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soyez mesuréModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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soyez mesuréEtymologie du nom du médecin en Irlande
Miach boisseau Airmed mesure Oirmiach constitue une simple variante morphologique et sémantique La comparaison indo-européenne établit que tout le vocabulaire de base de la médecine est apparenté au thème signifiant « mesurer ». Meditor fréquentatif « s’exercer, s’appliquer à , réfléchir, étudier, méditer, répéter un rôle » Sources : Notes d’etymologie et de lexicographie gauloises et celtiques XXI C-J. Guyonvarc’h Ogam XX pp351-352 Arzel Even Les enfants de Diancecht, étude de mythologie irlandaise Ogam 1/3, n°3, 1948 Mais la question est mesurer quoi ? Doit-on envisager poids et volume, de tels ou tels ingrédients pour faire un remède ? Si c’est le cas, ce serait une valeur d’échange (donc rituelle), ou simplement une valeur scientifique, empirique ? Ou prendre une bonne mesure ? Un médecin est avant tout un médiateur entre le monde de la contingence (ce qui pourrait être autrement) et de l’autre celui de la nécessité (la vie du malade étant emporté par son destin, ce qui ne peut être autrement). Et il y a des mesures à prendre. Aristote, dans l’Ethique à Nicomaque, nous enseigne que la phronésis, c’est à dire la prudence aristotélicienne ou sagesse pratique, est la vertu nécessaire pour prendre la meilleure (ou la moins mauvaise) des décisions. La phronésis est en effet une règle de conduite qui permet de prendre une décision, une mesure, dans un système de contingence tout en lui gardant une visée éthique. Elle permet à l’âme rationnelle de décider ce qu’il faut faire en vertu de sa conscience. Ce terme sera traduit en prudentia par Cicéron ; il perdra alors sa valeur éthique en se résumant à ce qu’il convient de faire, non pas en vertu de sa conscience mais en vertu de la convenance. En japonais médecin se dit ishi. Ce mot est composé de 2 caractères : l’un renvoyait à l’idée de médicament, l’autre à celle de transfert ou de déplacement : soigner, c’était déplacer le mal hors du corps au moyen de décoctions, onguents et autres mixtures, évoquant la notion d’échange rituel. Que disent les dicos ? Lopi
Hello, désolé d'être un peu lourd mais
Le MEDecin est un MEDiateur. La notion de mesure aurait-elle donc une valeur d'échange pour une médiation? (entre le malade et les dieux .... donc). Ma question : la racine med- (mesure) s'applique-t-elle aussi à cette notion de médiation, ou d'échange, ou au moins d'interrelation. (la notion de milieu (média) irait dans ce sens, mais?) Voilà Lopi
Voilà ce que j'ai trouvé. Donc notion d'équilibre, de mesures égales de chaque coté de la balance, notion de juste milieu. Quand on pense à une société reposant sur du religieux, juste milieu entre les dieux et le malade, alors?
La maladie, qu'elle soit physique ou mentale, met le malade à l'écart de la société, il "perd sa place", sa fonction dans le mécanisme social.
De le guérir est effectivement le recentrer dans le mouvement global dont l'équilibre est si précis dans les sociétés traditionnelles. Un "mauvais esprit" qui entre dans le corps d'une personne pénètre le corps social tout entier, rompt d'infimes équilibres et peut se répercuter en s'amplifiant. On retrouve aussi cela au niveau du droit dans ces sociétés et la manière de traiter un délit ressemble souvent à une pratique médicale. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Je pense qu'il faut envisager les choses au niveau individuel.
Echange, équilibre, médiation : notions proches mais pas synonymes! Les notions d'homéostasie n'étaient pas étrangères aux "premiers" médecins GRECS (dans le sillage des phusikoi - cad hors référence religieuse). Mais l'équilibre du corps, en tant qu'unité fonctionnelle, était-elle perçue avant? Dans ce cas pourrait-être comprise cette notion de mesure : le déséquilibre du corps compensé par l'action méd-icale. MAIS dans un contexte religieux comme celui des Celtes (dans lequel, si l'on en croa CJG) la première médecine est incantatoire? Et la notion d'échange, si nette dans le phénomène des ex-voto? Un membre malade contre un membre sain? C'est pas au médecin qu'on le donne ce bout de bois, c'est à la divinité guérisseuse... Est-ce une dérive liée à l'évolution de l'humanité type hasard et nécessité? Ou le prolongement de pratiques votives plus anciennes - type prix de composition que l'on retrouve si souvent dans le domaine celtique? Je mesure l'ampleur de ton mal et on échange tout ça avec les dieux contre du neuf....
Le monde, la société, l'individu sont liés en symbolique traditionnelle et correspondent à des "étages" différents. Paracelse n'a pas inventé la théorie des signatures, je ne pense pas que les celtes l'ignoraient même si elle se traduisait pour eux sous une autre forme.
Dans ce type de médecine il s'agit de rétablir des liens coupés ou affaiblis avec la source de cette "déclinaison" particulière, ce peut être l'invocation, la prière. ![]() Muskull / Thomas Colin
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Pitit rappel :
![]() "" Vous noterez qu’aujourd’hui on admet sans réserve que les connaissances humaines officielles ont été laborieusement rassemblées, par tâtonnements successifs, au cours des millénaires. Si les gens le pensent, c’est qu’il ne peuvent croire que l’on puisse recueillir des informations autrement que par essais successifs ; par observation et application ; par transmission orale. Pour eux, il ne saurait y avoir d’autres méthodes pour rassembler des faits. Ils en sont tellement persuadés qu’ils n’ont pas encore remarqué que, si c’était vrai, la race humaine se serait autodétruite. Vrai ! Quelqu’un ayant fait essayer des graines de cumin à de jeunes enfants aurait pu découvrir qu’une infusion de cumin avait sur eux un effet calmant. Cela, il pouvait le transmettre. Mais comment cet homme, et ceux à qui il aurait transmis l’information, auraient-ils pu s’abstenir d’essayer sur les enfants toutes sortes d’autres préparations, les exterminant plus vite qu’ils ne pouvaient être remplacés ? Imaginez la situation : des groupes humains relativement peu nombreux, l’insuffisance des communications et la déperdition de l’information transmise, le grand nombre d’ "essais" possibles... Et demandez vous comment la race humaine a survécu à cette période supposée... Puis considérez les traditions persistantes, que l’on trouve partout, relatives à l’acquisition de connaissances et d’informations à partir de sources « surnaturelles » ou autres..." Fragment d’un colloque de médecins anglais (diplômés...) à Edinburgh 1986... Ce à quoi on peut rajouter que devant la Nécessité l'être humain est pragmatique. Ce qui "fonctionnait" était gardé précieusement en mémoire. Muskull / Thomas Colin
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Trouve pas l'origine du mot
![]() http://atilf.atilf.fr/Dendien/scripts/t ... 1735;?b=0; Aussi pages 275 et 276 http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?D ... UMM-205160 A partir de : http://www.lexilogos.com/etymologie.htm Le premier lien ne fonctionne pas ou est très lent, voir : http://atilf.atilf.fr/tlfi/ Muskull / Thomas Colin
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On se rapproche ?
"La délibération, votre cardinal de l’art médical Pour prendre ses décisions, le médecin délibère. L’étymologie du nom « médecin » est riche de sens. Certes le terme vient de « mederi » qui veut dire « soigner, donner des soins », mais il contient également la racine indo-européenne « med », qui a le sens non seulement de « prendre avec autorité des mesures appropriées », mais également « de juger, réfléchir, méditer ». Ainsi la délibération du médecin représente cette période de méditation avant la décision et l’action. Cette méditation consiste en général en une pesée des risques et bénéfices que ses décisions font encourir au malade. Car la première particularité de la décision médicale est qu’elle concerne autrui, et que c’est cet autre qui prend tous les risques. En concernant autrui, la décision médicale revêt un caractère exceptionnel. Autrui est à la fois objet et sujet de la délibération. La délibération porte sur un être singulier, à un moment unique de sa vie ou il souffre d’une maladie particulière. De ce fait la décision devient unique et singulière. Mais de plus, cet autre, en étant sujet, a une finalité propre qui échappe au médecin. Autrui reste absolument inaccessible ; il entretient avec l’infini une relation que le médecin ne peut connaître. Le médecin soigne, prend soin d’autrui, mais au bout du compte c’est la finalité de l’homme qui l’emportera. La décision médicale s’inscrit dans la totalité d’un futur ignoré. Ainsi que le disait Ambroise Paré « je le pansais, Dieu le guérit ». En agissant sur l’homme, la vie, le futur, l’humanité, l’acte médical acquière ainsi une dimension de transcendance et revêt un caractère ontologique. Le médecin ne décide pas seulement avec sa science ou son savoir, mais également avec sa conscience." http://www.u-psud.fr/Plein-Sud.nsf/poids.htm?OpenPage Peser le pour et le contre n'est-il pas ? ![]() Muskull / Thomas Colin
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Salut,
Sur la racine *med-, il y a un passage de Jan De Vries, La religion des Celtes, 1963, Paris, Payot, p. 117-118, qui est intéressant. Il parle alors du dieu gaulois Medros, représenté casqué, armé d'une lance, et la main posée sur la tête d'un taureau. Il fait alors le rapprochement avec le dieu irlandais Midir, un dieu rusé, qui obtient à force d'astuce qu'Elcmar lui cède ses terres. Après conciliation, Midir y laisse un oeil, ce qui lui a valu une comparaison avec Odin, autre dieu rusé. Voici le passage intéressant: "On a invoqué l'étymologie de ce nom; s'il est légitime de le rapporter à la racine i.-e. *med, "mesurer, supputer", cela pourrait indiquer un dieu particulièrement plein de science: or Midir, tout comme Odhin, est capable de toutes sortes de ruses". A+ Patrice PS: a noter que Midir n'est pas médecin, mais que le médecin Dian Cecht lui guérira son oeil. Pi d'avri vaut fout' d'berbis
Perdre un oeil peut prendre le sens de transgression, de franchir une limite. Les divinités borgne (et / ou boîteuses) sont de "l'autre côté", souvent chtonien ou chaotique. Entre les deux, le monde des géants et le monde des hommes il y a le gué, le rite dont la fonction est de maintenir l'âge d'or.
Cette notion de limite est prépondérante et est tracée par la massue du Dagda, la lance de Lug, la charrue attelée de Partholon... Mise en situation Jungienne : "Le processus de construction de l’individualité comporte donc une prise de distance par rapport à l’inconscient ; il implique que l’on quitte la maison, que l’on trahisse la mère. Cela signifie reconnaître des limites, créer des frontières, cerner l’espace et l’ordonner, et donc apprendre à supporter le conflit. En latin " limite " se dit aussi modus, qui dérive de la racine indo-européenne med. Il s’agit d’une racine à laquelle sont associés des concepts comme guérir (de med dérive medicus), mais aussi méditer, réfléchir, mesurer (d’où l’allemand messen), et enfin gouverner. Comme l’a observé E.Benveniste, ce qui prévaut ici est l’idée de mesure." http://www.jung.asso.fr/articles/Origines.html Inutile de préciser que l'on retrouve le mythème des jumeaux de part et d'autre du gué. Dylan né de la mer qui retourne à la Mère. ![]() Sainte Monique Mère de saint Augustin d'Hippone (+ 387) Née en Afrique du Nord dans une famille chrétienne, Monique est mariée très jeune à un notable paîen de Thagaste, Patricius. Elle sera une épouse modèle pour ce mari infidèle et violent que sa douceur et son silence sous les reproches finiront par convertir. Elle a de lui trois enfants, dont le futur saint Augustin. ![]() Muskull / Thomas Colin
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A rapprocher donc de la metis des Grecs! Hermes! parangon de cette metis... Mais cette ruse, quelle soit celtique ou grecque, se manifeste POUR l'obtention de quec chose. Cette légende de Midir est effectivement importante puisque l'obtention des terres se fait sur la base d'un échange, sacrificiel, et quel sacrifice : un oeil. La ruse et la science : pour au mieux tirer les bénefs des dieux ![]() A+ Lopi
L'objet transactionnel qu'est l'objet sacrificiel nous place donc dans cette perspective d'échange.
Midir, Manamann, le Sid. Chaque contact avec le Sid, dans les textes, implique une transaction. Un poids, une mesure (c'est aussi une pratique sociale chez les Gaulois). Patrice, ne trouves-tu pas que cette solution pourrait s'envisager : La "mesure" indo-européenne serait donc celle de l'évaluation de la maladie : le "praticien de santé" se place entre le malade et le dieu guérisseur et détermine le poids, le volume, le "prix de composition" pour la guérison. L'objet sacrificiel même, l'oeil, est ici hautement symbolique. On connait la forte relation de l'Apollon celtique guérisseur, et la vue - et la vision. A+ Lopi
Salut,
Sur l'oeil, il y a un article intéressant de Daniel Gricourt et Dominique Hollard, sur Lugus Macrophtalme, autrement dit Mercure Solitumarus, à Chateaubleau. L'article est dans les Dialogues d'Histoire Ancienne. Il faut que je retrouve la référence. J'ai aussi les actes d'une table ronde sur l'oeil et sa médecine dans l'Antiquité. Je te retrouve la référence ce soir. Il y a un cas notamment d'un médecin, qui s'appelle Apollinaris ou quelque chose comme. Il faudrait aussi se replonger dans quelques publications sur la notion de sacrifice. Elles sont légions, mais je les connais mal. C'est un domaine que je ne fais qu'aborder tout récemment, puisque jusuq'ici je n'ai abordé la religion que par le côté mythologique, ayant (trop) négligé le côté rituel. Bref, plus de précisions ce soir! A+ Patrice Pi d'avri vaut fout' d'berbis
On retrouve la conversion de med à mid, et le parcours de signification, comme dans le latin, vers les notions de milieu (MidSamon, cf calendrier de Coligny, Dottin)
Autre relation à la vue, mais c'est le même registre qu'évoqué précedemment : Medyr (c'est la transcrition de Lambert dans Les quatre branches...) est dit Viseur, fils de pointeur (note 127). C'est un habile frondeur, capable de viser entre les deux pattes d'un... roitelet. Roitelet et corbeau, Lug. Là c'est sur on retombe sur Mercure... L'ophtalmologie gallo-romaine était fortement développée : rencontre "alchimique" entre la science grecque (Celse, De Med, ch. 7, décrit avec précision une intervention qui pourrait être pratiquée encore aujourd'hui) ET les préoccupations gauloises sur la vue, préoccupations qui devaient largement dépasser le cadre de la pathologie. La relation à la vue et à Apollon peut se faire sur les théonymes gaulois, épithètes à Apollon. JJ Hatt avait aussi formulé des hypothèses au sujet de la stèle de Mavilly si mes souvenirs sont bons (mais spéculations..). La relation à la vue et Mercure ne me surprend pas vraiment. Mesure, vue (et donc divination...et donc relation à l'aut'coté du miroir), milieu... On est dans le transactionnel, non? L'aspect sacrificiel se situe à un autre niveau, celui du rituel, donc social (Mauss et son école, par exemple) à moins qu'on s'engage dans des réflexions psy sur la dette et les pulsions. A+ Lopi
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