J'ai lu très souvent que les grands oppida celtiques avaient sans doute plus une fonction de prestige qu'une fonction défensive : en effet, la taille des remparts était telle qu'il aurait fallu des armées considérables pour défendre leurs chemins de ronde (supposés).
Et puis voici qu'au détour de la lecture d'une biographie de Louis VI le gros (Eric Bournazel, Fayard), je lis un récit de siège complètement atypique, qui me donne à réfléchir. Quel rapport entre un roi des Francs du XII° siècle et les oppida celtiques ? allez-vous me dire. Jugez plutôt.
En 1111, Louis VI dut ramener à la raison Hugues III du Puiset, un de ses innombrables féodaux qui brigandaient et n'en faisaient qu'à leur tête. Le château du Puiset avait une conformation particulière : c'était un ancien "château public", édifié au XI° siècle par la Reine Constance. Son enceinte encerclait un espace de huit hectares : elle était formée d'un fossé, d'une levée de terre et d'une palissade (sans oublier l'inévitable motte castrale à l'intérieur). C'est la défense de cette gigantesque enceinte qui a stimulé mon intérêt : incapable de la garnir, Hugues du Puiset la faisait garder… par une troupe de cavaliers, qui se portait très vite sur les points attaqués par les assiégeants. Le château du Puiset tomba, mais il fallut quand même pour cela la coalition de deux armées, celle de Louis VI et celle du comte Thibaud de Blois, qui menèrent un assaut combiné aux deux extrémités du château.
Par ses proportions, et d'une certaine façon par son architecture défensive, le château du Puiset ressemblait pas mal à un oppidum. De plus, il me semble qu'on constate souvent que les oppida encerclent de vastes espaces vides. Dans la mesure où la noblesse gauloise était formée de cavaliers, ne peut-on pas envisager que ces places fortes étaient de réelles places militaires, conçues non pour être défendues à pied, mais à cheval ?
Usher