Culte du soleil... ou de Mithra?

[Patrice]

Salut,

Je viens de trouver ça:

"Les soldats de la troisième légion, celle qu'on appelait la Gauloise, dont les quartiers d'hivers étaient ordinairement en Syrie, mais qui, par hasard, se trouvait alors dans le parti de Vespasien, ayant tout à coup, selon leur coutume, salué le soleil au moment où il se levait à l'horizon, les soldats de Vitellius, s'imaginant que ces cris annonçaient l'arrivée de Mucien, général de Vespasien, prirent la fuite et demandèrent quartier".
Dion Cassius, LXV, 14

C'est la seule attestation, à ma connaissance, d'un culte solaire chez des Gaulois. C'est pourquoi, s'agissant d'un légion, je me demande s'il ne s'agirait d'une première attestation du culte de Mithra dans l'Empire (nous sommes dans la première moitié du Ier siècle ap. JC). Cependant je ne connais rien de tel dans le culte de Mithra.

Alors? Les Celtes poussaient donc des cris au lever du soleil?

A+

Patrice

PS: Guillaume, tu pourras mettre ce texte dans "Rites et classes sacerdotales", avec une nouvelle catégorie: "Culte solaire"? Pour les deux autres textes, ce que tu as fait est très bien.

[Sedullos]

Patrice,
juste une remarque, qui ne répond pas à ta question.

Syria vient de Surya, le soleil indien, probablement par les Proto-Indiens du Mittanni.
Le nom n'a pas d'étymologie dans les langues sémitiques.
La Syrie était "le pays du soleil".
sed...

[Marc'heg an Avel]

Salut,

Je pense qu'il faudrait relire le livre d'Ernest RENAN : "Marc aurèle ou la fin du monde antique".

En tant qu'historien, archéologue, et moyen-orientaliste, Renan a également étudié ces questions. Mais c'est un sacré casse-croute !

JC Even

[Rónán]

JC >

Lennet 'feus holl levrio' Ernest Renan? Spi 'meus n'out ket akord gant e holl deorienno'........


Rónán

[Muskull]

Bonjour

Il y a peut être une relation mais nous sommes au 3° S.

"Aurélien avait une adoration pour le culte de Sol, très en vogue chez les militaires et en Illyrie, d'où il était originaire. Il imposa ce dieu, en fit un culte officiel. Sol, cette divinité orientale ajoutée au panthéon romain, vint remplacer un Jupiter, malade, las des offrandes rituelles qu'on lui fait depuis des siècles.

Au premier siècle, Sol fut assimilé, plus ou moins, à Apollon dans le Panthéon Romain, qui, très ouvert, avait su accueillir d'autres dieux comme Sérapis ou Isis. Mais à y regarder de plus près, Sol, en tant que culte officiel, s'accommode assez mal avec Jupiter car, de par son assimilation avec Apollon, il est sensé en être le fils. Or Sol est, par définition, une divinité suprême, supérieure à toute autre. Sol ne peut s'insérer que dans un culte oriental polythéiste, voire monothéiste. Il ne peut s'insérer dans le panthéon romain, au risque de contradictions, ou alors tant que son culte n'est que marginal. Sol prend donc une place particulière et sa position de culte officiel fait qu'il remplace, à lui seul, tout un panthéon.

Ce quasi-monothéisme va permettre l'implantation du christianisme dans les provinces les plus païennes de l'Empire. Il est en effet plus facile de confondre un Dieu, unique et tout puissant, avec un Sol suprême, qu'avec un panthéon tout entier."

http://www.cgb.fr/monnaies/rome/r10/3preface.html

[Marc'heg an Avel]

Rónán,

Ernest RENAN n'eo ket an Diaoul inkarnet, d'am sonj !

Ha lennet am eus an darn vrasan ar pezh en eus skrivet !

Ha ret eo d'in lavar a oa Ernest RENAN kalz war raok ar re all diouzh e amzer, ha zoken, kalz war raok meur a dud hirie.

Kant-hanter-kant bloaz en devoa war raok, dijà, pa veve; ha breman en eus 3 c'hant kantved war raok tud hirie, ha ne sonj ket d'eo ken nemet e mojennoù, korriganed hag all.

Ernest RENAN a oa un den a skiant en e amzer. Ne dalv boan mesk sentimenchoù Ernest Renan gant kudennoù politik an amzer-vreman :ar stumm se da ober n'eo ket nemet un faltazi, met gwazoc'h : ur gaou !

Ma dije tout ar re hag a zo hirie o komz gevier war goust Ernest Renan lennet ar pezh en devoa skrivet, a vijent sur awalc'h muioc'h skiantet n'hag int !

Lennet am eus : Marc Aurèle, La Vie de Jésus, et all. Ha bep gwech am eus disket kalz a draou, hag am eus bet kalz a blijadur da ziskin.

Lennet am eus ivez kalz a draou hag a zo bet skrivet gant tud all, memes ma ha n'on ket akord gante. Met, me sonj d'in, ret eo lenn ar pezh a zo bet skrivet gant un-bennak raok lavar ur sonj diwar e benn ! N'eo ket ?

Gwir eo, war an tu all, n'am eus lennet Karl Marx ! ... met ne lavaran sort ebet diwarnan !

Met, mar plij, Rónán, n'eo ket ar plas aman evit komz politik. Ne oa ket se ar c'houlenn !

JC Even

[Patrice]

Hmm...

En français dans le texte?

A+

Patrice

[Marc'heg an Avel]

Rónán,

Ernest RENAN n'eo ket an Diaoul inkarnet, d'am sonj !

Ernest RENAN n'est pas le Diable en personne, que je sache !

Ha lennet am eus an darn vrasan ar pezh en eus skrivet !

Et j'ai lu la plupart de ses écrits.

Ha ret eo d'in lavar a oa Ernest RENAN kalz war raok ar re all diouzh e amzer, ha zoken, kalz war raok meur a dud hirie.

Et je tiens à dire qu'E.R était bien en avance sur ceux de son époque, et même, bien plus en avance que beaucoup de gens d'aujourd'hui.

Kant-hanter-kant bloaz en devoa war raok, dijà, pa veve; ha breman en eus 3 c'hant kantved war raok tud hirie, ha ne sonj ket d'eo ken nemet e mojennoù, korriganed hag all.

Il avait 1 siècle et demi d'avance, lorsqu'il était vivant, et maintenant il 3 siècles d'avance sur des gens d'aujourd'hui qui ne pensent plus qu'en fonction des légendes, korrigans, et autres.

Ernest RENAN a oa un den a skiant en e amzer. Ne dalv boan mesk sentimenchoù Ernest Renan gant kudennoù politik an amzer-vreman :ar stumm se da ober n'eo ket nemet un faltazi, met gwazoc'h : ur gaou !

E.R était un homme de connaissance en son époque. Il ne sert ç rien de mélanger les sentiments d'E.R aux problèmes politiques d'aujourd'hui : cette manière de faire n'est pas seulement une erreur, c'est un mensonge.

Ma dije tout ar re hag a zo hirie o komz gevier war goust Ernest Renan lennet ar pezh en devoa skrivet, a vijent sur awalc'h muioc'h skiantet n'hag int !

Si tous ceux qui aujourd'hui racontent des mensonges sur le compte d'E.R avaient lu ce qu'il a écrit, ils en seraient peut etre un peu plus savants qu'ils sont !

Lennet am eus : Marc Aurèle, La Vie de Jésus, et all. Ha bep gwech am eus disket kalz a draou, hag am eus bet kalz a blijadur da ziskin.

J'ai lu Marc Aurèle, La Vie de Jésus, et autres. Et a chaque fois j'ai appris énormément de choses, et j'ai eu énormément de plaisir à apprendre.

Lennet am eus ivez kalz a draou hag a zo bet skrivet gant tud all, memes ma ha n'on ket akord gante. Met, me sonj d'in, ret eo lenn ar pezh a zo bet skrivet gant un-bennak raok lavar ur sonj diwar e benn ! N'eo ket ?

J'ai lu aussi beaucoup de choses écrites par d'autres, même quand je ne suis pas en accord avec eux. Mais, me semble t-il, il d'abord avoir lu ce qu'a écrit quelqu'un avant de porter un jugement à son propos ! N'est ce pas ?

Gwir eo, war an tu all, n'am eus lennet Karl Marx ! ... met ne lavaran sort ebet diwarnan !

Il est vrai, d'un autre coté, que je n'ai pas lu Karl Marx ! ... mais je n'en fais pas de commentaires !

Met, mar plij, Rónán, n'eo ket ar plas aman evit komz politik. Ne oa ket se ar c'houlenn !

Mais, s'il te plait, Rónán, ce n'est pas le lieu ici de parler de politique. Ce n'était ça la question !

JC Even

[Marc'heg an Avel]

Réponse à la question de Patrice :

Voir Science & Vie Junior, hors série n° 42 : ROME, ses jeux, ses légions, son empire. p 91 :

" De leur lutte contre Mithridate, en 64 av. J.C, les soldats de Pompée ne rapportèrent pas que du butin. En Bithynie (une partie de la Turquie actuelle), ils ont été fascinés par Mithra, vieux dieu iranien. Personnification du Soleil, dieu de l'Amitié, de l'Honneur, de la Violence, de la Victoire, Mithra a tout pour attirer les militaires. Son culte - et ses étranges temples souterrains - va suivre les légions pendant les trois siècles suivants . ..."

****************

J'ai aussi quelques documents attestant de son culte sur le Mur d'Hadrien (construit entre 122 et 128 ap. J.C), et peut etre à Londinium / Londres.

Je cherche et je transmets. à +.

JC Even

[Sedullos]

Salut,
à propos de Mithra, il me semble avoir une représentation dans
Celtes et Gallo-Romains de Jean-Jacques Hatt, le dieu porte le soleil sur sa cuirasse et brandit une double hache.

[J'ai évoqué la Syrie dans un message précédent : je pense à l'incarnation de Suria, le Soleil, dans le Mahabharata : Karna, être étrange qui est né avec une cuirasse, elle fait partie de son corps, et à son destin funeste lorsqu'il est amené à s'en séparer.

Peut-il y avoir une relation symbolique entre la cuirasse du Mithra iranien et la cuirasse de Karna, qui combat avec les Kaurava, "les méchants" contre les Pandava, "les gentils", dont l'un est une incarnation du Mitra indien.]

sed...

[Muskull]

Bonjour

Le culte de " Sol invictus "

"Le culte de Sol invictus (Soleil invaincu) introduit sous l'Empire romain par les gnoses orientales fut, après une période d'interdiction, proclamé religion officielle sous le règne d'Aurélien (270-275) 17. Ce dernier qui se déclarait " l'incarnation vivante du dieu soleil " conférait ainsi au pouvoir politique une dimension sacrée encore jamais atteinte.

A la même époque, un culte oriental, celui du dieu persan Mithra, importé par les soldats à partir de l'Asie Mineure, joua un rôle majeur. Implanté très tôt à Rome en 75 après J.-C., les sanctuaires se multiplient surtout entre le iie siècle et le ive siècle, essentiellement en milieu urbain, dans l'armée et l'administration.
Le mythe nous apprend que Mithra est né d'un rocher le 25 décembre. Tuant sur ordre du Soleil le taureau dont le sang répandu dans les champs va permettre à la nature de renaître, Mithra, héros primordial, est aussi un dieu de la lumière. Juste après le sacrifice du taureau, il monte en effet sur un char solaire. C'est ce dernier caractère qui a permis de l'identifier également à Sol invictus 18.
Cette religion initiatique, dont le sacrifice était une promesse d'éternité et dont l'acte essentiel était le repas pris en commun, fit une très sérieuse concurrence au christianisme primitif. Les premiers chrétiens eux-mêmes y restèrent encore longtemps très attachés car beaucoup d'autres analogies autorisaient en effet des comparaisons.
Les mithraïstes sacralisaient par exemple le dimanche et l'oblation du pain ; on représentait Mithra naissant d'un rocher, en présence de bergers, ou faisant sourdre l'eau miraculeuse. Au iiie siècle, le mithraïsme était prêt à convertir le monde gréco-latin 19.
Mais cette religion qui restait masculine excluant de fait la moitié du genre humain ne résista pas à l'introduction du culte de la Vierge."

http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_perrot.htm

Un essai sur les fortes analogies entre les vies mythiques de Jésus et de Mithra. (fragment)...

"Le Mithraisme, étant une religion à mystère, avait sept niveaux d'initiations ou sept sacrements, ses jours de fêtes, son Eucharistie, et son propre baptême. Justin Martyr, qui en toute probabilité en fut un initié, écrivit vers l'an 140, que du pain et de l'eau furent utilisé dans l'eucharistie des adorateurs de Mithra; le pain qui avait une forme ronde symbolisait le soleil et fut marqué d'une croix. L'eucharistie Mithraique fut un mémorial de la dernière cène ou repas de Mithra, lorsqu'il mangea avec Hélios avant de monter aux cieux. Tertllien, un autre initié, ajoute que les adorateurs de Mithra pratiquait le Baptême d'eau par lequel ils croyaient être racheté de leurs péchés; et que le prêtre Mithraique faisait un signe de croix sur le front de la personne baptisée. Les adorateurs de Mithra furent appelé Soldats de Mithra. Le chef de la foi Mithraique se nommait Pater Patrum, "Père des Pères", c'est à dire "Pape" qui vient du mot "Papa"; et siègeait à Rome, tout comme le Pape de nos jours. Mithra fut appelé "Dominus", c'est à dire "Seigneur", et le Dimanche lui fut consacré comme "le jour du Seigneur". Le 25 Décembre fut observé comme le jour de sa naissance, et Pâque fut même un festival Mithraique. Du Mithraisme est venu l'utilisation des cloches, des chandelles, de l'eau bénite, et de la sélection du Mont Vatican comme un site sacré.

Une tentative de fusionner le Mithraisme au Christianisme fut faite par le Perse "Mani" qui forma les églises Manichéennes vers l'an 275. Ainsi dit J.M. Nicole: "Mani fut mis à mort dans son pays à cause de ses idées, mais celles-ci se répandirent dans l'Empire Romain... Le Manichéisme eut une grande vogue au 4" siècle". Considérant maintenant tout ce que nous savons sur le Mithraisme, et l'ambition sans borne de l'Empereur Constantin qui fut un adepte de Mithra; nous pouvons dire qu'il suivit dans les pas de Zoroastre et de Mani pour occasionner une réforme habile et subtile du Mithraisme en lui donnant une apparence chrétienne qui subsiste jusqu'à nos jours sous le nom de Catholicisme."

http://www.geocities.com/Bible_authentique/subCh3.htm

[Sedullos]

Salut,
Rectification,

j'ai écrit de mémoire :
>
à propos de Mithra, il me semble avoir une représentation dans
Celtes et Gallo-Romains de Jean-Jacques Hatt, le dieu porte le soleil sur sa cuirasse et brandit une double hache. <

Hé bien, je me suis trompé.
Le dieu n'est pas Mithra mais Dolichenus, juché sur le dos d'un taureau, il ne porte pas de soleil sur sa cuirasse, mais brandit un foudre dans la main gauche et une double hache dans la droite.
Au sommet de la plaque se trouve un personnage couronné de rayons, d'où ma confusion.

sed...

[Marc'heg an Avel]

Le culte de Mithra à Londinium / Londres.

J'ai retrouvé ma référence :

Peter Marsden : ROMAN LONDON. Edt. Thames and Hudson. London. 1980.

pages 139 à 146 : avec photo et schéma des fouilles.

Le mithraeum se trouvait au coeur de Londinium, près du forum, dans ce qui est aujourd'hui le quartier de Wallbrook, au coeur de la City.

Ceux qui veulent une copie me donnent leur adresse sur messagerie privée.

Pour les mithraea du Mur d'Hadrien, je continue mes recherches. (Newcastle Antiquaries)

JC Even

[Fergus]

En tout cas, si les légions volontaires gauloises pratiquent le culte de Mithra, c'est bien le signe de l'affadissement général de la tradition celtique en Gaule romaine, très vite après la conqûete.

[Marc'heg an Avel]

Pour ce qui est de la (G) Bretagne, la conquete a commencé en 43 ap. J-C, et s'est terminée en 84, dans les grampians.

L'armée d'assaut était composée des légions :

- Legio II Augusta,
- Legio IX Hispania,
- Legio XIV Gemina,
- Legio XX Valeria.

Les II, IX, et XX, sont des légions occidentales. (Italie, Espagne, Dalmatie).

Ma XIVè, par contre, est issue d'une refonte des anciennes légions qui ont participé aux guerres intestiines entre césar et pompée, puis entre césar et Antoine.

Le problème est qu'on ne connait pas apparemment les déclinaisons de ces précédentes légions, qui ont donc combattu de la Grece à la Palestine et là l'Egypte.

Il restre donc difficile, pour l'instant, de dire si des éléments de la XIVè Gemina avaient été en contact avec des cultes orientaux.

Quoi qu'il en soit, cette légion a été retirée vers 70 de (G) Bretagne, et envoyée au Moyen-Orient. Question d'origine ??? No se !

Elle a été remplacée par la Legio II Adjutrix ( = auxiliaire). Autant dire qu'on ne connait pas grand chose de celle-ci.

Après 84, Agricola lui-meme, par sa victoire sur Galgacos et les Caledones, et faisant de l'ombre à l'empereur domitien, a été muté, avec promotion, au Moyen-Orient !

Donc, QUID de la XIVè légion ?

JC Even