Une monnaie unique...

[gérard]

Il s'agit donc d'une affaire importante pour le lexique de la langue gauloise qui s'enrichit d'un terme nouveau, au sens éventuellement à confirmer ou préciser, et pour l'histoire de ces 3 peuples voisins qui semblent avoir agi de manière "fédérée" à l'époque.

On avance, on avance...

Cordialement et félicitations,

gg

[Thierry]

Je reviens sur la publication des cahiers numismatiques sur les monnaies Ecta et Ratumacos....


Première observation, générale, sur la datation, il est vraisemblable que ces monnaies soient contemporaines voire légèrement postérieures à la fin de la guerre des Gaules. On relève donc, ici comme ailleurs, l'idée d'une grande indépendance politique après la soumission guerrière apparente, ce qui ne fait que renforcer l'idée que la véritable intégration politique à Rome ne se situe effectivement pas avant Auguste.

Le fait de battre monnaie est avec la justice le signe même du pouvoir, donc de l'indépendance.


Sur la mention - unique - d'un nom de lieu sur une monnaie (hors Narbonnaise), on peut penser à la mention du nom du lieu d'émission, donc vraisemblablement du nom de l'atelier monétaire.....Comme bon nombre de villes de France, Rouen - Rotomagus - Ratumagos, n'est clairement archéologiquement identifié comme "ville" (tel qu'on l'entend de nos jours) qu'à partir du 1er siècle de notre ère. Cela n'empêche pas la très haute vraisemblance d'un ensemble proto-urbain important beaucoup plus ancien, correspondant à une vision étonnement "large".

Les indices sont nombreux...

Sur le site même du centre ville actuel, les premiers aménagements en pierre des berges de la Seine ont été réalisés entre 5 et 3 av JC, il s'agit d'un quai constitué d'un parement de blocs de calcaire renforcés tous les deux mètres par des poteaux équarris (Source - Xavier DELESTRE in Archeologia n°322 - Avril 1996)

Il s'agit manifestement des premiers aménagements d'époque romaine, on note toute l'importance donnée au port dès cette époque, cette zone de mouillage devait nécessaire préexister à cet aménagement....

Les indices d'occupation humaines très anciennes ne manquent pas à cet endroit comme l'atteste par exemple également la découverte d'une pirogue de l'âge du bronze découverte lors des mêmes fouilles (aménagement du tramway)


Plus au Sud, une découverte trés ancienne ne manque pas d'attirer mon attention - à partir de l'oppidum d'Orival (40 ha) à l'extrêmité Sud-Est de l'agglomération actuelle, il est mentionné (CAG Seine Maritime) une fortification barrant tout le méandre de Rouen, soit toute la rive gauche actuelle de l'agglomération.

En ajoutant à ce constat,

- l'existence plus que probable d'un sanctuaire à Oissel (zone très proche de l'oppidum mentionné), où un fanum avait été découvert au début du siècle dernier. Malheureusement, à cette époque la mention d'un enclos plus vaste et la découverte de très nombreux ossements n'avaient pas plus attiré l'attention que cela.

-l'existence d'une structure Gauloise sous le fanum de Saint Martin de Boscherville (a l'opposé Nord Ouest)

- deux petits oppida avant Duclair

-une présence humaine vraisemblablement importante sur les coteaux exposés au Sud autour de Rouen comme l'atteste la découverte de la très riche nécropole de Boisguillaume et la tombe à char de Belbeuf.

...il ne paraîtrait pas invraisemblable qu'ici comme dans d'autres villes très anciennes de France, il y aurait eu un ensemble proto-urbain celtique important.

Cet ensemble n'est pas situé sous la ville romaine - sous la ville actuelle - il est dispersé un peu tout autour....

Son existence permettrait d'expliquer la frappe "Ratumacos".



Sur la mention Ecta et cette alliance Lexove, Eburovique et Veliocasse, une chose m'étonne, c'est l'absence des Calètes pourtant voisins et dont les oppida sont étroitement imbriqués dans le très dense réseau de la Basse-Seine - Sandouville étant en face de Saint Samson de la Roque comme deux gardiens géants (l'un Calète, l'autre Lexove) de l'embouchure du fleuve.

A suivre....

[Patrice]

Salut,

Sur la mention Ecta et cette alliance Lexove, Eburovique et Veliocasse, une chose m'étonne, c'est l'absence des Calètes pourtant voisins et dont les oppida sont étroitement imbriqués dans le très dense réseau de la Basse-Seine - Sandouville étant en face de Saint Samson de la Roque comme deux gardiens géants (l'un Calète, l'autre Lexove) de l'embouchure du fleuve.

Eh bien je me le demande aussi...

Au début de la Guerre des Gaules, tous font partie des Armoricains. A la fin, les Veliocasses, Aulerques et Lexovii s'isolent. Mas il se peut que les Calètes aient fait le choix de conserver leurs liens avec les autres Armoricains.
Ici, on entre dans la spéculation.

Ceci-dit, il se peut qu'un jour on découvre une monnaie de type ECTA chez les Calètes... Va savoir!

A+

Patrice