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Nemeton en toponymie

Forum consacré à la linguistique ainsi qu'à la toponymie...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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8 messages • Page 1 sur 1

Nemeton en toponymie

Messagede Jacques » Ven 08 Déc, 2006 14:35

Je replace ici un message que j'avais laissé traîné, par mégarde, dans le vase d'Alésia :wink:

Pour faire écho à une autre discussion du forum, dont certaines interventions auraient dû trouver leur place ici (Les grands thèmes celtiques/l'emblématique Nemed), je rappelle la question de Patrice sur l'existence de vieux sanctuaires en opposition aux nouveaux (les Nonant et Nonantel), et ma réponse

Il y a un Senantes dans l'Eure-et-Loir, pour lequel l'explication de Dauzat et Rostaing pourrait coller (senos+nantos, avec les formes senone vallis en 774 et senantae en 1028) : Senantes est situé dans la vallée de la Maltorne, affluent de l'Eure, à proximité de Nogent-le-Roi.
Le Senantes de l'Oise ne semble pas se trouver dans une vallée, ce qui laisserait la porte ouverte à un *Seno-nemeton.

Ernest Nègre (Toponymie générale de la France) donne pour Senantes (Eure-et-Loir) : vestiges d'un sanctuaire gaulois Senantae en 1028, Senantes vers 1250. De seno+nemeton.
Il donne la même origine pour Senantes (Oise) : villa Senentis en 1013, Senantoe 1015, Senantes vers 1104, Senentes 1152.
Quelqu'un a-t-il connaissance de tels vestiges à Senantes d'Eure-et-Loir, et éventuellement à Senantes de l'Oise ?
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Messagede Jacques » Ven 08 Déc, 2006 15:16

Je rappelle une citation de Matrix dans Les grands thèmes celtiques/l'emblématique Nemed
* Arenemeton : Arlemptes (Hte-Loire) = Sanctuaire de l’est
On peut ajouter Arnevieille, ruines d'une chapelle à Aniane (Hérault), qui est noté Sancta Maria de Arnempdis en 1146, de Arnendes en 154, -vieille ajouté tardivement (Nègre, Toponymie générale de la France).
Dans le même ouvrage, en complément à des toponymes donnés par Matrix :
    Nemetacum, Nemetocennae 1er siècle av. JC
    praefectus Nemetacentium v. 400
ces deux formes étant faites de nemet-acos + suffixe gaulois -enna comme dans Arduenna.
    Metacon v. 170
    Nemetac fin IIIème siècle
    Nemetacum vers 300
    Nemetaco vers 365
Ces dernièrres formes venant de nemeton + -acos.
Pour Nîmes :
    Namasat sur une monnaie gauloise
    Namausikabo sur une inscription gauloise
    Nemausos, Nemausum, Nemausus au 1er siècle ap JC
    Nemis VIIIème siècle
    Nemausus civitas 876
    Nemosus 950
    Nimis 1090
    Nemse 1168
    Nymes 1386
    Nemze 1375
Du gaulois Némausos : *nem + ausos, celui de Lem-ausum (Limours). Lemáusum mais Ném-ausum, suffixr posttonique d'où Nemse par syncope de la première syllabe atone. La variante avec apocope Némaus(um) donne Némes, puis Nïmes.
Nemours (Seine-et-Marne) :
    Nemausus vers843
    Nemaus 972
    Nemos, Ennemous en 1156
    Nemors en 1164
    Nemosium en 1177
*Nemôsós accentué à la latine sur le suffixe. C'est aussi l'ancien nom de Clermont-Ferrand au 1er siècle ap. JC
Dernière édition par Jacques le Jeu 14 Déc, 2006 8:29, édité 1 fois.
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Messagede ISENGAR » Lun 11 Déc, 2006 15:32

Jacques a écrit:Quelqu'un a-t-il connaissance de tels vestiges à Senantes d'Eure-et-Loir ?


J’ai la chance de disposer de quelques documents pédagogiques publiés dans les années 80 par l’académie d’Orléans-Tours et le CDDP de Chartres.
Un de ces documents, intitulé « Préhistoire et Protohistoire, d’après des vestiges d’Eure et Loir » évoque le « Pays des Carnutes » et les « Noms de lieux d’origine gauloise ». S’y trouve une entrée « Senantes » dans laquelle on peut lire : « Seno-Nemeton (Vieux sanctuaire), avec vestiges d’un pèlerinage antique ».
L’Abbé Guy Villette, une figure du département, féru d’histoire et de toponymie antique et auteur de plusieurs études sur la Cathédrale de Chartres, avait collaboré avec les auteurs de ce fascicule pédadgogique. Ernest Nègre semble rejoindre ses propositions sur l’étymologie de Senantes.

Dans un autre document appelé « La Civilisation gallo-romaine, d’après des vestiges de l’Eure et Loir » et qui fait suite au premier, on ne peut trouver qu’une seule allusion à Senantes : sur une carte des voies romaines du département (tracée à la main par un des professeurs d’Histoire qui ont collaboré à ce document). Un tronçon aurait en effet relié Senantes, qui est aujourd’hui une aimable et modeste bourgade champêtre de 450 habitants sur les bords d’un ruisseau appelé Maltorne (et parfois Ru de Ste Geneviève), à la ville toute proche de Nogent-le-Roi.
Ces deux documents font constamment références à l’ouvrage de Boisvillette : Statistiques Archéologiques d’Eure et Loir, Chartres, 1861. Peut-être cet auteur évoquait-il la situation de Senantes ?

Une autre carte moins précise éditée par la DRAC, la DDE et le Conseil général d’Eure et Loir dans un document sur les fouilles préventives à Allaines (près de l’autoroute A10) en 1997-1998, indique que Senantes (ici ‘Senonemetum’) se trouvait sur une route antique reliant Ablis à Dreux par Epernon.

La carte IGN 2115 O de Nogent-le-Roi, complétée par quelques observations dominicales sur place, permettent de repérer et confirmer à priori les propositions de ces deux documents.
Une rapide observation des toponymes permet déjà d’identifier Senantes comme un probable petit vicus ou un fanum (comme le suggère l’interprétation du nom du bourg par l’abbé Villette) à la croisée de deux voies probablement antiques, en tout cas très anciennes.
Le premier chemin qu’évoquait le document pédagogique des années 80 est aujourd’hui couvert dans son tronçon Senantes-Nogent par la D 307-5, et traverse la petite ville de Coulombs par un chemin creux (rue de la Cavée de Paris) avant de se perdre dans les noues qui bordent l’Eure.
Ce chemin prolonge en fait une vieille voie qui serpente irrégulièrement à travers la campagne jusqu’à la forêt de Rambouillet.
En partant de Senantes vers le nord-est (axe de la voie antique supposée), on passe au pied d’une butte boisée appelée Bois du Thuilay ou Tuilay (qui suppose l’existence d’une ancienne tuilerie ?). Depuis Senantes, le chemin a pris le nom de « Chemin de Paris » (nous sommes à environ 63 km de la Capitale en ligne droite). Plusieurs croix attestent d’une certaine ancienneté du chemin : la croix Gillet, qui se trouve au carrefour avec la D 113, et la croix blanche, située au milieu des champs derrière la Boissière-Ecole (78 ), juste avant la forêt de Rambouillet.
En forêt, le chemin continue son parcours sinueux, coupant avec nonchalance les grandes allées de chasse rectilignes dont les percées remontent au XVIIIème siècle. Légèrement orienté un peu plus vers l’est, le chemin porte désormais le nom de « Chemin de Nogent-le-Roi ».
A partir du carrefour de la Croix Pater (encore une croix !), le chemin disparaît sous les hautes futaies pour réapparaître timidement sous la forme d’un sentier étroit. La carte IGN ne lui donne ici aucun nom. On remarque cependant que le sentier file droit - et en droite ligne, ce qui est remarquable pour un sentier aussi insignifiant quand on le suit sur le terrain accidenté de cette partie de la forêt (la Butte à l’Ane impose aux randonneurs un dénivelé de 40 mètres jusqu’aux noues de la Vesgre en contrebas.
A l’approche de St Léger en Yvelines, charmant bourg au cœur de la forêt de Rambouillet (notre ami Philippe2 ne dira pas le contraire :wink: ), le sentier se fait voie carrossable puis rue goudronnée (rue du chemin de Nogent) avant de disparaître sous le bitume de la D 936 qui relie Rambouillet à Houdan.
Disparaître ? Pas certain. Dans ce même axe Est/Nord-est on retrouve au nord de St Léger en Yvelines une route romaine parfaitement attestée et étudiée par François Zuber et Gilles Becq de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline (cf Mémoires de la SHARY, tome XXXIV, 1970) et qui se dirigeait vers Poissy (78 ) en passant par Jouars-Pontchartrain (la mystérieuse Diodurum) dont nous avions parlé il y a quelques temps ici) et qui, dans l’autre sens, rejoignait Chartres par trois voies différentes (deux passant par Hanches et Maintenon selon des tracés utilisés à deux époques différentes, et la troisième qui serait notre ‘Chemin de Nogent-le-Roi’ passant par Senantes)

L’autre chemin antique, celui indiqué par le petit document sur Allaines publié par la DRAC, était supposé passer par Senantes dans un axe ouest-est, reliant Ablis à Dreux. La carte IGN nous indique que la D4 qui quitte Epernon vers Coulombs puis vers Nogent-le-Roi, passe devant une motte médiévale aujourd’hui ruinée (près de la ferme de la Tour Neuve) avant de s’incliner légèrement vers le sud en laissant la place à un chemin qui file vers Senantes, en coupant le ruisseau de la Maltorne au petit village de Dancourt.
Rien de particulier à dire à Senantes même, sinon que la rue qui continue dans ce même axe vers le bourg du Coudray, un peu plus à l’ouest, prend le modeste nom de « chemin de la voie romaine » et passe au milieu d’un très récent quartier résidentiel composé de quelques pavillons sans âme. De l’autre côté du bourg, la voie croise la D983 et poursuit son cheminement vers l’ouest à travers champs et hameaux jusqu’à Dreux.
Dans l’autre sens, vers l’est et le sud-est, la voie ne présente pas de tracé évident. Et se rendre sur place n’amène guère d’indices complémentaires. On peut supposer qu’à partir d’Epernon, la chaussée aurait pu prendre un axe un peu plus orienté vers le sud-est. Passant par Houderville, Ecrosnes et Prunay-en-Yvelines avant de rejoindre Ablis par le Chemin de Prunay, qui se retrouve impitoyablement coupé par l’A11.
Peu d’indices sur le parcours permettent d’attester la possibilité d’une voie romaine entre Epernon et Ablis, même si on sait qu’Ablis (Avallocium) était un important vicus à la croisée de deux routes importantes : Chartres-Paris (par Dourdan) et Orléans-Beauvais (par Allaines, Jouars-Pontchartrain et Meulan). On trouve tout de même un champ appelé la ‘Grosse Borne’ (souvenir d’un ancien mégalithe ou d’une borne milliaire ?) sur lequel s’est développée la zone industrielle d’Epernon depuis une dizaine d’année ; un ‘calvaire’ à l’entrée d’Ecrosnes par le chemin qui emprunte cet axe ; un champ appelé « les Pavés » toujours sur ce même axe, en quittant Ecrosnes. De l’autre côté d’Ablis, à Boinville-le-Gaillard, se trouve une ‘voie creuse’ et des ‘terres noires’ sur lesquelles des fondations antiques ont été repérées par la photographie aérienne.
Là encore, la ligne TGV Atlantique coupe brutalement le chemin qui se poursuit, incertain, vers Richarville (91) avant de se confondre avec la rectiligne N 191 qui alimente en véhicules automobiles la petite ville d’Etampes, ancienne étape sur la route romaine d’Orléans à Paris.

Bref, pour revenir au cœur du sujet, je n’ai encore rien trouvé dans mes maigres archives personnelles au sujet d’éventuels vestiges d’un site antique à Senantes (à part cette modeste évocation au début de mon post, et je pense devoir poursuivre mes recherches ailleurs que dans mes tiroirs. Quoiqu’il en soit, beaucoup d’indices laissent penser que le site se trouvait au carrefour de deux voies romaines qui ont pu être, à une époque ou à une autre, des axes importants. Mais le dernier indice que je vous propose, la carte de Cassini (Senantes se trouve sur la feuille d’Evreux), ne montre aucune route traverser ce village, contrairement à Ablis ou à Allaines, par exemple. Les chemins antiques de Senantes n’étaient sans doute plus du tout fréquentés comme de grandes voies de communication depuis un bon moment...

En tout cas, ce sujet sur Senantes fut pour moi l’occasion d’une agréable promenade dominicale, une errance rêveuse sur les chemins peu fréquentés de nos campagnes.
J’espère ne pas avoir été trop long et trop hors-sujet dans ma contribution...

I.
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Messagede Jacques » Lun 11 Déc, 2006 23:16

Merci, Isengar, pour ce compte-rendu très intéressant, qui fait regretter de n'avoir pas participé à la sortie. Affaire à suivre, donc, pour cet ancien sanctuaire de Senantes : il n'y a pas de fumée sans feu.
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Messagede ISENGAR » Mar 19 Déc, 2006 19:10

Gag : je comptais aller faire un petit tour à la maison de l'Archéologie à Chartres, en milieu d'après-midi (en semaine ça ferme à 17h en cette saison), histoire de chercher de la documentation sur le sanctuaire de Senantes, date des fouilles, découvertes...
Eh bien je me suis cassé le nez. La Maison de l'Archéologie est fermée à compter du... 19 décembre...
Réouverture le 8 janvier 2007.

Ca fait de belles vacances... mais moi, je reste sur ma faim :roll:

I.
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Messagede ISENGAR » Jeu 04 Jan, 2007 12:25

Suite de mes investigations...

Dans un document de 1991 intitulé « 15 années de recherches archéologiques en Eure et Loir » publié conjointement par la Préfecture d’Eure et Loir, le Conseil général et le CAEL (Comité archéologique d’Eure et Loir), j’ai pu retrouver quelques informations dans le paragraphe d’un article de R. Dodin consacré à « l’implantation gallo-romaine dans le Thimerais [de Châteauneuf en Thymerais, note d’Isengar] et le Drouais ». Je vous les livre telles quelles :

« A proximité du village de Senantes, dans un vaste champtier où, de temps immémorial, on a toujours récolté des tessons de céramique, des monnaies et des matériaux de construction, A. Jalmain [archéologue local, connu pour ses nombreuses prospections aériennes, nd’I] découvrit, en 1976, une véritable agglomération traversée par une longue voie orientée nord-sud, perpendiculaire à plusieurs ruelles étroites. Nous avons revu, à plusieurs reprises, ces vestiges et avons pu les observer attentivement. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un vicus gallo-romain, sur la voie allant de Dreux à Paris par la forêt de Rambouillet. C’est le seul exemple connu, jusqu’ici, d’agglomération gallo-romaine [dans le secteur Thimerais/Drouais/Moyenne vallée de l’Eure, nd’I]. Le plan obéit aux règles de l’urbanisation romaine et il semble bien que ce vicus fut construit de toute pièce après la conquête, près d’un lieu de culte. Senantes, toponyme de racine celte, signifie vieux sanctuaire. »

Une photo aérienne en noir et blanc accompagne le paragraphe. Elle est légendée : « Vue de détail du Vicus de Senantes ».
On peut voir en effet une sorte de large chaussée (blanche au milieu des réages gris-sombres de la photo) entourée de plusieurs dessins de bâtiments rectangulaires complexes de part et d’autre de son tracé. Des petites allées perpendiculaires (au moins trois sur la photo) se détachent de la chaussée et délimitent les parcelles. Si la chaussée de la photo est la « longue voie orientée nord-sud » citée dans l’article, les petites allées sont-elles des décumani secondaires ? Difficile d’en dire plus à partir de cette simple photo. Dans quel sens celle-ci est-elle orientée ? S’agit-il d’un d’un champ se trouvant au nord ou au sud de Senantes ? La chaussée est-elle visible en surface, ou bien est-elle ensevelie sous une couche de terre de culture ?
A priori, l’auteur n’évoque pas de fouilles à proprement parler de ce site depuis sa découverte. Et il ne semble pas y en avoir eu depuis 1991.

On peut toutefois noter que dans le village même de Senantes se trouve une rue en pente, le chemin des Aubépines orientée nord-sud, menant de la petite église jusqu’au pont sur la Maltorne. On pourrait éventuellement noter qu’elle se prolonge par un chemin irrégulier qui file vers le sud à peu près en droite ligne mais par intermittence vers Maintenon en passant par Villiers-le-Morhier. La carte IGN n’apporte aucun indice toponymique supplémentaire...
Ce chemin des Aubépines pourrait-il éventuellement être le prolongement d’un hypothétique cardo de l’agglomération antique disparue ? D’autres exemples montrent que le cardo n’est pas forcément parfaitement orienté du nord vers le sud, mais qu’il présente parfois de légères déclinaisons d’orientation (Paris, rue St Jacques ; Strasbourg ; Timgad...).

Quoiqu’il en soit, j’avais noté sur place lors de ma dernière visite une admirable disposition de certaines des rues du village se croisent en angle droit, formant d’irrégulières parcelles à peu près rectangulaires.
Fait rare aussi dans le pays – et unique pour la vallée de la Maltorne – plusieurs ruelles descendent en ligne droite et parallèles vers le ruisseau, formant des rues en « cavées » assez profondes. Une de ces cavées rejoint une petite chapelle dédiée à Sainte Geneviève, juste sur les bords de la Maltorne. S’y trouve la source d’un ruisseau appelé « Ruisseau de Ste Geneviève » qui suit le cours de la Maltorne à travers des joncheraies tranquilles avant de se confondre avec elle au milieu de noues et d’étangs situés un peu plus à l’ouest. J’avoue que je serais curieux de savoir si Geneviève a toujours été la sainte patronne des lieux, et si elle ne s’est pas substituée à un autre patron.
Le Chemin de Paris descend lui aussi dans la vallée par une de ces cavées. A Coulombs, 2 kilomètres plus au sud-ouest, le chemin repasse par une autre cavée (la rue de la Cavée de Paris, dont j’ai déjà parlé dans mon message plus haut) parsemée de petites excavations abandonnées. Mais cette cavée de Coulombs est plus commune à ce qu’on trouve dans la région puisqu’elle descend le talus en virages successifs, et non en ligne droite.

Pour retrouver une semblable disposition en cavées droites et parallèles, il faut nous tourner vers le village de Hanches (28 aussi) que je connais bien (il se trouve sur la D 906 entre Epernon et Maintenon).
Ici aussi nous retrouvons comme à Senantes des cavées bien droites et sans doute très anciennes. Les deux sites ressemblent par ailleurs beaucoup, sauf qu’à Hanches, le village s’est développé en bas de la côte, le long de la rivière Drouette et également sur l’autre rive (où se trouve une puissante église au clocher fortifié), contrairement à Senantes qui a préferé rester en haut de sa côte et dominer sa paisible vallée... Il faut dire que la D 906 à Hanches (le rue de la Billardière) est une rue à très fort trafic routier. De ce côté-là, Senantes est heureusement assez préservée.

Par une de ces fameuses cavées atypiques (rue René le Gall) passe la route antique de Chartres à St Léger en Yvelines. Au lieu dit « La cavée du Moulin » qui longe cette rue, les archéologues de l’Eure et Loir ont mis à jour un habitat gallo-romain dont les vestiges et le mobilier trouvé sur place ont permis de cerner des éléments de la vie domestique des anciens habitants de l’Eure et Loir, en particulier en matière d’habitudes alimentaires (Bulletin n°79 de la Société archéologique d’Eure et Loir, article de Michel Souty, 1976 ; et D. joly, La faune d’un habitat gallo-romain à Hanches, Revue Archéologique du Centre de la France, tome 23, volume 1, 1986). Des photographies aériennes ont montré que de part et d’autres des cavées dominant la vallée (plus précisément sur le talus entre la rue Le Gall et la rue de la Cavée), se trouvaient également plusieurs bâtiments antiques dont un très bel ensemble cultuel qui n’a pas été fouillé à ce jour.
Il est fort probable que le même schéma se retrouve donc à Senantes, puisque les deux sites sont assez semblables.

Prochain épisode du feuilleton Senantes, dés que j’aurai rendu visite à la Maison de l’Archéologie à Chartres :)

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Messagede ISENGAR » Jeu 04 Jan, 2007 12:51

Je me rends compte que la discussion quitte doucement la linguistique pour des disciplines plus proches de l'archéologie :oops:

Je rajoute juste ce petit lien intéressant que vous connaissez sans doute déjà très bien : http://annuaires.voila.fr/voilapb.html
Il suffit juste de taper Mairie - Dancourt - 28 dans les bonnes cases puis cliquer sur "trouver". Une fois le résultat à l'écran, cliquez sur "vue aérienne".
Une photographie du secteur Dancourt/Senantes apparaîtra à l'écran... et je vous laisse observer (après un petit zoom sur les champs qui se trouvent entre les bois, la rivière et ces deux villages) les éléments intéressants que ces photographies aériennes peuvent révéler.
Peut-être l'ancien sanctuaire est-il là, sous nos yeux :wink:

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Messagede Jacques » Jeu 04 Jan, 2007 22:59

Bravo pour ce reportage très intéressant, et vivement le prochain épisode.
Glisser de la linguistique à l'archéologie n'a rien que de très normal, et nous y sommes habitués, sur ce forum.
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