La pratique de la trépanation remonterait à 12000-15000 ans avant notre ère. Elle fût florissante au néolithique, un peu moins fréquente à l'âge du bronze. Les crânes trépanés ne portant pas de traces évidentes de fracture, et les interprétations quant aux motivations de telles pratiques sont diverses : thérapeutique mystique, rite d'initiation...
La trépanation chez les Celtes.
Durant la période celtique, contrairement aux époques précédentes, la trépanation semble avoir été appliquée, en cas de blessure. Mais les crânes trépanés de la période celtique sont, en Europe nord-alpine, peu nombreux. On n'en a retrouvé aucun sur le territoire français. D'autres pays cependant, en ont livré. Et on peut distinguer deux types de découvertes :
- les trépanations grattées :
Ce procédé était celui pratiqué au néolithique et à l'âge du bronze. "Sûr, mais très lent", il consistait à racler l'os progressivement jusqu'à obtention d'un trou de trépan. Les deux crânes masculins retrouvés à Münsingen, en Suisse, ont subi ce type de trépanation. L'un des deux crânes a même subi une double trépanation. Ils sont datés de 400 av J.C (La Tène I).
- les trépanations forées :
Cette technique, directement inspirée de celle pratiquée dans les pays méditerranéens, nécessitait l'utilisation d'un trépan rond en métal. Quelques crânes trépanés selon cette technique, datés de la période de La Tène II et III, donc plus récents que ceux de Münsingen, ont été retrouvés en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Tchéquie et en Slovaquie.
Il existait très certainement une troisième technique qui consistait à circonscrire, en attaquant l'os de façon concentrique et par une série de courtes incisions à la scie, un volet osseux, qui sera secondairement enlevé. Cette technique sera plus tard, au Moyen Age, la technique la plus répandue. De la période celtique, nous n'avons aucun crâne trépané selon cette technique, mais toutes les "trousses de chirurgiens" de l'âge du fer nord-alpin, comportaient une petite scie de trépanation destinée à ce type d'intervention. Les limites de l'archéologie dans ce domaine sont peut-être liées aux pratiques funéraires de l'époque, l'incinération des corps.
Selon Künzl, le taux de mortalité, directement liée à la technique, était supérieur à celui obtenu par l'utilisation de la curette et de la scie ; et cet auteur pense que ceci est lié au fait que la technique importée de Grèce était mal maîtrisée. Pourtant, certains trépanés ont survécu, puisque l'examen des crânes a montré que, sur certains certains d'entre-eux, les cellules de la diploë témoignent d'un processus de régénération. De plus, les textes mythologiques irlandais spécifient de façon précise, que les Irlandais anciens connaissaient la dure mère, puisqu'ils fixaient là leur limite de compétence en matière de thérapeutique. Enfin, les trépanations sont faites dans des zones décollables de la dure-mère ; elles ne sont pas réalisées sur les sutures, où l'adhérence est plus forte. Ceci sous-entend que les praticiens avaient des connaissances précises et qu'ils devaient être extrêmement vigilants durant l'acte opératoire, et ce, quelle que soit la technique utilisée. On peut ainsi suggérer que les trépanés ne sont pas décédés de l'intervention même, mais de leur blessure initiale.
Les crânes de Katzelsdorf et de Guntramsdorf, en Autriche, ont tous les deux subi une trépanation dont le trou de trépan est en forme de trèfle. Le crâne de Guntramsdorf a même subi une trépanation contro-latérale.
La douleur de l'intervention
"Lorsque j'interrogeais le thoubib kabyle avec lequel j'ai pu causer, je lui posai précisément cette question relative à la douleur, pour savoir comment ses opérés supportaient la douleur de l'opération (sans anesthésie), et comment lui-même l'avait supporté puisqu'il en avait été opéré. Il avait l'air de fort mal comprendre la question que je lui posais et me répondit qu'il n'y avait en réalité aucune difficulté de ce fait" (Dr Lucas-Champonnière, Trépanations néolithiques, trépanations pré-Colombienne, trépanations de Kabyles, trépanations traditionelles, Ed G.Steinheil, Paris, 1912, p 97)
Les rondelles crâniennes :
Témoins directs de la pratique de la trépanation, quelques rondelles craniennes ont été retrouvées dans des sépultures, mais ces trouvailles demeurent très rares. Dans son chapitre sur les amulettes, Déchelette les répertorie. Selon leur forme, on peut en distinguer deux types :
- forme ronde, telle la rondelle percée de trois trous découverte dans une sépulture des Croncs, à Bergères-les-Vertus (Marne)
- forme trilobée, tel le fragment d'os cranien, découpé en forme de trèfle et également percé de trois trous, découvert dans la nécropole de Somme-Bionne (Marne). Cette forme trilobée du fragment osseux n'est pas sans rappeler la forme du trou de trépan sur les crânes de Kasteldorf et de Guntramsdorf !