En Bretagne, l'île aux Moutons dévoile l'identité de ses lointains habitants
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RENNES (AFP), le 06-01-2005
Céramiques finement décorées, vestiges de murs : l'île aux Moutons, bien connue des plaisanciers fréquentant les parages des Glénan et que l'on considérait jusqu'à présent exempte de présence humaine, livre progressivement l'identité de ses lointains habitants du néolithique.
"Il y a eu une occupation préhistorique et une occupation gauloise", explique Gwenaelle Hamon, spécialiste du néolithique, responsable des fouilles sur cette île sauvage située à 7,5 km des côtes du sud Finistère. De 1879 à 1985, elle fut uniquement habitée par le gardien du phare, désormais automatisé.
A la tête d'une équipe d'une dizaine de chercheurs, Mme Hamon vient de terminer une campagne de fouilles après des "sondages" positifs effectués en 2002 et 2003. Elle se réjouit de la "très bonne" conservation de ces témoins que l'on découvre presque à fleur de sol dans un site où les engins ne sont pas admis.
"Les vestiges se trouvent à 20 cm pour l'époque gauloise et à 40 cm pour la préhistoire. Il n'y a pas eu d'occupation postérieure et il y a eu très peu de sédimentation", explique la chercheuse dans son laboratoire de l'université de Rennes.
Seulement 100 m2 ont été explorés dans cette île de deux hectares et déjà les indices sont nombreux pour témoigner d'une occupation "dense et étendue" pour les deux périodes.
"Entre 4.200 et 3.800 avant J-C, il devait y avoir un petit village sur l'îlot", estime la chercheuse qui interprète les éléments découverts lors de la dernière campagne de fouille. Ces éléments apportent des "informations très intéressantes" sur le mode de vie de ces îliens à l'ère néolithique.
"Ils avaient taillé beaucoup de silex pour fabriquer des instruments comme des haches, des grattoirs, des meules ou des pointes de flèches", affirme Mme Hamon. Pourtant, l'île ne contient pas de gisement de silex. Ce qui indique qu'il y avait des échanges avec le continent.
A la même profondeur, des céramiques décorées au bigorneau, des bols et des vases modelés et décorés avec un poinçon ont été également découverts.
D'autres vestiges révèlent qu'une communauté humaine s'est bien établie sur l'île à la période gauloise entre 100 et 50 avant J-C ayant même des échanges commerciaux, comme en témoignent notamment des amphores de vin venues d'Italie.
La présence gauloise est attestée par d'autres traces comme des céramiques, des dépôts alimentaires, des clous et des crochets. Et aussi des restes de mur de 50 cm de hauteur - "ce qui est assez exceptionnel", commente Mme Hamon - et un lieu probablement consacré à un rite funéraire.
"On ne sait pas encore si c'était un cénotaphe", souligne la chercheuse dont l'équipe a poursuivi des fouilles entreprises au siècle dernier par un couple de Lorrains qui a transmis ses documents à l'Association Manche Atlantique pour la recherche archéologique dans les îles (AMAREE).
"En 1927, le couple avait réalisé des fouilles sans avoir su interpréter les éléments découverts", explique la chercheuse. Ces vestiges ont disparu dans un incendie qui avait détruit la maison du couple.
L'équipe reprendra ses fouilles en septembre 2005. L'île aux Moutons est en effet interdite d'accès jusqu'au mois d'août pour permettre à ses seuls résidents, les sternes, de s'y reproduire en toute tranquillité.
AFP