On aboutit ainsi à la conception celtique du sanctuaire compris comme un centre, beaucoup moins temple qu'omphalos (centre), équivalent géographique de la fête dans le temps. Telle était la capitale de l'Irlande pré-chrétienne, Tara, siège de la royauté suprême. Le sanctuaire est là où réside le druide. Il n'y a pas de lieu de culte cité dans les textes. Là où sont les druides, là aussi sont les dieux, de préférence dans un site naturel sortant de l'ordinaire, le plus souvent une hauteur. Beaucoup de grands sanctuaires celtiques sont des sommets, comme le Magdalensberg ou le Donon. Pas plus que de grandes villes, les Celtes n'ont eu de temples au sens classique. Ils ont eu des sanctuaires (nemeton), bois sacrés, centres initiatiques ou spirituels connus. César a entendu parler du lieu consacré (locus consecratus) qui passait pour être le centre de la Gaule, chez les Carnutes, et où les druides se réunissaient pour élire leur chef suprême. Mais il ne parle pas de temples. Cependant les Gaulois, à l'époque romaine, ont possédé d'innombrables fana (petits temples ou chapelles), dont le plan architectural ne semble pas hérité du classicisme gréco-romain.