Céracates - Ancien pagus des Trévires, puis possible éphémère cité gallo-romaine, ils ne furent mentionnés que par Tacite sous les formes Caeracatium et Caeracatibus (Histoires, IV, 70) et sur une inscription funéraire découverte à Mayence et datée du Ier s. ap. J.-C. sous la forme CIV<I=E>S CAIRACAS (AE 1965, 247 ; 1972, 354 ; 2012, 1028). Leur nom est gaulois, on y reconnaît le terme *caerac- signifiant "brebis", probablement associé au le suffixe d'appartenance -ati. Leur nom pourrait avoir signifié "ceux (qui ont) des brebis", c'est à dire "les bergers". Leur territoire n'est pas localisé par Tacite, mais devait se trouver dans le voisinage de celui des Trévires, des Triboques et des Vangions. On admet communément qu'ils furent intégrés à la cité des Mogontiacenses, les "habitants de Mogontiacum", ce qui semble confirmé par la découverte en 1965 de l'inscription mentionnant un CIV<I=E>S CAIRACAS à Mayence (AE 1965, 247 ; 1972, 354 ; 2012, 1028).
Les Caeracates "Céracates" ne furent pas mentionnés dans la Guerre des Gaules de César, mais un peuple non-localisé, au nom apparenté, les Caeroesi "Cérosiens" y apparaît (Guerre des Gaules, II, 4), mais aussi tentant que puisse être le rapprochement, il s'agît de toute évidence de deux peuples distincts. Les Céracates sont absents de l'énumération des cités de Gaule belgique de Pline (Histoire naturelle, IV, 106). Tout porte donc à croire qu'ils aient pu être originellement une fraction des Trévires, séparés de ces derniers et érigés en cité.
Lorsque éclata la révolte de Civilis de 69-70 ap. J.-C., les Trévires se joignirent aux insurgés sous le commandement de Julius Classicus et de Julius Tutor, aux côtés des Céracates, Triboques et Vangions. Les troupes dirigées par Julius Tutor furent finalement vaincues après avoir franchi la Nahe par Sextilius Felix. Pline a publié son Histoire naturelle vers 77 ap. J.-C., on s'étonnera donc que cet ouvrage ne fasse pas mention des Céracates, pourtant attestés par Tacite lors de son récit des événements des années 69-70 ap. J.-C. (Histoires, IV, 70). Cette absence dans l'Histoire naturelle pourrait s'expliquer par le caractère récent de la déduction de cette nouvelle cité, laquelle ne figurait donc pas encore dans les sources utilisées par Pline.
Entre 82 et 83 ap. J.-C., la province de Germanie supérieure fut créée au détriment de la province de Gaule belgique. C'est très certainement dans le prolongement de cette création nouvelle que les Arésaques et Céracates furent définitivement détachés des Trévires, puis rassemblés au sein d'une nouvelle cités, celles des Mogontiacenses.
Sources littéraires anciennes
Tacite, Histoires, IV, 70 :"Tutor, après avoir ajouté aux bandes tréviroises des recrues de Vangions, de Caracates et de Triboques, les renforça de vieux légionnaires tant à pied qu'à cheval, qu'il corrompit par l'espérance ou força par la crainte. Ceux-ci massacrèrent d'abord une cohorte qu'avait détachée en avant Sextilius Félix ; bientôt, en voyant approcher des généraux et une armée romaine, ils retournèrent, par une désertion honorable, au poste du devoir, et furent suivis des Triboques, des Vangions et des Caracates. Tutor, accompagné des Trévires, évita Mayence et se rendit à Bingium. Il comptait sur cette position parce qu'il avait rompu le pont de la Nava : il fut trahi par un gué que découvrirent les cohortes de Sextilius, assailli par elles, et battu."
Sources épigraphiques
Inscription de Mayence (AE 1965, 247 ; 1972, 354 ; 2012, 1028) RVTO MATTIACI F(ILIVS) CIV<I=E>S CAIRACAS CVRIA FLACCI AN(NORVM) XXV ALLIA MATER AN(NORVM) SIBI ET FILIO S(VA) P(ECVNIA) [
"À Ruto fils de Mattiacus, citoyen cairaque, de la curie de Flaccus, âgé de 25 ans et Allia sa mère. Pour lui-même et son fils, à ses frais [...]"