La tragique capitulation des Métulins (35 av. J.-C.)
L'enlisement du siège de Metulum eut raison de la combativité des Métulins. Face aux Romains qui s'apprêtaient à lancer un nouvel assaut, ils se résolurent à capituler. Ils déléguèrent donc des représentants chargés de négocier les conditions de leur reddition. Il fut donc convenu que les Métulins fourniraient 50 otages aux Romains et permettraient à Octavien de disposer l'une de ses garnisons à Metulum (Josipdol, comitat de Karlovac, Croatie). Cette ville comportant deux collines, il fut convenu que la garnison romaine occuperait la plus élevée, tandis que les Iapodes conserveraient la jouissance de la seconde.
Alors que l'accord semblait scellé, et que la garnison romaine faisait son entrée dans la ville, les événements se précipitèrent. Lorsque les Métulins durent livrer leurs armes, leur colère les entraîna à prendre une décision folle. Ils enfermèrent les femmes et les enfants dans la salle du conseil, et chargèrent des gardes d'y mettre le feu en cas de déconvenue, puis attaquèrent les Romains, malgré leur position désavantageuse. Les soldats de la garnison romaine intervinrent très promptement et maîtrisèrent rapidement les insurgés. En conséquence, les gardes mirent de la salle du conseil, sacrifiant ainsi les femmes et les enfants. Appien ajoute que certains Métulins qui n'étaient pas enfermés dans cette salle se jetèrent à leur tour dans le brasier, en tenant par le bras leurs enfants. Suivant ce même auteur, le siège de Metulum et ce suicide collectif coûtèrent la vie à toute la jeunesse métulienne (Illyrique, 21). Le récit de Dion Cassius diverge nettement de celui d'Appien(1). Ainsi, cet historien indique que les Métulins parvinrent à égorger l'ensemble des soldats de la garnison qu'Octavien avait laissé à Metulum. à ses yeux, ce fut après ce fait d'armes, que les Métulins mirent le feu à leur ville et se suicidèrent collectivement, conduisant à la destruction de ce peuple (Histoire romaine, XLIX, 35-36).
Cette tragédie mit un terme à la campagne contre les Iapodes, puisque les dernières poches de résistance déposèrent les armes peu après. Les troupes d'Octavien firent alors route pour gagner le territoire des Ségestains.
Notes
(1) Le récit d'Appien est probablement plus digne de foi, puisqu'il repose sur les commentaires d'Octavien lui-même.
Sources littéraires anciennes
Appien, Illyrique, 21 :"Le lendemain, ils envoyèrent des messagers à Auguste, offrant de donner cinquante otages qu'il choisirait et promettant de recevoir une garnison et de leur assigner la plus haute colline pendant qu'ils occuperaient l'autre. Lorsque la garnison fit son entrée et qu'il leur a ordonné de déposer les armes, ils se mirent en colère. Ils ont enfermé leurs femmes et leurs enfants dans la salle du conseil et y ont placé des gardes chargés de mettre le feu au bâtiment en cas de problème, puis ils ont attaqué les Romains avec désespoir. Cependant, comme ils ont attaqué ceux qui occupaient les hauteurs depuis une position plus basse, ils ont été complètement maîtrisés. Ensuite, les gardes ont mis le feu à la salle du conseil et beaucoup de femmes ont tué leurs enfants et elles-mêmes. D'autres, tenant dans leurs bras leurs enfants encore en vie, ont sauté dans les flammes. Ainsi, toute la jeunesse métulienne a péri au combat et la plus grande partie des non-combattants par le feu. Leur ville était entièrement consumée et, si grande qu'elle fût, il n'en reste aucune trace. Après la destruction de Metulus, le reste des Iapodes, terrorisé, se rendit à Auguste. Les Iapodes transalpins furent alors soumis pour la première fois aux Romains."
Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 35 :"A la fin, comme, loin de se retirer, César faisait venir des renforts, ils feignirent de vouloir entrer en accommodement, reçurent dans leur citadelle une garnison qu'ils égorgèrent tout entière pendant la nuit, et mirent le feu à leurs maisons ; puis, les uns se tuèrent eux-mêmes, les autres égorgèrent leurs femmes et leurs enfants ; de telle sorte qu'il ne resta rien à César, car non seulement eux, mais encore ceux qui avaient été pris vifs, se donnèrent volontairement la mort peu de temps après."
Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 36 :"Après la destruction de ce peuple et la soumission des autres, qui ne firent rien de mémorable, il marcha contre les Pannoniens, non qu'il eût quelque grief à leur reprocher (il n'avait reçu d'eux aucune injure), mais simplement pour exercer ses soldats et les nourrir aux dépens d'autrui, regardant comme juste, à l'égard des faibles, tout ce qui plaisait à celui qui avait la supériorité des armes."