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Petite phonétique du gauloisModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Petite phonétique du gauloisSalut,
En compilant diverses sources et informations (y compris venant de ce forum), j'ai essayé de faire une petite liste phonétique de la langue gauloise. Avis et commentaires bienvenus. A+ Patrice Voyelles : a bref : peut se fermer lors de la romanisation : Ratumacos > Rotomagus. a long. e bref : peut se fermer en i après l : Belenos > Belinus ; Alesia > Alisia. Cette particularité est encore rapportée au Ve siècle par le grammairien de Narbonnaise Consentius, dans son Ars de barbarismis et metaplasmis, p. 394 : "Les Gaulois prononcent e et i de façon analogue, légèrement différente de chacun des deux sons, ce qui est une faute de prononciation de e " (d’après Paul-Marie Duval). e long. i bref : s’ouvre précocement en e dans les préfixes : ari-> are-. Plus tardivement dans les suffixes. Curieusement, le phénomène se répète à la fin de l’Antiquité avec certains mots latins : vidimus > videmus ; omnibus > omnebus. i long : est noté ει dans les inscriptions gallo-grecques, ce qui permet de l’identifier. o. u : dans certains cas, u peut s’ouvrir en o lors de la romanisation : Ratumacos > Rotomagus. Dans certains contextes, par exemple entre o et i, w disparaît. Dans les inscriptions latines, u a pu noter la consonne labio-dentale v, comme le montre parfois des variantes avec la labiale b : Minerva = Minerba ; Silvanectes = Sulbanectes. ü : le u « français » a peut-être existé. On a supposé qu’il pouvait s’agir d’une palatalition du u latin, mais cela n’est pas certain. Par contre on note bien la variante significative : Silvanectes (textes latins) = Sulbanectes (inscription) = Ulmanectes (Pline) = Subanectes (Ptolémée). On a aussi le cas d’une variante de Maximianus noté Maxumianus. Diphtongues : eu peut évoluer en ou : Teutates > Toutatis. au peut être parfois une notation latine de ou. Consonnes : occlusives sonores : b, d, g. occlusives sourdes : p, t, k. b suivi de m évolue régulièrement en mn puis simplement nn : Dubno- > Dumno- > Dunno- ou Duno-. Ces formes peuvent être contemporaines : Dubnocaratiacus = Dunocaratiacus. Il y a une ambiguité forte entre les palatales g et k : Macusanus = Magusanus ; Bacaudes = Bagaudes ; Ratumacos > Rotomagus. Il ne s’agit pas d’un problème de graphie défectueuse de g, comme le montre le cas de Magusanus, avec des inscriptions votives monumentales. Il peut s’agir d’une simple différence de prononciation entre gaulois et latin. Dans certains cas, ce phonème peut devenir la spirante x : Argantodan = Arxanti ; Cobannos = Xuban(us). g intervocalique peut s’amuïr, quelle que soit l’époque. On trouve même parfois des formes contemporaines : Maupennos = Magupe[nnos]. nasales : m, n m final est parfois transcrit n (et réciproquement). ng en gallo-grec est transcrit par γγ. C’est là un fait commun avec le latin. liquides l, r les nasales et liquides géminées sont notées de façon irrégulière : ll ou l, mm ou m, nn ou n. sifflante s Dans certains cas très discutés, on pense que s intervocalique disparaît. affriquée ts peut être noté de diverses manières : Θ, d barré (parfois double), th, s. Elle évolue vite vers ss. Ce phonème n’entre en tout cas pas en concurence avec le phénomène de spirantisation du t latin qui apparaît vers le IVe siècle (t > d > th ou d barré). C’est le tau gallicum, noté dans divers textes antiques : Pseudo-Virgile, Catalepton, 2: Corinthiorum amator iste verborum, iste iste rhetor, namque quatenus totus Thucydides, tyrannus Atticae febris: tau Gallicum, min et sphin [ou psin] et - male illi sit, ita omnia ista verba miscuit fratri. Cette épigramme est dirigée contre un orateur peut-être gaulois, lequelle devait avoir une fort mauvaise prononciation et un fort mauvais goût puisqu'il mélangeait tau Gallicum et des termes grecs archaïques. On retrouve le même épigramme chez Quintilien, Institutions oratoires, VIII, 3, 27-29, et deux fois chez Ausone, Technopaegnion, 14; Grammaticomastix, 5-8, lequel se trompe d'ailleurs en recopiant. spirante x entre quasi-systématiquement en composition avec d’autres consonnes : xs ou xt. Mais la transcription latine se résume souvent à un x seul. Pi d'avri vaut fout' d'berbis
Salut Patrice
On peut peut-être ajouter l'amuïssement de certaines voyelles atones : dans Lugudunum/Lugdunum, Areverni/Arverni, et puis nate pour gnatedans le glossaire d'Endlicher qui est peut-être plus ancien ?
Hasard,
Je viens juste de finir cette fiche: http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... e-2573.htm @+Pierre Pierre Crombet
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Re: Petite phonétique du gaulois
Les locuteurs d'une langue donnée savent rarement que tel ou tel mot est emprunté, à moins que l'emprunt soit encore assez récent pour que la prononciation en soit affectée (ex. week-end). Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que des mots latins empruntés aient subi en Gaule le même traitement phonétique que les mots gaulois.
Re: Petite phonétique du gaulois
Les langues indo-européennes anciennes neutralisent toutes l'opposition n/m en finale : il n'y a pas de n final en latin, il n'y a pas de m final en grec, etc. Cette neutralisation remonte manifestement à l'indo-européen. Il n'y a pas de raison pour le gaulois ait fait autrement. Partant de ce principe : - on a pensé à une évolution diachronique - mais les textes à finale en m sont généralement plus tardifs que les textes à finale en n, ce qui est contraire aux attentes des phonéticiens ; - on a pensé que le latin avait influencé graphiquement la notation - mais les textes à finale en m sont presque toujours notés en alphabet grec et les textes à finale en n sont presque toujours notés en alphabet latin, ce qui est va à l'encontre de cette idée ; - on a pensé à des variantes dialectales, mais aucune répartition géographique spécifique n'a pu à ce jour être identifiée. Mon opinion est que, comme dans les langues celtiques modernes, et comme en français, le gaulois avait des voyelles nasalisées (nos an, on, in et un). L'opposition n/m n'a pas de sens dans ce cas, en particulier en finale où le risque est très faible que la consonne ait laissé une trace articulatoire. A partir de là , le n et le m final sont conventionnels et ne reflètent pas une opposition phonétique.
Re: Petite phonétique du gaulois
Les textes gaulois en alphabet grec distinguent nettement υ et ου. A l'époque, la κοινη ionienne-attique dominait déjà le grec. Dans ce dialecte fortement palatalisé du grec, υ note le ü palatalisé (notre u) et ου note le vrai u (notre ou). C'est donc très certainement cette prononciation du grec qui a servi de référence pour la transcription phonétique du gaulois avec les caractères existants. Globalement, la phonétique du gaulois ne devait pas être très différente de celle du français - si ce n'est que le r était roulé, et les différences de quantité vocalique devaient être plus marquées.
Re: Petite phonétique du gauloisC'est sans doute vrai si on parle des prononciations traditionnelles des campagnes, qui comprenaient le r roulé, justement ; les campagnes étant, on le sait, plus conservatrices, les caractéristiques phonétiques du discours des anciens, celles qui sont en train de disparaître sous le laminoir de la télévision (surtout), ont peut-être des chances de prolonger les caractéristiques du gaulois, surtout pour les régions à faible installation franque, wisigothe ou burgonde.
En ce qui concerne le r roulé, F. Falc'hun faisait justement remarquer que seul une telle prononciation permettait d'expliquer le passage de Ling(o)nes à Langres, de Lund(i)num à Londres, de ord(i)nem à ordre, diac(o)num à diacre, etc.
Il n'y a des voyelles nasalisées qu'en breton en fait (et quelques rares en irlandais et en gaélique d'Ecosse, mais dans ces2 langueselles n'ont même pas un statut phonologique et on tendance à disparaître avec les jeunes générations).
Non, aucun problème Mais je pensais que tu devais encore la finaliser Je m'y attelle @+Pierre Pierre Crombet
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Et voilou,
http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... s-6062.htm Fiche n°6062 . C'est dernier temps Julien (Alias Orgenomeskos), s'est déchaïné sur l'encyclo . Patrice, est-ce normal les vides ? De plus, puis-je intégrer les remarques d'Alexandre ? @+Pierre Pierre Crombet
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Salut,
Les vides signifient juste qu'il n'y a pas de remarque particulière mais que le phonème existe quand même. Pour les remarques d'Alexandre, oui, bien sûr, mais en tenant compte du fait que ce que j'ai fait n'est pas de la phonétique indo-européenne, mais de la phonétique gauloise. Donc les remarques sur les origines indo-européennes n'y ont pas leur place et mériteraient une fiche spécifique. Il y en a d'ailleurs d'autres du même genre dans La Langue gauloise de Pierre-Yves Lambert. A+ Patrice Pi d'avri vaut fout' d'berbis
Pour le abref, il manque l'exemple, dans la fiche.
Et les lettres grecques ne sont pas passée, mais apparaissent sous leur forme latine et en jaune. A+ Patrice PS: il faut encore que je donne un minimum de bibliographie, mais tu peux déjà mettre le livre de Pierre-Yves Lambert, justement. Pi d'avri vaut fout' d'berbis
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