La terre est probablement la plus importante sorte de propriété dans la loi irlandaise, car quiconque n'a pas de terre ne peut être légalement indépendant. L'unité terrienne de base qui est mentionnée dans les textes de loi est appelée " cumal ", un terme juridique qui signifie littéralement " femme esclave ", qui vint à être utilisé comme unité légale dans différents buts, comme dans celui-ci. Un tel cumal de terre devait avoir la taille d'environ 13,85 hectares, et valait entre 8 vaches sèches pour une tourbière, et 24 vaches à lait pour la meilleure terre arable.
La plus grande partie de la terre cultivée semble avoir été " fintiu " (terre familiale), qui était divisée entre tous les membres adultes mâles de la parenté, pour être cultivée. Chacun d'entre eux cultive individuellement, mais la parenté dispose encore d'un droit de regard sur ce qu'il fait de sa terre, c'est-à-dire qu'il ne peut la vendre, entière ou par morceaux, sans la permission de la parenté.
Si quelqu'un a acquis des terres supplémentaires (par la réussite dans la culture, dans une autre profession ou pour toute autre raison, et tant qu'elle est acquise légalement et pas de sa propre parenté), il peut en disposer plus librement selon ses voeux. Cependant, la parenté en retient une certaine partie (d'un tiers à deux tiers, selon la raison de l'acquisition), qui devient une partie de la terre familiale à sa mort.
Une certaine partie du territoire de chaque túath est attachée à la fonction royale, elle devient la propriété du roi à son avènement.
La terre qui appartient à un homme est habituellement héritée par ses fils, le processus de partage étant le suivant : le plus jeune fils divise la propriété en parts égales, puis le fils aîné a le premier choix, le second fils en deuxième, etc. Chaque fils issu d'un mariage légal (c'est-à-dire approuvé par la parenté) a le droit d'en avoir sa part, et les fils de secondes épouses ou de concubines héritent de la même façon que ceux de la première épouse. Les fils de mariages illégaux ou inhabituels (par exemple si une banchomarbae épouse un homme d'un pays étranger) n'héritent pas, en général, ou au mieux obtiennent une plus petite part que les enfants " légaux ".
Dans certains cas la terre familiale peut être redistribuée dans la parenté, en donnant une plus grande part à une branche plus prolifique avec de plus larges domaines. Cependant, une surface minimale de 14 cumal (la propriété minimale pour un bó aire) sera allouée à chaque héritier, et c'est seulement ce qui reste qui sera redistribué aux autres groupes de la parenté. L'héritage féminin de la terre n'était possible qu'en cas d'absence d'héritier mâle. Sous certaines conditions, l'adoption pouvait également autoriser l'héritage de la terre.
L'exploitation coopérative entre voisins était habituelle dans le cas de fermiers qui n'avaient que de petites propriétés, et la forme la plus commune en était le co-labourage, mais l'élevage commun était fréquent. De telles coopérations devaient être conclues par contrats.
De plus, il existait d'autres droits sur la terre. La propriété privée de la terre est très importante dans le droit irlandais, et s'étendait même à la mine et au droit de la pêche, mais il y avait aussi des droits banaux sur la terre, comme le fait de couper assez de bois pour faire un feu, de plonger rapidement un filet pour pêcher dans une rivière, la collecte d'une poignée de noisettes quand on a faim, etc. tant qu'on est une personne de statut légal. Il y avait probablement aussi des droits de chasse limités sur la propriété d'autrui, cependant le propriétaire avait droit dans tous les cas à une part de ce qui était pris, cette part augmentant s'il n'avait pas donné son autorisation au chasseur.
En plus de cela, les propriétaires terriens avaient des droits explicites sur la propriété de leurs voisins immédiats. Si nécessaire, ils pouvaient creuser un bief à travers les terres du voisin, à condition de payer une compensation pour la valeur de la terre. Quand il n'y avait pas d'autre accès, ils avaient le droit de conduire leurs troupeaux à travers la terre voisine, sous réserve de bien les surveiller.
Même la question des fruits de l'arbre d'un voisin tombant sur la terre d'un autre était légiférée.
Causer des dommages à la terre d'autrui était considéré comme un délit, que ce soit le fait d'une personne ou d'animaux domestiques. Dans le cas où cela se produisait, l'auteur (le propriétaire en cas d'animaux) devait payer une amende.
Ce texte a été initialement rédigé par par le Pr. Raimund Karl, diplomé
en Etudes Celtiques de l'Université de Vienne (Autriche), et professeur à
l'Université de Bangor (Pays de Galles). Il met cette introduction à disposition
du public, à condition qu'on cite son nom, ce qui est la moindre des choses, et son
adresse e-mail : a8700035@unet.univie.ac.at et que ce texte ne soit pas utilisé
à des fins commerciales. Traduit, et adapté pour cette encyclopédie celtique par Fergus Bodu.