sur les itinéraire antiques

[neovirgilius]

Bonjour, je suis nouveau sur le forum...

je voudrais savoir si les itinéraires antiques (sources antiques) comme ceux de Bordeaux ou d'Antonin qui sont cités avec des équivalences sur le local actuel sont vérifiées et si oui par qui ou si non pourquoi ?

En effet, je travaille sur un projet consistant à établir une carte routière avec les étapes.. merci de bien m'aider

neovirgilius

[Orgenomeskos]

Bonjour,

Pour les itinéraires dont vous parlez, les plus anciennes tentatives de localisation des toponymes cités (à l'échelle globale), reposant sur des critères rationnels, semblent remonter au XVIIIe s. (cf. Encyclopédie Diderot - d'Alembert - 1751-1772). Il existe de très nombreux travaux contemporains s'intéressant à l'échelle locale. Des travaux plus récents du XIXe s. ont affiné ce travail de reconnaissance, souvent harmonisés les résultats, tandis que les travaux actuels, souvent, ne font que reprendre les interprétations précédentes (mais travaillent d'avantage l'argumentaire en introduisant des données archéologiques).

Comment ce travail de recherche a t'il été réalisé ?

Tout d'abord, nombreux sont les toponymes mentionnés dans ces itinéraires facilement reconnaissables aujourd'hui (ex. Segustorone [IA 338,2] > Sisteron) et ne posant aucun problèmes d'identification. Dans d'autres cas, l'étude des sources mérovingiennes et plus généralement médiévales offrent la possibilité de connaitre les noms anciens des villes / villages que nous connaissons aujourd'hui. D'éventuels changements de nom sont donc relativement faciles à percevoir. Une fois que nous disposons de ces données (points d'ancrage), il reste toujours un certain nombre de toponymes mal-localisés. Un simple travail d'archéo-géographie peut permettre de les identifier.

Les démarches archéo-géographiques

Nous savons par exemple que la localité X1, parfaitement identifiée était reliée par une route à la localité (elle aussi bien connue) X3. X2 que nous ne connaissons pas se trouvait sur cette route à 3 lieues de X1 et 5 lieues de X3. On cherche alors sur carte (cartes topographiques 1:25000 par exemple) les routes et chemins actuels reliant les deux localités connues. On s'intéressera alors à la nomenclature ancienne et actuelle des noms de rues/ chemins. Par exemple, il existe peut-être un axe partant de X1 indiquant clairement qu'il se dirigeait vers X3, par exemple, le chemin de X3, ou mieux ancien chemin de X3, attesté depuis l'époque médiéval. Dans d'autres cas la nomenclature nous offrira des pistes extrêmement précieuses, telles les nombreux chemin des Romains, voie romaine, chaussée Jules-César...

Nous savons donc que ce chemin est un itinéraire ancien, au moins médiéval. On cherchera alors le long de ce chemin ancien tout toponyme, lieu-dit pouvant se rapprocher de X2.

S'il n'y a toujours aucune piste, on convertira alors les distances exprimées en milia passum ou en leuga dans le texte ancien en kilomètre. On considérera alors, à la distance indiquée sur le chemin que nous avons repéré, réputé ancien qu'une zone se dessine, où pourrait se situer la localité ancienne non reconnue (il y a parfois une marge d'erreur importante). Pour affiner cette localisation, on s'intéressera alors aux sources archéologiques. Des fouilles anciennes ou récentes ont peut-être révélé l'existence d'une occupation gallo-romaine dans cette zone...

Voilà, ça c'est le procédé le plus simple.

Parfois, le travail est compliqué par l'existence de plusieurs chemins / routes anciennes reliant les deux localités connues. Ce problème est d'autant plus présent et récurrent que les deux localités en question sont distantes l'une de l'autre. Dans ces cas là, il est délicat d'être affirmatif. Sur les fiches de l'encyclopédie par exemple, dans ce cas de figures nous indiquons les différentes propositions connues dans la littérature ou ajoutons un point d'interrogation à notre proposition.

Deux articles intéressants revenant sur la démarche archéogéographique :

http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/44/27/92/PDF/S.RobertNouvelles2.pdf
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/40/54/57/PDF/BAVFS.RobertHAL.pdf