• Les Celtes, (Collectif), 2001, EDDL, ISBN:2-23700-484-6
Description:
Dans cette communauté européenne si vaste et si hétérogène, toutes les cultures qui . caractérisent les différents peuples ont des greffes diverses, tantôt plus ou moins vastes, tantôt plus ou moins occasionnelles. Il en est de même de la culture latine et, par son intermédiaire, de la grecque. Ou bien encore, de la culture chrétienne et, par son intermédiaire, de l'hébraïque pour ne parler que de certaines greffes les plus décisives. Mais tout peuple qui vit sur notre continent a ses propres caractéristiques individuelles qui remontent aux agrégations d'origine: les peuples latins, germaniques, anglo-saxons, slaves avec leurs sous-distinctions, conservent des caractères spécifiques qui permettent de les reconnaître, qui ne se manifestent pas seulement dans la durabilité des souches linguistiques bien définies, mais également dans les tendances de l'esprit et de la raison. Les explications de ces tendances ont donné lieu à des cultures diverses où les éléments communs aux uns et aux autres n'ont pas toujours joué un rôle unificateur: au contraire, quand bien même ils ont presque constitué des ponts, des moments de communication réciproque, des bases pour un dialogue européen qui a toujours existé, néanmoins ils n'ont jamais fait disparaître la singularité des racines. Eh bien, l'un des intérêts les plus vifs des sciences qui utilisent la recherche historique est précisément celui de fouiller dans le passé des peuples pour en trouver les bases permanentes. De fait, en Europe, ces sciences ne peuvent se limiter à l'archéologie, comme c'est le cas pour des peuples désormais disparus tels ceux de l'Orient voisin, les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Hittites, les Egyptiens et bien d'autres encore: ici il s'agit de fouilles, pour ainsi dire, dans le vif, et le produit de l'archéologie vise à mieux connaître ce qui existe et non à reconstruire une humanité qui n'est plus. Dans ce contexte, le Palazzo Grassi a tenté l'aventure des Phéniciens, peuple sûrement disparu, dans le but non seulement de nous les restituer, mais de mettre en lumière si et dans quelle mesure il peut encore être considéré partie de notre civilisation. Et maintenant voici l'exposition sur les Celtes. Ici le thème est encore plus séduisant car, comme on l'entend communément, toutes nos cultures sont parties de la leur. Bien des passages ont peut-être été effacés, beaucoup ont en réalité été absorbés. Les caractéristiques de nos gens romains, de nos peuples romains ou différents des Romains et, par conséquent, dans le sens littéral du mot grec originel, barbares, peuvent toutes se reconnaître dans cette Mère qui a laissé moins de signes visibles et tangibles que la Mère latine, mais le but de cette exposition que nous présentons ici est précisément d'en retracer le,s traits, d'en retrouver, voudrait-on dire, la présence continue et inchangée. Par cette exposition, le Palazzo Grassi poursuit sa vocation désormais affirmée d'allier la "visualité" des objets à l'étude d'une civilisation, une étude qui va de l'examen des lieux et, dans ces derniers, de la découverte des vestiges, à une compréhension des époques et des différences qui, même dans le cadre d'une origine fondamentalement commune, ont cependant existé, jusqu'à la tentative d'en identifier leurs mouvements et leurs sociétés. Le Palazzo Grassi a voulu cette manifestation non pas pour en faire une simple exposition, mais pour offrir un moment de réflexion. Les spécialistes que nous avons appelés à collaborer et qui, avec enthousiasme et désintéressement, ont coopéré, ont trouvé dans notre initiative l'occasion d'une "re-visitation" d'hypothèses et de thèses. Cependant, le public auquel nous nous adressons est également encouragé à participer. Notre finalité n'est pas devoir dans nos salles une foule attirée par la nouveauté, mais plutôt une foule attentive et plongée dans la lecture du message que nous voulons offrir et qui, en réalité, est le message des Celtes. Nous voulions intituler l'exposition "Les Celtes, première Europe", et cette première Europe est ce qui caractérise notre exposition: à la fois un hommage à cette nouvelle Europe qui ne pourra voir le jour sans avoir pleinement conscience de son unité et qui, loin dans le temps en remontant le cours des siècles, aboutit vraiment, d'une part, à la civilisation romaine et à la chrétienne, mais également à celle de ces peuples qui ont laissé à l'Europe un héritage que personne ne peut ignorer.