Nuit du 31 octobre au 1er novembre

[André-Yves Bourgès]

Bonjour à tous,

une petite contribution à ce dossier toujours ouvert. Un passage peu connu de la vita de saint Hervé (Hoarveus), pour lequel on dispose de deux versions assez nettement différenciées, nous montre le saint alors enfant, accompagné de son guide, traversant un village tandis qu'il se rend à une église la veille du jour de la Toussaint :
- la version 1 nous dit qu'il rencontre des villageois qui lui donnent "de leur farine ordinaire par amour de la charité" (ex sua farina caritatis amore cibaria) ; et c'est à ce mot de charité que le saint ordonne à son guide d'accepter cette offrande.
- la version 2 nous dit qu'il entend les bruyants échos des hommes mangeant le repas de la "fraternité" (tumultus hominum manducantium suae fraternitatis symbolum) auquel va se joindre son guide.

La première version fait incontestablement penser à une "quête de nourriture", dont Halloween me paraît constituer un avatar ; la seconde n'est pas sans évoquer ces repas cérémoniels de frairie (breuriez) qui persistèrent longtemps à Plougastel-Daoulas.

Cordialement,

André-Yves Bourgès

[Jacques]

Bonsoir, André-Yves,

Ce repas de la fraternité n'est pas sans me faire penser à ce que je viens de lire sur la fête de Samonios :

Le nom de Samain signifie « réunion », c'est une fête obligatoire de toute la société celtique qui donne lieu à des rites druidiques, des assemblées, des beuveries et des banquets rituels; son caractère est religieux et la place sous l'autorité de la classe sacerdotale des druides et la présidence du roi, toute absence est punie de mort.

[André-Yves Bourgès]

Ce repas de la fraternité n'est pas sans me faire penser à ce que je viens de lire sur la fête de Samonios

C'est dans la perspective que vous rappelez, cher Jacques, que je souhaitais situer ce témoignage, qui ne saurait être guère antérieur au XIIe siècle : survivance tardive dans le Léon médiéval (c'est à Saint-Vougay que la tradition et l'érudition localisent ce passage de la vita , qui se prolonge par la perte d'une dent par le saint, dent qui soudain se met à briller miraculeusement à l'instar d'anecdotes similaires dans la vita tripartite de saint Patrick et dans celle de saint Finnian de Clonard) ? Ou bien justement transposition continentale d'une tradition irlandaise (l'auteur du passage en question, que nous avons désigné B dans une étude relative à la composition de la vita de saint Hervé a peut-être repris cette tradition à son prédécesseur, A, qui témoigne un grand intérêt pour les Irlandais) ?


Bien cordialement,

André-Yves Bourgès