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A propos d'un extrait de La guerre civile de CésarModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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A propos d'un extrait de La guerre civile de CésarSalut,
Scrupulum nous a donné un lien sur les cours du Collège de France, voici un extrait de Christian Goudineau, cours 2005-2006 : http://www.college-de-france.fr/default ... 644907.htm " Et le lien personnel qui unit César à ces principes qui sont ses fidèles est admirablement exprimé, en 49, lorsqu’il a décidé de se lancer vers l’Espagne où sont stationnées les troupes de Pompée : César s’était fait précéder en Espagne par six légions. Les troupes auxiliaires comprenaient environ six mille fantassins, trois mille cavaliers (qui avaient, les uns et les autres, servi César dans toutes les guerres précédentes), et un nombre égal provenant de la Gaule pacifiée par lui : tout ce qu’il y avait de plus noble et de plus brave dans toutes les cités avait été recruté individuellement. (BC, I, 39) Dans l’édition Budé, la dernière phrase est mal traduite. En effet, nominatim ex omnibus ciuitatibus nobilissimo et fortissimo quoque euocato doit être ainsi comprise : c’est nominativement (en donnant leur nom, voire en s’adressant à eux par leur nom) que César fait venir « tous les plus nobles et plus braves » — c’est-à -dire les principes qui lui étaient attachés et qui allaient recruter eux-mêmes leurs propres contingents." C'est l'après 52 av J.-C. dont je parlais hier. La guerre contre Pompée est devenue inéductable et César "met le paquet". Six légions cela fait environ 30 000 combattants romains si l'on part de l'effectif théorique de 5000 par légion. Goudineau dit dans César et la Gaule qu'il est rarement atteint ; ajoutons à celà 18 000 Gaulois de Transalpine et de la Gaule "pacifiée". Les contingents sont levés dans "toutes les cités." Ce "toutes" m'intrigue. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Bonjour,
Il me semble que les Gaulois transalpins ou de la Narbonnaise dans la "Guerre des Gaules", comptent déjà pour des Romains, tout du moins aux yeux de César et de la plupart de ses contemporains. Ce qui limiterait l'apport des contingents de la Gaule dite "pacifiée". Ce "toutes les cités" doit concerner en premier lieu les alliés sûrs des Romains (par exemple et entre autres : les Rèmes). Très intéressante note sur l'effectif des troupes auxiliaires : César dans son récit de la la "Guerre des Gaules" reste pour le moins évasif sur celles-ci, préférant, pour des raisons de propagande, braquer les projecteurs sur sa "jeunesse romaine", dont sont issus ses fiers et indestructibles légionnaires. *** Les dieux posent sans cesse des énigmes aux hommes, les hommes ont recours aux devins pour éclaircir ces énigmes ; mais les dieux se plaisent aussi à dérouter les devins. [in Alexandre le Grand]***
Salut, justement la question des Transalpins, ceux de la Province Narbonnaise s'est posée. Goudineau explique dans le même cours que César a dû "faire le ménage." On lui a fourni des listes de ceux qui s'étaient prononcés pour ou contre lui. Les adversaires ont été exécutés et/ou ont vu leurs biens et terres confisqués au profit de ceux qui ont fait le bon choix. Cela vaut pour la Gaule celtique, la Belgique et la province de Transalpine. Goudineau insiste sur les liens personnels existant entre les principes entre eux et avec lui. Luctérios, le vaincu d'Uxellodunum se réfugie chez Epasacnatos, l'Arverne, probablement parce que le chef arverne doit être un de ses amis. Mal lui en prend, puisque Epasacnatos, le grand ami du peuple romain le livre à César. Goudineau souligne que cependant la confiance est loin de régner. D'où les deux légions laissées en pays lémovice "aux frontières des Arvernes". En 2004, dans mon article L'insurrection d'un peuple, Les Lémovices et la guerre des Gaules, j'avais fourni deux raison à cette décision : surveiller les Arvernes et protéger les voies de communication notamment avec l'Aquitaine. C. Goudineau mentionne seulement la première. En tout cas l'hypothèse d'une sympathie particulière des Lémovices pour les Romains que défendait Jean-Michel Desbordes (et M. Pierre ![]() ![]() Quant aux peuples qui ont fourni des contingents pour la guerre civile, leur nombre, s'il ne recoupe pas vraisemblablement toutes les cités, doit bien excéder l'apport des seuls Rèmes. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Je remets un autre extrait de Christian Goudineau qui précède immédiatement celui cité plus haut : "
Ces deux séries de documents attestent l’octroi précoce de la citoyenneté romaine à des Gaulois. L’un de ceux-ci se retrouve à la fois sur les inscriptions de Saintes et sur cinq monnaies : C. Julius Agedomopas. Un autre, Iulius Duratios, est sûrement le Picton décrit par Hirtius comme « constamment fidèle à l’amitié des Romains » (VIII, 26). Les autres ne sont connus que par les monnaies : C. Julius Teledhus, probablement un Bellovaque, dont la monnaie imite, au revers, le fameux éléphant présent sur les deniers romains d’argent avec la légende CAESAR. Enfin, trait intéressant : le monnayage séquane portant la légende TOGIRIX est fort répandu avant la guerre des Gaules. Après celle-ci, sont attestés des deniers d’argent à la légende de (Q ?) Julius Togirix. Est-ce le même, un fils, un frère ? Difficile de savoir. Mais ces convergences doivent représenter un phénomène assez important dont nous n’entrevoyons qu’une frange. " p.728 Deviennent citoyens romains et ce immédiatement après la guerre des Gaules, un Santon, un Picton, un Bellovaque, un Séquane auxquels il faudrait ajouter des Helviens. Goudineau ajoute un peu plus loin : "ici, il s’agit d’étrangers, de barbares, qu’on intègre à l’ordre romain, qui écrasent leurs « concitoyens » par le statut dont ils bénéficient. On n’a pas, dans notre histoire moderne, de situations comparables." Certains Gaulois rentreront même au Sénat du vivant de César, au grand scandale des Romains. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Petit aparté pas sans intérêt :
Nous savons que les santons et pictons étaient alliés de romains pendant l'indépendance mais selon Sed le cas des lémovices voisins est en balance. Voilà , je présume (peut-être à tort) que les alliés des romains avant 52 l'étaient parce qu'ils avaient de puissants intérêts commerciaux et donc des richesses particulières. Les mines d'or du Limousin étaient-elles à eux et n'y a-t-il jamais eu de conflit avec les arvernes à leur sujet ? Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Attends, pour les Santons et les Pictons, ce n'est pas aussi simple.
Les Santons et les Pictons ont envoyé un contingent à Alésia : respectivement 12 000 et 8000 hommes d'après Goudineau qui compte 10 000 pour les Lémovices. La mort de Sédullus devant Alésia lors du dernier combat ne laisse planer aucun doute sur l'allégeance des Lémovices jusqu'à Alésia. Quant aux mines d'or lémovices, elles sont bien à l'intérieur du territoire de la cité, pourquoi penser à une propriété arverne ? Ce qui n'empêche pas que les Lémovices aient été des alliés fidèles de Vercingétorix, qu'ils suivent depuis le début. Un des trois derniers chefs menant la guérilla qui s'achèvera à Uxellodunum est le Picton Dumnacos, l'allié du Sénon Drappès et du Cadurque Luctérios. On a avec Dumnacos et Duratios, le type même de l'opposition qui devait exister dans presque chaque cité : un chef pro-romain versus un chef anti-romain, exemple Gobanittio contre Vercingétorix puis Epasacnatos seul maître à bord ? Et encore beaucoup ont changé de casquette : Commios, Dumnorix et d'autres chefs éduens. Attention, Dumnacos est un Ande, pas un Picton merci à Jacques de m'avoir signalé cette erreur ![]() Dernière édition par Sedullos le Jeu 26 Avr, 2007 12:44, édité 1 fois.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Ce qui m'intriguait c'est qu'avec la grande richesse de ces mines les Lémovices aient pu être "vassaux" des Arvernes, tu dis toi-même "allégeance".
Sinon les Santons et Pictons ont quand même aidé César à construire la flotte "anti-Vénètes" avant 56, il ne l'a pas fait en pays ennemi surtout que la coalition armoricaine, dont les Vénètes et alliés étaient aussi au secours de Vercingétorix. M'a l'air bien complicou tout ça sauf si, comme le dit Thierry, 52 est le terme d'une guerre civile de grande ampleur et que chaque cité était divisée. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Les chiffres des effectifs fournis pour les Santons et les Pictons sont exactement ceux délivrés par César dans ses Commentaires. Si l'on en revient à "toutes les cités", cela voudrait-il sous-entendre que malgré la cessation des hostilités en Gaule, César au moment d'engager le combat contre Pompée, n'est pas sûr de la pacification qu'il a soit-disant menée à son terme, et qu'il a recours, comme pendant la "Guerre des Gaules", au système des otages ?... Bien que ce ne soit pas mentionné, l'on peut supposer qu'il a déjà congédié par souci d'économies ses mercenaires (frondeurs baléares, archers crétois et numides, troupes de choc et garde personnelle germaniques), et qu'il garde sous ses ordres au moment de joindre l'Espagne, justement l'infanterie légère et la cavalerie espagnoles, cavalerie dans laquelle il a toute confiance bien plus que dans la cavalerie romaine. César ne démontre habituellement que peu d'estime pour les qualités militaires des Gaulois (décadence, pusillanimité) ; le fait qu'il fasse appel nommément à des chefs de clans et à leur clientèle pour fournir des contingents, et ce dans "toutes les cités", n'est-ce pas l'aveu d'un sentiment de suspicion ou de doute ?...
*** Combien de hauts faits, à l'origine des nations, passent pour fables, parce qu'ils vous ont été rapportés par Calliope et non par Clio ! [in Les Mémoires de Zeus]***
Salut,
Ce que tu dis là est contredit par certains passages, je pense aux descriptions des batailles contre les Nerviens, où ceux-ci montent sur les cadavres de leurs camarades pour poursuivre le combat. Quant à la remise des otages, il est clair qu'elle a continué bien après Alésia. Elle nous indique que même si la conquête est achevée César cherche à se prémunir contre des révoltes sporadiques. En 52 av J.-C., lorsque les Eduens font défection, leurs deux premières actions sont de couper le ravitaillement de César et de libérer les otages pris dans les différentes cités, lesquels otages sont les fils et filles des aristocrates. C'est le moment où César se retrouve sans ressources et sans cavalerie dans un pays qu'il est censé avoir soumis. Auguste interviendra deux ou trois fois pour juguler des révoltes. Ceci étant la romanisation était déjà commencée. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Tu veux parler de Dumnacos, le chef des Andes, qui est cité en même temps que Duratios dans BG VIII, 26 ?
Salut,
Honte sur moi : ![]() ![]() ![]() En fait on ne connaît pas le(s) noms des chefs pictons alliés de Vercingétorix et opposés à Duratios, partisan de César. Merci d'avoir signalé cette ânerie. Cela ne change pas l'idée qu'il y a dans chaque cité ou presque les 2 factions pour ou anti Romains. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
C'est ce qui m'étonne aussi ![]() On a des mines d'or très riches, des axes commerciaux importants, des fortifications importantes..etc, etc. et pourtant, les Lémovices ne semblent pas jouer un très grand rôle avant Alésia, et semblent le faire sous la domination des Arvernes. On sait que ces derniers s'étaient taillés un grand Empire du temps de Bituit, et pourtant, à la même période, les Lémovices semblent être en plein essor. Le site de Saint-Gence, au nord de Limoges, révèle la présence d'un grand centre commercial et artisanal dont l'essentiel de l'activité se déroule au IIème siècle av. J-C. Les Lémovices étaient-ils déjà "les vassaux" des Arvernes à ce moment? Le site de Tintignac pourra peut-être nous en apprendre d'avantage. Les armes qui y ont été retrouvées (et qui sont à priori Lémovices) révèlent une activité guerrière vers le début du IIIème siècle. Activité guerrière contre qui? Les Arvernes?
Ca c'est parce que personne ne s'imagine que quelque chose d'important ait pu avoir lieu en Limousin. C'est comme à la météo, quand on énnonce les différentes régions, on a l'impression qu'il y a un gros trou noir au centre Ouest de la France ![]() Pourtant, vu les vestiges archéo, la surveillance de tels axes de communication me parait essentielle.
Je ne comprend pas bien ce qui te dérange là -dedans... César doit entendre par "cités" les différents peuples (dont l'organisation correspond grosso modo à des cités: un territoire dominé par un centre urbain, je ne vous apprend rien ^^). Il a donc recruté dans ses auxiliaires les meilleurs éléments des peuples gaulois qu'il a soummis. Le "toutes" est peut-être due à une exagération de la part de César... C'est bien le terme "civitates" qui est employé? Parce qu'il me semble que c'est Auguste qui a institué l'organisation en civitates en Gaule...
Après recherche http://neptune.fltr.ucl.ac.be/corpora/C ... onsult.php pas de civitas sous quelque forme que ce soit dans la Guerre des Gaules.
Dernière édition par Jacques le Mer 02 Mai, 2007 17:39, édité 2 fois.
Salut,
César, Guerre civile, I, 39: [1,39] (1) Ainsi qu'il a été dit plus haut, Afranius avait trois légions, et Pétréius deux, sans compter environ quatre-vingts cohortes, tant de la province citérieure que de l'Espagne ultérieure, et environ cinq mille chevaux de ces deux provinces. (2) César y avait envoyé en avant trois légions, avec six mille auxiliaires et trois mille chevaux qui avaient servi sous lui dans toutes les guerres précédentes, et un pareil nombre de Gaulois qu'il avait réunis en tirant de chaque ville ce qu'il y avait de plus illustre et de plus brave, principalement en Aquitaine et dans les montagnes qui touchent à la province romaine. (3) En apprenant que Pompée venait en Espagne par la Mauritanie avec ses légions, et qu'il était sur le point d'arriver, César emprunta de l'argent aux tribuns des soldats et aux centurions, et le distribua aux troupes. (4) À cela il trouva deux avantages: il s'assurait, par cet emprunt, de la fidélité des centurions, et par ses largesses gagnait l'affection des soldats. [1,39] XXXIX. Erant, ut supra demonstratum est, legiones Afranii tres, Petreii duae, praeterea scutatae citerioris prouinciae et caetratae ulterioris Hispaniae cohortes circiter LXXX equitumque utriusque prouinciae circiter V milia. Caesar legiones in Hispaniam praemiserat VI, auxilia peditum V milia, equitum III milia, quae omnibus superioribus bellis habuerat, et parem ex Gallia numerum, quam ipse pacauerat, nominatim ex omnibus ciuitatibus nobilissimo et fortissimo quoque euocato, huc optimi generis hominum ex Aquitanis montanisque, qui Galliam prouinciam attingunt addiderat. Audierat Pompeium per Mauretaniam cum legionibus iter in Hispaniam facere confestimque esse uenturum. Simul a tribunis militum centurionibusque mutuas pecunias sumpsit; has exercitui distribuit. Quo facto duas res consecutus est, quod pignore animos centurionum deuinxit et largitione militum uoluntates redemit. A+
C'est Muskull qui parle de vassaux, moi je dirais plutôt des alliés.
Le terme allégeance que j'ai employé est d'ailleurs ambigu : puisqu'il désigne une obligation de fidélité envers une nation, un souverain. Donc la relation des Lémovices aux Arvernes relève-elle du statut de vassaux, de clients, d'alliés ? On ne peut pas plus préciser. Y avait-il des liens personnels entre Vercingétorix et Sedullus, le chef des Lémovices ? En tout cas le terme de "domination" employé par Commios me semble un peu fort, d'autant que au moment où débute la guerre des Gaules, l'hégémonie arverne relève déjà du souvenir. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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