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Strabon : Géographie, IV, IV, 5, Traduction de : Edm. Cougny, 1986, Paris, Errance
Texte:
A la franchise, à la fougue se joignent chez ces peuples le défaut de sens, la fanfaronnade et le goût de la parure: ils portent des bijoux d'or, chaînes autour du cou, anneaux autour des bras et des poignets, et ceux qui sont dans les honneurs portent des habits d'étoffes teintes et brodées en or. Par suite de cette grande légèreté, ils se montrent insupportables dans la victoire, et abattus dans la défaite. A leur manque de bon sens se rattache une coutume barbare, monstrueuse, inhérente au caractère des peuples du nord: au sortir du combat, ils suspendent au cou de leurs chevaux les têtes de leurs ennemis, et quand ils les ont apportées chez eux, ils les clouent dans les vestibules [ou devant les portes] de leurs maisons. Posidonius dit avoir eu en maints endroits ce spectacle, qui d'abord, faute d'y être accoutumé, lui faisait horreur, mais qu'ensuite l'accoutumance le lui rendait supportable.
Les têtes des personnages illustres étaient imprégnées d'huile de cèdre; on les étalait aux yeux des étrangers et l'on ne consentait pas à les rendre contre leur pesant d'or. Les Romains mirent fin à ces usages, de même qu'aux sacrifices et aux pratiques divinatoires en opposition avec nos institutions. Ainsi un homme avait-il été voué aux dieux, on le frappait par derrière avec une épée de combat, et l'on devinait l'avenir d'après les convulsions du mourant; on ne sacrifiait jamais sans l'assistance des druides. I1 y avait encore, dit-on, d'autres espèces de sacrifices humains: ainsi parfois ils tuaient les victimes à coups de flèches, ou les crucifiaient dans leurs temples, ou bien encore ils fabriquaient un colosse avec du foin et du bois, y introduisaient des animaux domestiques et sauvages de toute sorte avec des hommes, et brûlaient le tout.