Des Celtes de l'Adriatique rencontrent Alexandre le Grand [-335:-334]
Des Celtes de l'Adriatique rencontrent Alexandre le Grand (335-334 av. J.-C.)
Profitant de la mort de Philippe II de Macédoine (336 av. J.-C.), les peuples thraces, qu'il avait soumis entre 352 et 342 av. J.-C., se révoltèrent. Entre 335 et 334 av. J.-C., Alexandre entreprit de reconquérir ces territoires perdus, situés au-delà de Αἵμος "Haemos" (Grand Balkan), et défit les Triballes, puis les Gètes, près du delta du Danube.
Nous savons par Ptolémée "fils de Lagos" (1) (cité par Arrien, Anabase, I, 4 et Strabon, Géographie, VII, 3, 8) qu'au cours de cette campagne, Alexandre reçut la visite d'ambassadeurs dépêchés par des Celtes de l'Adriatique, cherchant son alliance et son amitié. Au cours du festin organisé pour accueillir les ambassadeurs, Alexandre demanda à ses convives ce qu'ils redoutaient le plus au monde, espérant qu'ils allaient prononcer son nom. A la surprise générale, les Celtes lui répondirent par une formule devenue célèbre : "qu'ils ne redoutaient rien que de voir le ciel tomber sur eux que, du reste, ils attachaient le plus haut prix à l'amitié d'un homme tel que lui."
(1) Ptolémée (Πτολεμαῖος) était un important général macédonien et compagnon d'arme d'Alexandre. A la mort de ce dernier (323 av. J.-C.), il devint l'un des principaux diadoques et, dans ce cadre, devint satrape d'Egypte. En 305 av. J.-C., il se proclama roi d'Egypte et ainsi fonda la dynastie lagide (du nom de son père, Λαγός / Lagos), également connue sous le nom de dynastie ptolémaïque.
Arrien, Anabase, I, 4 :"Alexandre s'empare de la ville et de tout ce qu'ont abandonné les Gètes ; il charge Méléagre et Philippe du butin. La ville est rasée ; le vainqueur sacrifie sur les bords de l'Ister, à Jupiter Sôter, à Hercule et au fleuve qui a favorisé son passage ; le même jour il ramène tous les siens au camp, sans en avoir perdu un seul. Là, il reçoit les envoyés de plusieurs peuples libres des rives de l'Ister, de Syrmus, roi des Triballiens, et des Celtes qui bordent le golfe Ionique. Les Celtes ont une haute stature, et un grand caractère ; ils venaient rechercher l'amitié d'Alexandre. La foi fut donnée et reçue. Alexandre demanda aux Celtes ce qu'ils craignaient le plus au monde, persuadé que son nom s'étendait dans leurs contrées et au-delà, et qu'il' était pour eux l'objet le plus redoutable. Il fut déçu dans cette pensée : en effet, habitants des lieux d'un accès difficile, éloignés d'Alexandre qui tournait ailleurs l'effort de ses armes, ils répondirent qu'ils ne craignaient que la chute du ciel. Alexandre les congédia, en leur donnant les titres d'amis et d'alliés, et se contenta d'ajouter : " Les Celtes sont fiers. ""
Strabon, Géographie, VII, 3, 8 :"Lorsque Alexandre, fils de Philippe, dans son expédition contre les Thraces d'au delà de l'Haemus, envahit le territoire des Triballes, il voulut, sachant que les possessions de ce peuple s'étendaient jusqu'à l'Ister et comprenaient même l'île Peucé, située dans le fleuve à portés de la rive occupée par les Gètes, il voulut, dis-je, passer dans cette île, mais il ne le put, faute d'embarcations, le roi des Triballes, Syrmus, s'y étant retiré et ayant refusé de l'y laisser descendre. Il franchit alors le fleuve sur un autre point, et, ayant attaqué les Gètes, il s'empara de leur ville, mais pour regagner aussitôt ses États, comblé de présents et par ces peuples qu'il venait de vaincre et par Syrmus lui-même. Durant la même expédition (c'est Ptolémée, fils de Lagus, qui raconte le fait), Alexandre reçut une députation des Celtes de l'Adriatique chargée de conclure avec lui un pacte d'alliance et d'amitié. Il fit à ces Barbares le plus cordial accueil, et, dans la chaleur du festin, se prit à leur demander ce qu'ils redoutaient le plus au monde, croyant bien qu'ils allaient prononcer son nom ; mais leur réponse fut qu'ils ne redoutaient rien que de voir le ciel tomber sur eux que, du reste, ils attachaient le plus haut prix à l'amitié d'un homme tel que lui. Or, n'avons-nous pas là encore la preuve de la simplicité barbare ? D'un côté, ce roi qui refuse à Alexandre l'entrée de son île pour lui envoyer ensuite des présents et s'unir à lui d'amitié ; et de l'autre, ces ambassadeurs gaulois qui déclarent ne rien craindre au monde, mais ne rien tant priser aussi que l'amitié des grands hommes !"