Hello,
Une question me travaille : les ex-voto anatomiques sont-ils gaulois ou importés?
Les auteurs ne semblent pas pouvoir trancher!
S'ils sont importés, par où?
Merci
A+
Lopi
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Ane atomiqueModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
8 messages • Page 1 sur 1
Ane atomiqueHello,
Une question me travaille : les ex-voto anatomiques sont-ils gaulois ou importés? Les auteurs ne semblent pas pouvoir trancher! S'ils sont importés, par où? Merci A+ Lopi
Bonsoir Lopi,
Ta question est difficile, car ambigüe. Les Gaulois n'ont pas constitué une "nation" au sens moderne du mot. Donc, la qualification d' "Etranger" peut à la fois désigner quelqu'un qui n'est pas Gaulois (au sens "celtique" du terme), ou qui est "étranger à la cité" gauloise servant de référence. Par exemple : si un Germain est un étranger par rapport à un Belge, un Picton est aussi un étranger pour un Biturige. Comme chez nous, en Petite Bretagne, être de Tonquédec est totalement ( !) différent d'être de Ploubezre (distance 5 km, en traversant le ricière). Aussi, peux-tu resserrer ta question ? JC Even "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Hello,
Euh définir le fait d'être Gaulois? Callimaque, (Hymne à Délos, IV, 184) « peuple en délire ». Strabon "A la simplicité et à l'exubérance des Gaulois s'ajoutent beaucoup d'irréflexion, beaucoup de vantardise et une grande passion de la parure"(IV, 4, 5). J'suis émigré en pays léonard, je m'y retrouve.... Bon, parlons par exemple des Arvernes alors. Les découvertes de Chamalières sont un peu déconcertantes. Des plaques votives avec des organes figurés. On connait des ex-voto anatomiques en Italie. Certains auteurs affirment même que le hiatus chronologique entre les derniers ex-voto anatomiques romains et les premiers ARVERNES n'est pas si important qu'on le pensait. Dans ce cas, comment peut-on envisager l'importation d'un rituel de ce genre ? C'est le sens de ma question A+ Lopi
Bonsoir
Je n'en sais diantre rien mais c'est une pratique qui est encore très vivante en Grèce et aussi en amérique du Sud qui on le sait a été colonisée en grande partie au début 19° par des italiens du Sud. Sais pas pour les hispaniques... Indices à fond dans le hiatus chronologique qui me ferait dire la Grande Grèce... Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Salut Lopi,
Je te cite : "Certains auteurs affirment même que le hiatus chronologique entre les derniers ex-voto anatomiques romains et les premiers ARVERNES n'est pas si important qu'on le pensait. Dans ce cas, comment peut-on envisager l'importation d'un rituel de ce genre" ************ Entre les romains et les Arvernes, il y a le Rhône, la vallée du rhône, et les établissements grecs de Marseille et des environs. Voir donc si le rapport n'est pas plutôt avec les Grecs d'Italie et du golfe (Nikaeia, Antipolis, Massallia, Theline/Rhoudanosia/Arles, etc ...) que des "Romains" proprement dits, du Latium, voir des Etrusques et autres voisins italiotes du Latium. Après tout, on peut aussi entrevoir l'intéret des Grecs pour les sources de la Loire, de l'Allier, et des autres rivières ou fleuves des environs, ne serait-ce que par recherche de voies commerciales. Sait-on de quelle(s) origine(s) sont les ex-voto découverts aux sources du Sequana / Seine ? JC Even "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Hello,
effectivement les ex-voto retrouvés à Chamalières sont assez similaires à ceux des sources de la Seine. Ils sont tous datés de la première moitié du 1er siècle pjc. En 1643, le poète et académicien français Saint-Amant, familier du salon de Madame de Rambouillet, fit passer le terme ex-voto dans la langue française. Il procéda en une abréviation de ex-voto suscepto, "suivant le voeu fait". Ainsi, offrir un ex-voto à une divinité est un témoignage de reconnaissance pour la réalisation d'un voeu. Le terme ex-voto anatomique [/i]désigne les représentations de membres et d'organes externes ou internes offerts aux divinités à qui était attribuée une certaine compétence salutaire. Le support de telles représentations pouvait être la pierre, le métal ou le bois, mais aussi pour la Grèce et l'Italie romaine, la terre cuite. Les ex-voto anatomiques sont des offrandes typiques des sanctuaires thérapeutiques grecs dédiés à Asclépios et aux divinités de son cercle. On possède des inscriptions qui dressent la liste des dons votifs de l'Asclépiéion d'Athènes (filiale de celui d'Epidaure) : de la tête aux pieds, des yeux (de loin les plus fréquents) aux doigts et aux orteils, toutes les pièces d'anatomie externes (et quelques-unes internes) sont présentes. O.de Cazanove Lattes p 107. En 291 av. J.-C, lors d'une épidémie à Rome, le Sénat romain envoya une ambassade à Epidaure et décida de rendre un culte au dieu invoqué dans ce haut lieu de la médecine, Asclépios, qui fut latinisé en Esculape. Les pratiques médicales et votives furent également importées, notamment cette pratique de l'ex-voto anatomique, « substitut imager à la classique inscription commémorative de la guérison. Substitut d'autant plus efficace et parlant qu'une partie du public qui fréquentait ces sanctuaires ne devait pas savoir lire, ou bien peu » O.de Cazanove Sanctuaires et ex-voto salutaires de l'Italie romaine Lattes p 108 Le sanctuaire d'Asklépios sur l'île tibérine sera ainsi l'objet de pratiques votives de ce genre Joël Le Gall Le Tibre : fleuve guérisseur pp 16-21 IVe au début du Ier siècle Ces pièces ne sont pas des fidèles reproductions anatomiques mais sont très stylisées on retrouve des mains, des pieds (surtout), des thorax ouverts (avec incision chirurgicale en amande et visualisation des organes internes) Cette pratique va se diffuser de façon très importante en Italie au IIIe siècle av. J.-C, mais pas forcément à partir de Rome puisque des ex-vto miniatures en bronze retrouvés en Etrurie témoigne d'une diffusion des cultes médicaux grecs avant son introduction à Rome. Ex-voto spécifiquement italique vallée d'Ansanto, près de Rocca San Felice (province d'Avellino en Campanie) statuettes en terre cuite, petits bronzes, fibules et représentation de personnage en pied dont le corps est limité à une simple planche datés du Ve au IIIe siècle avant J.-C. S.Deyts pp 183-185 (Voir les hypothèses de la propagation de la pratique votive de l'ex-voto anatomique en Italie romaine dans O.de Cazanove Sanctuaires et ex-voto salutaires de l'Italie romaine Lattes pp 107-115 avec carte de répartition) De plus, on retrouve en Italie romaine ce type votif dans des sanctuaires pas uniquement consacré à Esculape, mais à des divinités variées Vénus, Diane, Junon, Minerve, Jupiter, Hercule... Toutes ces représentatins votives seront mises au rebut vers le IIe siècle avant J.-C. (selon P.Pensabene, la fin du phénomène des ex-voto en Italie romaine serait une conséquence de l'appauvrissement de l'Italie après les guerres puniques (Doni votivi fittili di Roma : contributo per un inquadramento storico, in Archeologia Laziale, II, Rome, 1979, pp 203-222) Ainsi, les ex-voto romains semblent bien antérieurs à leur homologue transalpins. Toutefois, « le hiatus chronologique entre les deux groupes est peut-être moins profond qu'il n'y paraît ». O.de Cazanove Ex-voto de l'Italie républicaine : Sur quelques aspects de leurt mise au rebut pp203-214 En effet, les représentations votives des enfants en langes du dépôt de la porte nord de Vulci sont datés entre le début du IIe av. J.-C et la première moitié du Ier siècle ap J.C, donc en pleine époque impériale pour la fin du dépôt. Mais ce sont des réprésentations d'enfants emmaillotés et non des membres ou des organes. A+ Lopi
Dès l'âge de bronze en crète :
" De véritables villes, succédant aux communautés proto-urbaines de l’époque précédente, entourent les palais; ailleurs, les sites d’habitat se multiplient, et le développement rapide d’agglomérations secondaires est particulièrement net autour de Cnossos, dans la région du golfe de Mirabello (Gournia) ainsi qu’à l’extrémité est de la Crète (Palaikastro). De nouveaux lieux de culte apparaissent: à côté de sanctuaires palatiaux ou urbains, des «sanctuaires de sommet», aménagés au sommet de collines ou de montagnes, particulièrement nombreux dans la Crète de l’Est, ont livré de très nombreuses figurines humaines ou animales et des ex-voto de guérison, comme à Petsofa près de Palaikastro. Objets et symboles cultuels se multiplient dans les différents lieux de culte (doubles haches, cornes de consécration). Les sépultures individuelles, inhumations dans des jarres ou dans des sarcophages en argile, font leur apparition dans les nécropoles. " En Egypte : " Les continuités pèlerines Ainsi se trament et s’établissent, dans le culte pèlerin, des liens avec le lieu sacré. Quelle qu’ait été en ce lieu l’intensité personnelle du vécu, le pèlerin doit y garder une présence physique jusque dans l’absence corporelle. Les stèles abydéniennes représentaient peut-être déjà autant de conjurations d’attente de pèlerins qui avaient pris leur place en Abydos pour devenir, après leur mort, d’autres Osiris. Infiniment plus modestes, mais scellant par les seuls noms écrits une indissoluble alliance, sont les innombrables graffiti qui recouvrent les murs des sanctuaires de pèlerinage. Écrire son nom en un endroit du lieu sacré demeure une forme de présence, d’une présence qui dure plus que la brièveté d’une vie – «à jamais», disent déjà d’humbles inscriptions populaires de l’Égypte ancienne – et qui fait du graffito une supplique ou une certitude d’immortalité. Du moins celui-ci établit-il un lien: rentré chez lui, le pèlerin sait que son nom est là -bas, en vertu d’une signature qui engage, même – et parfois surtout – si elle s’inscrit au lieu sacré en un tout autre système de signes que ceux de l’écriture.../... Plus profonde et plus brute, plus ancienne aussi, est l’autre vertu des ex-voto, que gardent encore quelque peu ceux qui sont historiés, mais qu’expriment surtout les ex-voto anatomiques qu’on trouve dans de très anciennes cultures et qui survivent ici ou là , aujourd’hui. Ces représentations grossières de telle ou telle partie du corps, regroupées autour du locus sacral, auquel elles donnent parfois l’étrangeté d’un laboratoire de dépeçage anatomique, trouvent leur sens et leur vertu dans un rite d’exorcisme: le mal du membre atteint est désormais remis, dans une extraversion de délivrance, à la puissance guérisseuse; celle-ci a pris sur elle le mal, d’autant plus sûrement que le membre ou l’organe malade figurent maintenant auprès d’elle, dans une représentation in vivo . Les plus anciennes pratiques connues d’ex-voto procèdent de cette certitude libératrice. Elles attestent aussi, de la façon la plus expressive, ce caractère qu’a l’ex-voto d’établir un lien avec la vie et un lien de vie entre le locus sacral et le miraculé, car rien ne fixe plus la présence que l’image, même schématique, d’une partie de soi-même: les photographies que l’on trouve fort nombreuses parfois dans tel sanctuaire guérisseur le confirment, dans le langage d’aujourd’hui. " Alphonse Dupront, E.U. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
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