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Nechtan et saint MaudezModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Culte et spécialisation thérapeutique de saint MaudezBonjour,
je reviens sur la diffusion très large du culte de Maudez, dont le vecteur est incontestablement la première vita du saint, texte qui nous offre le témoignage rare d'une précoce spécialisation thérapeutique : cette dernière constitue donc un véritable "marqueur", qui vient renforcer l'impression que le culte de saint Maudez a tardivement diffusé à partir de l'Île-Modez. De très nombreuses églises et chapelles (une cinquantaine au moins) constituaient le réseau du culte de saint Maudez à travers toute la Bretagne : en plus de ses sanctuaires trégorois (celui de l’Île-Modez et l’établissement continental de Lanmodez, mais aussi, à partir du bas Moyen Âge, l’église paroissiale de Hengoat), le saint était notamment honoré à Henvic, dans le diocèse de Léon ; en Cornouaille, outre Duault, il était le second patron de l’église du Juch et, dans le diocèse de Vannes, il avait remplacé à Lanvaudan en qualité de patron de l’église l’éponyme de la paroisse, saint Maudan. Saint Maudez était également le patron, dans le diocèse de Saint-Malo, de l’église de l’ancien prieuré-cure qui portait son nom, près de Corseul ; mais c’est à la Croix-Helléan qu’il faisait l’objet d’un culte assidu, marqué à l’époque moderne par l’existence d’un pèlerinage. Même le diocèse de Nantes avait sa chapelle Saint-Mandé à Trans-sur-Erdre. Enfin l’abbaye de Beauport, au diocèse de Saint-Brieuc, conservait au bas Moyen Âge la relique insigne du crâne de saint Maudez, laquelle a passé depuis dans le trésor de l’église paroissiale de Plouézec. On peut s’étonner dans ces conditions que l’auteur de la première vita de Maudez, largement tributaire de la rédaction moyenne de la vita de saint Tugdual et qui, en conséquence, a travaillé au plus tôt dans la seconde moitié du XIe siècle, ne connaisse pour sa part que Gueldenes (aujourd’hui l’Île-Modez, commune de Lanmodez), où le saint et ses disciples, après la construction de leurs cellules, avaient édifié un oratoire ; il donne aussi le nom de Lanmodez, mais sans aucun détail sur un éventuel établissement érémitique ou monastique, que donne pourtant à supposer la forme du toponyme. Tout laisse donc à penser que le culte de saint Maudez a essentiellement diffusé à partir du sanctuaire de l’Île-Modez, après la rédaction de la première vita, laquelle a d’ailleurs constitué le principal vecteur de cette diffusion, comme il se voit dans les adaptations locales de la précoce spécialisation thérapeutique du saint : le premier hagiographe de Maudez nous apprend que des malades souffrant d’infirmités diverses, et plus particulièrement d’infestations de vers, venaient sur l’île où avait été enseveli le saint et, prélevant dans les fondations de son sépulcre de la terre qu’ils mélangeaient avec de l’eau, buvaient cette mixture qui les guérissait et qui faisait mourir les vers. On peut suivre l’évolution de la spécialisation thérapeutique de saint Maudez au bas Moyen Âge au travers de qu’en a écrit son second hagiographe et de deux témoignages qui figurent dans l’enquête préalable à la canonisation de Charles de Blois. Au début du XVIIe siècle perdurait l’usage de diluer dans l’eau un peu de terre prélevée auprès du sanctuaire de l’Île-Modez ; mais, aux dires d’Albert Le Grand en 1636, cette opération avait désormais pour objet de constituer un « antidote et remède très souverain contre les morsures ou piqûres des serpents et toutes sortes de bêtes venimeuses ». Dom Lobineau, qui a travaillé plusieurs décennies après Albert Le Grand, s’en tient quant à lui à l’action vermifuge de cette mixture, laquelle était donnée en traitement aux enfants. Cependant l’Île-Modez n’avait déjà plus à cette époque le monopole d’une telle pratique, que l’on retrouvait notamment à Trans-sur-Erdre, en 1686, dans la chapelle qui consacrée au saint. On assiste par la suite à un élargissement du domaine d’intervention de saint Maudez « à la plupart des plaies, à l’enflure du genou et aux rhumatismes moyennant un rite complexe, l’un des rares qui soient réellement propres à la Bretagne : l’application sur le mal d’un ver et d’un cataplasme de terre prélevée sous l’autel ou la statue du saint, ou encore aux abords de sa fontaine » (G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1998, p. 64) ; pratique qui était attestée au XIXe siècle dans de nombreux lieux où saint Maudez recevait un culte, en Goëllo, en Trégor, en Léon et en Cornouaille. En revanche, le recours à un certain « saint Psalmodé » pour obtenir la guérison des enfants infestés de vers intestinaux prolonge incontestablement une activité vermifuge très anciennement reconnue à saint Maudez. D’autres paramètres ont pu influencer la popularité de saint Maudez : on observe ainsi à plusieurs reprises une association avec saint Rien, parfois abusivement identifié à saint Adrien. Comme celle qu’on perçoit entre Corentin et Conogan, ou bien encore entre Brieuc et Tugdual, cette association est sans doute très ancienne, car elle s’observe à proximité même de Lanmodez, dans la toponymie de Pleumeur-Gautier ; elle se retrouve également à Plouézec, à Saint-Adrien, à Persquen. Bien cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Salut,
Je reviens un petit moment sur les informations de JCE. A mon humble avis, il ne me semble pas nécessaire de mêler les Robigalia (fête de Rome) et les Rogatio, qui sont des requêtes, des prières. G. Dumézil, La Religion Romaine archaïque, 1987, pp. 169-170 Les Robigalia comportent le sacrifice d'un chien et d'un mouton à Robigus, personnification de la rouille des blés, une des rares puissances mauvaises qui reçoivent un culte. La fête a lieu, suivant le calendrier de Préneste (CIL. I(2), pp. 316-317), près de la cinquième pierre milliaire de la via Claudia. Ovide qui, par licence poétique, appelle la divinité Robigo comme le fléau lui-même, est seul à parler d'un lucus consacré à ce génie et dit qu'il a rencontré les célébrants de la fête alors qu'il revenait de Nomentum, ce qui ne s'accorde guère avec la localisation donnée par le calendrier, puisque le voyageur venant de Nomentum rentre à Rome par la via Nomentana et non par la via Claudia. De Mommsen (qui cite Ov., Pont., I, 8, 43-44) à M. Franz Borner (Fast., II, p. 287), on a proposé divers moyens plausibles de conciliation, et il se peut bien, après tout, qu'Ovide ait commis sur ce point une inadvertance. Mais il n'est guère pensable qu'il se soit trompé sur ce qu'il y a de caractéristique dans la cérémonie : d'une part le type des victimes, dont une, le chien, est rare, d'autre part le prêtre sacrificateur. Or ce prêtre est le flamen Quirinalis, dans la bouche de qui le poète met une longue prière conforme à une conception de Quirinus particulièrement cultivée par la propagande augustéenne et que nous examinerons plus tard : celle de Quirinus pacifique. Le jugement de Latte semble hésiter. P. 67, il ne conteste pas la présence du prêtre : « A la cinquième pierre milliaire de la via Claudia, le flamen Quirinalis sacrifie un mouton et un chien » ; mais p. 114, n. 1, il estime au contraire que l'inexactitude d'Ovide quant au nom (Robigo au lieu de Robigus) et la difficulté d'itinéraire que fait la mention de Nomentum ôtent toute valeur à son témoignage concernant le prêtre. C'est là mêler l'accessoire, où le poète a pris une et peut-être deux petites libertés, et l'essentiel, où il ne pouvait commettre d'erreur sans détruire l'intérêt, l'utilité de tout le passage. Les Robigalia (OVIDE, Fastes, IV, 901-942). Quand il ne restera plus à avril que six jours, la saison du printemps en sera au milieu de sa course... Ce jour-là , comme je revenais de Nomentum à Rome, une foule vêtue de blanc me barrait le passage au milieu de la route ; un flamine se rendait au bois sacré de l'antique Robigo, pour livrer aux flammes les entrailles d'une chienne et les entrailles d'une brebis. Aussitôt je m'approchai pour que je ne sois pas rongé par l'ignorance des rites : voici les paroles que prononça ton flamine, Quirinus : « Farouche Robigo, épargne les jeunes pousses de Cérès, et que leur extrémité légère tremble à la surface de la terre. Et toi, permets aux récoltes, nourries par les astres d'un ciel propice, de croître jusqu'à ce qu'elles soient mûres pour la faucille. Ton caractère n'est pas sans force : les blés que tu as marqués, le paysan abattu les considère comme perdus. Ni les vents ni les pluies ne nuisent autant à Cérès ; et elle ne pâlit pas autant, brûlée par la gelée blanche, que lorsque le Soleil échauffe les chaumes saturés d'eau : c'est alors, déesse redoutable, le prétexte à ta colère. Je t'en prie, abstiens-toi, et enlève des moissons tes mains rugueuses, ne nuis pas aux cultures : il suffit que tu puisses leur nuire. Au lieu des tendres récoltes, occupe-toi plutôt du fer dur; ce qui peut détruire les autres, détruis-le la première. Il est plus utile que tu affaiblisses les glaives et les traits meurtriers : il n'y a plus de travail pour eux, le monde vit de loisirs. Et maintenant, que brillent le sarcloir, le dur hoyau et le soc recourbé, richesses des champs ; que la rouille salisse les armes, et que quiconque se rende compte de l'effort pour retirer le fer de son étui, resserré qu'il est par un long séjour. Mais toi, n'outrage pas Cérès, et que le paysan puisse toujours, en ton absence, s'acquitter de ses vœux envers toi ! ». Ainsi parla-t-il. À sa droite se trouvaient une serviette aux poils élimés, une patère de vin et une boîte d'encens. Il offrit sur le foyer l'encens, le vin, les entrailles d'une brebis, ainsi que, nous l'avons vu, les affreux viscères d'une chienne immonde. Il me dit alors : « Tu demandes pourquoi cette victime étrange est offerte en sacrifice ? » (j'avais posé la question) « Apprends la cause », dit le flamine. « II existe un Chien, on le dit chien d'Icare, quand cette constellation se lève, la terre consumée a soif et la récolte mûrit avant terme. C'est à la place du chien astral que cette chienne est offerte sur l'autel, et du seul fait de son nom cela a lieu ». Mémoires de Grégoire de Tours — Histoire des Francs A propos des années 500 à 507 ; fin du Livre second Le bienheureux Avitus était alors un homme d’une grande éloquence. Les hérésies commençant à s’élever dans la ville de Constantinople, tant celle qu’enseignait Eutychès que celle de Sabellius, et qui soutenaient toutes deux qu’il n’y a rien de divin dans Notre-Seigneur, il écrivit, à la demande du roi Gondebaud, contre ces coupables erreurs. Il nous reste encore de lui des lettres admirables, qui édifient à présent l’église de Dieu, comme autrefois elles confondirent l’hérésie. Il a composé un livre d’homélies sur l’origine du monde, six livres arrangés en vers sur divers autres sujets, et neuf livres de lettres qui contiennent celles dont nous venons de parler. Il rapporte, dans une homélie sur les Rogations, que ces mêmes Rogations que nous célébrons avant le triomphe de l’ascension du Seigneur, furent instituées par Mamertus, évêque de Vienne, dont Avitus était alors lui-même le pontife, à l’occasion d’un grand nombre de prodiges qui épouvantaient cette ville. Il y avait souvent des tremblements de terre, et les loups et autres bêtes féroces, entrant par les portes, erraient, sans rien craindre, par toute la ville. Comme ces choses se passaient dans le cours de l’année, l’arrivée de la fête de Pâques fit espérer au peuple fidèle que la miséricorde de Dieu mettrait le jour de cette grande solennité un terme à leur épouvante. Mais la veille même de cette glorieuse nuit, pendant qu’on célébrait les cérémonies de la messe, tout à coup le palais royal, situé dans la ville, fut embrasé du feu divin. Tous furent saisis de terreur, et abandonnèrent l’église, craignant que cet incendie ne consumât toute la ville, et que la terre ébranlée ne s’entrouvrît. Le saint évêque, prosterné devant l’autel, supplia, en gémissant et pleurant, la miséricorde de Dieu. Que dirai-je ? La prière de l’illustre pontife pénétra jusqu’aux cieux, et le fleuve de larmes qu’il répandait éteignit l’incendie du palais. Pendant que ces choses se passaient, le jour de l’ascension du Seigneur approchant, comme nous l’avons dit plus haut, il prescrivit un jeûne aux peuples, et régla la forme des prières, l’ordre des lectures pieuses, ainsi que la manière de célébrer les Rogations. Tous les sujets d’épouvante s’étant alors dissipés, la nouvelle de ce fait se répandit dans toutes les provinces, et porta tous les évêques à imiter ce qu’avait inspiré à Mamertus sa profonde foi. On célèbre encore aujourd’hui, au nom de Jésus-Christ, ces cérémonies dans toutes les églises, avec componction du cœur et contrition d’esprit. A+
Serait-ce Sirius et la petite chienne ? Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
C'est très probable.
Le mot canicule se réfère à la constellation des Chiens de chasse. Le lever de la constellation du chien était la référence calendaire du plus chaud de l'été. Même chose chez les Grecs doriens avec le héros Κυνορτας, "lever du chien".
" ... quand cette constellation se lève, la terre consumée a soif et la récolte mûrit avant terme".
On tourne toujours autours du même problème : terre désèchée, récoltes roussies avant terme, et donc demande d'eau. C'est peut-être là que se fait le recoupement avec St Maudez, honoré aux sources et aux puits. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
la saison des rivières
Dumézil mentionne en note "l'oeil de mer" du Blavet , comme la seule légende voisine de celle de la Boyne - le puits de Nechtan - qu'il connaisse en Occident. Il semble bien qu'on puisse y ajouter celle de saint Maudez, qui s'y rattache au moins par deux fils : le puits ordalique, et maintenant, les Robigalia. Et en plus, saint Marc a une tête de cheval... Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Le puits de saint Maudez et saint Marc à tête de chienBonsoir,
Merci pour cette très intéressante discussion. Me permettez-vous quelques questions/objections : 1/ puits "ordalique" de saint Maudez : pourquoi pas ? mais signalons qu'entre la rédaction de la première vita et celle de la seconde, la localisation du puits a manifestement changé, car l'enjeu se situe avant tout en termes de "protection des biens" supposés reçus par saint Maudez et dont les hagiographes successifs veulent assurer la possession à la communauté différente à laquelle chacun appartient. 2/ En ce qui concerne les robigalia , quel est le lien avec la légende de saint Maudez donnée par ses deux hagiographes ? 3/ Saint Marc est surtout représenté avec un tête de chien dans les manuscrits issus du scriptorium de Landévennec ; bien évidemment, on pense là encore au personnage de *Marcus Aurelius Commorus : voir l'étude de L. Lemoine dans les Mélanges Kerlouégan, Besançon-Paris, 1994, p. 363-379. Bien cordialement André-Yves Bourgès
Bonsoir,
Citation: 2/ En ce qui concerne les robigalia , quel est le lien avec la légende de saint Maudez donnée par ses deux hagiographes ? Tout-à -fait d'accord. En revanche pourriez-vous développer le côté thérapeutique de St Maudez. Cela correspond avec tant de vies de saint. Cela peut être très instructif. A+
spécialité thérapeutique de saint MaudezBonsoir,
Merci de vos commentaires. Comme je l'ai dit plus haut, saint Maudez présente un intérêt particulier en ce que sa spécialisation thérapeutique est précocément attestée (dès le XIe siècle) et qu'il est possible d'en suivre le développement et l'évolution au bas Moyen Age, puis au XVIIe siècle et enfin au XIXe siècle : autant de jalons précieux dans l'histoire du culte de ce saint, mais qui montrent que toutes les traditions locales découlent de la première vita, ce qui, je crois, oblige à considérer avec prudence une approche plus "mythologique". Ah ! toujours l'éternelle question de la synchronie et de la diachronie ! Cette situation est unique, me semble-t-il, en ce qui concerne les saints bretons : pour prendre l'exemple d'un autre saint thaumaturge largement invoqué en Bretagne, saint Méen, nous ne disposons que de témoignages relativement tardifs, datant au mieux de l'époque moderne, en ce qui concerne sa spécialisation thérapeutique (la gale : cf. là encore le témoignage d'Albert Le Grand) ; pour beaucoup d'autres saints, il faut attendre le XIXe siècle et les premières collectes de folkloristes. Le grand médiéviste M. Bloch dans son ouvrage sur "Les rois thaumaturges" a indiqué que ces saints spécialistes résultent d'un processus complexe et que les spécialités en question n'appartiennent pas au fond primitif, car le saint est initialement un "médecin généraliste". Bien cordialement André-Yves Bourgès
Re: Le puits de saint Maudez et saint Marc à tête de chien
------------ Pour l'instant, il n'y en n'a pas. Il s'agit d'une réflexion en cours à partir de l'observation des concordances de dates dans les calendriers. J'ajouterai que l'invocation du Chien me fait penser à la Canicule, réputée pour être un temps de sécheresse, et qu'on se trouve alors dans les parages de la mi-août. Dans le calendrier romain, nous avons : - 13 août : Feriae Jovis - 17 août : Portunaliae - 19 août : Jovis Dies Festus; Vinalia rustica; Holitores Anniversaire de la dédicace du temple de Venus Obsequens et de celui de Venus Libitina - 21 août : Consualia, avec le Ier jour des Ludi Consuales - 23 août : Vulcanalia - 24 août : Mundus - 25 août : Opiconsivia - 27 août : Volturnalia -------------- Notons que le 21 août est le passage dans le signe du Lion, sous tutelle de Cybèle, la Mère, honorée aux puits et fontaines. St Symphorien a été exécuté près d'une fontaine un 21 août. --------------- Noter aussi que le 24 mars (un mois avant la saint Marc et les Robigalia) est dédié à deux rites : - Tubilustrium : le nettoyage pour la remise en état de fonctionner des trompettes de guerre et de sacrifices. - Nerinalia : nom tiré de Nerinus = de la Mer. ----------------- cf. M.N Bouillet : Dictionnaire universel d'histoire et de géographie. 1863. "NEREE, Nereus, dieu marin, fils de l'Océan et de Thétys, époux de Dorys, père des Néréides, nymphes de l'Océan, habitait la mer Egée, et, comme Protée, avait le double don de changer souvent de forme et de prédire l'avenir. On le représentait vieux et avec la barbe couleur d'azur". ----------------- Si l'on se rapproche d'une idée avancée que le nom de Lanmodez (embouchure du Trieux) serait bâti sur *magu-tit, on pourrait alors tenter aussi un rapprochement avec le nom de Thétys, par le biais du breton tezh = téton, qui est l'image même d'une source. Ceci devrait plaire à Taliesin Mais en conclusion, nous sommes au-dela d'un thème spécifiquement celtique, puisqu'il tend à faire apparaître une communauté de rites plus ancienne. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Re: Le puits de saint Maudez et saint Marc à tête de chien
Salut, En faisant quelques recherches à propos de St Maudez sur le Net, je suis tombé sur ces informations : http://www.pierreseche.com/temps_des_saints.html
Quel est donc votre avis ? En ce qui concerne des « Nerinalia », je n’en ai pas trouvé trace dans le calendrier romain ; en revanche, une déesse Nerio est associée parfois dans les rituels concernant le culte de Mars. G. Dumezil, La Religion Romaine Archaïque, 1987, pp. 217-218 Cycle des fêtes concernant Mars. Nerio martis : Les invocations des pontifes adjoignaient à beaucoup de divinités masculines des entités féminines, des abstractions personnifiées qui, dans une mythologie plus pittoresque, eussent été leurs épouses et qui, dans quelques cas, ont bien reçu finalement cette promotion. Dans la liste qu'a citée Aulu-Gelle (13, 23, 2), une Nerio et des Moles sont ainsi associées à Mars. Les Moles, confirmées épigraphiquement, font sans doute référence aux « masses » dynamiques (moles) que remue puissamment (moliri) la guerre (2). Mis à part l'adjectif de glossaire nerosus, le nom de Nerio est la seule survivance en latin du terme *ner- qui, à en juger par l'usage indo-iranien et aussi par l'usage ombrien, s'opposait en indo-européen à *uïro- comme l'homme considéré dans son « moral » héroïque s'oppose à l'homme — producteur, engendreur, engendré, esclave — pris en tant qu'élément démographique ou économique (3) ; ce nom archaïque, qui se traduirait pourtant à peu près en latin classique par uirtus, puisque uir a été chargé des anciennes valeurs de *ner disparu, rappelle le védique nárya, distinct de vïryá. Il situe donc bien Mars dans le domaine qui, chez les Indo-Iraniens, a fourni le nom même du dieu son homologue, Indra (*enro-), « l'héroïque ». L'analyse des conditions, des composantes de la réussite au combat que présentent Moles et Nerio se retrouve dans la mythologie Scandinave qui donne pour fils à Þórr, dieu homologue d'Indra et de Mars, deux dérivés masculins d'abstractions, Magni et Móđi : megin est proprement la force physique (la ceinture magique qui donne à Þórr sa vigueur extraordinaire est dite, au pluriel, megin-gjarđar) et móđr est la « fureur » guerrière (en allemand « Wut », plutôt que « Mut ») qui caractérise principalement Þórr et ses adversaires ordinaires, les géants (cf. jötun-móđr « fureur de géant »). (2). Il n'y a pas de raison de voir dans moles, en cet emploi, un calque de μω̃λος. Quand Liv., 10, 19, 19, écrit fugant hostes, maiorem molem haud facile sustinentes quam cum qua manus conserere assueti fuerant, il parle un latin qui ne doit rien au grec. On a vu, ci-dessus, p. 172, que Moles Martis équilibre très bien Virites Quirini. (3). « ner- et uiro- dans les langues italiques », REL. 31, 1953, pp. 175-189 ; repris dans IR., pp. 225-241. Nerio est associée à Mars sur un denarius de Cn. Gellius, vers 146 av. J.-C, Mattingly, RC., p. 72 et pl. XVI, 14. A+
Re: Le puits de saint Maudez et saint Marc à tête de chien
------------ Salut ! Ca baigne ? Je n'ai pas inventé les Nérinalia. J'ai lu ça quelque part ... mais où ? Lorsque j'ai étudié ce sujet, c'était à une époque où je n'avais pas encore d'ordinateur. Il va donc falloir replonger dans Ovide, Varron, ... et relire Dumézil... et rechercher mes notes. Celui-ci évoque Nerio et Moles à la page 225 de ses Fêtes romaines d'été et d'automne ... A la page 142, il évoque aussi : "... les trois rituels énigmatiques du 24 février, du 24 mars, et du 24 mai ..." à suivre. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Forn MaudezBonjour,
en ce qui concerne le "Forn Maudez", les critiques salutaires et souvent intéressantes mais présentées de manière trop péremptoire par M. Le Gall et son équipe de l'Aréthuse (http://perso.orange.fr/arethuse/presentation.htm) doivent être à leur tour relativisées : - le terminus a quo de ce monument, ni même son terminus ad quem ne peuvent être abaissés à l'époque de Vauban ; car au témoignage d'Albert le Grand, "dans la mesme isle de Maudez se void la cellule du saint, bastie en rond, comme une petite tour a deux estages ; les matelots l'appellent 'Forn-Maudez' ; et quand ils le découvrent, saluent le saint et implorent son assistance pour passer le raz de Maudez, qui est un courant de mer fort dangereux, entre les isles de Maudez et Bréhat" (Vies des saints de la Bretagne armorique, 4e édition Paris-Brest 1837, p. 725). - De ce témoignage circonstancié, on peut conclure que la nature érémitique de l'édifice et son rôle d'amer étaient reconnus dès avant 1636, date qui constitue donc le terminus ad quem de l'apparition de la tradition relative à l'ermitage de Maudez. - Quant au terminus a quo, il faut le rapporter au XIe siècle (date de la première vita), au XIIe siècle (appropriation de l'île par les moines de Bégard), sinon même au XIIIe siècle (établissement sur place d'un prieuré dépendant de Bégard et rédaction de la seconde vita). La fourchette chronologique est donc large, mais il doit être possible de la resserrer. Bien cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Re: Forn Maudez
----------------- Je prends ! .... pour compléter mon information sur l'identification du Trieux au fleuve Titus, cité par Ptolémée, idée reprise par Albert Grenier. Car cela ressemble fort aux rites de passages des rivières et de détroits (cf : Les Colonnes d'Hercule; cf : Morte d'Arthur). JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
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