Taliesin a écrit:la saison des rivières
Dumézil mentionne en note "l'oeil de mer" du Blavet , comme la seule légende voisine de celle de la Boyne - le puits de Nechtan - qu'il connaisse en Occident.
Il semble bien qu'on puisse y ajouter celle de saint Maudez, qui s'y rattache au moins par deux fils : le puits ordalique, et maintenant, les Robigalia. Et en plus, saint Marc a une tête de cheval...
Salut,
Pour ceux qui recherchent la référence.
G. Dumézil, Mythes et Epopées, III, 1973, p. 34
5- *Nept-o-no-s?
Le parallélisme, on le voit, se prolonge à travers tout l'épisode. Il est d'autant plus remarquable que le troisième peuple indo-européen dont nous connaissons des représentations sur l'origine commune des fleuves du monde, les Scandinaves, ne fournit rien à ce dossier. Ses mythes ne sont pas sans homologue dans l'Inde archaïque, mais c'est un autre personnage védique, d'ailleurs plusieurs fois mentionné à côté d'Apām Napāt, c'est le « Serpent du Fond », Ahi Budhnya, que rappelle le serpent NÃđhöggr (ou Niđhöggr) (2) qui, logé dans le « Chaudron Bouillonnant » d'où sortent tous les fleuves, ronge une des racines de l'Arbre du Monde (3). Il semble donc que, avec les récits sur Bóand et sur Frańrasyan, on ait une de ces correspondances particulières aux religions de l'extrême ouest et de l'extrême est du monde indo-européen, dont Joseph Vendryes, en 1918, a cité un bon nombre dans le vocabulaire, mais qui s'étendent aussi à l'organisation religieuse et à la mythologie (4).
(2). E. Noreen, « NÃdhöggr eller Nidhöggr ? », Upsala Universitets Ã…rsskrift, 1922, 4, p. 64-65 ; si l'on choisit ĭ, la valeur sera « den nedtill huggande » ; l'auteur note que les strophes 22 et 35 des Grimnismál rapprochent ce nom de niđr et de neđan.
(3). V. mon article « Notes sur le bestiaire cosmique de l'Edda et du ŖgVeda », Mélanges de Linguistique et de Philologie, Fernand Mossé in memoriam, 1959, p. 104-112.
(4). La seule légende voisine de celle de la Boyne que je connaisse en occident est relative au Blavet breton (P. Sébillot, Le Folklore de France, II, La Mer et les Eaux Douces, 1905, p. 324, d'après F. Cadic dans La paroisse bretonne de Paris, janvier 1900) : « Le Blavet prenait autrefois sa source dans l’Oeil de la Mer, véritable puits de l'abîme qui communiquait d'une part avec les régions infernales et de l'autre avec les profondeurs de l'Océan. D’une seule poussée il aurait été capable d'amener un nouveau déluge si Dieu n’avait creusé le Blavet pour déverser dans la mer le trop plein de ses eaux. »
A+