Nos enfants pourront-ils se faire soigner?
A l'époque gauloise, devait-on se poser aussi de telles questions? R.Etienne affirme que la médecine de la petite enfance serait le parent pauvre de la médecine antique, et que les médecins seraient les spectateurs des pathologies de l'enfance jusqu'à la puberté.
Pourtant, les demandes de guérisons pour les enfants étaient très importantes, ceci se retrouve au niveau archéologique par un grand nombre d’ex-voto spécifiques, à tel point que J-J. Hatt évoquait l’existence d’un « sanctuaire d’Apollon guérisseur spécialisé en pédiatrie », à propos de Sainte-Sabine (Côte-d’Or).
Ces ex-voto spécifiques sont des représentations de nourrissons emmaillotés.
Répartition des ex-voto « d’emmaillotés » en Gaule (selon Coulon
Bavay (Nord) 1
Beire-le-Châtel 1
Les Bolards ( Nuits-Saint-Georges) 1
Escolives 1
Essarois 2
Forêt d’Hallatte (Oise) 14
Metz 1
Sainte-Sabine (Côte-d’Or) Une vaingtaine
Sources de la Seine 22 1
Importance de l’eau :
La mortalité et la morbidité infantiles, de toute évidence assez élevées, doivent expliquer plusieurs sculptures figurant des enfants emmaillotés. Peut-on rapprocher ces sculptures d'un rite gaulois rapporté par Aristote : « Ainsi, chez beaucoup de peuples barbares, a-t-on coutume, soit de plonger les enfants dans l'eau froide d'un fleuve, soit de les couvrir d'un mince vêtement ; et c'est ce qui se pratique chez les Celtes » (Politique, VII, 15, 2)(Peut-être pour en éprouver la légitimité Anthologie grecque 9, Epigramme 125, datée du IIe siècle av. J.-C). Ce vêtement était très probablement imbibé d'eau.
D'autres auteurs anciens ont parlé d'un rite identique, ils ajoutaient cependant que ce fleuve était le Rhin. Peut-on ainsi établir une relation entre ce rite et le surnom "fils du Rhin", attribué au Gaulois Viridomaros? .
Dans le folklore breton continental, beaucoup de sources et de fontaines sont réputées pour traiter certaines pathologies propres aux enfants :
- S.Denèfle souligne que la demande la plus fréquente aux vertus des sources, est celle de la protection de la santé de l'enfant.
- Les fontaines de Saint-Germain-de-la-mer et de Saint-Jean-Pierre-Fixte, à Matignon (Côtes-d'Armor), ont la vertu de préserver les enfants des coliques .
- La fontaine de Barenton, à Paimpont (Ile-et-Vilaine) passe pour redonner force aux enfants chétifs et malades.
- La fontaine de Saint Nicolas à Gausson (Côtes-d'Armor) est utilisée pour les enfants qui ne marchent pas de bonne heure.
- A Plancoët (Côtes-d'Armor), on plongeait les enfants dans la fontaine de Saint David pour leur donner des forces.
Les pathologies des enfants :
Parmi les grecs anciens, Hippocrate avait constaté qu’il existe beaucoup d’affections particulières aux enfants » (Aphorismes III, 15 ; suit une liste de pathologies). Plus tard, d’autres médecins le souligneront également : Celse, De medicina II, 1, 17- 21 ; Soranos Maladies des femmes II, 19-24...
Cependant, pas besoin d’être médecin pour constater la souffrance d’un enfant malade. Sidoine Apollinaire, évèque de Clermont, eut quatre enfants, un fils et trois filles. Dans une lettre à son beau-frère Agricola, rédigée à Lyon, Sidoine décline une invitation à une partie de pêche : « Je suis retenu chez nous auprès d’un lit de malade, Severina, l’objet de notre commune sollicitude, tourmentée d’abord par les quintes d’une toux tenace est en outre épuisée maintenant par des accès de fièvre, qui s’aggravent chaque nuit ». Sidoine et sa famille quittèrent la ville pour rejoindre leur maison de campagne en Auvergne.
L’inquiétude face à la maladie, est identique que celle face aux accidents, qui pouvaient être graves.
Ausone, à propos du décès accidentel de son petit-fils Pastor, encore enfant : « Tu péris frappé d’une tuile que laissa tomber du haut d’un toit la main d’un ouvrier. Non, ce n’était pas la main d’un ouvrier, c’était la main du sort qui voulait ton sang et qui supposa un coupable » (Parentales, IX).
L’archéologie nous apporte également des arguments en faveur - Les stèles funéraires gallo-romaines
- (CIL XIII, 2219) Murra, un petit Lyonnais de 14 ans, fut, en jouant, mortellement frappé à la tête « par un clou lancé trop vite d’une main égale non ennemie ».
- A Sainte-Colombe, près de Vienne, une épitaphe de Ve siècle ap J.-C. (CIL XIII, 2033 ; ces trois décès en moins d’un mois évoque une épidémie) : « Moi Vitulinus et Martina, père et mère frustrés de ce qui faisait notre gloire, avons consigné sur ce marbre la perte de nos enfants. Trois enfants en Vingt-sept jours ont été déposés ici par nous : notre fils Sapodus qui vécut sept ans et vingt-six jours et nos deux filles Rustica qui vécut quatre ans et vingt jours et Rustcula trois ans et trente trois jours ».
(Voir aussi CIL XIII, 2036)
« Rares sont les stèles indiquant l’âge de décès des petits gallo-romains. Tout aussi rares d’ailleurs, sont les stèles d’enfants parmi les milliers de monoments funéraires retrouvés. Il est clair que l’érection d’une stèle sur la tombe d’un enfant était peu fréquente et en tous cas beaucoup moins courante que pour un adulte. Une attitude somme toute naturelle dans un pays et à une époque ou la mort frappait d’abord les couches les plus jeunes » Coulon.
Les rites funéraires pour les enfants semblent avoir effectivement été différents, non pas parce que l’intérêt qu’on pouvait leur porter était moindre, mais parce que les croyances qui leur étaient associées étaient particulières. On retrouve ainsi des cimétières de bébés
Nous disposons également de matériel osseux pour identifier quelques pathologies infantiles (Momie gallo-romaine de Bourges : petit garçon victime d'un mal de Pott - tuberculose osseuse- ...)
Estimation d’un taux de mortalité
Le taux de mortalité infantile est difiicile à chiffrer, il semble toutefois avoir été important.
Le cimetière des anciens bretons continentaux de Saint-Urnel, sur la commune de Plomeur, fouillé par P.R Giot et J.L Monnier a livré de nombreux ossements d’enfants. A titre d’exemples, dans le rectangle A, qui comprenait 200 à 275 individus, 75 au moins sont des enfants. (Deux individus ont été datés au carbone 14 : 320 ap J.-C. et 550 ap J.-C.. Giot. P.R et Monnier. J.L, Le cimetière des anciens Bretons de Saint-Urnel ou Saint Saturnin en Plomeur (Finistère), Gallia, 35, 1977, pp.141-171.)
Au Champ de l’Image à Argentomagus, sur 143 individus de l’époque gallo-romaine, 28 pour cent étaient agés de moins de 2 ans, 10,5 pour cent de 2 à 6 ans, 7 de 7 à 12 ans, 4,9 de 12 à 18.
Les Celtes et les Gallo-romains n'ont pas eu d'Horus-Mekhenty-Irty donc
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