Les monnaies se définissent dans un cadre économique et politique. leur valeur, leurs modalités d'échange, le volume émis, le ratio entre les alliages monétaires, leur aire de circulation, sont régis par une autorité reconnue comme garant. Qui détient cette autorité en Gaule ? Est-elle unique ou polymorphe ? En absence de textes, les monnaies gauloises portent témoignage d'une réalité complexe, caractérisé par des volumes d'émission, une diffusion, des durées d'usages très variables. Ce sont des faits tant politiques qu'économiques. Leur analyse chronologique, site par site, montre peu à peu la place réelle de la monnaie dans l'économie gauloise des deux derniers siècles de notre ère. Les monnaies de fouilles de Bibracte constituent une documentation exceptionnelle, tant du fait du nombre de monnaies que de leur présence à chaque étape de la vie du site. Il s'agit d'un des rares sites de l'âge du Fer avec le Titelberg (Luxembourg), Manching (Allemagne), Alésia (Bourgogne) ou Corent (Auvergne) à avoir fourni un échantillonage monétaire suffisant pour commencer à réfléchir sur l'usage monétaire chez les Celtes en dehors des fonctions cultuelles. La distribution des monnaies sur l'ensemble du site offre un regard neuf sur le degré de monétarisation de l'économie gauloise ed de ce fait même apporte un démenti concret à l'hypothèse parfois avancée d'une fonction essentiellement religieuse des pièces gauloises, induites par l'intérêt porté aux sanctuaires.
Le site de Bibracte revêt une importance particulière pour la compréhension de l'usage monétaire à la fin de l'indépendance gauloise et durant les premiers temps de la Gaule romaine. D'une part, c'est un des rares oppida sur lequel ont été entrepris des fouilles aussi amples, d'autre part, les fouilles ont fourni une quantité de monnaies suffisantes pour être statistiquement exploitables. Ainsi, avec 3.000 monnaies prises en compte - provenant des fouilles conduites entre 1865 et 2000 - il s'agit de la plus importante collection jamais publiée de monnaies issues d'un site gaulois. Enfin, la durée d'occupation assez courte à une période charnière englobant les mutations du IIe siècle avant J.-C. et les contrecoups de la conquête romaine permettent d'analyser plus précisément la circulation monétaire sur le site.
Après un bref historique des collections, l'ouvrage aborde différents points qui sont autant de pistes pour la recherche numismatique actuelle et sur les collections de Bibracte apportent des éclairages ou suscitent des questions. Les auteurs s'interrogent sur la fabrication monétaire, puisqu'un atelier de frappe semble attesté à Bibracte, et analysent ensuite les faciès monétaires gaulois et romains du site. Enfin sont examinés certains secteurs de l'oppidum qui ont des fonctions spécifiques rituelles ou funéraires. L'impact de la guerre des Gaules est également abordé.
Le catalogue des monnaies constitue la deuxième partie du volume. Les monnaies gauloises sont classées par zone géographiques de diffusion, alliages et type monétaire. Le catalogues des monnaies romaines distingue les monnaies républicaines puis, dans l'ordre chronologique, les monnaies coloniales par ateliers puis par émissions, les monnaies impériales par règne des empereurs, puis par ateliers, par métaux et par émissions.
4. Analyse de la circulation monétaire sur le site de Bibracte (K. Gruel)
Présentation de quelques ensembles homogènes et bien identifiés stratigraphiquement
• La cave PC 130 du Parc aux Chevaux, La Tène Dlb-extrême fin lie s. av. J.-C. (fouilles de l'université de Lausanne, CH)
• Le sol PCo 2192, La Tène Dlb-D2a, 180-80 av. J.-C. (fouilles de l'université de Bologne,I)
• La fosse PCo 1660, La Tène Dlb-D2a, fin du IIe s. ou début Ier s. av. J.-C. (fouilles de l'université de Budapest, H)
• La fosse PCo 2205, La Tène Dlb-D2a, début 1er S. a..: J.-C. (fouilles de l'université de Kiel, D)
• La cave PC 4696, La Tène D2, entre 80 et 40 av. J.-C. (fouilles de l'université de Lausanne, CH)
• La PCo 7137, niveaux de construction du bâtiment à schéma basilical (fouilles de l'université
de Budapest,H)
• La cave PC 2400, troisième quart du 1er S. av. J.-C. (fouilles de l'université libre de Bruxelles, B)
Ensembles monétaires présentant un intérêt particulier, mais au contexte moins fiable.
• La fosse PCo254
• Le fossé 256
• La fosse 1711
• Le sol 1257
• Synthèse
Les faciès augustéens
• Le grand bassin de la fontaine Saint-Pierre (fouilles de l'UMR 6565 du CNRS, Besançon)
• Le comblement de la cave 1 de la Porte du Rebout (fouilles de l'UMR 8546 du CNRS, Paris) Phasage d'apparition des types monétaires sur certains secteurs.
• La Pâture du Couvent, phasage des fouilles de l'université de Bologne (I)
• Le Parc aux Chevaux, PC 1, phasage des fouilles de l'université de Lausanne (CH)
• La Porte du Rebout, phasage des fouilles de l'UMR 8546 du CNRS (Paris)
Faciès monétaire des fouilles sur les zones ayant des fonctions spécifiques.
• Le sanctuaire de la chapelle Saint-Martin (fouille de l'UMR 8546 du CNRS, Paris)
• La fontaine Saint-Pierre (fouille de 6565 du CNRS, Besançon)
• La nécropole de la Croix du Rebout (Bibracte, fouille de sauvetage)
Répartition des monnaies sur le site de Bibracte
5. Comparaison du faciès monétaire de Bibracte avec quelques sites de référence.
Comparaison de Bibracte avec d'autres faciès monétaires gaulois (K. Gruel)
• Comparaison des faciès monétaires gaulois d'Alésia avec Bibracte.
• Comparaison des faciès monétaires gaulois des sites helvètes avec Bibracte.
• Comparaison des faciès monétaires gaulois des sitesarvemes et ségusiaves avec Bibracte. • Comparaison des sites bituriges de Levroux avec les faciès monétaires gaulois de Bibracte.