FAOUT AR BED
(LA FRACTURE DU MONDE)
L'écho pleure une fin de terre
Lui laissant un goût salé,
Des chiens hurlent dans la mer
En des plaintes renouvelées.
Des troupeaux de croix celtiques
Veillent sur le haut des falaises,
Douces morts ou fins tragiques
Supportant leur masse obèse.
Dans leur labyrinthe de portes
On entend par temps brumeux,
Deux ou trois syllabes mortes
Formant des mots mystérieux.
Les derniers druides en casquettes
Rêvent à tous leurs disparus,
Boivent à en perdre la tête
Leurs bateaux ne partant plus.
Et si quelques phares au loin
Eclairent encore les môles,
Nul ne sait joindre les mains
Pour prier face aux idoles.
Le soir, près du feu de tourbe,
Les marins tirent leurs volets
Créant ainsi une courbe
Sur les ombres de leur passé.
Dans ces jours qui semblent anciens
Que l'horizon a tués,
Même la pluie ne dit plus rien
Aux menhirs abandonnés.
Sous les strates de coquillages
Faites de siècles enchevêtrés,
Sont murés de vieux langages
Dont l'essence est oubliée.
Sur le mouillé de la plage
A la lisière d'une marée,
L'aube prépare son voyage
Sous des nuages bousculés.