D'après le glossaire de Dottin (La langue gauloise), on pourrait penser que ce terme signifie en gaulois "langue de taureau", puisqu'il est bâti sur les mots gaulois tarvos "taureau" et tabation "langue". Les Grecs l'appelaient "langue de mouton" ou "langue de chien".
Le Pseudo-Apulée (Herbarius) nous fait connaître le nom gaulois. Il nous donne du plantain vingt trois indications, parmi lesquelles on retrouve les maux de tête et de ventre, la dysenterie, les blessures, les morsures de serpents, les fièvres tierces et quartes, les ulcérations de bouche, les ulcères cornéens, les morsures de chiens enragés...
Pour Pline, qui constate que, des trois espèces, la plus grande est la plus efficace, le plantain "a une force merveilleuse pour dessécher et resserrer, et produit l'effet d'un cautère" (Pline, Histoire Naturelle).
Dioscoride en fait de nombreux usages, en outre dans les ulcères infectés, les pustules et les hémorragies. Pour lui, "trois racines sèches bues dans trois cyathes de vin et autant d'eau guérissent la fièvre tierce et quatre racines la fièvre quarte" (Dioscoride, Sur la matière médicale).
Dans la tradition bretonne continentale, on retrouve ces indications puisque le plantain, sans distinction de variétés, était utilisé pour les fièvres, et en cataplasme dans du gros sel, pour des pathologies hémorragiques de l'oeil; le Plantago lanceolata passait pour guérir les plaies.
Des multiples indications retrouvées chez les anciens, les phytothérapeutes du XXème siècle n'en ont retrouvé que quelques unes. H. Leclerc (Précis de phytothérapie) conseillait le plantain pour les pathologies dermatologiques (pour les piqûres et les morsures, pour la cicatrisation des plaies), mais aussi en bains d'yeux pour les blépharites et les conjonctivites. Les iridoïdes auraient un effet anti-inflammatoire qui expliqueraient les effets mentionnés ci-dessus (J. Bruneton, Pharmacognosie - Phytochimie - Plantes médicinales, p. 100). En raison de l'abondance des trois espèces de plantain et des louanges qu'en ont chanté les anciens, il est probable qu'on en a fait un large usage en Gaule.
Sources
• G. Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920.
• H. Leclerc, Précis de phytothérapie, 5e ed, Masson, Paris, 1994.
• J. Bruneton, Pharmacognosie-Phytochimie-Plantes médicinales, 2e ed, Lavoisier, TEC DOC, Paris 1997
• Pierre Louarn pour l'Arbre Celtique
• Photo : Thomas Colin pour l'Arbre Celtique