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Galates en EgypteModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Bj
je viens de retrouver le passage de Polybe qui parle de la "noyade" des Galates mais dur dur pour la compréhension et pour localiser l'évènement de plus apparemment rien à voir avec l'Ambassade Egyptienne citée plus haut Polybe - Histoire - Livre 29 - Chapitre 2 = la guerre contre Persée (page 1173) : 10 - ...A Rhodes, les adversaires de l'alliance romaine étendaient de plus en plus leur influence dans l'opinion. Intervenir à Rome pour ramener la paix en Grèce, c'était en fait, intervenir en, faveur de Persée , surtout si l'on laissait entrevoir qu'en cas der refus des Romains, Rhodes reprendrait sa liberté et soutiendrait, éventuellement le roi de Macédoine. Telle était la politique proposée maintenant (début 168 ?) ...Des ambassadeurs Rhodiens se rendent à Rome et d'autres ambassadeurs Rhodiens prennent contact avec Persée et avec les Crétois... 11- Lorsque Parménion et Morcos, les ambassadeurs de Genthios ainsi que Métrodôros, l'envoyé de Persée, furent arrivés à Rhodes (avril -168), le conseil se réunit et tint une séance fort tumultueuse. Déinon et Polyaratos, n'hésitaient plus maintenant à prendre ouvertement le parti de Persée, tandisque Théaidètos et ses amis étaient attérés par ce qui se passait. L'apparition des lemboï*, les nombreux cavaliers qui avaient péri*... et le revirement de Genthios affaiblissaient les arguments de ce dernier... ...Les Rhodiens décidèrent de répondre en termes amicaux aux deux rois. Ils invitèrent en outre les ambassadeurs de Genthios à un repas autour du foyer de la cité et les traitèrent avec une grande cordialité.... * Note de l'auteur : Il s'agissait sans doute de lemboi (navires) Illyriens qui avaient fait leur apparition dans l'Egée aux côtés des navires de Persée. La flotte Macédonienne, commandée par Anténor, avait détruit plusieurs navires Pergaméniens, qui transportaient des mercenaires Galates avec leurs chevaux. Mais une flotte romaine n'allait pas tarder à apparaître à son tour.... Allez, va... Jacte à l'Est
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Salut Matrix,
Pour info : Genthios est un Illyrien. Polybe ne parle pas de Galates, c'est le traducteur qui l'interprète de cette manière. Il n'y a pas que les Celtes qui finissent en nonosse ![]() @+Pierre Pierre Crombet
Fourberie en tout genre ... stock illimité ![]() (outrecuidance sur commande uniquement) Membre du Front de Libération des Dolmens et Menhirs....
Salut,
Relevé dans H ; Hubert, Les Celtes et la civilisation celtique, 1974, pp. 52-53 « Mais plus clairsemée encore, une aire de noms et d'établissements celtiques contourne la mer Noire par le Nord. Au Nord du Danube, dans l'angle formé par le fleuve et le Sereth, Ptolémée (Ptol., 3, 10, 7) signale un peuple de Britolagaï, qui paraît celtique. Le nom de la ville d'Aliobrix l'est sans doute également. Plus au Nord, sur le Dniestr (Tyras) il y avait un Camodunum (Zaleszczyki, Galicie). Pausanias (Paus., I, 35, 5) parle d'un peuple gaulois, les Kabaroï, remarquable par sa grande taille. qui habitait à l'extrême Nord, à la limite du désert glacé. Si le renseignement de Pausanias mérite de retenir notre attention, c'est par là qu'il faut les placer. Un témoignage de l'activité des Celtes de cette région est donné par une inscription d'Olbia (Dittenberger, Sylloge inscriptionum graecarum, 226, c. 103 et suiv.), datant du IIIe siècle et d'un temps où la ville était purement hellénique, en l'honneur d'un citoyen nommé Protogénès, qui avait brillamment servi la cité menacée par les Galates. Ceux-ci étaient venus l'assaillir en plein hiver avec l'aide d'un peuple nouveau, les Skires. C'était un peuple germanique qui, au premier siècle de l'empire romain, habitait sur la basse Vistule. Au surplus on a trouvé des objets gaulois de La Tène dans la Russie méridionale, par exemple dans le cimetière de Jarubinetz, sur le Dniepr (gouvernement de Kiev) (Déchelette, II, 3, p. 1082), il est vrai, tout à fait récents et qui pourraient avoir été apportés par des Germains pourvus d'objets gaulois. Tous ces faits sont les témoins de la progression soit du royaume celtique de Thrace et des groupements qui avaient circulé sur son territoire en quête d'établissements, soit des Boïens de Bohême dont nous avons déjà vu quelle était l'humeur vagabonde. Qu'il s'agisse des uns ou des autres, les Celtes sont allés jusqu'à la mer d'Azov, la Mαιωτις. Les géographes anciens ont fixé là l'extrême limite de la Celtique (Plut., Mar., XI) ». A+
Salut,
Ca c'est ce que je suis en train d'étudier en ce moment à partir des travaux russes et ukrainiens. Voir: http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=3668 J'avoue que je vais de surprise en surprise. Je vous en dirai plus plus tard. A+ Patrice Pi d'avri vaut fout' d'berbis
Salut,
J’ai trouvé ceci à propos de la culture de Zaroubintsy, mais assez ancien et d’un ouvrage trop général (P. Lévêque, Empires et barbaries, IIIe siècle av. – Ier siècle ap., 1968, pp. 315-322. En tous cas, cela semble poser un problème récurrent : s’agit-il des proto-slaves ? Si cela peut servir. Les seules références données sont I. Koukharenko (sans citation d’ouvrage) et K. Jazdewski, Poland, Londres, 1965. Les Slaves. Dans l'histoire souvent mystérieuse du peuplement de l'Europe barbare, aucun problème n'est plus contesté que celui du berceau des Slaves. Sans faire état des anciennes théories qui les localisaient sur le Danube, ou, non sans mépris, dans les marais du Pripet, on a souvent tendance aujourd'hui, notamment parmi les protohistoriens polonais, à placer leur habitat premier dans les vallées moyennes de l'Elbe, de l'Oder, de la Vistule et du Boug baltique. Certains pensent même que les Proto-Slaves peuvent être les porteurs de la « civilisation de la Lusace », détruite vers 500 par les incursions des Scythes, ou qu'ils se sont glissés dans la zone qu'elle couvrait à la faveur de ces incursions. Il nous paraît que c'est mal tenir compte des régions occupées pendant la seconde moitié du Ier millénaire par les Celtes, par les Germains et surtout par les Baltes, dont le territoire se trouverait réduit, au mépris du témoignage de l'archéologie. Au surplus le slave commun n'a pas de mot pour désigner le hêtre (Fagus silvatica), dont la limite orientale est une ligne joignant Kaliningrad (Königsberg) à Odessa, et il empruntera au germanique le nom dont le désigner, ce qui exclut nettement un habitat premier à l'Ouest de cette ligne, quels qu'aient pu être les changements de climats, certainement modestes depuis le Ier millénaire avant Jésus-Christ. Ce n'est qu'aux abords de l'ère chrétienne que les Slaves descendront la Vistule et beaucoup plus tard qu'ils déferleront dans la plaine entre Vistule et Elbe, au moment où les grandes migrations des Germains vers l'Ouest videront cette aire d'une partie de ses habitants. Les partisans de la théorie d'un habitat très occidental des Slaves sont obligés d'admettre qu'une lente migration, tout au long du Ier millénaire avant Jésus-Christ, les a amenés vers l'Est dans les vallées du Dniestr, du Dniepr et peut-être du Donetz et du Don, donc en contact avec les tribus iraniennes, Scythes puis Sarmates. Quant à nous, nous estimons que l'habitat des Proto-Slaves est non la zone Elbe-Vistule, mais une vaste aire oblongue située à l'est des Carpates, dans les vallées moyennes du Dniestr, du Boug pontique et du Dniepr, entre les Baltes au Nord et les Iraniens au Sud. Dans les récits scythiques d'Hérodote, ces Proto-Slaves sont, à notre avis, non les Neures, qui sont les Baltes, mais les « Scythes paysans », que l'historien localise entre Neures et Scythes, dans une zone intérieure, à cheval sur le Dniestr, le Boug, le Dniepr et remontant au nord jusqu'à la ville de Gerrhos, qui peut être cherchée près de Kiev, donc aux confins immédiats des Neures. On ne s'étonne pas trop que, tout en les distinguant, Hérodote confonde en partie les Scythes et les Slaves, qui devaient être passablement iranisés. Carte des différents habitats primitifs attribués aux Slaves. ![]() Vers l'ère chrétienne, les Slaves amorcent des mouvements, prodromes de leurs vastes migrations ultérieures vers le sud-ouest, le nord et le nord-ouest. Certains éléments sporadiques franchissent les Carpates et s'installent dans le Banat et en Croatie, où des toponymes anciens témoignent de leur avancée. Au nord de leur aire principale, ils progressent dans les vallées du Dniepr, du Pripet, de la Desna où, entre le IIe siècle avant et le IIe siècle après Jésus-Christ, on voit apparaître, à côté des villages baltes qu'ils n'éliminent pas, des établissements plus grands faits de huttes à moitié souterraines. Vers le nord-ouest, l'archéologie montre que la culture balte tend à disparaître des vallées supérieures du Dniestr et de la Vistule aux IIe et Ier siècles avant Jésus-Christ au profit d'une culture nouvelle — ou peut-être seulement renouvelée — qui subit fortement l'influence civilisatrice des Celtes des Carpates, visible dans les objets manufacturés en terre ou en métal et dans les nombreux trésors de monnaies celtiques. Ses porteurs sont des Slaves, les Vénètes ou Vénèdes, qui prennent la place des Baltes et s'avancent jusqu'à la Baltique dès le Ier siècle de notre ère. L’habitat des Slaves (Scythes paysans d’après les trouvailles archéologiques : civilisation des champs d’urnes cinéraires dite de Zaroubintsy (d’après I. Koukharenko)) ![]() Ces Vénèdes posent à l'historien un difficile problème. Au Ier siècle de notre ère, Pline l'Ancien les mentionne sur la Vistule et Tacite (Germanie, 46) les place aux extrémités de la Germanie : « Tout ce qui s'élève de monts et de forêts entre Peucins et Fennes est rempli de leurs courses et de leurs brigandages » : localisation peu précise, qui équivaut à dire entre Danube et Baltique! Au siècle suivant, le géographe Ptolémée appelle la Baltique golfe Vénède et les Carpates monts Vénèdes. Les Vénèdes (les Blonds) sont considérés par les Anciens soit comme des Germains soit comme des Sarmates; mais, quand ils apparaissent dans les textes médiévaux, à partir du VIe siècle, les Vénèdes ou Wendes sont toujours donnés comme des Slaves. On peut donc supposer que les Vénèdes, qui occupent peu à peu toute la vallée de la Vistule, mais qui ne sont encore au Ier siècle que des bandes de migrateurs pillards, sont les premiers Slaves mentionnés dans des textes après les « Scythes paysans » d'Hérodote. Le nom de Slaves, ou mieux dans leur langue Slovene, qui désigne l'ensemble de leurs tribus (les Glorieux ou les Bavards? à moins qu'il ne s'agisse d'un vocable tiré d'un toponyme) apparaît peut-être pour la première fois dans Ptolémée, mais il ne deviendra courant qu'à partir du VIe siècle. Toutefois l'unité de leur civilisation est encore grande, marquée notamment par l'unité de la langue, un parler indo-européen qui entretient des rapports particulièrement étroits avec le balte. A l'époque considérée, les Slaves sont depuis des siècles installés comme des sédentaires agriculteurs. Ils sont organisés en petits groupements familiaux pratiquant la communauté des terres (les zadruga du Moyen Age), réunis en clans et tribus très indépendants les uns des autres. La société a perdu son caractère trifonctionnel : elle ne connaît plus de caste sacerdotale et la guerre ne joue qu'un rôle secondaire. La masse des hommes libres, paysans et à l'occasion soldats, participe à l'assemblée du peuple. Elle est dominée par l'aristocratie des chefs de clan et de tribu, connus au Moyen Age sous le nom de zhupan, mais il n'y a pas d'autorité supérieure et les Slaves devront emprunter au germanique le mot kuning dont ils désigneront le prince. Les esclaves (prisonniers de guerre et leur descendance) sont nombreux, mais bien traités. La civilisation matérielle ne diffère guère de celle des Baltes : agriculture et élevage, industrie du tissage et métallurgie du fer, commerce facilité par les grandes artères fluviales. Le slave commun appelle le bateau korabli, mot dérivé du grec karabion, ce qui montre bien les rapports avec les négociants grecs de la côte. Les villages sont de petites agglomérations agricoles fortifiées le long des cours d'eau. Les maisons, à demi souterraines, sont faites de poutres juxtaposées réunies par de l'argile ; elles comportent une seule pièce, avec un foyer. On y a trouvé de la céramique, soit locale soit importée des villes grecques de la côte. A côté, des silos et des resserres avec des instruments aratoires. Les cimetières sont des champs d'urnes cinéraires, avec un mobilier funéraire (vases de céramique lustrée avec des restes de provisions, objets métalliques). Faute de sources littéraires, la vie des Slaves ne peut guère être évoquée de manière concrète que par le texte d'Hérodote, beaucoup plus ancien que la période que nous étudions : il est vrai que, dans ce monde patriarcal et traditionnel, l'existence n'avait guère dû changer en quelques siècles dans les steppes ukrainiennes. Hérodote (4, 52) dépeint les campagnes baignées par le Borysthène (= Dniepr), auquel nul cours d'eau sinon le Nil ne saurait être comparé : « Il est le plus utile aux hommes; il procure au bétail les pâturages les plus beaux et les plus riches, il donne à profusion les poissons les meilleurs...Les semailles donnent sur ses bords des récoltes remarquables et aux endroits où l'on ne sème rien pousse l'herbe la plus épaisse. » Bien fixées à la terre, les populations pratiquent une agriculture et un élevage florissants : ces « Scythes paysans » d'Hérodote sont peu Scythes, mais bien paysans. Ailleurs, le bon historien rapporte qu'ils cultivent le blé pour le vendre et de fait les fouilles ont révélé des silos importants. La religion est particulièrement mal connue et l'on ne discerne plus si elle formait un système théologique construit. On peut cependant remarquer que l'influence des proches Iraniens a été considérable. Elle est sensible dans l'emprunt de mots nombreux appartenant au domaine religieux (adorer, craindre, invoquer, paradis, saint...) et dans l'adoption de certains dieux. L'univers divin des Slaves semble dualiste, avec de bons et de mauvais dieux, ce qui serait aussi un apport iranien. Décoration sur l'épaule d'un vase vénète trouvé à Zadowice (Pologne). Les deux chevaux affrontés flanqués d'un décor de méandres dénotent une indubitable influence celtique. Lodz, Musée archéologique. Dessin de N. Pau d'après K. Jazdewski. ![]() On connaît le nom de quelques grandes divinités. Perun (le Frappeur), dieu du tonnerre, est le maître de l'univers (cf. balte Perkounas et sanscrit Parjanya). Svarog (le Chaud) est un dieu guerrier, dispensateur de la chaleur solaire et de la virilité et qui peut revêtir maintes formes animales. Veles est le dieu protecteur des serments, mais la similitude de son nom avec les veles (âmes des défunts) des Baltes laisse peut-être entendre que c'était un dieu des morts. Une seule déesse, Mokos (Humidité), qui doit être un emprunt aux Iraniens adorateurs d'Anâhita, elle aussi en liaison avec l'humidité. Au témoignage précieux de Procope (VIe siècle), les Slaves honorent aussi les Nymphes, les rivières et d'autres esprits; à tous leurs dieux ils offrent des sacrifices, au cours desquels ils pratiquent la divination. Les défunts sont brûlés et leurs restes enterrés dans des urnes; mais, dans la zone la plus proche des Sarmates, se répand l'usage de l'inhumation. A+
les Galates en CriméeAttention ce topic
va devenir "les Galates en Crimée" Oh shit... eu pardon Oh scythe !!!! ![]() Allez, va... Jacte à l'Est
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Salut DT,
Quand je vois les cartes présentées dans l'extrait que tu cites, j'ai plutôt l'impression qu'il s'agit des sites de la culture de Tcherniakhov (culture d'origine gothique reprenant des éléments de Zaroubinets) que de la culture de Zaroubinets proprement dite (localisée plus au Nord). La culture de Tcherniakhov correspond au royaume gothique de la Mer Noire, et apparaît au début du IIe siècle ap. J.C. De plus, quand l'auteur parle de "champ d'urne", ça n'est pas exact car la culture de Zaroubinets montre le plus souvent un ensevelissement des cendres en pleine terre: les urnes ne sont pas majoritaires. A+ Patrice PS: ceci-dit, la carte des différentes hypothèses d'origine des Slaves est intéressante. Pi d'avri vaut fout' d'berbis
En complément aux citations de DT, un petit extrait de Strabon. Le terme de celto-scythe désignant certainement ces peuples celtes orientaux établis entre le Danube et la Mer Noire.
Au fait petite question...Il existe plusieurs sculptures gréco-bouddhiques découvertes sur le territoire du royaume kouchan (fondé par les Yuehzi / arci alliés aux Saces) et datées du règne de Kanishka qui représentent des galates...Cette interprétation faisant de certaines sculptures des représentations de Galates s'appuient sur quoi au juste? S'agit-il de représentations de mercenaires galates de l'armée macédonienne qui près de 300 ans plus tôt ont envahi ces régions ou d'une interprétation abusive?
On pourrait avoir des exemples ?
Salut,
Autre problème d’ecphrasis. Lucien de Samosate -------------------------------------------------------------------------------- Zeuxis ou Antiochus 1. Dernièrement, après vous avoir récité un discours, je retournais à ma demeure, lorsque plusieurs de ceux qui m'avaient entendu — rien ne m'empêche de vous raconter ce fait, à vous qui êtes déjà mes amis — m'abordèrent avec politesse et d'un air qui témoignait de l'admiration. Ils m'accompagnèrent assez longtemps, poussant des cris, se répandant en éloges, au point de me faire rougir, dans la crainte que ces éloges ne fussent pas mérités. Mais ce qui surtout excitait leur enthousiasme, c'était la singularité de mes compositions et la nouveauté de ma manière d'écrire. Rapportons quelques-unes de leurs exclamations : « Que cela est neuf ! disaient-ils ; Par Hercule ! quel tour original ! L'habile homme ! On n'a jamais fait entendre semblable langage ». Voilà ce qu'ils disaient, et autres choses pareilles, encore tout émus de ma lecture. Et quel motif auraient-ils eu de déguiser leurs sentiments et de flatter un étranger qui, dans tout le reste, doit leur être complètement indifférent ? 2. Eh bien, je l'avouerai, ces louanges me firent beaucoup de peine. Aussi, lorsqu'ils se furent retirés et que je me trouvai seul, je me dis à moi-même : « Quoi donc ? mes écrits n'ont d'autre agrément que leur singularité, d'autre mérite que de sortir de la route ordinaire ? Et cet heureux choix d'expressions, dont les écrivains anciens nous ont laissé le modèle, cette vivacité de pensées, cette finesse d'imagination, cette grâce attique, cette harmonie, l'art enfin qui résulte de toutes ces qualités, manque-t-il donc à mes œuvres ? Si cela n'était, on ne se serait pas contenté de louer la nouveauté et l'étrangeté de ma composition. Insensé, qui m'étais imaginé que, quand les auditeurs se lèveraient pour applaudir, ce ne serait pas la nouveauté seule qui les enchanterait, suivant cette parole d'Homère : Toujours un nouveau chant fait plaisir aux oreilles (Od. I, 351), mais que, quel que fût ce mérite, je pouvais me flatter de ne le voir considérer que comme un accessoire, un simple ornement, qui contribuait à la perfection du reste, tandis qu'on louerait, avant tout, et qu'on estimerait dans l'auditoire les autres qualités dont j'ai fait mention ! » Aussi, grande était déjà ma fierté : j'étais sur le point de croire à ce que j'entendais répéter ; à savoir que j'étais unique dans mon genre parmi les Grecs, et autres compliments semblables. Mais, comme on dit, mon trésor s'en est allé en charbons, et peu s'en faut que je ne sois loué tout simplement comme une espèce de charlatan. 3. Je veux donc, à ce propos, vous raconter ce que fit un peintre en pareille circonstance. Le fameux Zeuxis, cet admirable artiste, n'exerçait jamais son talent sur des sujets communs ou vulgaires ; il était rare, du moins, qu'il peignît des héros ; des dieux, des batailles ; il cherchait toujours quelque chose de nouveau, une conception extraordinaire et étrange, et c'était là qu'il déployait toute la puissance de son talent. Parmi les oeuvres les plus hardies de Zeuxis, on peut citer le tableau qui représente une hippocentaure femelle, allaitant deux petits qui viennent de naître. Athènes en possède aujourd'hui une copie fort exacte : l'original fut, dit-on, envoyé à Rome par Sylla, général des Romains ; mais on raconte que le vaisseau qui transportait ce tableau périt, ainsi que le tableau même, à la hauteur du cap Malée. Je vais cependant essayer de vous donner une idée de la copie, que j'ai eue dernièrement sous les yeux ; non que je sois, ma foi, bon connaisseur en peinture, mais parce que j'en ai le souvenir bien présent, pour l'avoir vue à Athènes chez un peintre. La vive admiration dont m'a frappé alors ce chef-d'oeuvre m'en facilitera beaucoup maintenant la description. 4. Sur un épais gazon est représentée la centauresse : la partie chevaline de son corps est couchée à terre, les pieds de derrière étendus ; sa partie supérieure, qui est toute féminine, est appuyée sur le coude ; ses pieds de devant ne sont point allongés comme ceux d'un animal qui repose sur le flanc, mais l'une de ses jambes, imitant le mouvement de cambrure d'une personne qui s'agenouille, a le sabot recourbé ; l'autre se dresse et s'accroche à la terre, comme font les chevaux quand ils essayent de se relever. Elle tient entre ses bras un de ses deux petits et lui donne à téter, comme une femme, en lui présentant la mamelle ; l'autre tète sa mère à la manière des poulains. Vers le haut du tableau, est placé, comme en sentinelle, un hippocentaure, époux, sans nul doute, de celle qui allaite les deux petits : il se penche en souriant. On ne le voit pas tout entier, mais seulement à mi-corps. De la main droite, il tient un lionceau qu'il élève au-dessus de sa tête, et semble s'amuser à faire peur aux deux enfants. 5. Toutes les autres beautés de ce tableau, qui échappent en partie à l'oeil d'un ignorant tel que moi, bien qu'elles réalisent la perfection de la peinture, je veux dire la correction exquise du dessin, l'heureuse combinaison des couleurs, les effets de saillie et d'ombre ménagés avec art, le rapport exact des parties avec l'ensemble, l'harmonie générale, je les laisse à louer aux fils des peintres, qui ont mission de les comprendre. Pour moi, j'ai surtout loué Zeuxis pour avoir déployé dans un seul sujet les trésors variés de son génie, en donnant au centaure un air terrible et sauvage, une crinière jetée avec fierté, un corps hérissé de poils, non seulement dans la partie chevaline, mais dans celle qui est humaine. A ses larges épaules, à son regard tout à la fois riant et farouche, on reconnaît un être sauvage, nourri dans les montagnes, et qu'on ne saurait apprivoiser. 6. Tel est le centaure. La femelle ressemble à ces superbes cavales de Thessalie, qui n'ont point encore été domptées et qui n'ont pas fléchi sous l'écuyer. Sa moitié supérieure est d'une belle femme, à l'exception des oreilles qui se terminent en pointe comme celles des Satyres : mais le mélange, la fusion des deux natures, à ce point délicat où celle du cheval se perd dans celle de la femme, est ménagée par une transition si habile, par une transformation si fine, qu'elle échappe à l'oeil et qu'on ne saurait y voir d'intersection. Quant aux deux petits, on remarque dans leur physionomie, malgré leur tout jeune âge, je ne sais quoi de sauvage mêlé à la douceur ; et ce qu'il y a d'admirable, selon moi, c'est que leurs regards d'enfant se tournent vers le lionceau, sans qu'ils abandonnent la mamelle et sans qu'ils cessent de s'attacher à leur mère. 7. Zeuxis, en exposant ce tableau, crut que son talent allait enlever tous les spectateurs : et, en effet, ils se récrièrent ; car que faire autre chose à la vue d'un pareil chef-d'œuvre ? Mais ils ne louaient tous que ce que vous avez aussi applaudi en moi, l'étrangeté de l'invention, l'idée singulière d'un tableau traité comme on n'en avait point encore vu. Aussi, Zeuxis s'apercevant que cette nouveauté seule les occupait, et ne leur faisait considérer que comme un accessoire l'art exquis des détails : « Allons, Micion, dit-il à son élève, roule cette toile et reportons-la chez nous. Ces gens-là ne louent que la boue du métier ; ils ne se soucient pas de l'essence même du beau, de ce qui fait l'art réel ; le talent de l'exécution disparaît à leurs yeux devant la singularité du motif ». 8. Ainsi parla Zeuxis, avec un peu trop de dépit peut-être. Antiochus, surnommé Soter, eut une aventure à peu près semblable, dans sa bataille contre les Galates. Si vous voulez, je vais aussi vous la raconter. Sachant qu'il avait affaire à des hommes braves, et les voyant supérieurs en nombre, formés en phalange serrée, se développant sur un front de bataille de vingt-quatre hoplites de profondeur, tous couverts de leurs boucliers et de cuirasses d'airain, flanqués de vingt mille hommes de cavalerie sur chaque aile ; au centre, quatre-vingts chars armés de faux tout prêts à s'élancer, et deux fois autant de chars attelés de deux chevaux ; Antiochus, dis-je, voyant tout cela, se crut perdu, et regarda cette armée comme invincible, d'autant que la sienne avait été levée à la hâte, sans grandeur dans ses proportions mesquines ; bataillons peu nombreux, composés presque tous de peltastes et de troupes légères : les vélites formaient la plus grande partie de son armée. Déjà il songeait à un accommodement et à quelque moyen honorable de terminer la guerre, lorsque Théodotas de Rhodes, brave capitaine, tacticien consommé, ne voulut point qu'en sa présence on désespérât du succès. 9. Antiochus avait seize éléphants : Théodotas ordonne de les cacher, de les dérober le plus possible à la vue des ennemis ; puis, quand on sonnera la trompette, que la mêlée commencera, qu'on en viendra aux mains, que la cavalerie des Galates se mettra à charger, et que leur phalange, en s'ouvrant, livrera passage aux chars poussés en avant, alors quatre des éléphants s'élanceront sur chacune des divisions de la cavalerie ennemie, et les huit autres sur les chars armés de faux ou traînés par deux chevaux. « Ce sera, disait-il, le moyen d'effrayer les chevaux des Galates, qui se jetteront, en fuyant, sur leur infanterie ». Ce fut ce qui arriva. 10. Les Galates et leurs chevaux, n'ayant jamais vu d'éléphants, sont si épouvantés de ce spectacle inattendu, que, loin même de ces animaux, au seul bruit de leurs cris, à la vue de leurs défenses, dont la blancheur était relevée par la couleur noire de leur corps, à l'aspect de leurs trompes dressées et menaçant de saisir ce qu'ils pourraient rencontrer, ils lâchent pied avant qu'on en vienne à une portée de trait, et s'enfuient en désordre : les fantassins s'entre-percent de leurs lances, et sont foulés aux pieds des cavaliers, qui se ruent sur eux de toute leur vitesse ; les chars, retournés contre leur propre parti, ensanglantent leur passage, et, comme dit Homère, Ils tombent, et tombant roulent avec fracas.(Il. XVI,379). Les chevaux, une fois lancés hors de leur route et ne pouvant tenir contre les éléphants, jettent à bas leurs conducteurs, Traînent par les sentiers le char vide et sonore, (Il. XI, 460), coupent et déchirent avec les faux ceux mêmes de leurs amis qui sont renversés : or, combien n'y en avait-il pas de gisants au milieu de cet affreux tumulte ! Cependant les éléphants poursuivent leur course, écrasant sous leurs pas, lançant en l'air avec leurs trompes, et perçant de leurs défenses tout ce qu'ils rencontrent ; en un mot, ils font remporter à Antiochus une victoire complète. 11. La plupart des Galates périssent dans un immense carnage, quelques-uns sont faits prisonniers ; le reste, en petit nombre, se sauve à travers les montagnes. Tous les Macédoniens, qui servaient sous Antiochus, chantaient le péan de triomphe ; ils entouraient le roi, en jetant de grands cris et en lui présentant des couronnes ; mais lui, les larmes aux yeux, dit-on : « Rougissons, soldats, s'écria-t-il, de devoir notre salut à seize éléphants. Si l'étrangeté de cette vue n'avait frappé de terreur nos ennemis, que serions-nous devenus contre eux ? » Il ordonna même que sur le trophée l'on ne gravât que la figure d'un éléphant. 12. C'est à moi maintenant de prendre garde à ne point avoir, comme Antiochus, un appareil insignifiant de bataille, mais je ne sais quels éléphants, des épouvantails nouveaux aux spectateurs, de véritables tours de force : c'est en effet là ce qui ravit leurs suffrages, tandis qu'ils ne font aucun cas des parties sur lesquelles j'avais compté. Un tableau qui représente une centauresse les frappe d'admiration, et leur paraît, comme il l'est d'ailleurs, une merveille singulière et nouvelle. Mais quoi donc ! est-ce en pure perte que Zeuxis aura travaillé le reste ? Non, sans doute ; car vous êtes de bons juges en fait de peinture, vous connaissez les règles de l'art, pourvu que les oeuvres qui vous sont offertes soient dignes du théâtre où elles se produisent. Traduction d'Eugène Talbot (1857) A+
DT, merci pour le texte et l'éléphant ...
![]() Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
J'en avais des photos, je ne les trouve plus. Il semble que trois de ces têtes soient exposées au Musée Guimet et proviendraient d'Afghanistan. Sur le lien ci-joint elles sont nommées "tête de Gaulois" et sont en stuc. http://www.museeguimet.fr/documents/DPafghanistan.pdf
Je pense que je peux moi même répondre à ma question en fait... Ces sculptures semblent dater du IIe ou IIIe s. ap. J.-C., ce qui, à moins que ces gaulois ne leur aient laissé un souvenir vivace, me paraît assez peu sérieux. Je pense que les bodhisattvas "à moustaches" répertoriés dans certaines collections sont peut-être nos "Gaulois d'Afghanistan"...Autrement il semble que ce ne soient que des surnoms donnés à ces sculptures.
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