Hello,
je reprends la conversation que nous avions comencé sur le fil consacré initialement à un rituel de fondation dans les Asturies.
La conversation a dévié pour finir sur des considérations générales dans le domaine de la sculpture, ce qui m'a amené à évoquer un ouvrage que je trouve superbe :
- l'art gaulois, sous la direction d'André Varagnac, 1964, éditions du Zodiaque
l'intérêt de l'ouvrage réside dans sa somptueuse iconographie en matiére de sculpture, monnaie, céramique et métallurgie d'art et dans sa démarche non nécessairement scientifique mais très "histoire de l'art" de jeter des ponts entre les siècles....
Je vous cite quelques extraits :
sur les traits du visage dans la statuaire celtique.....
sur toutes ces faces, ovales ou carrés, on reconnaît un certain nombre de traits communs :mêmes joues aux pommettes saillantes, même nez droit élargi à l'arête, mêmes yeux ovales et saillants, aux paupières indiqué par un fort bourrelet, ou, sur les statuettes de bronze, par des incisions en feuille de fougère, mêmes chevelure plaquées en calottes touffues au dessus du front bombé et retombant en en longues mèches rigides et parallèlles....
sur l'opposition avec le clacissisme figuratif et une sorte de perpétuelle éternelle guerrre des Gaules artisitique :
Aucune terre d'Europe n'a été plus violemment disputée par les deux esthétiques concurrentes: d'une part le naturalisme associé à de l'art non figuratif, d'autre part le réalisme figuratif méditerranéen....
L'auteur, de net parti, pris voit l'art originel celtique dans une filiation asiatique, orientale et la "copie de copie de statues grecques comme un accident historique et une aberration artistique (nous sommes en 1964 et l'engouement ves le "classique" n'est plus de mise, en même temps)
On nous explique ensuite comment sous le joug des canons classiques, un art particulier a pu malgré tout survivre,tout d'abord de façon éclatante par exemple dans les statuettes de Neuvy en Sulias, où on voit ni plus ni moins une préfiguration de Modigliani, puis de façon moins ostensible mais réelle.
L'ouvrage termine par un chapitre consacré aux prolongations de l'art gaulois dans l'art sacré médiéval et la démonstration par apposition de photos est éclatante, le dieu de Bouray a par exemple un frère jumeau du XII° siècle , la tarasque de Noves a une descendance nombreuse et les têtes coupées sont une constante sous chapiteau roman....
Je termine en citant :
Aucun peuple n'a attaché à la mort une telle qualité de plénitude vitale.
Le sculpteur anonyme concevait chaque tête coupée comme le siège d'une âme enfin restaurée dans sa santé première. C'est un rayonnement d'énergie que traduit la fixité de la face tendue et sur, les statues des dieux, le jaillissement des prunelles globuleuses....
A+, Thierry