Bletisa / Bletisama (Ledesma, province de Salamanque, Espagne) ?
Blétonésiens
Localisation
Peuple dont la localisation est plus qu'énigmatique. Suivant C. Cichorius (1922), leur nom devrait être rapproché de celui Bletisa / Bletisama (Ledesma, province de Salamanque, Espagne), une des villes des Vettons, située dans la province romaine de Lusitanie. Si tel était bien le cas, les Blétonésiens seraient identiques aux Bletisamenses connus à l'époque impériale.
Attestations et étymologie
Les Blétonésiens ne sont connus que par une mention, sous la forme Βλετωνησίους, dans les Questions romaines de Plutarque (83). Bien qu'il ne mentionne pas cet ethnonyme, X. Delamarre (2019) identifie un possible thème celtique *bleto-, pour lequel il ne fournit aucune étymologie.
Histoire
Compte-tenu des doutes qui entourent leur localisation précise, il n'est pas possible de recourir aux conjectures pour tenter d'éclairer l'histoire de ce peuple. D'après Plutarque, les magistrats des Blétonésiens furent inquiétés par les Romains après qu'ils eurent procédé à un sacrifice humain. Ils furent finalement libérés sans difficultés lorsqu'ils apprirent aux Romains qu'une loi de le peuple leur permettait cette pratique. Cette dernière remarque indique que l'évènement est certainement postérieur de peu à la conquète romaine, soit après 134-133 av. J.-C., si on voit en ce peuple l'une des composantes des Vettons.
Sources littéraires anciennes
Plutarque, Questions romaines, 83 :"Pourquoi les Romains, instruits que les Bletonésiens avaient immolé une victime humaine, mandèrent-ils les magistrats de ce peuple barbare, pour les en punir, et qu'ils les renvoyèrent absous, après qu'ils eurent appris d'eux qu'une loi de leur pays leur permettait ces sortes de sacrifices ? Pourquoi leur défendirent-ils d'offrir à l'avenir de telles victimes, tandis qu'eux-mêmes, peu d'années auparavant, avaient enterré, tout vivants, dans le marché aux boeufs, deux hommes et deux femmes, les uns grecs et les autres gaulois ? N'était-ce pas une grande inconséquence que de faire eux-mêmes ce qu'ils jugeaient criminel dans des Barbares ? Regardaient-ils comme impie de sacrifier des hommes aux dieux, et comme nécessaire d'en immoler aux génies ? Croyaient-ils coupables ceux qui faisaient ces sacrifices, d'après leurs lois et leurs usages, et ont-ils cru devoir eux-mêmes le faire, lorsque leurs livres sibyllins le leur ont ordonné ? On raconte à ce sujet qu'une jeune fille nommée Elbia, qui voyageait à cheval, fut frappée de la foudre. On trouva le cheval étendu mort, sans son harnais, et Elbia la moitié du corps découvert, comme à dessein, tandis que ses souliers, ses anneaux et son voile étaient épars de côté et d'autre, et sa langue hors de sa bouche. Les devins déclarèrent que ce prodige annonçait sur les vierges sacrées un grand opprobre qui serait découvert, et que partageraient des chevaliers romains. Peu de temps après, l'esclave d'un chevalier étranger dénonça trois vestales, nommées Émilie, Licinie et Martia, qui s'étaient laissé corrompre, et qui vivaient depuis longtemps dans un commerce criminel avec leurs séducteurs, du nombre desquels était Hutétius, maître de l'esclave dénonciateur. Elles furent convaincues et punies du dernier supplice. Mais le cas ayant paru atroce, les prêtres eurent ordre de consulter les livres sibyllins. Ils y trouvèrent des oracles qui prédisaient ces crimes, avec les malheurs qui en seraient la suite, à moins que, pour les prévenir, on ne sacrifiât à des génies deux Grecs et deux Gaulois, qu'on enterrerait tout vivants dans le lieu même."