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Justin : Histoires philippiques extraites de Trogue Pompée, Traduction de : Charles Nisard, 1864, Paris, Firmin-Didot
Texte:
Cependant Antigone [...] marche avec toutes ses forces contre les Gaulois. A cette nouvelle, les Gaulois se préparent au combat, en immolant des victimes pour interroger les auspices. Comme l'aspect des entrailles leur présageait un immense carnage et leur entière destruction, loin de s'en effrayer, ils entrent en fureur, et se flattent de détourner la menace des Dieux par le sang de leurs proches; ils massacrent leurs femmes et leurs enfants, et commencent l'accomplissement de la prédiction par le parricide. Une telle rage s'était emparée de ces âmes féroces, qu'ils n'épargnèrent pas même ceux dont l'âge est respecté par l'ennemi: ils firent à leurs enfants, aux mères de leurs enfants, cette guerre d'extermination qu'on ne fait d'ordinaire que pour les défendre.
Alors, comme assurés par ce crime de la vie et de la victoire, tout souillés du sang des leurs, ils marchent au combat. L'événement répondit au présage. Pendant l'action, et déjà la proie des furies vengeresses, avant d'être celle de l'ennemi, poursuivis par les spectres ensanglantés de leurs victimes, ils périssent tous jusqu'au dernier. Ce carnage fut tel, que les Dieux semblaient avoir agi de concert avec les hommes pour exterminer ces parricides.