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LancelotModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice "En tout état de cause, il ne s'agit pas d'un titre "officiel", mais bien d'une réminiscence de la part du chroniqueur."
d'abord un grand merci à A Y Bourgès pour cette réponse rapide. Je retiens votre leçon: pas de titre officiel, néanmoins une référence obligée à l'ancienne population du Wessex chez un auteur anglo normand. Car la brièveté de la formule, sans dévelopement aucun, exclus qu'Orderic vital a voulu donner à ses contemporains une information inédite. Il s'agirait plutot d'un lieu commun, savant, mais bien compris dans les milieux cultivés au début du XIIe siècle. Ca chauffe peut etre un peu moins pour Hervé du Léon, mais je ne doute pas que lui même et son entourage auront connu l'heritage des Gewissae. Cordialement, Jakes. Dernière édition par jakes le Jeu 08 Jan, 2009 2:02, édité 1 fois.
Sur ce fil consacré à Lancelot, les Gewissae n’intéressent le héros armoricain que dans une perspective historiographique, Ban de Bénoÿch étant leur dernier avatar littéraire. C’est du moins mon hypothèse.
Néanmoins, si on veut chercher quelques informations sur les conditions d’apparition et l’histoire de ce peuple, les sites anglais méritent le détour. Car de nombreux auteurs ont planché sur le sujet. D’un point de vu archéologique, la région de la haute Tamise, au sud d’oxford à été colonisée précocement par des Saxons, très isolés en milieu breton et fort éloignés des accès maritimes. Le bilan n’est pas minces : Il s’agit des tombes païennes de Dorchester on Thames, Abington, Sutton Courtenay, Marsham. Le matériel livré montre des affinités romaines et celtiques tout autant qu’indiscutablement saxonnes. On pense à l’installation de troupes saxonnes fédérées au milieu du Ve siècle(et pourquoi pas, disent certains, un contigent de celles auxquelles le roi breton Vortigern fit appel avant d’en perdre la maitrise ?) Cette région est au cœur de ce qui sera le royaume géwisséen de Ceawlin, Ceol, Ceolwulf, Cynegils, Cenwalh au VIe et VIIe siècle. Ces rois disent descendre en ligne directe de Cynric fils de Cerdic fils d’Elesa ; Ors ces noms sont bretons : Cunorix, Ceredig (de Caratacos), Eliseg. Certains pensent que les Gewissae seraient issus d’une fusion précoce des populations celtiques et saxonnes dans cette région. On estime d’ailleurs de plus en plus que la grande masse de la population bretonne n’a pas été exterminée mais a été dominée puis assimilé par les saxons nouveaux venus dans la majeure partie du territoire anglais. J.N.L. Myres (Roman Britain) fait remarquer que quand Cerdic et Cynric apparaissent pour la première fois dans la Chronique anglo-saxonne en 495, ceux-ci sont décrits comme des ealdormen, titre qui dans la tradition du Wessex correspond aux fonctions d’ un préfet romain ou d’ un comte carolingien. Myres remarque qu' "il est étrange que ce titre soit utilisé pour décrire les chefs d’une bande d'envahisseurs, indépendants et dont l'origine et l'autorité ne sont nulle-part spécifiées." De plus, ce ne fut pas avant 519 que Cerdic et Cynric furent considérés comme "commençant à régner", ce qui suggère qu'ils ont alors cessé d'être des vassaux ou des earldormen dépendants pour devenir des rois indépendants." En résumé, Myres croit qu’Il est également possible ... de penser que Cerdic était à la tête d'une famille noble britto-saxonne ayant l'intention d'étendre son territoire à la partie ouest du "Litus Saxonicum". Il aurait également très bien pu être "vassalisé" à la fin de l'époque romaine.(?) Il aurait pu être ce que l'on désigne comme un earldorman. ... Si une famille indigène dominante comme celle de Cerdic a pu développer des relations de sang avec les colons Jutes et Saxons, celle-ci a très bien pu être tenté, après la chute de l'autorité romaine (?)effective, d'aller plus loin. Cerdic a pu avoir pris les choses en main et après avoir éliminé les dernières poches de résistance autour de chefs britanniques, comme le mystérieux Natanleod de l'annale de 508, 'commencer à régner' sans reconnaître d'autorité supérieure." La Chronique anglo-saxonne, écrite au XIe siècle fait pourtant débarquer Cerdic et Cynric sur les côtes du Hampshire en 495. John Morris, va plus loin. Il fait de Cerdic un prince purement breton qui "aurait soit conclu une alliance avec, soit utilisé, des groupes germaniques installés sur la côte du Hampshire avant d'y établir un royaume qui se serait progressivement germanisé. Cerdic aurait alors été au centre d’une alliance entre les élites bretonnes du Hampshire et l’aristocratie saxonne". La spécificité de la colonisation du Wessex tient en ce que les premières installations côtières jutes et saxonnes sont tardives, contrairement à celles du Kent et du Sussex alors que la présence saxonne « fédérée », mêlée aux populations bretonnes est déjà ancienne au nord du futur comté. Voilà .... S’il manquait aux lecteurs de ce fil une physionomie concrète aux Gewissae, je les invite à consulter ces sites anglo saxons. Je tiens néanmoins à les avertir que ces recherches actuelles ne doivent pas être extrapolées, sous peine d’anachronisme, à ce que les hommes du XIIe siècle savaient encore de ce peuple ancien. Cordialement,
Cerdic, Cynric sont en effet des noms bien brittoniques. Il en va de même pour Cadwalla.
J'ai récemment terminé la lecture de l'excellent ouvrage de Stuart Laycock, Britannia: the Failed State, sous titré "tribal conflicts and the end of roman Britain". L'auteur se propose de réexaminer les grands soubresauts de la Bretagne romaine, et sa transformation en Angleterre, à travers l'analyse des conflits tribaux qui agitaient le pays avant l'arrivée de Rome, la première à les réunir sous un même gouvernement. Le résultat en est très convaincant, je tâcherai de le détailler dans un autre sujet. L'arrivée des Anglo-saxons, à l'instar de celles des Romains 400 ans avant, est expliquée de la même manière. Pour être installés si souvent au plein milieu des terres, les Saxons le furent délibérément, bien souvent le long des dykes, talus marquant la délimitation des civitates britto-romaines, civitates héritières des tribus celtiques de l'âge du fer. Au Ve siècle, l'administration centrale s'écroule, et les Bretons font appel à des Germains pour lutter les uns contre les autres. Le cas des Gewissae rejoint la cité bretonne des Atrebates. Si dans d'autres régions les nouveaux venus finirent par prendre le pouvoir (comme dans le Kent), ici comme ailleurs les civilisations fusionnèrent probablement. Les expansions territoriales des Gewissae recoupent les territoires perdus à l'époque de la conquête romaine, pour rejoindre les limites de la grande cité des Atrebates, incorporant les territoires des Belgae et une partie de celui des Dobunni. Selon l'auteur, le royaume du Wessex, qui finalement dominera les autres, s'impose dans la continuité du peuple des Atrebates. Les différences culturelles s'observent par la suite avec les Bretons de l'ouest, comme les Durotriges récemment conquis, leur wergild étant deux fois moins important que celui d'un "Saxon", dont la famille a très bien pu être totalement bretonne par le passé, mais assimilée. http://letavia.canalblog.com
Letavia - Troupe de reconstitution des Bretons armoricains aux alentours de l'an 500. Benjamin Franckaert (Agraes/Morcant)
Grand merci, Agraes,
Je doute de moins en moins que ce peuple brito-saxon du Nord-Wessex (Ve siècle) soit oublié au XIIe siècle : Au tout début de mon enquête, premières interventions sur l’arbre celtique en juin 2006, je pensais que les "Gewissei" de l’HRB de G de Monmouth , 1136 (que j’avais alors associé au "Genewis" du roi Pant, le père de Lanzelet, 1194) étaient isolés dans la littérature médiévale. Mais ce n’est pas le cas : Du VIIe au XIIe siècle, on les retrouve régulièrement : Les "Gewissae" de Bède, les "Gewissi "des Annales Cambria, Cedwalla rex " Gewissorum " de Henry de Huntington, le praesidatum " Gewissorum " d’Ordevic Vitalis, les "Gewissei" de Geoffroy de Monmouth dans l’HRB de 1136, Ce terme est corrompu en " Gewiscorum " dans un manuscrit de la Vita Merlini de G. de Monmouth en 1148. J' y reviendrai. Alvred of Beverley écrivit en 1143 des « Annales sive historia de gestis regum » qui vulgarisent l’HRB de G. de Monmouth. Est-il possible de connaître sur le net ces Annales ? Dernière édition par jakes le Lun 26 Jan, 2009 23:21, édité 1 fois.
Les Gewissae disparaissent de la littérature de langue d’oil après Wace, 1154.
Mais leur reine éponyme, Genvissa de l’HRB ne fut pas oubliée: Genuis chez Wace, Genvissa épouse de Gwairydd dans un texte gallois du XIII ième siècle. Arviragus son époux et Guider sont les fils de Kymbeline pour Shakespeare, XVI ième siècle. D’ailleurs, ces deux derniers textes procèdent directement d’une interprétation de l’HRB de G de Monmouth. Le terrain médiéval est assez jalonné pour que les Genewis du roi Pant, père du Lanzelet d’Ulrich von Zatziskhoven en 1194 ne soient pas complètement orphelins. Leur roi Pant, Penda, procède d’une deuxième étape : Je ne crois pas que la domination de Penda, roi de Mercie sur les Gewissae en 654 soit directement à l’origine de Ban de Bénoÿch : Ce thème, embrouillé, ne serait passé que par la paraphrase de Geoffroy de Monmouth de l’HRB de 1136: La mère de Cadvalladr est « la sœur de Peanda , issue de la noble lignée des Gewissei ». « Cadvallo l’avait reçu dans sa couche, après l’accord passé avec son frère, et il avait ainsi engendré Cadvalladr. » On a vu avec R. Perennec le passage de Genvissa, Gewissae > Genwis puis Genewis par le moyen Néerlandais vers 1194. « Gew(isc)orum » de la vita Merlini, 1148 pourrait expliquer la finale Beno(ÿch) , dans un contexte ou le terme se vulgarise dans l’usage oral à partir de la publication de L'HRB en 1136. Cette évolution linguistique est elle déjà repérable dans les Annales d’Alured of Beverley de 1143 ? Je sollicite cordialement un petit coup de main. Dernière édition par jakes le Dim 01 Fév, 2009 0:43, édité 2 fois.
Faute de nouveaux éléments, la question reste en suspend.
L'usage anglais « Benwick », tardif, ne nous renseigne pas sur cette finale puisqu’elle procède certainement de « Benoÿch » du Lancelot en prose de 1225. L’initiale du nom : Le passage du latin « Genwisc- « (vita Merlini) à l’anglo normand « Benoÿch »( Lancelot en prose) s’explique par l’allitération avec le nom du roi Ban. Nouvelle allitération- et lien sémantique- avec Bohors de Gaunes (Lancelot en prose) qui deviendra Bors of Ganis, Gannes dans l’usage anglais, Ganwis dans un texte allemand du XIIIe. Tous ces noms sont apparentés aux Genewis du roi Pant, père de Lanzelet d’U. von Zatziskhoven. Finalement on a deux pistes étymologiques qui se rejoignent dans le Lancelot en prose de 1225 : Ban de Benoÿch retrouve son jumeau Bohors de Gaunes dans un cadre géographiquement restreint : Trebes et Montlair, sont situés dans l’apanage du Léon, Nord Finistère.( voir le 21 novembre 2008) . Ors je doute que l' auteur du Lancelot en prose soit originaire de cette région si Montlair doit bien être identifié à la ville de Morlaix, car le rapport étymologique entre Montlair et Montroulez-Morlaix me parait discutable en langue bretonne. J’ai laissé je crois le temps nécessaire pour contester cette identification qui n'est pas de mon cru. Idem le traitement de Carhaix et Quimper Corentin : Cette géographie est manifestement exotique pour l’auteur du Lancelot en prose.
Ces nouveaux lieux « exotiques » de la petite Bretagne qui apparaissent dans Lancelot en prose au début du XIIIe siècle, alors qu’elle entrait dans l’orbite politique du royaume de France soulèvent quelques questions :
D’abords ces lieux que les langues d’Oïl n’ont pu inventer de toute pièce en 1225, Trebes, Montlair, Carhaix, Quimper Corentin, ne sont jamais apparus dans les romans arthuriens précédents. D’autre part, Le Lancelot en prose n’est jamais explicite sur leur localisation armoricaine, pour tout dire, pleine de contradictions. Il ne s’agit pas d’un récit de voyage : Cette géographie est fabuleuse, hors du temps et de l’espace réel. Il faut supposer que ces noms de lieu armoricains ont déjà bourlingué quelques temps dans les récits des trouvères de langue d’Oïl….. Qui ne pouvaient les tenir que de conteurs bas Bretons. Car il est difficile d’imaginer que l’auteur du Lancelot en prose de 1225 en soit l’inventeur ex nihilo, au risque de la critique d’un Guillaume le Breton 1165-1226, d’origine léonarde et biographe de Philippe Auguste : Son autorité au début du XIIIème siècle pouvait accréditer, rectifier ou rejeter ces nouveautés qui flattaient de près son terroir : Ban de Benoÿch-Trebes, Bohors de Gaunes-Montlair s’il s’agit bien de deux châteaux du vicomté du Léon.
Comme la localisation de Montlair-Morlaix (Nord finistère) à 3km au sud de Trebes-Castel an Trebes ne sussite pas d'objection sur ce fil, je reproduis ici le point de vue contradictoire du Cercle d'Etudes Nouvelles d'Anthropologie, CENA, les amis arthuriens de René Bansard, présidé par Michel Vital et Georges Bertin:
"Montlair, forteresse de Gannes. Aprés avoir conquis le Banoïc, Claudas de la Déserte, met le siége devant Montlair, où se tient la femme de Bohort de Gannes, Evaine, qui s'enfuit du château, franchissant une riviére pour entrer dans la forêt proche et gagner le moutier où se trouve sa soeur Héléne. Comme Héléne, elle perd ses enfants ravis par un seigneur félon qui les remet à Claudas. Comme elle, elle est dans de grandes douleurs. Ses enfants seront délivrés et confiés à la dame du lac. Montlair ou Mont sur le Lair, nous semble pouvoir être situé à Saint Hilaire du Harcouët, à la fois parce que le Lair est un affluent de la sélune, en amont de la cité et parce que Saint Hilaire est une cité bâtie sur un site médiéval comme en témoigne aujourd'hui des vestiges au mur du cimetiére. Outre le fait que dans la transcription des textes médiévaux, Loire et Lair aient pû être confondus en tant que localisations de la Terre Déserte, ("entre Loire et Arsie"), la personnalité de Saint Hilaire lui-même, mort en 367, docteur de l'Eglise, évêque de Poitiers, n'est pas absente de la Légende Arthurienne puisque deux héros au moins l'invoquent, avant de combattre, Arthur lorssqu'il combat le dragon et Tristan. Le passage de l'eau dont il s'agit ici nous paraît délimiter le pays de Gaune situé par Jean-Charles Payen à la marche de Bretagne, sorte de réduit neustrien qui allait du Cotentin à la plaine de Caen, confinant avec les pays de Loire, au delà de la Sarthe. Délimités par les toponymes Gannes et Gaunes, nous trouvons deux de ces châteaux à chaque fois attachés à une légende de traitre" Dans la continuité de la thèse "frambaldienne" donc, que nous avions évoqué avec Taliesien sur ce fil le 25 juin 2006.
Heu... Je débarque dans le sujet....
Je vous vois vous intéresser à un Lancelot du XIII°. Mais ça n'est pas la première apparition du personnage, et dès lors qu'il a été créé, il ne fait que se modifier, selon les auteurs et éventuellement, les revendications territoriales. A sa création, était-il un avatar d'un autre héros, sous un autre nom, ou bien un avatar du "fin chevalier" et du "fin amant" (tout bêtement). ![]()
Bonjour et bienvenue Séléné.C,
Je ne m’attendais pas à cette critique mais vous recentrez à bon droit le sujet de ce fil : Lancelot à ses origines. D’accord avec vous : Après une apparition rapide dans Erec et Enide, la personnalité de Lancelot s’étoffe dans le chevalier à la Charrette de Chrétien de Troyes et Lanzelet d’Ulrich von Zatziskhoven dans la deuxième moitié du XIIème siècle mais ces auteurs ne lui attribuent pas une origine géographique clairement reconnaissable dans l’espace breton (qui se défini déjà des deux cotés de la Manche.) Il est tout à fait vrai qu’il n’y a que le roman en prose de 1225 pour argumenter que Lancelot est un armoricain. Personnellement, je pense que L’HRB de G de Monmouth 1136 à eu un impact très précose chez les Bretons d’Alain le Noir lors de la guerre civile anglaise… Car l'HRB fait de longues références au soutient régulier que les bretons continentaux ont apporté aux rois de Bretagne, soutenant même que la plus grande partie de la noblesse de l'ile s'était installée en Armorique : c'est l'episode de "Maximien" et de conan Mériadec. Ceci préparait déjà le terrain pour qu'apparaisse plus tard un héros armoricain. Donc, suivant ces auteurs les plus autorisés (ceux du XIIème siècle) et les moins suspects de « revendications territoriales », pourquoi ne pas s’en tenir à votre question : Lancelot " A sa création, était-il un avatar d'un autre héros, sous un autre nom, ou bien un avatar du "fin chevalier" et du "fin amant" (tout bêtement). Je parle ici du Chevalier à la Charette... " Les chevaliers et amants celtiques étaient un peu "Brut". L'un de ceux ci à pu fournir le prototype de Lancelot. Mais le "fin amant" et le "fin chevalier sont une veritable inovation . Et si Lancelot apparait si courtois dans le domaine des langues d'oil, on le doit au travail d'afinement des moeurs de la littérature Occitane du début du XIIème siècle Cordialement, jacques. Dernière édition par jakes le Mar 24 Fév, 2009 3:57, édité 3 fois.
Hé oui... Le problème est que l'espace breton est, dès Geoffroy de Monmouth (et surtout chez lui, peut-être), quelque chose de très vaste !
Le Lancelot de Chrétien de Troyes est un "cas" parmi les chevaliers = il se se définit pas par son lignage, il n'a pas d'attaches, il ne se définit que par sa valeur de chevalier et d'amoureux. HGB = Histoire des Rois de Bretagne? ![]() C'est une nuance... Mais elle a son importance, je trouve.
Bonjours Séléné,
l'HRB, Historia Regum Britaniae, c’est l’histoire des rois de Bretagne . L’étendue des expéditions (et non des « conquêtes ») d’Arthur est en effet impressionnante : Mais il n’y a pas de cas ou il prendrait directement possession de territoire hors de la (grande) Bretagne : Ses actions visent surtout à rétablir des souverains injustement malmenés qui bien sur lui prêteront hommage. L'expédition en Gaule est justifiée, car l’empereur de Rome veut soumettre la Bretagne au tribut, comme jadis au temps de Cunobelinus. Doit-on tirer (de L’HRB) la morale "Nous avons été grands, nous, les bretons ! Nous n'avons pas à nous soumettre !" ? Et bien non, car si l’on parle bien de l’HRB c’est un anachronisme total. Idem l’idée d’une revanche des Bretons par Normands interposés sur les Saxons. Il n'y a pas de" nationalisme breton" chez Geoffroy de Monmouth. Qui seraient d'ailleur les héritiers de ces rois de Bretagne au XIIème siècle? Il y a par contre à la charnière du XIème et XIIème siècle ces nugae Bretonnes (galloises, cornouaillaises) très en faveur dans les châteaux d’Angleterre, un vrais phénomène de mode relayé d'ailleur très tôt par les jongleurs armoricains. Conscience d'une origine commune sans doute, mais certainement pas aspiration à renoncer à leurs particularismes. Il faut bien resituer l’œuvre de G de Monmouth dans le contexte des prémices de la guerre civile anglaise qui risque d’affaiblir l’Angleterre sur ses marches galloises et écossaises, très agitées en 1136. Geoffroy de Monmouth est un Gallois du sud est, sa région et sa famille appartiennent pleinement à l’espace anglo normand. Ces marches sont constamment menacées par les Gallois indépendants du Nord. Et il est très probable qu’il existe une littérature "nationaliste" galloise à la cour brillante de Gruffydd du Gwynedd (voir mon post du 3 décembre 2008). L’HRB de 1136 est une tentative (qui s’avérera fructueuse) de remettre de l’ordre dans ces nugae bretonnes qui ne sont pas anodines (les Bretons, cornouaillais Gallois croient dure comme fer, disent les commenteurs Anglais au retour d'Arthur!).... et de leurs régler leur compte . Geoffroy s"appuie strictement (en tout cas il le prétend) sur les textes ( il parle d'un "vieux livre en langue britannique" ) et sur l'autorité d'historiens tels que Gildas, Nennius, Bède, : L’antiquité de la Bretagne, la barbarisation et l’illégitimité des Gallois et des Saxons, Le soutien sans faille (des Bretons) du continent à l’antique noblesse bretonne de l’ile, l'Histoire de l'antique Bretagne se clos avec la mort de Cadvalladr à Rome en 689. Point final, donc et quoi qu'en dise les généalogies royales du Gwynedd. A ce moment, 1137, les troupes bretonnes d’Alain le Noir, comte de Richmond sont opportunément sollicitées par le roi d’Angleterre Etienne l’usurpateur.( Et il est faux de dire qu’elles n’ont rien retenu de L'HRB !) Paradoxalement, le succès littéraire de l’HRB en Angleterre (plusieurs manuscrits aux dédicaces contradictoires avant 1152) montre l’émergence d’une conscience nationale anglaise attachée désormais à l’antique Bretagne. Wace fit la traduction de L'HRB, versifiée, en anglo normand en 1154. Henry Plantagenet s’en servi abondamment pour sa propagande, reprenant à son compte l'héritage des rois de Bretagne. Cordialement, Jacques PS »Le Lancelot de Chrétien de Troyes est un "cas" parmi les chevaliers = il se définit pas par son lignage, il n'a pas d'attaches, il ne se définit que par sa valeur de chevalier et d'amoureux. » Je vous répondrai sur la question du lignage. Dernière édition par jakes le Mar 24 Fév, 2009 3:48, édité 2 fois.
Au niveau du tribut... Evidemment. Le tribut à Rome ne se justifie que tant qu'il y avait protection.
![]() Une tentatice de remettre de l'ordre dans des écrits = oui... Mais pas seulement. Il y a eu une raison à entreprendre ce travail plutôt qu'un autre. Qu'il n'y aie pas eu un calcul, d'une façon ou d'une autre, ça me surprendrait... ![]() Pour Lancelot = N'hésite / n'ésitez pas à me donner ton / votre impression...
Bonjour, Séléné,
Tu dit : L'HRB :« Une tentative de remettre de l'ordre dans « des écrits ». J’e me rend compte que j'ai mal formulé mes deux derniers messages. Je les ai rectifiés sans changer le fond. Non, je ne faisais pas référence aux textes de Gildas, Nennius, Bède mais aux nugae bretonnes dont parle guillaume de Malmesbury en 1126 et qui n'étaient pas écrites. Il s’agit d’un ensemble probablement exubérant de contes d’origines galloises, cornouaillaises qui circulait oralement assez loin en Angleterre au début du XIIème siècle. Les Bretons continentaux, assez nombreux (un tiers!) dans les troupes de Guillaume le conquérant ont du servir d’intermédiaires lors de la conquête de l’Angleterre notamment dans les marches galloises soumises et en Cornouaille britannique, ces régions pratiquant une langue encore proche de celle de leurs cousins d’outre manche. Auparavant, les régions Anglo saxonnes devaient être plutôt hermétiques à cette littérature, mais l’anglo normand s’est imposé rapidement comme la langue commune à tous dans les châteaux anglais. Anglo normands ou Anglo bretons, la classe dominante de l’Angleterre devait être homogène culturellement, dès la fin du XIème siècle, et assez sure d’elle-même pour se laisser séduire par cette matière bretonne, voire même lui accorder un certain crédit, puisqu’elle délégitimait les saxons à la domination de l’Angleterre. Mais les Gallois du nord après une période de revers qui dura jusqu’en 1094, se montraient finalement très coriaces sous le règne de Gryffydd et même très dangereux en 1136. Les Gallois, loin d’être barbares avaient une littérature nationale écrite : Meilyr Brydydd était le barde officiel de la cour de gruffydd du Gwynedd. Contemporain de la mise par écrit du conte arthurien de Kulwch ac Olwen et de la généalogie royale qui rattache les rois de Gwynedd à Cadvalladr fils de Cadvallo (ceux de l'HRB!) Au même moment le comté de Richmond était traversé sans difficulté par les Ecossais en 1136 ( voir le post du 5 décembre 2008). Le conflit entre Etienne l’usurpateur (1135) et Mathilde l’empress (la mère d’Henry Plantagenêt) risquait de tourner à la guerre civile anglaise. Tel est le contexte de la rédaction de L’HRB dont les premières dédicaces ménagent chacun des protagonistes à venir (Gloucester, Meulan, Etienne) de la guerre civile anglaise qui éclate de toute façon en 1137. Geoffroy de Monmouth veut relativiser l’influence des nugae bretonnes, les contes bretons. Il veut faire œuvre d’Historien, s’appuyant, 5 siècles après, sur les écrits de Bède, Nennius et Gildas : Son calcul est peut être un espoir de paix civile à l’image de celle d’Arthur personnage unificateur, déjà bien connu de tous en Angleterre. Il discrédite au passage les barbares gallois et saxons et en appelle aux renforts bretons continentaux : Ceux d’Alain le Noir qui sera nommé comte de Richmond en 1137. Cordialement, Jacques. Et merci bien Séléné, le tutoiement me convient très bien. Dernière édition par jakes le Mar 03 Mar, 2009 16:45, édité 1 fois.
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