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Pierre gravéeModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
15 messages • Page 1 sur 1
Pierre gravéeCette pierre a été trouvée dans la maçonnerie d'un mur de grange d'une ferme d'Eure-&-Loir, côté Perche. Un habitué de l'Arbre celtique aurait-il une idée de la langue de cette inscription, de son siècle d'exécution, de son contenu… ou un conseil à donner sur la marche à suivre pour la livrer à l'étude épigraphique.
Pomatium
Bjr Jacques ! Mais pourrais-tu préciser la taille de la pierre, le poids... et surtout le contexte de la découverte. Existe-il des vestiges de construction romaines aux alentours de la grange ? Je suis quelque peu néophyte en la matière mais il s’agit d’un petit exercice en s'aidant d'un petit dico de poche, mais surtout de "paléographie" faisant appel à un tableau comparatif de l'évolution de l'alphabet, Histoire universelle, Carl Grimberg, Éditions Marabout, 1983, 384 pages, p. 240 : ![]() ![]() ![]() A l'évidence, ce n’est pas une écriture linéaire soignée en lettres capitales tracées avec régularité. Il semble s’agir d’un script rapide ou graffiti en vieux latin comprenant certaines lettres grecques capitales cursives et, ou, minuscules cursives ou onciales. En première lecture et dans le sens de la photo, certains mots sont accolés, abrégés et certaines lettres ligaturées, ou comme corrigées, et les points sur certains i majuscules. Cette inscription votive pourrait signifier un vœu, remerciement ou dédicace favorable qui se serait conclu dans un fanum ou lieu sacré : ![]() (---) Premières lettres illisibles. . IHCUƒΛNM ; IHeUVFANM ; INeUVFANM ; ou I HEU V FANM... => I(OVI) (Iuppiter, Jupiter) ou I(NVICTUS, Invaincu)… ; HEU ! : interjection, oh, ah, hélas, (étonnement ou douleur) ; V(OTUM ou vœu) ; INEV(ULSIBILIS) : inséparable, qu'on ne peut retirer ; FANM ou FANUM : lieu de culte, enceinte sacrée... . γ ƒVΛC ; ou FUIe... FUI est la déclinaison du verbe sum (être), à l’indicatif parfait fuisse (avoir été) : fui, fuisti, fuit, fuimus, fuistis, fuerunt (ou ere). . IICAVIIIC ; ou VCAV IIIC (?)... ƒ ƒAVS => FAUS : favorable, heureux, propice... On trouve ainsi le diminutif de FAUSTUS (l’Heureux, surnom de certains descendants de Sylla). . VNA => UNA : uni, ensemble, en même temps que, un… ICV => ou ICIS (ICO) frapper, conclure... MC . => M(ILLESIMUS) C(ENTIES) ; ou M(ERITO) C(?) ; ou initiales du dédicant (?). Nul doute que les brillants linguistes, spécialistes des graphies anciennes qui fréquentent ce forum, s’empresseront de décrypter et de compléter cette traduction. e.
Salut,
Oulà, doucement. Il me semble bien quand même à la dernière ligne on a la date de 1760. Maintenant l'écriture ne me dit rien. Ca n'a pas l'air du tout antique, ni médiéval. A+ Patrice Pi d'avri vaut fout' d'berbis
![]()
Date de 1760 écrit en chiffres arabes (?). On aurait plutôt 16C0 : ![]() ![]() Chiffres arabes A noter que la lettre grecque occidentale (pi) : Π majuscule ou π minuscule, correspond à la lettre latine P. Le chiffre η = 8 ; Π = 80... e.
Salut, Patrice, entièrement d'accord avec toi. Ce qui m'intrigue, c'est que ce que nous désignons par zéro sur cette pierre, c'est tout bonnement un trou, et qu'il est présent en d'autres endroits du texte.
Pierre gravéeRéponse à ejds
Cette pierre mesure environ 30 cm de long et pèse dans les 5 kilos. Elle était prise dans la maçonnerie du haut d’un mur de pierres qui nécessitait réparation. Grâce à quoi elle a été remarquée. Il est évidemment possible qu’il y ait dans le même mur d’autre pierres de réemploi portant d’autres inscriptions, celle-ci pouvant n’être qu’une unité d’inscription disposée en frise. Les environs ne présentent aucun vestige romain, mais à deux km de là se trouve une route droite qui change trois fois de nom : chemin aux bœufs, chemin de César, chemin d’Henri IV. N’ayant aucune compétence en épigraphie, je n’ai fait aucun effort d’interprétation du texte de cette inscription, mais j’avais relevé des similitudes entre cette inscription et celle de la tablette de Chamalières, notamment entre les derniers signes (identifiés MC par ejds), dont le “M” se retrouve très exactement sur la tablette. Et aussi certains points communs avec le calendrier de Coligny : présence des trois barres verticales suivies d’une lettre, ici “iIiC”, comme s’il s’agissait de minuscules/majuscule, et sur Coligny “IIIM”, en remarquant qu’une des trois barres du calendrier est toujours plus grande que les autres, comme s’il s’agissait de petite lettre/grande lettre. Et aussi, bien entendu, la présence de points profonds comme des trous. Je tire mon chapeau au travail méthodique, documenté et inspiré d’ejds. Pomatium
Sans doute, on peut constater que c'est un découverte acrhéologique en tout cas. Mais, pour moi, il semble que c'est possible qu'on peut dater cette inscription plutot a 1760/1740, pour deux raisons:
Si on compare les textes écrits a cette epoque, on peut constater que la écriture est plutot pas bien stylé et assez difficile a lire...Il faut aussi faire compte que l'usage des certaines mots était différent... Mais en tout cas t'es félicité avec votre trouvaille!
Datation romaine peu vraisemblable au vu de la photo, pour ne pas dire impossible.
La graphie peu soignée de l'inscription, qui s'oppose à la profondeur des lettres et trahit des influences diverses comprises entre Ecosse et Phénicie, confèrent à ce document curieux un petit parfum glozellien... N'étant pas spécialiste en épigraphie moderne ou contemporaine, je peux bien entendu me tromper, mais il serait bon de soumettre la chose à un examen plus approfondi avant de s'enflammer. Site Internet : http://luern.free.fr
Du stylus au stylo : une simple affaire de style ?
Par expérience, pour qui n'a pas l'habitude de l'écriture et de manier le poinçon en fer terminé par une pointe aiguë (stylus ou graphium), de graver au maillet et au burin, et à qui le temps et la pratique fait défaut, tout le monde doit reconnaître qu’il est tout aussi difficile de tracer un simple message, phrase ou texte, sur l’espace restreint d’une pierre qu’au stylo sous une forme manuscrite sur une feuille blanche ; ou bien encore taper sur le clavier de son ordinateur. Et ce, pour composer sans se tromper et sans corriger, en langue étrangère, spontanément, de mémoire, rapidement, de manière cohérente et lisible, après un choix de typographie, de hauteur des lettres, de mise en page agréable, sans faire de fautes, sans oublier les accents, la ponctuation… Le résultat est le plus souvent décevant, maladroit et brouillon. Pour revenir sur l’étude de graphologie du lettré qui a gravé le texte sur la pierre au surfacé relativement lisse. A noter ainsi dans le tracé du A et du V retourné sans barre ou Λ. Un oubli ? Aussi la présence du Y. Mais surtout la lettre F isolée (ƒ ou digamma grec repris dans l’alphabet latin), initiale d’un mot, répétition ou doublon (?) avec la barre qui n'est pas placée à la même hauteur : ![]() ----- ![]() En épigraphie grecque puis latine, moins pour des raisons qu’une valeur décorative, mais pour une logique évidente de compréhension et de lecture, il arrive que les mots, ou certains groupes de mots, soient fréquemment séparés par un point, ou ponctuation médiane, représentée dans la pierre par un creux. De nos jours, il existe aussi la virgule, le point-virgule, trois petits points... Quelques compléments d'informations sur la ponctuation, mais aussi sur la présence du Y et des i sur l’inscription : ![]()
Ces cumuls d'indices permettent de raisonnablement croire à une époque ancienne et romaine de l'inscription sur la pierre, et de l'estimer aux alentours du Ier siècle avant et des premiers siècles après J.-C. Reste à connaître la teneur exacte du message inscrit. ![]() e.
Pierre gravéeJ'avais estimé le poids de cette pierre gravée à 5 kg. Vérification faite, elle en pèse 34. Sa longueur est de 45 cm, et comme le montre la photo jointe, elle est assez épaisse.
Près de cette pierre a été repéré cette autre, de même nature, de même angle de taille, mais de profondeur différente, et qui avait été retaillée sur deux faces. La face supérieure, de même aspect de surface que celle portant inscription est dépourvue de tout signe. Sur la photo, la pierre avec inscriptions est celle de droite. J'ai examiné les environs des bâtiments de l'ex-ferme d'où vient cette pierre gravée. Il y a un nombre impressionnant (fait unique pour la région) de pierres calcaire de toutes tailles taillées pour la construction. La pierre gravée est l'une des plus petites, certaines font environ un mètre cinquante de long, d'autres font jusqu'à deux mètres de long, environ un mètre de large et trente cm d'épaisseur. Elles doivent peser entre une et deux tonnes chacune. Elles sont disposées en remblais pour tenir les bords de la mare. Le profil de leur taille fait penser à des sablières monumentales. Pomatium
Re: Pierre gravée
Salut Jacques, Ne pas rendre mystérieux ce qui ne l'est pas. L'Eure et Loir a un sous sol calcaire et les carrières abondent. Ces pierres sont faciles à tailler et même à découper suivant des procédés bien connus depuis l'antiquité. Faciles à graver aussi mais elles s'oxydent rapidement sous l'effet des intempéries et c'est d'ailleurs cette oxydation qui leur donne une meilleure résistance de surface. Celles que tu nous proposes sont bien propres, un peu trop même. ![]() Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Pierre gravéeUne précision adressée à Muskull et à ceux qui ne prendraient pas au sérieux les descriptions données à propos de la pierre gravée et de celles qui l'environnent. Les pierres et blocs taillés dans du calcaires, dont il est question jusqu'ici, se trouvent sur la commune d'Unverre (28) qui ne possède pas une pierre calcaire dans son sol et sous-sol, caractérisés sur de grandes étendues par l'argile à silex, pourvues de bancs de grison (silex aggloméré) et de sablons dans les bois. Les zones à calcaire les plus proches sont distantes de 25 à 35 km selon les directions. En leur temps, ces distances ont donc supposé de gros efforts de transport des blocs de plusieurs tonnes, sans rapport avec ceux que justifiaient la construction des bâtiments à fonction agricole tels que nous les connaissons.
Pomatium
Bonjour Jacques,
Ce n'est pas que je ne prenne pas au sérieux ta sincérité. Suivant quelques rudiments de géologie s'il y a du silex dans l'argile c'est que le calcaire n'est pas bien loin. Si tu souhaites connaitre l'antériorité de la pierre gravée il faut faire analyser la matière qu'il y a au fond des trous. Poussières, pollens et autres éléments organiques... Des spécialistes des inscriptions anciennes t'ont déjà répondu mais tu as le droit de rêver, nul blâme ni moquerie en cela. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
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