Dieu topique, probablement protecteur des carriers.
Attestée:
Sur des inscriptions de de Bareille (Hautes-Pyrénées) et de Saint-Béat (Saint-,Béat-Lez, Haute-Garonne)
Erriapus / Eriapus - Théonyme identifié sur plusieurs inscriptions votives provenant de Bareille (Hautes-Pyrénées) et de Saint-Béat (Saint-,Béat-Lez, Haute-Garonne). Il s'agissait d'un dieu topique, honoré par les marbriers qui exploitaient le célèbre marbre de Saint-Béat. Ce dieu était principalement honoré au niveau du sanctuaire rupestre de Saint-Béat, découvert en 1946, daté du Ier au début du IIIe s. ap. J.-C., et dont l'état de conservation des vestiges était remarquable. Les carriers avaient gravé sur les paroi de la cavité dix-huit représentations frustres de têtes et bustes humains. En outre, de nombreux ex-voto et des autels en marbre dédiés à Erriapus y ont été déposés dans des alvéoles creusées dans la paroi, associés à un grand autel dédié à Silvain (Labrousse, 1948). L'un des autels découverts dans ce sanctuaire montre une représentation d'Erriapus. Celui-ci y est représenté nu, debout, la main droite levée et pointant de son index une zone située au-dessus de sa tête. Sa main gauche est quant à elle appuyée sur un gourdin, reposant sur le sol. Un autre autel porte quant à lui un bas-relief représentant une patère stylisée, associée à une amphore (ou amphorisque) et un caprin, tous deux vus de profil.
Les représentations de têtes et bustes humains invitent M. Labrousse (1948) à reconnaître en Erriapus un dieu guérisseur. D'un autre côté, le geste de la main figuré sur le premier autel suggère, selon D. Nony (1982), que ce dieu protégeait les carriers d'éventuels éboulements. Il s'agissait certainement d'un dieu topique, protecteur des carriers.
L'étymologie de ce théonyme ne fait pas l'unanimité. En 1948, M. Labrousse proposait de rapprocher ce nom du basque arri, qui signifie "pierre / rocher", et que l'on retrouve fréquemment dans la toponymie des Pyrénées centrales. Cette hypothèse a, depuis, eu tendance à s'imposer. P. de Bernardo Stempel (cité par Delamarre, 2019) reconnaît en Eri-apo, l'évolue aquitaine d'un Priapus. De son côté, X. Delamarre (2007 ; 2008) a proposé d'y voir un composé en *Ēri-apo-, avec le préfixe *eri-, qui signifie "autour / alentour / derrière", et par extension "l'ouest". Dans un autre ouvrage, il a développé son point de vue en proposant un rapprochement avec le thème gaulois *eripo- (voire *eriapo-), qui lui-même dérive de la variante théonymique *peri-ōkwo-s, du thème indo-européen *peri-h3kwo-s, qu'il traduit par "qui a les yeux alentour" (Delamarre, 2019), nom particulièrement approprié pour un dieu protecteur.
Complément
En 2003, l'un des satellites de la planète Saturne, appartenant au groupe gaulois (un groupe de cinq satellites irréguliers de cette planète), a été dénommé Saturne XXVIII Erriapo par l'International Astronomical Union Circulars, du nom de ce dieu. Cette dénomination a remplacé la désignation temporaire S/2000 S 10. À l'origine au datif, ce nom est passé au nominatif à partir de 2007, faisant de ce satellite Saturne XXVIII Erriapus.
"Au dieu Erriapus. Atticus (fils de) Belex, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
Saint-Béat (Saint-Béat-Lez) (AE 1982, 700) D(EO) ERRIAPE TAURIANVS ET ANDVSTINVS ET TAVRIANVS LAPIDEM POST AN(NOS) III DEPO//SVERVNT V(OTVM) S(OLVERVNT) L(IBENTES) M(ERITO)
"Au dieu Erriapus. Taurianus, Andustinus et Taurianus, ont déposé cette pierre, après 3 ans. Ils se sont acquittés de leur voeu, de bon gré, comme il se doit."
Saint-Béat (Saint-Béat-Lez) (AE 1982, 701) DEO ERIAPPO CASTINVS AGENS PRO SALVTE SVA ET SVORVM V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)
"Au dieu Eriappus. Castinus Agens, pour son propre salut et celui des siens, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."