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Plutarque - Vie de Marius

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Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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22 messages • Page 1 sur 2 • 1, 2

Plutarque - Vie de Marius

Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:12

Plutarque, Les vies des hommes illustres, traduction Ricard, Furne et Cie Librairies-éditeurs, Paris, 1840.

http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... marius.htm

1. Nous ne pouvons dire quel fut le troisième nom de Marius, et nous sommes dans la même ignorance sur Quintus Sertorius, celui qui fut longtemps maître de l'Espagne, et sur Lucius Mummius, le destructeur de Corinthe ; car le surnom d'Achaïcus que porta ce dernier, celui d'Africanus donné à Scipion, et celui de Macédonicus dont Métellus fut honoré, étaient tirés de leurs victoires. C'est par là que Posidonius croit convaincre d'erreur ceux qui veulent que le troisième nom des Romains fût leur nom propre, comme Camille, Marcellus, Caton ; il s'ensuivrait, dit-il, de leur opinion, que ceux qui n'auraient que deux noms n'auraient pas eu de nom propre. Mais il ne prend pas garde que, d'après son raisonnement, les femmes n'auraient pas non plus de nom propre ; car on ne voit pas de femme qui porte le premier nom que Posidonius donne pour le nom propre des Romains, en faisant du premier des deux autres le nom commun de toute la famille, tels que les Pompéiens, les Manliens, les Cornéliens, comme on dit les Héraclides, les Pélopides ; et du second, une sorte d'épithète prise du caractère, des actions, des formes et des affections du corps ; tels que Macrinus, Torquatus, Sylla. II en était de même, chez les Grecs, de Mnémon, de Grypus et de Callinicus. Mais sur ces points la diversité des usages donnerait lieu à de grandes discussions.
Dernière édition par Fergus le Mer 17 Jan, 2007 18:26, édité 1 fois.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:13

2. Quant à la figure de Marius, nous avons vu à Ravenne, dans les Gaules, sa statue en marbre, qui justifie ce qu'on rapporte de l'austérité et de la rudesse de ses mours. Doué d'une complexion robuste, courageux, et né pour les armes, ayant reçu une éducation plus militaire que civile, il porta dans l'exercice des emplois et des charges une violence de caractère qu'il ne sut pas modérer. Il n'apprit jamais, dit-on, les lettres grecques, et ne voulut pas même se servir de cette langue dans aucune affaire importante ; il trouvait ridicule d'apprendre la langue d'un peuple esclave. Après son second triomphe, il donna des jeux grecs pour la dédicace d'un temple ; et, étant venu au théâtre pendant qu'on les célébrait, il s'assit un moment et sortit aussitôt. Platon disait souvent au philosophe Xénocrate, dont les mours paraissaient trop sauvages : « Mon cher Xénocrate, sacrifiez aux Grâces. » Si de même on avait pu persuader Marius de sacrifier aux Grâces et aux Muses grecques, il n'aurait pas terminé les belles actions qui l'avaient illustré dans la paix comme dans la guerre, par la fin la plus honteuse ; et sa colère, son ambition déplacée, son insatiable avarice, ne l'auraient pas jeté dans une vieillesse féroce, qu'il souilla par les plus grandes cruautés.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:13

3. Il naquit de parents obscurs et pauvres, réduits à gagner leur vie du travail de leurs mains. Son père s'appelait, comme lui, Marius, et sa mère, Fulcinie. II ne vint pas de bonne heure à Rome, et ne connut que tard les mours et les usages de la ville. Il avait passé les premières années de sa vie dans un bourg de l'Arpinum, nommé Cerrétinum, où il menait une vie grossière, en comparaison de la politesse et de l'urbanité des villes, mais tempérante, et semblable à celle des anciens Romains. II fit sa première campagne contre les Celtibériens, pendant que Scipion l'Africain faisait le siège de Numance. Ce général eut bientôt reconnu dans Marius une grande supériorité de courage sur tous les autres jeunes gens ; il lui vit embrasser avec la plus grande facilité la nouvelle discipline que Scipion avait introduite dans des armées corrompues par le luxe et par la mollesse. II combattit un jour un des ennemis à la vue de son général, et le tua. Scipion chercha depuis à se l'attacher en le comblant d'honneurs ; et un soir que Marius était à sa table, la conversation étant tombée, après le souper, sur les généraux de ce temps-là, un des convives, soit qu'il fût véritablement dans le doute, soit qu'il voulût flatter Scipion, lui demanda quel capitaine le peuple romain aurait après lui pour le remplacer. Scipion, qui avait Marius au-dessous de lui, le frappa doucement de la main sur l'épaule, en disant : « Ce sera peut-être celui-ci ; » tant ces deux hommes étaient heureusement nés, l'un pour annoncer dès sa jeunesse sa grandeur future, et l'autre pour conjecturer quelle fin aurait le début de ce jeune homme !
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:14

4. Ce mot de Scipion fut, dit-on, pour Marius comme une voix divine qui, l'élevant aux plus hautes espérances, le porta à se livrer à l'administration des affaires ; et la faveur de Cécilius Métellus, dont la maison avait toujours protégé la famille de Marius, le fit nommer tribun du peuple. Pendant son tribunat, il proposa, sur la manière de donner les suffrages, une loi qui paraissait priver les nobles de l'influence qu'ils avaient dans les jugements. Le consul Cotta, ayant combattu cette loi, persuada le sénat de s'y opposer, et de citer Marius pour rendre raison de sa conduite. Le décret fut rendu, et Marius entra dans le sénat, non avec l'embarras d'un jeune homme qui, sans être connu par aucune action d'éclat, ne faisait que d'entrer dans le gouvernement ; mais, prenant d'avance l'air assuré que lui donnèrent depuis ses grands exploits, il menaça le consul de le faire traîner en prison, s'il ne faisait révoquer le décret. Cotta se tournant vers Métellus pour prendre sa voix, ce sénateur se leva et soutint l'avis du consul. Marius fit venir du dehors un licteur, et lui ordonna de conduire Métellus en prison. Celui-ci en appela aux autres tribuns ; mais aucun d'eux n'ayant pris sa défense, le sénat crut devoir céder, et retira son décret. Marius, fier de sa victoire, sort du sénat, et se rend à l'assemblée du peuple, où il fait passer la loi. Ce début fit juger qu'on ne le verrait jamais ni plier par crainte, ni céder par honte, et que, pour servir les intérêts du peuple, il opposerait au sénat la plus forte résistance, mais bientôt il effaça cette opinion par une conduite toute contraire. Quelqu'un ayant proposé de faire aux citoyens une distribution gratuite de blé, Marius s'y opposa fortement ; et, ayant fait rejeter la loi, il obtint également l'estime des deux partis, qui le jugèrent incapable de favoriser l'un ou l'autre contre l'intérêt de la république.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:15

(...)
11. Mais cette envie et cette haine, ces invectives contre Marius, furent bientôt assoupies et dissipées par le danger qui, du côté du couchant, vint menacer tout à coup l'Italie. Rome n'eut pas plutôt senti le besoin qu'elle avait d'un général habile, et cherché des yeux quel était le pilote qui pouvait la sauver dans une guerre qui s'élevait sur elle comme une affreuse tempête, que voyant les citoyens des maisons les plus nobles et les plus riches refuser de se mettre sur les rangs pour demander le consulat, Marius, quoique absent, y fut nommé tout d'une voix. À peine on savait à Rome la prise de Jugurtha, qu'on y porta la nouvelle de l'invasion des Teutons et des Cimbres. Tout ce qu'on rapportait du nombre et de la force de leurs armées parut d'abord incroyable ; mais ce qu'on disait se trouva bientôt au-dessous de la vérité. Ils étaient trois cent mille combattants, tous bien armés, et ils traînaient à leur suite une multitude beaucoup plus nombreuse de femmes et d'enfants, pour qui ils cherchaient des terres capables de nourrir cette multitude immense, et des villes où ils pussent s'établir ; car ils savaient qu'avant eux les Celtes avaient conquis sur les Toscans la contrée la plus fertile de l'Italie. Comme ces Barbares avaient peu de commerce avec les autres peuples, et qu'ils habitaient des pays très éloignés, on ignorait à quelles nations ils appartenaient, et de quelles contrées ils étaient partis, pour venir, comme une nuée orageuse, fondre sur les Gaules et sur l'Italie. Leur grande taille, leurs yeux noirs, et le nom de Cimbres, que les Germains donnent aux brigands, faisaient seulement conjecturer qu'ils étaient de ces peuples de la Germanie qui habitent sur les bords de l'océan Septentrional ; d'autres disent que la Celtique, contrée vaste et profonde, s'étend depuis la mer extérieure et les climats septentrionaux, situés à l'est, jusqu'aux Palus Méotides, et touche à la Scythie Pontique ; que ces deux nations voisines, s'étant unies ensemble, sortirent de leur pays, non en même temps et par une seule émigration ; mais que chaque année, au printemps, elles se mettaient en campagne, et attaquaient les peuples qui se trouvaient sur leur passage. Bientôt, par des conquêtes successives, elles s'étendirent dans tout le continent ; et quoique chaque peuple eût un nom différent, on donnait à toute leur armée celui de Celto-Scythes. Selon d'autres enfin, une portion de ces Cimmériens, qui furent les premiers connus des anciens Grecs, portion peu considérable eu égard à la nation entière, prit la fuite, ou fut chassée de son pays par les Scythes, à la suite de quelque sédition, et passa des Palus-Méotides dans l'Asie, sous la conduite de Lygdamis. Les autres, qui formaient la partie la plus nombreuse et la plus belliqueuse de la nation, habitaient aux extrémités de la terre, près de l'océan Hyperboréen, dans un pays couvert partout de bois et d'ombres épaisses, presque inaccessible aux rayons du soleil, qui ne peuvent pénétrer dans ces forêts, si vastes et si profondes qu'elles vont se joindre à la forêt Hercynie. Ils étaient placés sous cette partie du ciel où l'inclinaison des cercles parallèles donne au pôle une telle élévation, qu'il est presque le zénith de ces peuples, et que les jours étant, dans leur plus, longue comme dans leur plus courte durée, toujours en égalité avec les nuits, y partagent l'année en deux portions égales : ce qui a fourni à Homère l'idée de sa fable des enfers.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:16

12. Voilà d'où partirent pour se rendre en Italie ces Barbares appelés d'abord Cimmériens, d'où leur vint ensuite vraisemblablement le nom de Cimbres. Au reste, ces faits sont plus fondés sur des conjectures que sur des preuves historiques ; mais la plupart des auteurs conviennent que leur nombre, loin d'être au-dessous de ce que nous avons dit, était encore beaucoup plus considérable. Leur courage et leur audace, leur force et leur vivacité dans les combats, étaient comparables à la violence et à l'impétuosité de la foudre ; rien ne pouvait leur résister, ni s'opposer à leur marche : tous les peuples, sur leur passage, étaient entraînés comme une proie facile. Plusieurs généraux romains, envoyés avec des armées puissantes pour commander dans la Gaule Cisalpine, avaient été honteusement enlevés ; et ce fut la lâcheté que ces chefs montrèrent contre les premières attaques de ces Barbares qui les enhardit à marcher vers Rome, encouragés par la facilité de leurs victoires sur tous les généraux qu'ils avaient eu à combattre, et par les richesses immenses qu'ils avaient amassées. Ils résolurent de ne s'établir nulle part, qu'ils n'eussent détruit Rome et ravagé toute l'Italie. Les Romains, à qui la nouvelle de cette résolution venait de toutes parts, appelèrent Marius à la conduite de cette guerre, et le nommèrent consul pour la seconde fois, quoiqu'il fût défendu d'élire quelqu'un qui serait absent, et qui n'aurait pas mis entre les deux consulats l'intervalle prescrit par la loi. Ceux qui voulurent s'opposer à son élection, en alléguant cette défense, furent repoussés par le peuple. « Ce n'était pas, disait-on, la première fois que la loi cédait à l'utilité publique, et le motif qui y faisait déroger en cette circonstance n'était pas moins pressant que celui qui avait déterminé leurs ancêtres à nommer, contre les lois, Scipion consul ; et lorsqu'ils l'avaient élu, ils n'avaient pas à craindre la ruine de leur ville ; ils ne voulaient que détruire Carthage. » Le peuple donc passa outre, et confirma sa nomination.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:17

13. Marius, ayant ramené son armée d'Afrique, prit possession du consulat le premier jour de janvier, jour où commence l'année romaine ; il entra dans Rome en triomphe, et fit voir aux Romains un spectacle qu'ils avaient peine à croire : c'était Jugurtha captif. Personne n'aurait osé se flatter de voir finir cette guerre du vivant de ce prince, tant il savait se plier avec souplesse à toutes les variations de la fortune ! tant son courage était secondé par sa finesse ! On dit que pendant la marche du triomphe il perdit le sens, et que, la pompe finie, il fut conduit dans une prison où les licteurs, pressés d'avoir sa dépouille, déchirèrent sa robe, et lui arrachèrent les deux bouts des oreilles pour avoir les anneaux d'or qu'il y portait. Jeté nu dans un cachot, ayant l'esprit aliéné, il dit en souriant : « par Hercule, que vos étuves sont froides ! » Après avoir lutté six jours entiers contre la faim, en conservant toujours le désir et l'espérance de vivre, il trouva enfin, dans une mort misérable, la juste punition de ses forfaits. On porta, dit-on, dans ce triomphe, trois mille sept livres pesant d'or, cinq mille sept cent soixante-quinze d'argent, et dix-sept mille vingt-huit drachmes d'espèces monnayées.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:17

14. Marius, après son triomphe, assembla le sénat ; et, soit distraction, soit abus insolent de sa fortune, il entra dans la salle avec sa robe de triomphateur ; mais, s'étant aperçu sur-le-champ de l'indignation de tout le sénat, il sortit ; et ayant remis sa robe prétexte, il revint prendre sa place. Quand il partit pour son expédition, il exerça ses troupes jusque dans leur marche ; il les accoutuma à faire toutes sortes de courses, et des traites fort longues ; il les obligea de porter leur bagage, et de préparer eux-mêmes leur nourriture : aussi, longtemps après, les soldats qui aimaient le travail, et exécutaient paisiblement et en silence tout ce qu'on leur ordonnait, étaient-ils appelés les mulets de Marius. D'autres, il est vrai, donnent une origine différente à ce proverbe ; ils disent qu'au siège de Numance, Scipion ayant voulu visiter non seulement les armes et les chevaux de ses soldats, mais encore leurs chariots et leurs mulets, pour voir si chacun les tenait en bon état et toujours prêts à servir, Marius amena son cheval qu'il pansait lui-même, et qui était très bien tenu, ainsi que son mulet, qui par son embonpoint, sa force et sa douceur, effaçait tous les autres mulets de l'armée. Le général, charmé de l'état où il voyait les bêtes de service de Marius et en ayant depuis souvent parlé, il passa en proverbe de dire, pour louer avec raillerie un homme laborieux, assidu et patient au travail, que c'était un mulet de Marius.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:17

15. Il semble que dans cette occasion ce fut pour Marius une grande faveur de la fortune que les Barbares, par une sorte de reflux, aillent d'abord inonder l'Espagne : ce retard lui donna le temps d'exercer ses soldats, de leur inspirer du courage et de l'audace : et, ce qui était encore plus important, de leur apprendre à connaître leur général. Sa dureté dans le commandement, sa rigueur inflexible dans les punitions, une fois qu'ils eurent pris l'habitude d'obéir et de ne plus manquer à leur devoir, leur parurent également justes et salutaires. Quand ils eurent vécu quelque temps avec lui, ils virent que sa colère et ses emportements, l'âpreté de sa voix, l'air farouche de son visage, n'étaient plus redoutables pour eux, et ne le seraient que pour les ennemis. Mais rien ne les charmait tant que sa droiture dans les jugements.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:18

16. Ce jugement, connu à Rome, ne contribua pas peu à faire obtenir à Marius un troisième consulat ; d'ailleurs, comme on s'attendait à voir les Barbares se diriger sur l'Italie au printemps prochain, et comme les soldats ne voulaient pas s'exposer à combattre contre eux sous un autre général que Marius, on le porta pour la troisième fois au consulat ; mais ce consulat expira avant qu'ils fussent arrivés. Quand le temps des comices approcha, la mort de l'autre consul obligea Marius de laisser le commandement de l'armée à Manius Acilius, et de se rendre à Rome. Plusieurs Romains des plus distingués s'étaient mis sur les rangs ; mais Lucius Saturninus, celui des tribuns qui avait le plus de pouvoir sur le peuple, gagné par Marius, haranguait dans toutes les assemblées, pour persuader les citoyens de continuer Marius dans le consulat ; et comme celui-ci faisait semblant de le refuser, qu'il affectait même de ne pas s'en soucier, Saturninus l'accusait de trahir sa patrie, en ne voulant pas, dans un danger si pressant, accepter le commandement de l'armée. On voyait bien que ce n'était qu'une feinte, dans laquelle Saturninus jouait assez adroitement son rôle ; mais le peuple, qui sentait que dans cette conjoncture on avait besoin de la capacité et de la fortune de Marius, lui décerna ce quatrième consulat, et lui donna pour collègue Catulus Lutatius, homme estimé des nobles, et qui n'était pas désagréable au peuple. Marius, informé que les ennemis approchaient, se hâta de repasser les Alpes ; et ayant placé son camp sur le bord du Rhône, il le fortifia, et le fournit d'une telle abondance de provisions de bouche que jamais la disette des vivres ne pouvait le forcer à combattre quand il n'y trouverait pas son avantage. Mais comme il fallait faire venir par mer toutes les provisions avec beaucoup de temps et de dépense, il trouva le moyen d'en rendre le transport prompt et facile. Les marées avaient rempli de vase et de gravier les embouchures du Rhône ; sa rive était couverte d'une bourbe profonde que les flots y déposaient, et qui en rendait l'entrée aussi difficile que dangereuse aux vaisseaux de charge. Marius, pour occuper son armée pendant ce temps de loisir, fit creuser un large fossé, dans lequel il détourna une grande partie du fleuve, et qu'il conduisit jusqu'à un endroit du rivage sûr et commode. Le fossé avait assez de profondeur pour contenir de grands vaisseaux, et son embouchure dans la mer était unie, et à l'abri du choc des vagues. Ce fossé s'appelle encore aujourd'hui la fosse Mariane.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:19

17. Les Barbares s'étant séparés en deux armées, les Cimbres gagnèrent la haute Germanie, pour aller par la Norique forcer les passages que gardait Catulus ; les Teutons avec les Ambrons vinrent par la Ligurie, en côtoyant la mer, et marchèrent contre Marius. Les Cimbres retardèrent assez longtemps leur départ ; mais les Teutons et les Ambrons étant partis sans différer, et ayant bientôt franchi l'espace qui les séparait des Romains, parurent devant Marius. C'était un nombre infini de Barbares hideux à voir, et dont la voix et les cris ne ressemblaient pas à ceux des autres hommes. Ils embrassèrent dans l'assiette de leur camp une étendue immense ; et dès qu'il fut établi, ils provoquèrent Marius au combat. Ce général, qui s'inquiétait peu de leurs défis, retint ses soldats dans le camp, et fit de sévères réprimandes à ceux qui, témoignant une fierté déplacée, et n'écoutant que leur colère, voulaient aller combattre. Il les appelait traîtres à la patrie, et leur représentait que l'objet de leur ambition devait être, non d'obtenir des triomphes et d'élever des trophées, mais de dissiper cette nuée foudroyante qui les menaçait, et de sauver l'Italie. C'était le langage qu'il tenait en particulier aux capitaines et aux principaux officiers ; pour les soldats, il les plaçait les uns après les autres sur les remparts du camp, d'où ils pouvaient voir les ennemis, afin de les accoutumer à leur figure, au ton rude et sauvage de leur voix, à leur armure et à leurs mouvements extraordinaires. Il leur rendit ainsi familier, par l'habitude, ce qui d'abord leur avait paru si effrayant ; car il savait que la nouveauté fait souvent illusion et exagère les choses que l'on craint, au lieu que l'habitude ôte même à celles qui sont redoutables une grande partie de l'effroi qu'elles inspirent. Cette vue continuelle des ennemis diminua peu à peu l'étonnement dont ils avaient été d'abord frappés ; et bientôt leur colère, ranimée par les menaces et les bravades insupportables de ces Barbares, échauffa et enflamma leur courage. Car les ennemis, non contents de piller et de ravager tous les environs, venaient les insulter, jusque dans leur camp, avec une audace et une insolence si révoltantes, qu'indignés de leur inaction, ils se livrèrent à des plaintes qui parvinrent enfin jusqu'à Marius. « Quelle lâcheté, disaient-ils, Marius a-t-il donc reconnue en nous, pour nous empêcher de combattre ; pour nous tenir, comme des femmes, sous des clefs et des geôliers ? Osons lui faire voir que nous sommes des hommes libres, allons lui demander s'il attend d'autres soldats qui combattent pour la liberté, et s'il compte ne jamais nous employer que comme de simples travailleurs, pour creuser des fossés, nettoyer des bourbiers, ou détourner des rivières. C'est sans doute pour ces glorieux ouvrages qu'il nous a exercés à tant de travaux ; ce sont là les exploits de ses deux consulats qu'il se propose de présenter à ses concitoyens. Craint-il le sort de Carbon et de Cépion, que les ennemis ont vaincus ? Mais ces généraux étaient bien au-dessous de Marius en réputation et en courage, et leurs armées moins fortes que la sienne. Encore vaudrait-il mieux essuyer quelque perte en combattant, que de rester, dans l'inaction, spectateurs des dégâts que souffrent nos alliés. »
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:19

18. Marius, charmé de ces plaintes, s'étudiait cependant à les calmer, en les assurant qu'il était bien éloigné de se défier d'eux ; mais que, pour obéir à certains oracles, il attendait le temps et le lieu qui devaient lui donner la victoire. Il menait partout avec lui une femme de Syrie, nommée Marthe, qui passait pour avoir l'esprit prophétique. Il la faisait porter dans une litière, avec de grands témoignages de respect, et il n'offrait jamais de sacrifices que par son ordre. Elle avait d'abord voulu faire connaître ses prophéties au sénat, qui refusa de l'écouter ; s'étant donc tournée du côté des femmes, elle leur donna quelques preuves de sa connaissance de l'avenir ; elle persuada surtout la femme de Marius, un jour qu'étant assise à ses pieds à un combat de gladiateurs, elle lui annonça fort heureusement quel serait le vainqueur. La femme de Marius l'envoya tout de suite à son mari, qui en fut dans l'admiration, et, comme je viens de le dire, la mena toujours à sa suite dans une litière. Quand elle allait aux sacrifices, elle était vêtue d'une robe de la plus belle pourpre, attachée avec des agrafes, tenant à la main une pique entourée de bandelettes et de guirlandes de fleurs. Cette comédie fit douter à bien des gens si Marius, en produisant ainsi cette femme, était véritablement persuadé de sa science prophétique, ou s'il faisait seulement semblant d'y croire pour tirer parti de sa fourberie. Mais Alexandre le Myndien raconte une histoire de vautours vraiment admirable. Il dit que deux de ces oiseaux se montraient régulièrement dans le camp de Marius lorsqu'il devait gagner une bataille, et qu'ils suivaient constamment son armée. On les reconnaissait à des colliers d'airain que leur avaient mis des soldats qui les avaient pris et lâchés ensuite. Depuis ce jour-là ils reconnurent ces soldats, et semblaient les saluer de leurs cris : les soldats, de leur côté, étaient charmés de les voir, parce qu'ils étaient pour eux l'augure d'un heureux succès. II y eut alors plusieurs signes, dont la plupart n'avaient rien d'extraordinaire. Mais on apprit d'Améric et de Tuderte, deux villes d'Italie, qu'il avait paru la nuit, dans le ciel, des lances de feu et des boucliers, qui, d'abord séparés, s'étaient mêlés ensuite, et avaient figuré les dispositions et les mouvements de deux armées qui combattent ; que les uns ayant cédé, et les autres s'étant mis à leur poursuite, ils avaient tous pris leur direction vers le couchant. Dans le même temps on vit arriver de Pessinonte, Batabacès, grand prêtre de la mère des dieux, qui déclara que la déesse lui avait annoncé, du fond de son sanctuaire, que la victoire et l'honneur de cette guerre demeureraient aux Romains. Le sénat, ayant ajouté foi à ce rapport, ordonna qu'on bâtît un temple à la déesse qui leur promettait la victoire. Batabacès voulut se présenter au peuple, pour lui répéter la même promesse, mais le tribun Aulus Pompéius l'en empêcha, le traita d'imposteur, et le chassa ignominieusement de la tribune. Ce fut surtout cette violence qui fit croire à la prédiction du grand prêtre ; car, au sortir de l'assemblée, le tribun, à peine rentré chez lui, fut saisi d'une fièvre violente, dont il mourut le septième jour ; événement qui fut su et constaté dans toute la ville.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:19

19. Les Teutons, voyant que Marius se tenait toujours tranquille dans son camp, entreprirent de le forcer ; mais, accueillis d'une grêle de traits qu'on fit pleuvoir sur eux des retranchements, et qui leur tuèrent beaucoup de monde, ils résolurent de passer outre, persuadés qu'ils franchiraient les Alpes sans obstacle. Ils plient donc bagage, et passent le long du camp des Romains. Le temps que dura leur passage fit surtout connaître combien leur nombre était prodigieux. Ils furent, dit-on, six jours entiers à défiler sans interruption devant les retranchements de Marius ; et comme ils passaient près des Romains, ils leur demandaient, en se moquant d'eux, s'ils n'avaient rien à faire dire à leurs femmes ; qu'ils seraient bientôt auprès d'elles. Quand ils furent tous passés, et qu'ils eurent pris quelque avance, Marius décampa aussi, et se mit à leur suite. Il se postait toujours près d'eux, choisissait pour camper des lieux forts d'assiette, qu'il fortifiait encore par de bons retranchements, afin de passer les nuits en sûreté. En continuant ainsi leur marche, les deux armées arrivèrent à un lieu qu'on appelle les Eaux de Sextius, d'où il leur restait peu de chemin à faire pour être au pied des Alpes. Ce fut là que Marius résolut de les combattre ; il prit un poste très avantageux, mais où l'eau n'était pas abondante ; il le choisit, dit-on, à dessein, pour animer le courage de ses troupes. Comme la plupart se plaignirent qu'ils allaient souffrir une cruelle soif, Marius leur montrant de la main une rivière qui baignait le camp des Barbares : « C'est là, leur dit-il, qu'il faut aller acheter de l'eau au prix de votre sang. - Pourquoi donc, lui répondirent-ils, ne nous y menez-vous pas tout à l'heure, pendant que le sang coule encore dans nos veines ? - Il faut auparavant, reprit Marius avec douceur, fortifier notre camp. » Les soldats, quoique mécontents, obéirent. Cependant les valets de l'armée, qui n'avaient d'eau ni pour eux ni pour leurs bêtes, descendent en foule vers la rivière avec leurs cruches, armés les uns de haches, les autres de cognées, quelques-uns d'épées ou de piques, parce qu'ils s'attendaient à être obligés de combattre pour avoir de l'eau. Ils furent en effet attaqués par les Barbares, qui ne vinrent d'abord qu'en petit nombre, parce que la plupart étaient à se baigner ou à prendre le repas après le bain. Ce lieu est rempli de sources d'eaux chaudes ; et une partie des Barbares, attirés par la beauté du lieu et par la douceur du bain, ne pensaient qu'à s'amuser et à faire bonne chère, lorsqu'ils furent surpris par les Romains.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:20

20. Les cris des combattants en ayant bientôt attiré un plus grand nombre, il eût été difficile à Marius de retenir ses soldats, qui craignaient pour leurs valets. D'ailleurs, les plus belliqueux d'entre les Barbares, ceux qui avaient taillé en pièces les armées de Manlius et de Cépion (c'étaient les Ambrons, et ils faisaient seuls plus de trente mille hommes), coururent précipitamment prendre leurs armes. Ils avaient le corps appesanti par l'excès de la bonne chère ; mais le vin qu'ils avaient bu, en leur donnant plus de gaieté, ne leur avait inspiré que plus d'audace. Ils s'avancèrent donc, non avec le désordre et l'emportement de gens furieux, ou en jetant des cris inarticulés, mais, frappant leurs armes en mesure, ils marchaient tous ensemble en cadence, au son qu'elles rendaient ; et, soit pour s'animer les uns les autres, soit pour effrayer les ennemis, en se faisant connaître, ils répétaient souvent le nom d'Ambrons. Les premiers d'entre les Italiens qui marchèrent contre eux étaient les Liguriens, qui entendirent et reconnurent leur cri ; et, comme ils donnent généralement à toute leur nation le nom d'Ambrons, ils répondirent aux Barbares par le même cri, qui fut ainsi répété plusieurs fois dans les deux armées, avant qu'elles en vinssent aux mains. Les officiers ayant des deux côtés joint leurs cris à ceux de leurs soldats, et cherchant à se surpasser les uns les autres par la force de leurs voix, ces clameurs ainsi multipliées irritèrent et enflammèrent encore les courages. Mais les Ambrons, en passant la rivière, rompirent leur ordonnance, et ils n'avaient pas eu le temps de la rétablir, lorsque les Liguriens chargèrent les premiers rangs avec vigueur, et engagèrent le combat. Les Romains, accourant aussitôt pour soutenir les Liguriens, fondirent de leurs postes élevés sur les Barbares, et les heurtèrent avec tant de roideur, qu'ils les obligèrent de prendre la fuite. La plupart, en se précipitant les uns sur les autres, furent tués sur les bords de la rivière, dont le lit regorgea bientôt de sang et de morts. Les Romains taillèrent en pièces ceux qui étaient passés, et qui, n'osant pas faire tête à l'ennemi, s'enfuirent jusqu'à leur camp et à leurs chariots. Leurs femmes, étant sorties au-devant d'eux avec des épées et des haches, grinçant les dents de rage et de douleur, frappent également et les fuyards et ceux qui les poursuivent ; les premiers comme traîtres, les autres comme ennemis. Elles se jettent au milieu des combattants, et de leurs mains nues s'efforcent d'arracher aux Romains leurs boucliers, saisissent leurs épées, et, couvertes de blessures, voient leurs corps en pièces, sans rien perdre, jusqu'à la mort, de leur courage invincible. Ce premier combat, donné sur le bord du fleuve, fut plutôt l'effet du hasard que de la volonté du général.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 18:20

21. Les Romains, après avoir taillé en pièces la plus grande partie des Ambrons, regagnèrent leur poste, à la nuit tombante ; mais l'armée ne fit pas entendre, comme il était naturel après un si grand avantage, des chants de joie et de victoire. Loin de penser à boire dans leurs tentes, à s'égayer en prenant ensemble leurs repas, ils ne se permirent même pas le délassement le plus agréable pour des hommes qui ont heureusement combattu, la douceur d'un sommeil paisible : ils passèrent toute la nuit dans le trouble et dans la frayeur. Leur camp n'avait ni clôture, ni retranchement. Il restait encore plusieurs milliers de Barbares qui n'avaient pas combattu ; et ceux des Ambrons qui s'étaient sauvés de la défaite s'étant joints à eux, ils poussèrent toute la nuit des cris horribles, qui ressemblaient non à des plaintes ou à des gémissements humains, mais à des hurlements, à des mugissements de bêtes féroces, mêlés de menaces et de lamentations ; les cris de cette multitude immense faisaient retentir les montagnes voisines et les concavités du fleuve. Ce bruit affreux remplissait toute la plaine ; les Romains étaient saisis de terreur, et Marius lui-même, frappé d'étonnement, s'attendait à un combat de nuit, dont il craignait le désordre. Mais ils ne sortirent de leur camp, ni cette nuit, ni le jour du lendemain : ils les employèrent à se préparer et à se disposer pour la bataille. Cependant Marius, sachant qu'au-dessus du camp des Barbares il y avait des creux assez profonds et des vallons couverts de bois, y envoya Marcellus avec trois mille hommes de pied, pour s'y mettre en embuscade, et charger les ennemis par derrière, quand l'action serait engagée. Il ordonna au reste de ses troupes de prendre leur repas de bonne heure, et ensuite de se reposer. Le lendemain, dès la pointe du jour, il les range en bataille devant les retranchements, et envoie sa cavalerie dans la plaine. Dès que les Teutons l'eurent aperçue, ils n'attendirent pas que les Romains fussent descendus au pied de la colline, où ils auraient pu les combattre à avantage égal, sur un terrain uni. Frémissant de colère, ils s'arment avec précipitation, et vont les attaquer sur la hauteur même. Alors Marius envoie ses officiers porter dans tous les rangs l'ordre de s'arrêter, et d'attendre que l'ennemi soit à la portée du trait ; de lancer alors leurs javelots, de mettre ensuite l'épée à la main, et de le pousser vigoureusement en le heurtant de leurs boucliers. Comme on était sur un terrain glissant, il avait prévu que les coups portés par les Barbares n'auraient point de force, et que leur ordonnance ne pourrait se maintenir, parce que leurs corps seraient sur ce terrain inégal, comme sur une mer orageuse, dans une agitation continuelle.
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