Des résurgences gauloises ?

[Jacques]

Trouvé sur wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Vannes :

Aux IIIe et IVe siècles, comme beaucoup de métropoles régionales, Darioritum change son nom et prend celui du peuple dont elle est la capitale. Ces mutations toponymiques sont intervenues à une époque où la solidité de l'empire romain s'effondrait. On observe alors, entre autres éléments significatifs, une renaissance des antiques divinités gauloises locales dans les sculptures religieuses et les inscriptions dédicatoires. Le changement de nom de cité relève sans doute un phénomène du même ordre, lié à une résurgence des vieux sentiments d'appartenance ethnique des tribus gauloises.

Mes commentaires : La Notitia Provinciarum Galliae date d'environ 400 ap. JC, si je suis bien informé. C'est là qu'on trouve les noms des civitates qui vont donner leur nom à nos chef-lieux modernes de départements. Appellations rapportées dans un document officiel, faisant suite à des toponymes plus anciens. Rien ne dit que les noms anciens n'ont pas subsisté plus longtemps dans l'usage populaire, ou que ces nouvelles appellations ne sont pas antérieures à la rédaction de la Notitia.
Pour les deux autres points, renaissance des divinités gauloises et résurgence de sentiments d'appartenance ethnique, j'attends des avis éclairés.
Vos commentaires ?

[Kambonemos]

Bonjour,

L'adoption par les Gaulois de la langue et des usages de l'envahisseur avait pour eux valeur de promotion sociale; cependant la crise économique qui frappe l'Empire dès le IIe s. et s'accentue jusqu'au Ve s., laisse beaucoup de Gallo-Romains sur la touche, provoquant l'apparition des fameux Bagaudes.

De plus, les progrès de la romanisation ont pu à certains endroits et à certaines périodes, être très faibles notamment dans le domaine des croyances relgieuses ; je pense par exemple, au camp de la Bure (Vosges) où cela a été démontré...

Les deux facteurs, "déromanisation" d'une catégorie de la population d'une part et faible pénétration de l'influence culturelle d'autre part, pourraient expliquer tant d'un point de vue historique qu'archéologique, la sensation d'une résurgence ou d'une renaissance d'un sentiment d'appartenance ethnique de nos Gaulois dans un Empire romain en perdition...

[Thierry]

Pas de résurgence, plutôt une permanence, les civitates sont un calque des peuples de l'indépendance qui n'ont jamais cessé pendant les cinq siècles suivants de se dénommer et d'être dénommés toujours de la même façon, signe évident des limites de la "romanisation". Tout comme la persistance de la divinité familière de la teuta dans chaque sanctuaire des Gaules, tout comme la permanence, la continuité très courante de la localisation des lieux de cultes....

Quant au Gaulois, une chose est sûre, c'est que c'est à l'époque "romaine" qu'on l'a écrit.....

Les crises économiques et politiques du III° siècle ont, c'est certain un impact considérable et marquent, physiquement, l'amorce d'un repli sur soi, mais le "soi" n'a jamais été très loin.