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Pîtres, Orival, RouenModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Pîtres, Orival, RouenEt si Corent, Gondole, Gergovie ou encore Paris, Nanterre, Bobigny nous ramenaient en définitive à une structuration assez commune de l'occupation humaine à la fin de l'âge du fer....?
Et si le schéma de gigantesques structures spatiales, combinant des occupations successives et alternées d'oppidum et un complexe défensif et nourricier global permettait de résoudre de mesquines querelles de clocher typiques de notre "modernité" et notre incapacité à comprendre des temps très éloignés.... Je vais évidemment très vite en besogne mais des extraits de l'excellent catalogue de la récente exposition tenue au Musée Départementale des Antiquités de Seine Maritime "Les Gaulois face à Rome - La Normandie entre deux mondes" (Pierre, je suis désolé, je pense à toi mais c'est la file d'attente au guichet qui me bloque, mais c'est pour bientôt - Noêl , promis) me font penser à souligner cette hypothèse. Les comptes rendus de ce catalogue, reflet de cette exposition, sont basés sur les découvertes archéologiques nombreuses réalisées (pas forcément récemment) dans la région et plus particulièrement en vallée de Seine. On a repéré depuis le XIX° siècle, une levée de terre barrant toute la boucle du Rouvray (cad aujourd'hui toute l'agglomération sud de Rouen). Il est acquis également depuis longtemps que ce "rempart", rejoint ceux d'un opidum identifié à Orival. Or ces sites ont fait l'objet récemment de nouveaux examens dont voici les conclusions : Ce barrage du Rouvray et le rempart inférieur de l'oppidum présentent des morphologies similaires et une cohérence d'orientation certaine dans leur tracé sud-est......C'est après le méandre de Jumièges, situé en aval, la seconde grande boucle de la Seine dotée d'une structure barrant son isthme, ici, sur près de 4 kms. Ces nouvelles données nous amènent à revoir la question des antécédents de l'agglomération antique de Rouen.....Si la nécessité d'un antécédent Laténien est incontournable, ce rôle ne peut il être rempli par l'oppidum d'Orival ? Ce dernier......regarde vers l'Est c'est à dire vers en direction de la grande confluence Seine-Eure-Andelle, c'est à dire vers Pîtres En regardant la carte on s'aperçoit que les trois sites, le Rouen augustéen, Orival et Pîtres forme un triange presque régulier de quinze kilomètres de côtés... La petite et paisible commune de Pîtres est connue pour son rôle à l'époque carolingienne. Elle est aussi un peu connue pour sa légende des Deux Amants et de son Roi. Elle l'est nettement moins pour être le coeur reconnu d'une intense présence et activité humaine depuis le néolithique. Elle est aussi désormais identifiée pour avoir été une agglomération gallo romaine et depuis peu....une zone d'habitat à la Tène finale... A la fin de l'âge du fer, au regard de l'ensemble des découvertes réalisées, Pîtres et la confluence Seine Eure Andelle semblent jouir d'une position économique privilégiée... A la confluence même de l'Andelle se trouve la commune de Radepont - Ritumagos dont la proximité avec Rouen n'est pas que géographique.... La cohérence des occupations humaines sur ce territoire qui trouve son prolongement jusqu'au Sud de Rouen témoigne de l'évolution de ce qui a peut être toujours été le coeur de la cité Véliocasse. Où et quand ?
Re: Pîtres, Orival, Rouen
Bonjour, L'hypothèse est intéressante ; il en va de de même en ce qui concerne la permanence de l'occupation du site de Pîtres, à l'instar de ce qui s'observe par exemple au Yaudet en Ploulec'h (cf. le fil de discussion sur les cités armoricaines du VIe siècle) ou encore à Locmariaquer. L'étape mérovingienne paraît cependant moins bien connue à Pîtres que l'Antiquité tardive ou l'époque carolingienne. Il est, je crois, question d'un toponyme Pistus, à lire peut-être Pictus dans un diplôme de Clotaire III, mais il s'agit peut-être d'un autre lieu que Pîtres. D'autre part il y a bien une mention explicite de Pîtres (per lympham Sequanae, retrorsum incedens usque ad locum qui dicitur Pistas accedat) dans la vita de saint Condedus que connaît bien Patrice [Lajoye] ; mais la date de cet ouvrage n'est pas connue avec certitude. A télécharger en ligne le mémoire de Claire Beurion et la synthèse de la DRAC. André-Yves Bourgès
http://www.hagio-historiographie-medievale.org
Re: Pîtres, Orival, RouenSalut à tous,
Si l'on rapporte cette structure aux grands espaces du Far West lémovice : on obtient l'oppidum de Villejoubert Saint-Denis-des-Murs à l'est (Haute-Vienne), l'agglomération ouverte de Saint-Gence à l'ouest (Haute-Vienne) et le sanctuaire de Tintignac Naves au sud (Corrèze) et vacances en Creuse, vacances heureuses... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Re: Pîtres, Orival, Rouen
Que veut tu dire Sed ? Quelles distances y'a t'il entre ces différents sites du far west ? Y'at'il un ordonnancement cohérent et de vastes structures défensives naturelles ou pas qui les relient ? La réflexion menée au sujet des structures de la vallée de la Seine évoquées plus haut est hypothétique mais part d'un cumul de données concrètes (présence de gigantesques structures défensives favorisées par le cours du fleuve, présence humaine nombreuse avérée, existence d'une monnaie frappée au nom du lieu, densité très importante de découvertes dans le périmètre et à proximité (entre autres casque d'Amfreville, tombe à char de Belbeuf, demeure aristocratique de Mesnil-Esnard, Nécropole de Bois-Guillaume, habitats à Pitres.....)) Maintenant ma propre réflexion générale sur les structures proto urbaines de la fin de l'âge du fer est très hypothétique mais elle est provoquée par ce constat de la présence, dans plusieurs cas, de successions d'oppida relativement rapprochés et liés dans le temps et l'espace; idée par ailleurs renforcée par le gigantisme avéré de certaines structures repérée en Allemagne. Où et quand ?
Re: Pîtres, Orival, RouenBonjour Thierry,
Citation: "Or ces sites ont fait l'objet récemment de nouveaux examens dont voici les conclusions : Ce barrage du Rouvray et le rempart inférieur de l'oppidum présentent des morphologies similaires et une cohérence d'orientation certaine dans leur tracé sud-est......C'est après le méandre de Jumièges, situé en aval, la seconde grande boucle de la Seine dotée d'une structure barrant son isthme, ici, sur près de 4 kms. Ces nouvelles données nous amènent à revoir la question des antécédents de l'agglomération antique de Rouen.....Si la nécessité d'un antécédent Laténien est incontournable, ce rôle ne peut il être rempli par l'oppidum d'Orival ? Ce dernier......regarde vers l'Est c'est à dire vers en direction de la grande confluence Seine-Eure-Andelle, c'est à dire vers Pîtres En regardant la carte on s'aperçoit que les trois sites, le Rouen augustéen, Orival et Pîtres forme un triange presque régulier de quinze kilomètres de côtés..." Cela rejoint mes modestes thêmes de réflexion. gg
Re: Pîtres, Orival, RouenSalut à tous,
Je blaguais en partie : les distances sont assez grandes entre St Gence et Tintignac, il faut environ 1h30 de char avec beaucoup de 4 voies entre les deux sites. Pour le Limousin, je comptais 10 forteresses dans mon article du printemps 2004 auxquelles il faut rajouter le sanctuaire de Tintignac, découvert vers septembre 2004 et probablement le site de Cinturat, commune de Cieux (Haute-Vienne) en allant vers la Charente limousine toponyme que l'on peut interpréter comme la "première forteresse". Cinturat est surtout connu pour son menhir de 7m de haut associé à des légendes concernant la Vierge et les Anglais. L'été 2006, une dame âgée m'a raconté une histoire de veau d'or et d'Anglais à propos de la "carrière" de Tintignac. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Re: Pîtres, Orival, RouenBonjour,
Uuh, ça commencerait comme un conte que ça ne m'étonnerait pas... Est-ce qu'il y a une poèle à frire dans l'histoire ? @+
Re: Pîtres, Orival, RouenSalut,
Je ne pense pas que la dame en question soit une adepte du déminage ; en revanche elle m'a expliqué que la carrière était le terrain de jeu des enfants comme ce fut souvent le cas ailleurs notamment à Chassenon. Quant aux histoires de veau d'or et d'Anglais, on en trouve partout en France et en particulier en Haute-Bretagne, si j'en crois les récits collectés au XXe siècle par Albert Poulain. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Re: Pîtres, Orival, RouenJustement, dans mon coin de Haute Bretagne, mon grand-père racontait que le proprio d'une forêt avait cherché un veau d'or dans un puits de ruines médiévales (le "Vieux-Château") sises dans cette forêt (si le fait est avéré -avant 1914? -, un beau saccage de restes archéologiques). Il me semble aussi qu'il disait qu'on avait beau boucher le trou, le lendemain, il était encore béant.
L'importance des talus et terre-pleins des alentours de ces ruines me fait penser que peut-être ces excavations et terrassements remontent plus haut que le Moyen Age (site d'extraction de minerai de fer ou site de transformation de ce minerai ?, le minerai de fer était encore extrait au 20e s. dans la région). gg
Re: Pîtres, Orival, RouenBonjour,
L'expression "chercher le veau d'or" peut avoir signifié dans les temps anciens "chercher Midi à 14 heures". Ceci bien sûr en relation avec la Bible, l'aventure de Moïse et ce genre de choses que pouvaient en dire les curés pour instruire leurs ouailles. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Re: Pîtres, Orival, RouenJe ne sais si les exemples de successions rapprochées et d'occupations successives d'oppidum sont à rapprocher du gigantisme avéré de certaines structures, mais dans le cas présent, ce qui est curieux est de trouver à la fois des sites rapprochés à la trace d'une structure défensive de taille démesurée, en l'occurence un méandre barré.
Je ne peux pas m'empêcher de penser aux très grands oppida d'Allemagne, et notamment le plus important, le plateau fortifié de Heidengraben près de Grabenstetten qui présente une étendue de 1500 ha. Certes ce site présente un noyau central de 150 ha et la majeure partie de la surface globale défendue ne correspond pas à une idée d'urbanisation mais on peut se poser la question de savoir pourquoi a t'on éprouvé de défendre et d'organiser de si vastes espaces. Où et quand ?
Re: Pîtres, Orival, RouenSalut,
L'oppidum allemand dont tu parles me rappelle un site mentionné par Jean-Paul Guillaumet lors d'une conférence : un grand plateau fortifié avec une route unique traversant le plateau et l'oppidum ce qui obligeait le marchands à s'acquitter des droits de péage et de bénéficier de la protection de l'oppidum. J'ai le catalogue Les Gaulois face à Rome, il est magnifique. La Normandie gauloise et gallo-romaine est riche en agriculture, en habitats, en nécropoles qui ont légué beaucoup de céramiques et d'armement (Pîtres notamment), de monnaies et toutes sortes d'objets métalliques et autres. J'ai été surpris de découvrir que Notre-Dame-du-Vaudreuil a changé de nom : je croyais avoir découvert un autre casque de "type Alésia" mais c'était celui de cette nécropole découverte en 1846 et refouillée en 2005. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Re: Pîtres, Orival, RouenJe ne connais pas assez bien la géographie des lieux de l'oppidum allemand (au nom si difficile à mémoriser) en question mais il s'agit tout de même d'un plateau assez élevé (700mètres) avec seulement trois accès possibles...Etape, refuge, péage? Il n'a semble t'il jamais fait l'objet de fouilles exhausitives en dehors de ses portes fortifiées. Il s'agit tout de même en superficie - du plus grand site celte connu....
Le site de Kelheim sur le Danube, lui aussi gigantesque, semble beaucoup plus correspondre à l'idée de contrôle et de péage et pourrait présenter des analogies avec ce qu'on trouve en Vallée de Seine...A creuser. Val de Reuil - ville nouvelle - projet pharaonesque des années 1970, quand nos édiles parisiano-centristes prévoyaient déjà de faire une grande avenue depuis les Champs Elysées jusqu'à la Porte Océane du Havre. En fait, je crois que les prétentions délirantes des parisiens sur le val de seine n'ont jamais cessé depuis plus de 2000 ans - Jusqu'à présent, ils n'ont jamais réussi qu'à débaptiser le Vaudreuil et à étendre de quelques kilomètres la riante banlieue nord de Paris. Les Véliocasses ont toujours tenu bon, mais pour combien de temps ? Où et quand ?
Re: Pîtres, Orival, RouenJe reviens sur l'oppidum de Kelheim, situé en Bavière...
C'est tout bêtemenent le deuxième plus grand site celte après le Heidengraben (si on met à part le Bourges du premier âge du fer dont les contours ne sont pas arrêtés). Kelheim a pour sa part une surperficie de 650 ha et encore, il y a une autre aire fortifiée sur l'autre rive du Danube non incluse dans cette superficie. D'après V.Kruta, il se serait agi d'un dispositif destiné à assurer le contrôle du trafic sur le Danube, en même temps que d'une zone d'extraction de minerai de fer. Il s'agit encore d'une structure gigantesque de la fin de l'époque laténienne. Si elle a livré du mobilier, là encore l'absence de grandes fouilles exhaustives nous empêche de comprendre la nature exacte, le fonctionnement et l'histoire de ce site. On aura plus de chance avec un troisième grand espace - Manching. Où et quand ?
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