Salut,
Histoire de voir ce que les auteurs latins (les grecs n'en parlent pas) disent de la langue gauloise, j'ai dépouille la somme de Duval:
Paul-Marie Duval, La Gaule jusqu'au milieu du Ve siècle, 1971, Paris, Picard.
Toute la bibliographie de ce qui va suivre se trouve donc dans ce livre. Je ne fais que résumer, et quand j'ajoute un avis personnel, je le mets entre crochets.
Les auteurs sont placés par ordre chronologique, même si ça ne veut absolument rien dire (un texte du Ve siècle ap. J.C. peut contenir des informations du Ve siècle av.). Il ne sera pas question ici du vocabulaire, mais seulement de la grammaire et de la phonétique.
Varron, La Langue latine, VIII, 36 (64 par erreur chez Duval):
aut pluribus ut Gallorum ac ceterorum ; nam dicunt alauda alaudas et sic alia.
[on apprend donc ici une des déclinaisons d'alauda, "alouette"].
Pseudo-Virgile, Catalepton, 2:
Corinthiorum amator iste verborum,
iste iste rhetor, namque quatenus totus
Thucydides, tyrannus Atticae febris:
tau Gallicum, min et sphin [ou psin] et - male illi sit,
ita omnia ista verba miscuit fratri.
Cette épigramme est dirigée contre un orateur peut-être gaulois, lequelle devait avoir une fort mauvaise prononciation et un fort mauvais goût puisqu'il mélangeait tau Gallicum et des termes grecs archaïques.
On retrouve le même épigramme chez Quintilien, Institutions oratoires, VIII, 3, 27-29, et deux fois chez Ausone, Technopaegnion, 14; Grammaticomastix, 5-8, lequel se trompe d'ailleurs en recopiant.
Au IV siècle, un rhéteur gaulois, Pacatus, fait le panégyrique de Théodose, et s'excuse de la rudesse de son langage:
Latinus Pacatus Depanius, Panégyrique de l'empereur Théodose, I, 3:
... non esse fastidio rudem hunc et incultrum Transalpini sermonis horrorem.
[Ce "dur et grossier langage de Transalpin" est-il une simple politesse de rhéteur, ou bien une marque de prononciation typiquement gallo-romain?]
Au Ve siècle, Consentius, grammairien latin peut-être originaire de Narbonnaise, nous donne un dernier détail:
Ars de barbarismis et metaplasmis, p. 394 [je n'ai pas toruvé le texte, je cite donc Duval]:
"Les Gaulois prononcent e et i de façon analogue, légèrement différente de chacun des deux sons, ce qui est une faute de prononciation de e (iotacisme)".
Voilà , c'est tout: il faut croire que les auteurs latins (même gallo-romains) ce sont peu intéressés à cette langue.
A+
Patrice