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Antoine Diogène cité par Photius : Bibliothèque, 166, Traduction de : René Henry, 1960, Paris, Les Belles Lettres, tome 2
Texte:
Ainsi commence le récit fait par Dinias à un certain Cymbas, originaire d'Arcadie, que la ligue arcadienne avait envoyé à Tyr pour demander à Dinias de revenir auprès d'eux dans son pays. Mais comme le poids de l'âge l'en empêchait, on lui fait raconter tout ce qu'il avait vu lui-même dans ses courses errantes, ce qu'il avait appris d'autres témoins et ce qu'il savait par les récits de Dercyllis à Thulé, c'est-à-dire sa course errante dont on a parlé, et comment, après son retour de l'Hadès avec Céryllos et Astraios, alors qu'elle était déjà séparée de son frère, elle était arrivée avec eux au tombeau de la Sirène ; il raconte ce qu'elle-même, à son tour, entendit raconter par Astraios sur Pythagore et Mnésarque, ce qu'Astraios lui-même avait entendu dire par Philotis et le spectacle fabuleux qui se manifesta dans ses yeux et enfin ce que Dercyllis, revenant à ses propres pérégrinations, lui raconta.
Le hasard la fit arriver dans une ville d'Ibérie dont les habitants voyaient la nuit, mais étaient aveugles chaque jour ; elle rapporte ce qu'Astraios, en jouant de la flûte, fit aux ennemis de ces gens-là. Relâchés en toute bienveillance, ils tombèrent chez les Celtes, peuplade cruelle et stupide ; ils s'échappèrent à cheval ; elle rapporte les aventures qui leur arrivèrent avec ces chevaux qui changeaient de couleur. Ils arrivèrent chez les Aquitains et on rapporte les honneurs que reçurent là Dercyllis et Céryllos mais surtout Astraios, à cause de ses yeux qui, se dilatant et se rétrécissant, annonçaient les phases de la lune ; il mit fin à la querelle des rois de ce pays pour le pouvoir : ils étaient deux et ils se succédèrent mutuellement suivant les phases de la lune. C'est pourquoi le peuple de ce pays se réjouissait de la présence d'Astraios et des siens. Vient ensuite le récit de tout ce que Dercyllis vit et endura encore. Elle fut menée chez les Artabres, un peuple où les femmes font la guerre tandis que les hommes gardent la maison et s'occupent des travaux féminins.
Ensuite vient ce qui leur arriva, à elle et à Céryllos, chez le peuple des Astures et les aventures qui furent celles d'Astraios en particulier ; tandis que, contre toute espérance, Céryllos et Dercyllis échappèrent à de nombreux dangers, chez les Astures, Astraios n'évita pas le châtiment qui lui était dû pour une faute ancienne ; mais, contre toute attente, il fut d'abord sauvé du danger, puis dépecé.