Les Gaulois sont vaincus par les Caerétans (entre 389 et 386 av. J.-C.)
Après avoir été défaits par les Romains à Veascium, les troupes gauloises subirent une nouvelle défaite, qui leur fut infligées par les Caerétans, population étrusque de la cité de Καιρέα / Caere (Cerveteri, Latium, Italie) (1). Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, XIV, 117) et Strabon (Géographie, V, 2, 3), les deux seuls auteurs à évoquer cet événement divergent fortement sur les circonstances de cet affrontement.
Diodore de Sicile indique qu'après la prise de Rome, les Gaulois gagnèrent la Iapygie (2). Suivant cette version, et compte-tenu du fait que les Gaulois quittèrent le Latium alors que l'automne était avancé (Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Camille, XXVIII), ils passèrent vraisemblablement tout l'hiver dans le sud de l'Italie. Ce ne fut donc certainement qu'au printemps ou à l'été suivant, les Gaulois reprirent leur route en direction du Latium, qu'il dépassèrent finalement pour s'aventurer en Étrurie. La bataille se serait déroulée en pleine nuit, au niveau de la plaine Trausienne (non-localisée) (Bibliothèque historique, XIV, 117).
Strabon indique qu'après la prise de Rome, les Gaulois se se replièrent à travers la Sabine. Suivant cette version, les Caerétans auraient donc lancé une expédition pour les surprendre au cours de leur marche. Ils les auraient finalement vaincu et contraint à leur restituer les immenses richesses prises aux Romains (Géographie, V, 2, 3). Ce dernier passage rend douteuse la version de Strabon, puisque Diodore de Sicile et Eutrope attribuent la victoire remportée sur les Gaulois à leur départ de Rome et la restitution de ces richesses à Marcus Furius Camillus (Bibliothèque historique, XIV, 117 ; Abrégé de l'Histoire romaine, I, 19). Il y a probablement ici une confusion entre deux affrontements distincts.
Notes
(1) Ce fut dans cette cité, alliée de Rome, que la plèbe et les vestales trouvèrent refuge lors de la prise de Rome.
(2) La Iapygie était une région du sud de l'Italie, correspondant à la portion septentrionale de l'Apulie. Cette région étant voisine des possessions syracusaines, cette version invite à situer à cette occasion l'alliance conclue par les Denys l'Ancien de Syracuse avec les Gaulois. Au cours des décennies suivantes, les Gaulois ont lancé un certain nombre d'expéditions contre le Latium, depuis cette région (Cf. fiche consacrée aux Gaulois du sud de l'Italie).
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XIV, 117 :"Les Celtes, qui avaient pénétré jusque dans l'Iapygie, revinrent sur leurs pas en passant par le territoire de Rome ; surpris peu de temps après par les Cériens, ils furent, à la faveur de la nuit, tous taillés en pièces dans la plaine Trausienne."
Strabon, Géographie, V, 2, 3 :"A ce que nous venons de dire touchant l'illustration de la nation Tyrrhénienne en général, ajoutons quelques détails sur l'histoire particulière des Caerétans. Rappelons notamment qu'ils osèrent à eux seuls attaquer les Gaulois, comme ceux-ci, après la prise de Rome se retiraient par la Sabine, et que, les ayant vaincus, ils les forcèrent à rendre ces riches dépouilles que Rome avait consenti à leur céder. Ils avaient en outre sauvé la vie à une foule de Romains qui leur étaient venus demander asile et avaient conservé le feu éternel en même temps que protégé les vestales. Les Romains cependant (et cela par la faute des mauvais magistrats qu'ils avaient alors à leur tête) ne reconnurent point ces services comme ils auraient dû le faire : ils conférèrent aux Caerétans le droit de cité, mais sans les inscrire au nombre des citoyens proprement dits ; même ils firent de leurs noms une liste, une table à part, dite Tabulae Caeritum, où furent relégués désormais tous ceux qu'ils excluaient de l'isonomie."