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LancelotModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Bonjourà tous,
Le site est réguliérement visité, et c'est très bien. Des critiques et des questions seraient bienvenues. Ban de Benoic seigneur du chateau de Trèbes (Castel an Trebes?, Taulé, Nord Finistère), père de Lancelot et son frère Bohors de Gaunes ont été précédé d'une bonne quinzaine d'années dans la littérature médiévale par Pant roi des Genewis, le père de Lanzelet dans un roman allemand de l'extrème fin du XIIe siècle. Si le texte du Lancelot en prose n'en est pas directement issu , l'épisode de la prise du chateau "en bord de mer"du roi Pant ou du chateau "entouré de marais" du roi Ban est bien reconnaissable dans l'un et l'autre texte. S'ensuivent la fuite du roi et de la reine avec Lanzelet-Lancelot dans les langes, la mort du roi constatant la prise et l'incendie du chateau , puis l'enlèvement du nourisson par l'Ondine-la Dame du Lac. Le peuple imaginaire des Genewis, sujet du roi Pant semble avoir une origine historique, "l'histoire"constamment remaniée et brouillée par la succession des textes médiévaux: Résumé de la question et remarque sur la disparition des Gewissei dans le Brut de Wace: 1:Les Gewissae apparaissent pour la première fois dans l’œuvre de Bède le Vénérable ( VIIIe siècle): Ce sont les West Saxons du roi Caedwalla (VIIe siècle), lui-même sans ambiguïté possible, un authentique saxon. Althestan 924-940, roi du Wessex est dit « roi des Gewissi » dans les Annales Cambria (XIe siècle). Geoffroy de Monmouth les met 5 fois en scène dans l’Historia Regum Britannia en 1138 , Texte fondateur de la geste Arthurienne, en en faisant (bien à tord) un peuple antérieur à l’invasion saxonne: (les Gewisséens, dans la traduction de Laurence Mathey-Maille.) § 68 et 69 : La reine Genvissa ( la différence orthographique est expliquable par la confusion graphique NU, UU, W) est la fille de l’empereur Claude qui épouse le roi Breton Arvirargus : Ils « fondent la ville de Kaerglou- ainsi nommée à cause de Claude- et appelée depuis Glouchester ». Elle est la reine éponyme des Gewissei. §80 : Octavius, « duc « des Gewissei usurpe le trône de Constantin pendant son expédition à Rome. Il est l’oncle de Conan Mériadoc. §94 : Vortigirn, « chef « des Gewissei accède au trône de Bretagne contre le parti d’Ambroise et Uther pendragon. Il fait appel , le premier, à des mercenaires saxons. §116: 50ième prophétie de Merlin : Les Gewissei et les Venédotiens (du Gwynedd, pays de Galles) s’entretuent sous la muraille de Glouchester. §128 : Les messagers d’Aurèle trouvent Merlin « dans le pays des Gewissei, près de la fontaine de Galabes » afin qu’il dirige la construction du Cercle des Géant. §202 : Le dernier roi breton Cadvalladr fils de Cadvallo de l’HRB (et Geoffroy ne se gène pas pour affirmer » que Bède (l’) appelle Caedvalla le Jeune ») est le fils de la sœur de Peanda de Mercie, « issue de la noble lignée des Gewissei ». 3:Je me suis demandé si une certaine lecture de ce dernier passage de l’HRB qui rapproche (intentionnellement?) le roi Peanda des Gewissei (Car effectivement Penda de Mercie régna 3 ans sur les Gewissae après 654) pouvait être à l’origine de du personnage de Pant roi des Genewis, le père de Lanzelet, héros du roman d’Ulrich von Zatziskhoven écrit à l’aube du XIIIième et qui a précédé Ban de Benoyc, le père de Lancelot. René Perennec, traducteur de Lanzelet, pense que la forme originelle de Genewis était Genwis, ce qui ce rapproche beaucoup de la reine Genvissa, éponyme des Gewissei. Il rapproche Genwis de Gaunes, Gannes (Bohors de) , le frère de Ban de Benoic et rappelle une forme Ganwis qui apparait tardivement dans un roman allemand du XIIIe siècle. 4:Wace traducteur anglo normand et poète suit fidèlement en 1154 la trame de l’Historia Regum Britanniae en latin de Geoffroy de Monmouth: On retrouve la reine Genuis v5055, Genois v5059 qui correspond bien à la reine Genwissa. Cette evolution est conforme à l'hypothèse de Perennec. Mais il s'agit d'un nom de Personne. Mais Wace fait l'impasse sur le nom de peuple: Il traduit systématiquement Gewissei par Guales (= pays de Galles), ce qui est une interprêtation abusive de sa part: Octave de Guales v5735, Vortigern de Guales v6481, Merlin et « a Labanes, une funtaine /Ki en Guales ert,.. » v8213. Rien de la prophétie de Merlin et surtout, rien non plus au v14657 : Chadwaladres emprés regna Fiz Chadwalein, Niés Peanda Niés Peanda, fiz sa soror (édition d’Yvor Arnold) J' en conclu que Pant Genewis est issu d'un texte qui reprend directement le § 202 du texte latin de Geoffroy en y introduisant une confusion: Peanda," de la noble lignée des Gewissei" ou plutot des Genvissei. Si, comme je le suppose, des clercs bretonnants (à l'origine de l'identification Château de Trèbes= Castel an Trebes , Taulé, Nord Finistère) ont joué un rôle dans la transmission de ces noms, ils auraient eu naturellement plus de facilité à reprendre l'original en latin de Geoffroy de Monmouth de 1138 plutôt que le texte anglo normand de Wace de 1155. J"en reviens à Hervé du Léon, vicomte du Léon et seigneur de castel an Trebes , incndié en 1167 par Henry Plantagenêt . Il fut comte du Wiltchire en 1141, seigneur de Devize, (ad divisas = la frontière), dans l'ancien territoire des Gewissae, à 6 Km au sud du Wandsdyke, long mur de terre marquant la limite de la Mercie (La Marche, la frontière) de Penda au VIIe siècle. Amicalement, Jakes. Dernière édition par jakes le Dim 08 Fév, 2009 22:27, édité 4 fois.
Bonjour à tous,
Genuissa et Arviragus, Genuis et Gweired *> Ganieret ? J’ai pensé un moment que les formes attestées dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes de Bans, Banz de Ganieret, Gomeret, Gormeret vers 1170 que cite Bertin (dans le cadre de ses explications « Frambaldiennes » sur l’origine des Gannes, Gaunes) étaient incompatibles avec une évolution normale de Genuis, Genvis, Gewis ; Bref que Bans de Ganieret, personnage littéraire peu connu mais indiscutable, sonnait le glas de mon hypothèse. J’y reviens pourtant à partir d’un texte gallois du XViéme siècle (c’est tardif, d’accord, mais voyons quand même.) Arviragus, chef breton, est l’époux de Genvissa dans l’Historia regum Brittaniae de Geoffroy of Monmouth, ed. Acton Griscom (Londre: 1929). Cambridge University Library, MS 1706 (XIIième siècle), [folio 38 recto] : Mandabat igitur ei concordiam daturumque promittebat sese filiam suam si tantum modo regnum brittanie sub romana potestate recognouisset. Post positis ergo debelationibus suaserunt maiores natu aruirago promissionibus claudii acquiescere. Dicebant autem non esse ei dedecori subditum fuisse romanis cum totius orbis inperio potirentur. His uero & pluribus aliis mitigatus paruit consiliis suorum & subiectionem cesari fecit. Mox claudius misit propter filiam suam romam & auxilio aruiragi uersus orcadas & provintiales insulas potestati sue submisit. Emensa hyeme deinde redierunt legati cum filia [folio 38 verso] eamque patri tradiderunt. Erat autem nomen puellae genuissa eratque tanta pulchritudo ut aspicientes in ammiratione ducerat. Et ut maritali lege copulata fuit tanto feruore amoris succendit regem ita ut ipsam solam cunctis rebus preferret. Vnde locum quo ei primo nupserat celebrem esse uolens suggessit claudio ut edificarent in illo ciuitatem quae memoriam tantarum nuptiarum in futura tempora preberet. Paruit ergo claudius precepitque fieri urbem quae de nomine eius kaerglou id est gloucestria nuncupata usque in hodiernum diem in confinio kambrie & loegrie super ripam sabrine sita est. Quidam uero dicunt ipsam traxisse nomen a gloio duce quem claudius in illa generauerat cui post aruiragum gubernaculum kambrit ducatus cessit. ________________________________________ Traduction : "Il ( l'empereur Claude) lui proposa donc la paix (à Arviragus, prince breton), promettant de lui donner sa propre fille en mariage, mais seulement s'il reconnaissait la sujétion du royaume de (Grande)Bretagne à Rome. Ses nobles le persuadèrent d'abandonner ses projets belliqueux et d'accepter les propositions de Claude. Ils arguaient qu'il n'était nullement déshonorant de se soumettre aux Romains, puisqu'ils étaient reconnus comme les suzerains de l'univers. Arvigarus fut ébranlé par ces arguments et par d'autres allant dans le même sens. Il accepta leur conseil et se soumit à Claude. Claude manda aussitôt sa fille de Rome. Avec l'aide d'Arvigarus il soumit les Orcades et les autres îles avoisinantes. À la fin de l'hiver, les messagers amenèrent la fille de Claude et la lui remirent de la part son père. Le nom de cette fille était Genvissa (= Genuissa). Sa beauté était telle que quiconque la voyait était comblé d'admiration. Une fois qu'elle lui fut unie par droit mariage, elle enflamma le roi de tant de passion brûlante qu'il préféra sa compagnie à toute autre distraction. Et pour cela, l'idée vint à cet Arvigarus de conférer une distinction particulière au lieu où il l'avait épousée. Il suggéra à Claude que tous deux bâtissent à cet endroit une ville qui perpétuerait pour les temps à venir le souvenir d'un si heureux mariage. Claude en convint et ordonna que l'on construisit une ville qui s'appellerait Kaerglou, ou Gloucester, qui est aujourd'hui dans les confins de la Kambrie et e la Loegrie, sur les rives de la Severn. Certain disent qu'elle doit son nom au duc Gloio que Claude y avait engendré et auquel il céda le gouvernement du duché de Kambrie après Arvirargus". Voilà le fait nouveau que je présente : Il s’agit d’une traduction anglaise de Robert Ellis Jones du manuscrit Gallois d’Oxford, Jesus College, MS LXI (XVième siècle). L’auteur gallois a abrégé, mais il s’est manifestement inspiré directement du texte de Geoffroy en Latin. ( Pourquoi, pour des clercs gallois, passer par une traduction anglo normande comme celle de Wace par exemple ? C'est exactement les mêmes arguments que pour des clercs armoricains, d'ailleur) [folio 80 recto] When Gloywkassar (= Claudius Caesar) saw this, he sent to the Bryttaniait to ask for peace, and forthwith peace was made between them; and to confirm the peace, Gloyw kassar gave his daughter to Gwairydd (= Arviragus) to wife. And after this, with the power of the Bryttaniaid, the men of Ryfain (= Rome) subdued the Ork islands, and the other islands about them. And when winter slipped away, the maid, matchless in her form and fairness, came from Ryfain, and Gwairydd married her. And then Gloyw kassar built a city which he called kaer-loyw (= Gloucester) on the bank of Hafren (= Severn), on the boundary betwen kymrv (= Wales) and lloegr (= Loegria). Dans ce texte Gallois, la reine Genvissa n’est pas citée; Mais le nom de son époux Arviragus a curieusement évolué en « Gwairydd » que des Armoricains auraient facilement traduit « Gweired » il me semble. Un fond commun qui daterait du XIIieme siècle? (Bans de) Ganieret qui apparaît en 1170 aux noces d'Erec et Enide de Chrétien de Troyes proviendrait t'il d'une synthèse précoce de Genuis et Gweired*, cette forme bretonne n'étant attestée dans aucun texte, je le reprécise par simple honnêteté? par ailleur l' association qui fut faîte dans le châpitre 202 de l'HRB, Peanda-Gewissei (> Pant-Genwis) s'est reproduite jusqu'a resurgir dans le Lanzelet allemand de 1194: Pant , roi des Genewis, prototype de Ban de Benoyc, seigneur du château de Trèbes et père de Lancelot. Qu’en pensez vous ? Amicalement, Jakes. Dernière édition par jakes le Dim 08 Fév, 2009 22:29, édité 1 fois.
Bonjour à tous,
Après un temps de réflexion, de nouvelles idées. Des reproches ont été faites régulièrement dans ce débat : Dispersions et fouillis. J’annonce donc la couleur : 1 / René Perennec soulignait la jumelité de Ban de Benoic et Bohors de Gaunes, le père et l’oncle de Lancelot dans le roman en prose de 1225. Le château de Montlair du roi Bohors est identifié par certains auteurs au château de Morlaix, Montrelaix/ Montroulez(en breton). Pour les vicomtes du Léon, il prit au début du XIIe siècle la place stratégique du Castel an Trebes, à 2 Km en aval de la rivière de Morlaix. Je reprendrai l’intuition de Perennec en comparant ces personnages à leur triplé, le roi Pent des Genewis, père de Lanzelet du roman allemand de 1194 qui possède les qualités et les défauts de l’un et l’autre personnage. 2/ Pant, roi des Genewis, et roi de roman : a l'origine une mention de l’Historia Regum Britaniae de Geoffroy de Monmouth de 1138 : « Cadvalladr fils de la sœur de Peanda…de la noble ligné des Gewissae. » dans le contexte de la guerre civile anglaise. Je developperai trois thèmes: -Cadvalladr, dernier roi des Bretons, fils de Cadvallo , allié de Penda (VIIe siècle). Le revival des dynasties galloises et la généalogie du Gwynned au début du XIIe siècle. -Le soutient militaire des Bretons continentaux à Etienne de Blois l’usurpateur à cette période. -Le parti pris idéologique de Geoffroy de Monmouth. Le paradoxe de la dedicace au duc de Gloucester. 3/ Gwairydd, Arviragus, originalité et indépendance de l’expression galloise. 4/L’adoption continentale du « meilleur des chevaliers » par des voies diverses (dès avant l'écriture d'Erec et enide (1171) et du chevalier au lion de Chrétien de Troyes.). Malaise et récupérations des Plantagenêt. Gauthier Map. Lancelot l’armoricain, le roman en prose (1225), son universalisme. Alors, J'y vais? Cordialement , Jacques. Dernière édition par jakes le Lun 24 Nov, 2008 15:30, édité 1 fois.
Bonjour Jakes
c'est un plan de thèse ça, on dirait !! ![]() quelques remarques vite fait : pendant la guerre civile entre Mathilde et Etienne de Blois, les Bretons continentaux étaient dans les deux camps. En gros : - les Bretons installés au sud-ouest (Cornouailles, Devon) avec Mathilde, de même que Brian Fitz-Count, fils naturel d'Alain Fergant et frère de lait de Robert de Gloucester. - Ceux de l'honneur de Richmond (les Penthièvre) avec Etienne. Je ne vois pas le paradoxe dans la dédicace à Robert de Gloucester, au contraire, il n'y a rien de plus logique. Quel est le rapport entre Gautier Map et Lancelot ? Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Et avec Etienne, son gendre, le vicomte de Léon, Hervé, à qui le roi confia le comté de Wilthsire et la garde du château de Devizes : j'ai donné les sources anglaises sur le personnage dans un article déjà ancien sur l'expansion territoriale des vicomtes de Léon à l'époque féodale Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 126 (1997), p. 355-374. Et sur les vicomtes de Léon, voir également ici. Cela fait plaisir de revoir Jakes et Taliesin... André-Yves Bourgès
Bonjour Taliesin et André Yves Bourgès. Heureux aussi de vous retrouver.
Rapidement, comme l’a saisis André Yves B., c’est bien des Bretons continentaux qui s’engageront avec le duc Alain le noir dont j’ai parlé. Mais je veux éviter d’entrer tout de go dans le débat sur la guerre civile anglaise. Je trouverai très dommageable de dérouter dès le départ de cette reprise de contact tous ceux qui à juste titre attendent de ce forum « qu’enfin, on recentre le débat » sur Lancelot. C’est pourquoi je me tiendrai au plan dans l’ordre que j’ai exposé. Mon propos est d’essayer de démêler, dans le contexte géopolitique de l’Europe occidentale du XIIe siècle, la genèse du mythe de Lancelot. Beaucoup s’étonneront que je fasse l’impasse provisoire sur l’œuvre de Chrétien de Troyes qui nous fait connaître le premier Lanceloz en « guest star » dès 1171, heros qui prendra dix ans plus tard toute sa consistance dans le chevalier à la charrette (le thème de l’amant de la reine). Mais le public connaît plus largement, car l’affaire à été mainte fois reproduite, les épisodes de l’enfance de Lancelot fils de Ban de Benoic enlevé et élevé par la Dame du Lac. Pourtant les premiers textes qui nous font connaître ces évènements sont postérieurs à l'oeuvre de Chétien de Troyes: -Lanzelet, d’Ulrich von Zatzikhoven, texte en haut allemand écrit dans la région de Zurich peut être dès1194 à partir d’un original amené lors de la remise de rançon de Richard Cœur de lion en Allemagne par un seigneur anglo normand, Hugues de Morville. -Lancelot en Prose ou Lancelot propre, noyau déjà abondant en langue d’oil dont on date les premières compositions vers 1225 et qui s’est ensuite ramifié dans les autres aires linguistiques européennes. Ors j’ai bien l’impression qu’il y a dans ses enfances l’une des clefs pour comprendre la genèse du mythe de Lancelot, certainement antérieur à sa première et discrète apparition chez Chrétien de Troyes en 1171. L’angle d’étude que je propose sera de cerner la personnalité du père du héros dans ces deux romans : Pant, Ban,…..et Bohors ! Dans un deuxième temps, l’étymologie nous mènera au texte de Geoffroy de Monmouth et à son succès littéraire dans le contexte de la guerre civile anglaise de 1138. Je commence : Lancelot est le fils d’Hélaine et de Ban roi de Benoÿch. En guerre avec Claudas de la terre déserte, Ban et les siens se réfugient dans son château de Trèbe. Attendant en vain les renforts du roi Arthur, Ban se résous à en laisser la défense a son neveu Banin et à son sénéchal qui les trahis. Fuite part la chaussé étroite qui traverse le marais, incendie du château, mort du roi, enlèvement de lancelot par la Dame du Lac. Hélaine se réfugie dans un couvent. Evaine est l’épouse de Bohors roi de Gaunes , frère et allié de Ban. Lancelot dans les langes a deux cousins « en si petite eage que Lioneax n’avoit que XXI mois et Bohors n’en n’avoit que IX » Dans le roman, le personnage de Bohors père est presque insignifiant : Malade, il ne survie que deux jours à l’annonce de la mort de Ban, alors que Claudas se saisie du « roiaume de Benoÿch et toute la terre de Gaunes ». Les prud’hommes et bon chevaliers de la terre de Gaunes ne peuvent contenir Claudas. « La roine Evaine, la feme au roi Bohort, estoit en un chastel qui estoit de son doaire, si avoit nom Montlair et estoit mervelles fort » Montlair a été identifié par certains auteurs à Morlaix. Ca se discute, car il y a d’autres candidats et j’attends vos points de vue. Montlair étant assiégé par Claudas, Evaine et ses fils » n’i osa plus demorer pour paour que ne li feist honte, s’il la peust par forche prendre » On retrouve la un détail du Lanzelet : (trad R Perennec) : Pent de Genewis ayant été tué devant son château « au bord de la mer », après l’enlèvement du nourrisson Lanzelet par l’Ondine à sa mère Clarine, les vassaux félons « firent prisonnière la dame et rentrèrent, les épées couvertes de sang au château, où ils firent ce que bon leur sembla ». Simple lieu commun des pillages et de l’appropriation de l’épouse du vaincu par le vainqueur au temps féodaux ? Ou constante thématique d’un roman initial ? Voilà la tonalité. Je continu ? Cordialement, jacques. Dernière édition par jakes le Mer 03 Déc, 2008 14:26, édité 2 fois.
Chrétien de Troyes : A la noce d' Erec et Enide, première citation littéraire de Lancelot en 1171
"Devant toz les boens chevaliers doit estre Gauvain li premiers, li seconz Erec, li filz Lac, et li tierz Lancelot del Lac, Gonemaz de Goort li quarz, et li quinz fu li Biax Coarz li siste fu li Lez Hardiz, li sesmes Melianz des Liz, li huitiesmes Mauduiz li sage, li noesmes Dodins li Sauvages Gaudeluz soit dismes contez, car an lui maintes bontez. Les autres vos dirai sans nombre ..." Dernière édition par jakes le Lun 24 Nov, 2008 15:51, édité 1 fois.
Afin d’échapper à la« honte » Evaine s’enfui du château de Montlair « et se fit nagier outre une rivière qui desous le chastel couroit tant qu’ele vint en une forest desus la rivière ».
La encore la description géographique autorise l’identification au château de Morlaix. Par « mescheance », Evaine rencontre alors Pharien, un chevalier que Bohors avait déshérité « pour ce un autre que il avoit ochis, car che fu un des hommes del monde qui plus haute justice tint en sa vie que li roi Bohors de Gaunes, fors li roi Ban de Benoÿch son frère ». Ce commentaire sur la justice de Bohors n’est pas sans rappeler celui sur la justice du roi Pant de Genewis : « il entendait traiter sur le même pied tous ceux, petits ou grands qui étaient amenés a recourir à sa justice. »Lanzelet, trad R Perennec Ors Pharien, loin de s’en prendre à Evaine, car celle-ci lui à autrefois monté de la compassion (ceci rappelle la description élogieuse de Clarine, l’épouse de Pant) va au contraire prendre ses enfants Lionnel et Bohors sous sa protection, permettant à Evaine de rejoindre sa sœur Helaine au moustier. Bien que leurs destins soient variables, il y a des parallèles assez nombreux pour supposer que Ban, Bohors et Pant aient pour prototype un seul et même personnage. Bohors le père, dont la carrière sitôt commencée dans le roman s’achève en deux jours, emporté par la maladie ne doit peut être son nom qu’en rappel de celui de son fils cadet Bohors qui aura un destin plus glorieux. La parenté de Ban de Benoÿch et Pant de Genewis (Le passage de l’un l’autre nom ne me parait pas insurmontable, contre l’avis de René Perennec) pourrait être renforcée par les modalités de la prise de leur château, par ailleurs si semblable, j’en ai déjà parlé. Alors que le roi Pant défend personnellement par les armes sa forteresse et meurt de ses blessure, c’est a un doublet de Ban, son neveu Banin qu’échoie la défense de Trèbes, puisque Ban doit mourir dans d’autres conditions. Borhors de Gaunes pourrait bien n’être qu’un doublet de Ban de Benoÿch et la proximité de Castel an Trébes et du château de Morlaix (Les châteaux de Trèbes et de Montlair) pourrait être l’indice, si ces identifications son valables, de l’existence de deux récits constitués à deux périodes différentes, réunifiés dans le Lancelot en prose. Pourtant, si Ban de Benoÿch et Pant de Genewis son directement liés à Lancelot-Lanzelet, il est clair que Bohors de Gaunes (dont René Perennec pense qu’une forme de Genewis (Genwis) pourrait expliquer l’origine étymologique) est le père de Lionnel et Bohors. Les enfances de Bohors et Lionnel forme un récit en chassé croisé (très habile et cohérent) avec celle de Lancelot mais qui ne peuvent être assimilable. Je suppose qu’il existait au sujet de ces trois personnages Ban, Pant, Bohors au moins deux versions apparentées qui établissent clairement la paternité de Lancelot-Lanzelet et un troisième originale, celle de Bohors (mais un indice prouve qu’elle était déjà lié à Lancelot) dont la ligne conductrice tourne autour de l’histoire…. de deux lévriers enchantés qui sont en fait Bohors et Lionnel. Cordialement,
En effet
Dans Lancelot en prose l’éducation de Lancelot chez la Dame du lac occupe peu de place (16 pages dans l’édition d’Alexandre Micha) en regard des développements qui concernent la libération de Bohors et Lionnel. (Plus de 150 pages !) : Il s’agit de la capture des enfants par Claudas et du soulèvement général des barons de Gaunes mené par Pharien et Lambègue pour leur libération §IX, ed Micha, l’éducation de Lancelot : Lancelot donne généreusement sa venaison à un vavasseur qui soupçonne alors que cet enfant est le fils du roi Ban. Il lui offre deux lévriers. Pharien, qui apparait alors curieusement ici comme le maitre de lancelot (et on ne sait à la suite de quel épisode ?) le semonce. Mais Ninienne la Dame du Lac, tout en le grondant est fière de lui. §XI à §XVIII : Car ces lévriers vont servir par la suite à la messagère de la Dame du Lac a soustraire par enchantement Lionnel et Bohors à la vu de tous, y compris des barons qui n’y comprennent gouttes. Sur fond de quiproquo et de querelles internes, ils ne lâchent plus Claudas jusqu’a libération de la terre de Gaunes. Pharien et Lambègue ont pu entre temps vérifier de visu que Bohors et Lionnel sont en sécurité à la cour de la Dame du Lac où ils se lient d’amitié avec leur cousin Lancelot. Il y aurait donc dans Lancelot en prose un premier récit (Ban – le fils Lancelot –Trèbes- l’enlèvement- l’éducation auprès de la Dame du Lac) qui suit la trame ancienne du Lanzelet d’U von Z. ( Pent –Son fils Lanselet -le château en bord de mer-l’enlèvement- l’éducation auprès de l’ondine). Je comprends comme un troisième récit (B de Gaunes - ses fils - Montlair- La protection de Pharien échoue- La captivité chez Claudas- l’enlèvement par l’enchantement des deux lévriers de la Dame du Lac). Dans ce récit qui à l’air le plus récent, la protection terrestre de Pharien qui est peut être déjà a ce moment le maitre de Lancelot c’est révélée insuffisante. La dame du Lac intervient donc magiquement, grâce aux lévriers de Lancelot. A la fin de l’aventure (les enfances) Pharien qui a mené l’insurrection victorieuse des barons de Gaunes meurt à la cour de la Dame du Lac. Lionnel, son élève (car Lambegue est le maitre de Bohors) l’a mal accueilli parce qu’il a tardé à venir. Seul Lancelot c’est montré digne de son maitre par son attitude. Lancelot en prose ferait donc la synthèse de récits qui ont été attaché à un moment ou un autre au pays de Morlaix, nord Finistère ( Trebes,Montlair) dans l’apanage des vicomte du Léon jusqu’en 1181. . On retrouve Arthur dès le § XX qui tient sa cour à Carhaix : Banin, le neveu de Ban sert à la Table Ronde. Cordialement,
Dans le Lancelot en prose on localisera en Léon (Castel an Trebes et Morlaix) les châteaux de Ban (Trèbes) et de Bohors (ou plutôt de son épouse : « un chastel qui estoit de son doaire, si avoit nom Montlair »).
La géographie basse bretonne d’une partie du roman se trouve confirmée par Carhaix. Est-ce à dire que les terres de Benoÿc et de Gaunes sont enfin trouvées ? Et bien non. Au début du XIIe siècle alors Lancelot est déjà largement diffusé en Europe depuis Chrétien de Troyes, les manuscrits bretons (tous écrits en latins) étaient encore totalement muets sur Lancelot et très discret sur la matière de Bretagne en général. Certainement A. Y. Bourgès, grand connaisseur de l’hagiographie bretonne apportera quelques contre-exemples. Pourtant, sur la foi de Marie de France, on sait que ces contes de petite Bretagne existent et l’un des plus indiscutablement léonard est le lai de Gigemar. Le fait est là : Lancelot en prose est écrit en langue d’oïl. Des spécialistes pourraient d’ailleurs préciser laquelle ? Le maintient caractéristique du ca (ka) pour cha, et l’évolution du son ss en ch caractéristiques du Picard et de L’anglo Normand est assez aléatoire (édition d' Alexandre Micha, très rigoureux): Dans la même page « le roi claudas cachoit (chassait) un sanglier », mais aussi "chastel" (château), "par forche" (force), "chelui" (celui). Si quelqu’un pouvait m' éclairer ? On doit supposer qu’en milieu roman la géographie armoricaine est aussi nébuleuse (et fabuleuse) que celle du Morlois et des terres d’Oustregalles. Montlair, s’il s’agit de Montrelaix, Morlaix porte la marque d’une certaine aproximation, comparable au traitement de Caroese , Carhaix où Arthur tient sa cour. Pourtant, si on doit identifier Castel an Trebes (commune de Taulé, nord Finistère) au château de Trebes avec sa description si particulière, il faut admettre que seul des léonards auraient pu être précis à ce point. Guillaume le Breton, léonard (né probablement à Plabennec vers 1160 ?, Clerc à St Pol de Léon vers 1210 ?) et biographe de Philippe le Bel aurait eu assez d’autorité littéraire pour imposer ce modèle dans les milieux lettrés de langue d’oil de son temps. Cela n' exclu pas la circulation en terre léonarde de contes ayant trait à l’enfance de Lancelot auprès de la dame du Lac et à Ban et son Château puisque l’histoire circulait déjà fors loin en Europe continentale, en Allemagne par exemple. Pas de preuve bien sur. Pourtant….Montloir…. ??? et a nouveau la région de Morlaix. Dans cet artefact qu’on appellera l’enfance de Lionnel et Bohors, le rôle principal est tenu par le peuple de Gaunes, ses prudhommes et barons sous la conduite de Pharien et Lambègue. Le frère falot de Ban, malade, a peine mis en scène est mort en deux jours, sinon en deux lignes. Il doit probablement son nom à l’un de ses fils Bohors, le cadet. D’ailleurs Montlair est "du douaire", l’héritage en propre de son épouse Evaine, la sœur d’Hélaine. Bref Bohors de Gaunes semble bien n’être, comme René Perennec le souligne qu’un doublet de Ban de Benoÿch. Mais le noms de sa terre, Gaunes nous met sur la piste de Pant de Genewis, le père de Lanzelet. Cordialement, jakes. Dernière édition par jakes le Mer 03 Déc, 2008 14:44, édité 1 fois.
Avant d’aborder le contexte de la rédaction de l’HRB et la guerre civile anglaise, je résume rapidement mon hypothèse sur Pant de Genewis car il n’y a pas de nouveautés :
Pant de Genewis qui apparait dans le roman d’Ulrich von Zatzikhoven en 1194 est le prototype de Ban de Benoïch et de B. de Gaunes. Développant l’intuition de R. Perennec , je suppose une forme primitive : « Pand Genwis » qui serait l’avatar littéraire d’une formule de Geoffroy de Monmouth au §202 de l’Historia Regum Britanniae rédigée en 1138 : « Cadvalladr , que Bède appelle Caevalla le jeune, prit la succession de son père…….La mère de Catwaladr était la sœur de Peanda issue de la noble ligné des Gewissei. Cadvallo l’avait reçu dans sa couche après l’accord passé avec son frère ». Geoffroy nous dit au §197 que Cadvallo allié à Peanda de Mercie a la bataille d’Hedfeld , a éliminer Edwin de Northumbrie. Selon Bède le vénérable Il est le dernier roi breton régnant un an sur une partie significative de la grande Bretagne, avant d’etre tué a Denises burne en 634. Geoffroy confond volontairement le Breton Cadvalladr du Gwynedd, mort de la peste en 682 selon les annales cambria avec le West Saxon Caedwalla « de la noble lignée des Gewissae», inhumé à Rome en 689 en odeur de sainteté selon Bède. Penda de Mercie a effectivement annexé le royaume de Cenwalh roi des Gewissae de 645 à 648, après que celui-ci ait répudié son épouse, sœur de Penda. Genvissa est la reine éponyme des Gewissei, fondatrice de Gloucester selon Geoffroy. Tous ceci est oublié en milieu anglo normand dès 1155 par Wace (ed: Yvor Arnold) qui la nomme Genuis et traduit Gewissei par Guales. Mais le texte latin de Geoffroy de 1138 continu naturelement à servir de référence dans les milieux lettrés gallois, saxons, bretons, flamand, occitan, l’éventail est large en dehors de l’influence de Wace et de Chrétien de Troyes, bref, en dehors des domaines de langue d'oil. Il reste pourtant que le Welches Buch qui sert de modèle a Lanzelet est transmis en 1194 par Hugues de Morville, chevalier anglo normand fieffé dans le nord de l’Angleterre. A une chevauchée du comté de Richmond, soit dit en passant. Cordialement, Jakes Dernière édition par jakes le Mer 03 Déc, 2008 14:18, édité 1 fois.
Au risque de décevoir, je vais maintenant prendre un peu de distance avec Lancelot, « le meilleur chevalier du monde « , pour essayer de comprendre l’intérêt que les contemporains de Geoffroy de Monmouth on pu porter au « dernier roi des Bretons », Cadvalladr fils de Cadvallo et de la sœur de Peanda, de la noble lignée des Gewisséi.
On a là les touts derniers chapitres de l’Historia Regum Britanniae, sa conclusion, son épilogue où Geoffroy de Monmouth en appelle à Caradoc de Lancarfan et Guillaume de Malmesbury pour ecrire la suite, une suite qui concerne désormais les Gallois et les Saxons, sans appel. « Je les invite à ne pas parler des rois bretons puisqu’ils ne sont pas en possession de ce livre en langue bretonne que l’archidiacre Gauthier d’Oxford à rapporté de Bretagne. C’est de cet ouvrage, consacré à l’histoire vrais des rois de Bretagne et écrit en leur honneur, que je vous ai livré la traduction latine. » Point final de l’Historia et ultime hommage à la tradition, peut être fictive, de la Bretagne Continentale. On a vu déjà en quoi l’œuvre de Geoffroy ne loupe pas une occasion de faire l’apologie de la noblesse bretonne armoricaine, au grand dam des Gallois « aux origines barbares ». Pas rancunières, Les triades galloises n’en n’attendent pas moins le retour de Cadwaladr, au même titre qu’Arthur à la reconquête de l’ile de Bretagne. Gruffydd ap Cynan, roi du Gwynedd au tout début du XIIe siècle nomme d'ailleur deux de ses fils Cadwallon et Cadwaladr, quarante ans avant la rédaction de l’HRB. Cordialement, mais un peu gêné par ce grand silence dans l’arbre.
Alors que l’hégémonie de la noblesse normande depuis Guillaume le Conquérant ne trouvait pas d’opposition sérieuse en Angleterre, le vent tournait sur les marches galloises dès la fin du XIe siècle.
Où en sont ces Gallois « aux origine barbares » aux temps de Geoffroy de Monmouth et de la rédaction de l’HRB en 1138 ? Gruffydd ap Cynan (1055? – 1137) roi de Gwynedd, a partir de 1194 est une figure de la reconquête galloise face aux Anglo normands, célébrée dans une élégie renommée chantée par son barde de cour Meilyr Brydydd. Gruffydd ap Cynan était le fils de Cynan ab Iago, De fait, il est plus souvent représenté comme « petit-fils d'Iago » au lieu de la forme courante « fils de Cynan ». Dès 1118, alors que Gruffydd se faisait déjà vieux, ses fils, Cadwallon ( décédé en 1132), Owain puis plus tard Cadwaladr prirent une part active à l’expansion du Gwynedd . Owain et Cadwaladr, alliés à Gruffydd ap Rhys de Deheubarth remportèrent une victoire écrasante sur les Normands à Crug Mawr, près de Cardigan en1136 et prirent possession du Ceredigion. La plupart des éléments de la vie de Gruffydd viennent d'une biographie écrite sous le règne de son fils Owain Gwynedd, qui lui succède à sa mort en 1137. la période qui suivit le règne de Gruffydd fut une sorte d'« âge d'or ». Selon sa biographie, le Gwynedd « pétillait d'églises de chaux telles les étoiles du firmament ». Geoffroy de Monmouth a bien sur repris le texte de Bède le vénérable. Il se trouve que la généalogie des rois du Gwynedd se ratache à la liste des rois de Bretagne: Iago, Cadvan, Cadvallo, Cadvalladr . Gruffydd du Gwynedd a certainement nommé deux de ces fils Cadvallon et Cadvalladr en référence à cette lignée prestigieuse connue par le texte de Bède. Il faut donc comprendre le texte de Geoffroy comme une réponse de propagande aux ambitions galloises: Le dernier roi breton est Cadvalladr le Beni selon Bède , qui" se rendit à rome où il fut confirmé par le pape Serge, mais atteint d'une maladie soudaine, il fut libéré de son enveloppe charnelle le douzième jour des calendes de mai en l'an six cent quatre vingt neuf de l'incarnation du Christ". Point barre, c'est la seule chose qu'on puisse tirer de Bède l'historien et la généalogie de ces rois du gwynedd est une fadaise! Par contre, les rois de petite Bretagne, de Conan Meriadec à Alan, qui reçu Cadvalladr en exil et lui conseilla de prendre sa retraite, n'ont jamais démérité de la noblesse de Bretagne, la grande. Voilà le thème de propagande de Geoffroy en 1138. On retrouve les Bretons continentaux d'Alain le noir duc de Bretagne, comte de Richmond (1138) et de Corwall(1140) en masse dans le parti d'Etienne de Blois l'usurpateur à la bataille de Lincoln en fevrier 1141. En face et entre autres, les Gallois de Morgan ab Owain du Glamorgan et de Cadvaladr ab Gruffydd du Gwynedd, recrutés par Robert de Gloucester, soutient de Mathilde l'emperess.
Ce silence est une marque d'intérêt, je pense...
La biographie de Guillaume le Breton, héraut de la geste de Philippe Auguste peut être affinée de la sorte : nous savons que né vers 1160, il a fait ses premières études à Mantes[la-Jolie]; mais il était de retour en Bretagne dans les années 1190 et attaché au service de l'évêque de Léon en 1198-1199. Dès 1200, il entame une belle carrière dans la "chapelle" du roi, d'abord en servant les intérêts de Philippe Auguste en cour de Rome, puis en devenant son chapelain et historiographe. Déjà chanoine de Léon, il obtient également une prébende à Senlis, évêché qui dépend du domaine royal. Je me suis promis d'écrire une étude approfondie sur la vie et surtout sur l'oeuvre de Guillaume, dont j'ai montré les prolongements hagiographiques ; mais trop de choses à faire pour le moment... Par association d'idées - Gaunes m'ayant fait penser à l'une des nombreuses forteresses appelées "Château Ganne", en l'occurrence celle de Dinan, rapprochement qui a été fait à de multiples reprises - je me suis souvenu qu'à la bibliothèque de Dinan, on conservait avant 1864 un manuscrit du XVe siècle intitulé Noms, armes, blasons, devises, formes, mœurs et conditions des chevaliers de la Table Ronde, au temps qu'ils coururent la queste du Sainct Graal, par la vertu divine assemblés, etc.. On trouvera ici quelques extraits qui permettront de se faire une idée de cet ouvrage curieux. Le beau ms de la bibliothèque de Lille, accessible en ligne là , lui paraît apparenté : voir par exemple les f.17 v° et 18 r°, qui concernent Blanor de Gannes; mais le ms de Dinan attribuait aux chevaliers de la Table ronde des devises en breton (petra zo, pour Blanor de Gannes), lesquelles manquent dans le texte du ms de Lille. Bien cordialement, André-Yves Bourgès
Merci André Yves Bourgès de vos précisions sur Guillaume le Breton. C'est bien bien à cet auteur que l’on doit de connaître la guerra féodale qui opposa Hervé du Léon et les seigneurs du Faou au milieu du XIIe siècle?
Pour les formes Gannes, à t’on des indications sur leurs premières apparitions dans les textes ? R. Perennec cite l’éditeur du Lannzilet d’Ulrich Fuetrer qui donne le nom du père de Ban et Bohort, Ganues ( je suppose qu’il s’agit d’une version allemande postérieure au Lancelot en prose ?). Il précise qu'on peut le lire à chaque occurrences "Gannes ou Gaunes". Je vais poursuivre au sujet des dédicaces de l’HRB : « Les dédicaces varient d’un manuscrit à l’autre en fonction des années et des circonstances politiques mais tous les personnages cités- Etienne Ier, Robert comte de Gloucester, Galeran de Meulan, comte de Leicester- on en commun leur origine normande. Les normands étaient avides de légitimer leur pouvoir » L. Mathey Maille. Je suis réservé sur cette dernière assertion à la lecture attentive de l’HRB. Bien sur le roman s’adresse à la noblesse « Anglo normande » mêlée depuis la conquête aux Anglos bretons, Anglo flamands. Cette noblesse doit former un groupe social homogène qui partage des intérêts commun faces au Gallois et aux Ecossais, peuples inassimilables. Mais on à vu que la propagande l’HRB flatte surtout le Bretons continentaux. Les Gallois remportent une victoire écrasante sur les Normands à Crug Mawr en1136 et prennent possession du Ceredigion. Les Ecossais du roi David 1er ne sont pas moins menaçants. Ils traverseront semble t’il sans difficultés majeure les terres de Richmond, (grand fief accordé au Breton Alain le Roux lors de la conquête, qui constitue le verrou naturel du nord de l’Angleterre), avant d’etre arrêtés in extremis à la bataille de l’étendard le 22 aout 1138 par des seigneurs locaux près de Northalerton. Etienne doit leurs faire des concessions au Traité de Durham. Etienne de Penthièvre, lord de Richmond est décédé le 21 avril 1137, et il devient absolument nécessaire pour Etienne d’asseoir solidement le fils puiné Alain le noir, héritier de Richmond. Il est l’époux de la duchesse Berthe de Bretagne ce qui lui donne alors une capacité militaire inégalée grâce aux troupes bretonnes continentales. Etienne le nomme comte de Richmond, premier du nom. Mais la guerre civile anglaise à déjà commencé car Robert de Gloucester rompant définitivement son hommage à Etienne, prend le parti de sa demi sœur Mathilde en Juin 1138 et mène une campagne en Normandie qui s’enlise. Il débarque en Angleterre le 30 septembre 1139 à Arundel. La triple dédicace de l’HRB du manuscrit de Berne à Robert, Galéran et Etienne ne peut ce concevoir qu’à la courte période (Avril 1136- Juin 1138) où Robert de Gloucester prête hommage à Etienne (peut être formel mais sans hostilité ouverte). Ceci permet de dater la rédaction de l’HRB. Pour verrouiller le sud ouest partisan de Mathilde, Etienne nomme en 1140 Alain le noir comte de Corwall et Hervé du Léon comte du Wiltshire. On les retrouve à ses cotés à la bataille de Lincoln. 1141 après laquelle ils perdent toute autorité sur ces fiefs du sud de l’Angleterre. Les manuscrits de l’HRB qui réservent leurs dédicaces à Robert de Gloucester seul n’ont du être recopié sans trop fâcher et sans trop de risque qu’ après la normalisation qui suivit le traité de Wallingford en 1153 assurant les droits sur la couronne anglaise du fils de Mathilde, Henry Plantagenêt. On n’est alors plus très loin de sa première traduction en Anglo normand par Wace. Dernière édition par jakes le Dim 07 Déc, 2008 20:19, édité 1 fois.
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