanique *ajja, à l'origine de l'anglais egg. Le sanskrit aṇḍa, bien qu'ayant le même sens, provient d'une sous-racine différente (*h₂end-) et n'est donc pas un cognat direct.
Dans le gaulois, la racine *ãvio- ne se limite pas au sens concret de l'oeuf ; elle se retrouve dans des noms propres et surnoms où elle prend des valeurs figurées. Ainsi, elle peut désigner la forme ronde d'une personne, servir de sobriquet moqueur, ou même revêtir une connotation salace, l'oeuf étant parfois employé comme métaphore pour les testicules. Cette flexibilité illustre la manière dont les Gaulois utilisaient les réalités matérielles et corporelles pour créer des noms à la fois descriptifs, humoristiques ou ironiques. En somme, *ãvio- conserve son sens premier de "oeuf", mais son emploi dans les anthroponymes gaulois révèle une extension figurative qui peut être péjorative, humoristique ou sexuelle, ce qui est cohérent avec les pratiques onomastiques cetiques plus générales.
En gaulois, la longueur de la voyelle radicale dans des mots comme *ãvio- est phonologiquement significative et pourrait modifier le sens du mot. On peut ainsi distinguer une forme longue ãvio- et une forme courte avio-, qui pourraient correspondre respectivement à "oeuf" ou à une racine voisine *av(i)o- signifiant "aïeul" ou "descendant". Malheureusement, dans les inscriptions gallo-latines, la longueur des voyelles n'est jamais indiquée, ce qui rend cette distinction impossible à déceler directement. Cette incertitude implique que l'interprétation des anthroponymes issus de cette racine, tels que Avius ou Anavus, reste hypothétique : le nom pourrait dériver du sens "oeuf" ou bien renvoyer à l'idée de "lignée" ou de "descendant". Ainsi, la longueur de la voyelle, invisible dans l'épigraphie, introduit une ambiguïté qui peut changer significativement la compréhension de ces noms.
Pour Anavus, l'ambiguïté se manifeste de manière particulièrement nette : Favereau (2017) lit "sans descendance", tandis que Delamarre (2003) n'excluait pas cette interprétation, mais dans son ouvrage de 2019, il se ravise et lit désormais "sans oeuf". Cet exemple illustre parfaitement comment une variation phonétique non notée dans l'épigraphie, comme la longueur de la voyelle radicale, peut produire des interprétations divergentes selon les auteurs et les années, et combien l'analyse des anthroponymes gaulois reste très hypothétique.