Le Lépontique et le Gaulois de Cisalpine

[Orgenomeskos]

David Stifter (2002) dans son travail intitulé : Einführung in das Kontinentalkeltische propose une répartition en 5 grandes familles des inscriptions lépontiques, il distingue :

- Le lépontique ancien (Golasecca II A - III A 3) – l’inscription de Banco (Ticino), de Brescia, de Casate (Côme), de Castelletto-Ticino (Varese)….

- Le lépontique moyen (La Tène B 1 / 2 - C 1 - période gauloise) L' inscription de Davesco A (Ticino), les inscriptions de Solduno (Ticino)…

- Le lépontique moyen - récent (La Tène B / C) - Inscriptions d'Aranno (Ticino), de San-Pietro-di-Stabio (Ticino), Tesserete B (Ticino), de Viganello (Ticino), etc…

- Le lépontique récent (La Tène C 2 - D 1 / 2 - période romaine)

- Autres inscriptions (non-datées)

Les Lépontique moyen est accompagné de la mention « période gauloise ». Il s’agît bien uniquement d’un repère chronologique ? Cet auteur fait visiblement la distinction entre le Lépontien et le Gaulois de Cisalpine (tout comme P.-Y. Lambert et d’autres). Petite précision, je ne suis pas germanophone...

Que penser de cette classification ? Celle-ci s’appuie visiblement sur le contexte de découverte des inscriptions et sur évolution de celles-ci….Existe-t'il des classifications concurrentes ?


http://www.univie.ac.at/indogermanistik/lehre/stifter.kontinentalkeltisch.2002s.htm

> aller à "lepontisch (163 KB)"

Existe t'il de telles classifications pour le celtibère et le gaulois ?

[Patrice]

Salut,

Le lépontique est une langue clairement distincte du gaulois de Cisalpine (arrivé là avec les Gaulois, justement). On ignore le nom exact des utilisateurs du lépontique.
Pour la classification chronologique, pourquoi pas là-bas, mais en Gaule ça va être beaucoup plus délicat.
Les inscriptions antérieures à la conquête sont rarissimes (essentiellement des graffiti comme celui découvert récemment dans le Jura, en alphabet de Lugano et datant du VIe siècle avant J.-C.).

A+

Patrice

PS: sinon, merci pour le lien, c'est intéressant.

[Orgenomeskos]

L'inscription de la perle de Münsingen-Rain (IIIe s. av. J.-C.) et le graffite découvert au cours des fouilles du murus gallicus de Langres sont également rédigés en alphabet de Lugano. Sait-on s'il faut y voir du Gaulois ou du Lépontique (autrement dit sait-on si ces objets portant des inscriptions ont été exportés?).

[Jacques]

Le lépontique est une langue clairement distincte du gaulois de Cisalpine (arrivé là avec les Gaulois, justement). On ignore le nom exact des utilisateurs du lépontique.

On trouve chez d'Arbois de Jubainville ces lignes sur les Lepontii, que Polybe désigne comme étant des Celtes :

...des populations qui, au troisième siècle de notre ère, occupaient la région méridionale de l'Allemagne moderne, il y en a une dont Polybe connaît le nom, ce sont les Taurisci. Nous savons par Pline et par Polybe qu'il y avait des Taurisci au sud des Alpes et qu'il s'en trouvait aussi au nord de cette chaîne de montagnes. Ceux du sud sont les Lepontii et les Salassi ; chez les Lepontii était la ville d'Oscela, aujourd'hui Domo d'Ossola, province de Novare, chez les Salassi, Aoste et Ivrée, province de Turin. Ceux du nord changèrent de nom sous l'empire romain et on les appela, nous dit Pline, Norici, cela probablement du nom de Noreia, leur capitale, aujourd'hui Neumarkt, dans l'empire d'Autriche, en Styrie...
L'historien grec nous donne la liste des peuples celtiques qui s'établirent alors dans cette région : d'abord il nous mène au nord du Pô, et, allant de l'ouest à l'est, il commence par les Laevi et les Lebecii. Les Laevi paraissent être une population ligure établie antérieurement aux environs de Pavie, l'antique Ticinum, et conquise par les Gaulois. Les Laevi ou mieux Laiui, que Polybe appelle Λαοι en supprimant le digamma, ont été sous l'empire romain une dépendance des Celtes Insubres, dans le territoire desquels Ptolémée place Ticinum. Ils ont été probablement d'abord considérés comme une fraction des Celtes Lebecii. Ceux-ci possédaient Verceil et Laumello. Polybe néglige ici les Celtes cisalpins de l'extrême nord-ouest, c'est à dire les Salassi et les Lepontii, dont il parle sous le nom des Taurisci, quelques lignes plus haut...
Caton nous apprend que les Lepontii habitant Domo d'Ossola et les Salassi chez qui se trouvaient les villes d'Aoste et d'Ivrée, étaient de nation taurisque, tauriscae gentis, et appartenaient par conséquent au groupe celtique.

[Jacques]

En complément http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=3282528

L'Auteur se propose de pallier la rareté des documents linguistiques du celtique continental en utilisant les sources archéologiques. Comme certains documents lépontiques ont reçu une datation plus reculée, il suppose que la culture immédiatement précédente (Champs d'Urnes) a pu être partiellement celtique, à cet endroit. Redéfinissant les traits spécifiques du lépontique, il remarque le petit nombre des innovations et admet que le proto-lépontique devait être proche du celtique commun. L'irruption du gaulois en Cisalpine n'est qu'un aspect de l'expansion importante de la culture laténienne. Même la France a gardé des traces d'un parler celtique pré-gaulois (noms en -qu-)

DE HOZ J. Faculdad de Filología, Universidad Complutense, Ciudad Universitaria, Madrid, ESPAGNE.
Congrès international d'études celtiques No9, Paris , FRANCE (07/07/1991)
1992, vol. 29 (4 p.1/2), pp. 223-240
in Etudes Celtiques (Etud. Celt.) ISSN 0373-1928