Citation du livre de Joël Hascoët dont nous avons parlé plus haut:
Eustache, d'abord nommé Placide, était un général romain. Un jour, alors qu'il participait à une chasse, il vit un grand et magnifique cerf qu'il poursuivit.
Au bout de quelque temps, le cerf s'arrêta, une croix apparut entre
ses bois et lui-même se mit à parler, s'identifiant alors comme le Christ.
Aussitôt Placide se convertit et fut baptisé sous le nom d'Eustache. La
légende d'Hubert, qui a pris sa source en Belgique et dans le Nord de la
France, est en tout point semblable, hormis le fait qu'Hubert était un
noble mérovingien. Toutefois, cette dernière ne remonte vraisemblablement
qu'au XVe siècle mais elle introduit un nouvel élément qui semble
spécifique aux pays celtiques : Hubert est fêté le 3 novembre, non loin de
la fête des morts.
Or il est remarquable de constater que les représentations les plus anciennes que l'on connaisse de la légende d'Eustache proviennent toutes pourla plupart d'Anatolie et qu'elles sont pour beaucoup présentes dans des tombeaux.
C'est d'ailleurs aussi en Anatolie que l'on connaît l'ancêtre de cette iconographie avec des cerfs d'époque romaine en bronze portant entre leurs bois l'aigle de Jupiter. Ce culte du cerf remonte à l'époque
Hittite, mais il est vraisemblable qu'il s'est exercé en plus une influence
galate, car toutes les représentations anciennes d'Eustache sont situées en plein territoire galate. Par l'intermédiaire de ce peuple celtique, nous voilà revenu dans le domaine de la mythologie française.
Là aussi l'animal-guide, le thème de la chasse et lorsqu'il s'arrête il y a théophanie, vision, apparition, appelez cela comme vous voulez.
Notre auteur écrit aussi:
Le monde gréco-romain
La représentation d’une chasse au cerf n’est pas un motif nouveau
dans l’iconographie funéraire du territoire français. Elle apparaît au 1er
siècle après J.C., ornant une urne funéraire en marbre trouvée à
Lyon234, sur une face de laquelle on voit un chasseur à pied, accompagné
d’un chien et armé d’une lance, menacer un cerf gigantesque qui
bondit vers lui. Derrière le chasseur se trouve un sanglier au repos,
La communauté / 237
alors que l’autre face de l’urne présente un énorme dogue affronté
avec un taureau. Il est à remarquer que tous les éléments présents sur
cet objet, mis à part le sanglier, le sont aussi sur le panneau du dieu au
bois de cerf du chaudron de Gundestrup, un lien entre l’iconographie
de la chasse au cerf et le mythe de Cernunos n’est donc pas à exclure235.
Le motif de la chasse infernale est très tôt récupéré par l’iconographie
paléochrétienne. Sur de nombreux sarcophages du IVe siècle après J.C.,
on peut observer des chasses au sanglier, au cerf, mais aussi au lion,
motif inspiré des thèmes gréco-romains qui sera d’ailleurs très vite
abandonné durant le Moyen Age. Si certaines christianisations primitives
ne sont pas parfaites, accusant un mélange d’influences diverses,
les exemples les plus récents sont tous chrétiens, ainsi le sarcophage
orné d’une chasse au sanglier provenant de l’ancien monastère de
Saint-Samson-de-la-Roque en Normandie.
Le motif n’est toutefois définitivement christianisé qu’avec l’introduction
à Rome au VIIIe siècle du mythe de saint Eustache, puis sa popularisation
par Jacques de Voragine
D'accord sur l'interprétation tri-fonctionnelle des animaux de St Paul Aurélien mais les abeilles font un lien subtil et comme il y a un focus actuellement sur Levi-Strauss je causerai une autre fois sur les "transversalités" de ce quintette qui n'est pas d'Alexandrie...