luttons contre le pillage!!

[Jarry]

Bonjour,

Nous avons le plaisir de vous annoncer la création d'une association de lutte contre le pillage, dénommée HAPPAH, pour Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique.

L'HAPPAH souhaite attirer plus particulièrement votre attention sur la question de l'utilisation illicite des détecteurs de métaux.

Nous vous invitons par ailleurs à découvrir le tout récent site internet à l'adresse suivante : http://www.halte-au-pillage.org


Cordialement,

Voici le communiqué de l'association HAPPAH:

MOBILISONS-NOUS CONTRE
LE PILLAGE DU PATRIMOINE
ARCHEOLOGIQUE !

Face aux destructions inconscientes ou délibérées que subit notre patrimoine au quotidien, une association de lutte contre le pillage archéologique et historique vient d’être créée.

Depuis l’aube des civilisations, le patrimoine culturel de l’humanité est dégradé, détruit ou spolié, soit pour effacer les traces de civilisations soumises, soit pour nourrir la curiosité de collectionneurs insoucieux. Dans tous les cas, le pillage est un acte qui va à l’encontre de la diffusion du savoir en privant les sociétés de leur mémoire collective.
Si le pillage a toujours existé, force est de constater qu’il s’est considérablement développé ces dernières décennies avec l’apparition sur le marché des détecteurs de métaux.

Aujourd’hui, malgré une législation claire (toute recherche est soumise à autorisation), les sites protohistoriques, antiques et médiévaux sont sérieusement menacés. Beaucoup ont déjà été littéralement vidés de leur contenu métallurgique. Pire encore, les monnaies, objets de parure, statuettes, armes ou autres vestiges illégalement découverts, alimentent un important trafic international de biens culturels.

En Europe, plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs de détecteurs de métaux (entre 40 000 et 70 000 adeptes de la détection en France selon les estimations) pillent notre patrimoine archéologique ! Piller est pour eux synonyme de loisir, bien souvent pour enrichir leurs propres collections
personnelles ou par goût du lucre en revendant leurs trouvailles. En France, on a abandonné le terme de « chasse aux trésors » au profit de celui de « détection de loisir », activité contournant la législation actuelle, car prétendument pratiquée sans motivation de « recherches de monuments et
d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie » (article L.542-1 du Code du Patrimoine). Or des millions d'objets archéologiques non déclarés et dépourvus de documentation finissent dans des collections particulières et sont ainsi définitivement perdus pour science !

Le pillage au détecteur affecte profondément notre patrimoine, et la communauté archéologique assiste, presque impuissante, à ce qui est assimilable à une catastrophe culturelle. Paradoxalement certains prospecteurs sont de véritables passionnés d’histoire. Ils pratiquent en toute méconnaissance une archéologie clandestine alors même qu’ils pourraient oeuvrer pour la sauvegarde du patrimoine au sein d’une structure reconnue. Il est grand temps de réagir ! L’association HAPPAH se donne comme mission première de mettre un frein à cette dangereuse « chasse aux trésors ». Le pillage du patrimoine culturel n’est pas un délit de « gentleman », mais un fait extrêmement grave qu’il faut condamner !


Mobilisons-nous et menons ensemble des actions afin de stopper ces actes irresponsables ! Trouvons des solutions pour dynamiser et sensibiliser les associations locales d’art et d’histoire qui pourraient intégrer à bon escient les vrais amateurs d’archéologie, en les incitant à respecter notre patrimoine.


Sensibilisons ! Mettons tout en oeuvre afin d’informer le grand public, les élus et les différents organismes impliqués (tribunaux, forces de l’ordre, douanes, associations, ONF, médias, etc.).

Limitons les incitations à délit émanant du milieu des receleurs et des pilleurs !


Faisons appliquer la loi de 1989 et le code du Patrimoine de 2004 relatifs à l’utilisation des détecteurs de métaux.

Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. Code du Patrimoine, article L.542-1.

[Thierry]

Merci pour votre intervention, la connaissance des âges du bronze et du fer qui nous intéresse plus particulièrement ici pâtit singulièrement de l'activité de détection....

J'apprécie votre mention sur la nécessité de trouver des solutions et d'associer les amateurs à l'activité archéologique car, on le constate souvent, le délabrement d'un site archéologique n'est pas forcément lié à l'esprit de lucre mais souvent aussi à la méconnaissance du travail archéologique.

Il faut aussi reconnaître que nous vivons des situations paradoxales comme le fait de pouvoir recenser des centaines de sites et de constater que seule, une poignée fera l'objet de fouilles programmées....

La recherche dans ce domaine ne doit pas se passer de l'investigation amateure qui effectivement doit pouvoir être encadrée et éclairée...

[Jarry]

Merci à vous de me donner la parole sur ce forum. Les amateurs ont toujours eu une part importante en archéologie, il y a très peu de chantiers de fouille qui peuvent se passer de bénévoles. L'archéologie a toujours menagé les amateurs qui sont parfois reconnus dans le milieu scientifique pour leurs travaux, des dizaines d'amateurs fouillent leur propre site etc... Nous ne pouvons nous passer de ce tissu associatif.

faut aussi reconnaître que nous vivons des situations paradoxales comme le fait de pouvoir recenser des centaines de sites et de constater que seule, une poignée fera l'objet de fouilles programmées....

Je ne suis pas du tout de cet avis, nous ne sommes pas pressés de tout fouiller rapidement, la précipitation est un grave défaut en archéologie. Regardez l'évolution des techniques en 50 ans alors imaginez celles qu'utiliseront les étudiants de nos étudiants... des générations d'archéologues fouilleront encore lorsque nous serons tous morts, c'est pourquoi sur certains sites des "réserves" sont instituées, préparons l'avenir et fouillons en priorité ce qui est menacé ou ce qui entre dans une problèmatique scientifique mais ne vidons pas les sites comme nos glorieux pionniers de l'archéologie.

Les actions contre les méfaits des détectoristes étaient isolées, sporadiques et non concertées, pour résumer nous étions désespérés dans nos coins à ne pas savoir quoi faire. L'HAPPAH a pour but d'organiser la lutte et de faire appliquer strictement les lois de conservation de notre patrimoine, de forcer les procureurs à poursuivre et ne plus classer sans suite les plaintes, nous devons aussi clarifier la situation afin que les pilleurs ne s'en sortent plus aussi facilement! Il faut sensibiliser le plus de monde à ce problème.

cordialement

[Thierry]

J'applaudis votre démarche mais je maintiens quand même ma réflexion sur le paradoxe....

Je comprends parfaitement que la précipitation ne soit pas la meilleure méthode, qu'il faille constituer des réserves...si on sait les protéger...

Mais le problème n'est pas là....des centaines de sites, sont connus, répertoriés et....déjà pillés.

Dans ma région (Haute Normandie) les sites de l'âge du fer sont bien connus....

Les interventions préventives ont permis de faire des progrès de géants (Fesques, Boisguillaume...toutes les décourvertes sur les parcours de l'A 28 et A 29)....mais il s'agit si je puis dire de la partie immergée de l'iceberg....

Ces fouilles préventives n'ont donné lieu à aucune suite alors qu'elles n'ont été, nécessairement, par définition, que partielles...

Dès lors que croyez vous qu'il puisse arriver, par exemple, sur le site de ce qui est un des plus importants sanctuaires celte jamais découvert ?

Croyez-vous que cela puisse échapper aux poêleurs ?

C'est en ce sens que je me plains d'un défaut de programmation de fouilles d'importance....

[Jarry]

Bonjour Thierry, nous ne pouvons exiger que soient fouillés immédiatement les 500 000 sites répertoriés dans la base Patriarche, nous ne pouvons que tenter de les protéger des pillards. Il faut les arrêter avant et pour cela attaquer ad crumenam quand on les trouve!

Vous pouvez organiser avec l'aide des pouvoirs publics locaux et des associations archéologiques locales des actions de vigilence autour des sites, prévenir les gendarmeries de l'importance du site en question en leur demandant d'effectuer de temps en temps des rondes, tout en leur expliquant la législation concernant les détecteurs de métaux (qu'ils ne les laissent pas filer comme c'est trop souvent le cas)

Vous pouvez participer à nos actions en adhérant à l'association en tant que membre associé ou membre actif selon vos disponibilités, c'est totalement gratuit, vous trouverez le formulaire ici : http://halte-au-pillage.org/soutenir.htm

cordialement

[Pierre]

Bonjour Jarry et bienvenue,

Pour ce qui est d'appeler la gendarmerie, je me permet d'émettre des doutes

Voir le fil:

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=3310


Ton association semble intéressante. Toutefois qu'elle est sont impact ? A t-elle le soutien des archéologues ? En clair, qu'y a t-il derrière la vitrine ?

@+Pierre

[Jarry]

et bien elle est constituée d'archéologues (SRA, université, CNRS, INRAP)et d'archéophiles, nous avons des juristes et des spécialistes du droit du patrimoine, nous tentons de mobiliser toutes les bonnes volontés pour résoudre ce problème, pour l'instant l'impact est difficilement mesurable car l'association vient de naître mais nous avons de nombreux projets qui sont difficilement expliquables ici.

[Patrice]

Salut,

Le problème a souvent été abordé sur ce forum. Et j'avoue que je serais partisan de plus de fermeté, que je l'ai dit sur le fil que Pierre a signalé.

Mais hélas, quand les gendarmes ne font pas eux-même de la détection, les conservateurs des SRA, souvent, ne font rien, soit parce qu'ils n'en ont pas les moyens (en temps ou en matériel), soit parce qu'ils s'en fichent.

Du coup, personnellement, j'ai cessé de faire la traque aux pilleurs.
Nous avions relevé ici même un cas étrange, d'un type qui vendait sur eBay un inscription gallo qu'il avait "découvert" sur un des sites du TGV Est. Je l'ai alors signalé à toutes les personnes du SRA de Lorrainne dont j'ai pu trouver le nom: aucune réponse.
Je l'ai signalé aussi à eBay, et là par contre l'objet a été retiré de la vente.

Ca décourage un peu, n'est-ce pas?

A+

Patrice

[Jarry]

Effectivement c'est décourageant c'est bien pour ça que nous nous regroupons au sein de l'asso, isolés, nous ne pouvons que râler dans notre coin, alors qu'en asso. nous pouvons porter plainte et faire pression pour que la plainte aboutisse, nous pouvons aussi contacter directement les SRA et la sous-direction de l'archéologie. Nous tentons de mettre en place des relais locaux avec des liens privilégiés avec chaque SRA, c'est déjà fait pour certains mais pas encore partout. Nous avons déjà obtenu que certaines préfectures relaient l'information légale auprès de toutes les gendarmeries de leur secteur, nous organisons localement des rencontres avec les responsables des cellules de veille juridique des gendarmeries. Si les collègues de ces pilleurs les regardent de travers, les gendarmes détectoristes arrêteront rapidement leur pillage surtout si leur emploi est en jeu.

Regroupons nous et agissons enfin.

cordialement

[Orgenomeskos]

Il ne faut pas se réjouir du malheur des autres... mais parfois c'est tentant !

Opération contre des pilleurs d'épaves: objets antiques et du 18e saisis

29/11/2007-[17:13] - AFP

MONTPELLIER, 29 nov 2007 (AFP) - Plusieurs centaines d’objets d’origine gallo-romaine ou étrusque, ainsi que des piastres et des canons du 18e siècle, ont été récupérés lors d’une vaste opération contre des pilleurs d’épaves menée dans la région de Palavas-les-Flots (Hérault), a annoncé jeudi le procureur de Montpellier, Patrick Mathé.

Cinq personnes, dont des receleurs, seront présentées au juge le 9 janvier. Elles risquent jusqu’à cinq ans de prison et une forte amende, a précisé le procureur à l’AFP. Il a ajouté que le dossier n’était pas clos pour autant, des numismates étant toujours recherchés. Neuf cents objets au total ont été saisis, a précisé à l’AFP Michel l’Hour, directeur du DRASSM (Département des recherches archéologiques sub-aquatiques et sous-marines) qui a participé à l’opération. Certains objets gallo-romains "magnifiquement conservés" sont de très grande valeur - "peut-être des centaines de milliers d’euros", a-t-il précisé. Les objets du 18e siècle provenaient de l’épave d’un navire suédois qui avait fait naufrage le 14 novembre 1755 au large de Palavas-les-Flots. Les objets antiques provenaient pour leur part de divers sites de la région du Rhône ou du golfe de Fos, selon M. l’Hour. Tous ont été placés sous scellés au dépôt du DRASSM près de Marseille.

[Jarry]

Bonjour,

Les ministères de la culture et de la justice ont enfin pris conscience de la gravité de la situation du pillage en France, voici un extrait du dossier de presse de la table ronde interministérielle de la fin de l'année dernière sur ce sujet.

http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/index-biensculturels.htm

voici l'extrait (p 21)

Le grave problème des détecteurs de métaux,
direction de l’architecture et du patrimoine

Le développement, ces dernières années, de l’utilisation massive de détecteurs de métaux est un grave péril pour les vestiges archéologiques enfouis de notre pays. En plus d’une destruction constante, par des milliers de détectoristes, du patrimoine de l’Etat, des collectivités territoriales, ou portant atteinte à la propriété privée, la mise en place de réseaux de vente (en ligne, dans les revues spécialisées, avec le concours d’antiquaires ou vers l’étranger) témoigne de l’organisation d’un
marché et d’une professionnalisation du pillage. Les comptes rendus dans les médias écrits et audiovisuels, révélant des découvertes « fabuleuses », restent trop souvent prosélytes sans rappeler l’illégalité ou les dangers de cette pratique.
Une action de fermeté est nécessaire et urgente:

− Il faut rappeler la loi : la loi 89-900 du 18 décembre 1989 soumet l’utilisation de détecteurs de métaux à une double autorisation, celle de l’administration, accompagnée de celle du propriétaire du terrain,

− Il faut informer les maires et les propriétaires des terrains et les inciter à porter plainte,

− Il faut sensibiliser les brigades de gendarmerie et de police à ce type d’infraction et inciter les Procureurs de la République à ne pas classer systématiquement les plaintes sans suite,

− Il faut enfin mener, des actions policières ciblées pour démanteler les réseaux de recel et de vente et réprimer les détectoristes qui leurs sont liés.

En parallèle, la direction de l’architecture et du patrimoine souhaite définir une ligne de doctrine claire vis à vis des détectoristes qui veulent s'insérer dans la démarche archéologique. Celle-ci consisterait notamment à accepter des autorisations sous certaines conditions, comme nombre de détectoristes, souvent regroupés en association, le souhaitent. Cette action vise à permettre une remontée d’informations sur les découvertes réalisées.

Le recrutement d’un agent spécialisé au sein de la DAPA apparaît nécessaire pour mener à bien ces actions. Il pourrait travailler conjointement avec les deux officiers de police mis à la disposition du
ministère de la Culture, et en relations avec l’OCBC.

Cette fermeté était réclamée par l'association HAPPAH depuis sa création. Je pense qu'il faut aller encore un peu plus loin pour endiguer réellement le phénomène, il faut réglementer plus strictement la vente de détecteurs de métaux afin de stabiliser le nombre de pilleurs potentiels.

[Patrice]

Salut,

Dans un prochain numéro de la revue Mythologie Française, j'ai tout un passage sur le dieu Cobannos, et donc sur le trésor trouvé quelque part en France et maintenant aux Etats Unis (au musée Getty, comme par hasard, et dans une collection privée de New York).

J'y ai bien sûr mis toutes les références nécessaires. Ce trésor contient plusieurs statuettes de Cobannos, ainsi qu'un situle, deux bustes, une "boîte-tirelire" et un cerf, le tout en bronze.

C'est un trésor dans tous les sens du terme, à la fois artistique et scientifique (de par la présence d'un nom de divinité gauloise pour une fois en rapport avec de l'iconographie).

En voilà du travail pour le ministère. Mais peut-être faut-il envoyer les carabiniers italiens?

A+

Patrice

[Jarry]

Salut,

Encore une fois le Getty impliqué dans le recel d'artéfacts... J'espère que notre ministre va pouvoir faire des réclamations à l'image de celles faites par ses homologues italiens et grecs.
Il faudrait avoir la preuve de l'importation illicite (pas toujours évidente à obtenir) et porter plainte directement aux Etats Unis et faire du bruit médiatique sur cette affaire.

PS: pourrais-je avoir une copie de l'article quand il sera publié?

[Patrice]

Salut,

Ok pour la copie.

De fait, tous ceux qui ont publié des choses sur ce trésor montrent bien que cela vient d'un pillage. Tu verras.

A+

Patrice