Sources de l'histoire de l'Armorique du IVe au VIe siècle

[André-Yves Bourgès]

Bonsoir,

à lire sur le blog hagio-historiographie médiévale une nouvelle notule intitulée"Grégoire de Tours et les reclus de l'Ouest", qui traite de trois anachorètes indiscutablement en lien avec l'Ouest de la Gaule : le nantais saint Friard, le breton Winnoc et enfin un certain Senoch, dont le nom paraît être d’origine celtique, mais qui, selon Grégoire dans la notice spécifique qu'il a consacrée à ce saint personnage, appartenait à la nation des Theiphales établis en Poitou, dans un pagus qui avait pris d’eux le nom de « Theiphalie » (Theiphalia).


Ce travail figure également (mais sans les liens informatiques) sur le forum dédié "Culture bretonne, picte et gaëlique", animé par Benjamin, dans le cadre d'un fil de discussion consacré aux sources contemporaines de l'histoire de la péninsule armoricaine du IVe au VIe siècle.


Commentaires et avis bienvenus.

Cordialement,

André-Yves Bourgès

[Pierre]

Bonsoir André-Yves,

C'est pour le moins intéressant. Mais quel rapport y a t-il entre les aumônes d'argent et la construction de pont ? Servent-elles à financer ces constructions, ou est-ce le saint qui mets la main à la pâte ?

@+Pierre

[André-Yves Bourgès]

Mais quel rapport y a t-il entre les aumônes d'argent et la construction de pont ? Servent-elles à financer ces constructions, ou est-ce le saint qui mets la main à la pâte ?

Le texte latin ne dit pas expressément que les dons reçus par Senoch lui ont servi à financer la construction de ponts. Je serre ma traduction pour vous donner la teneur du texte :

1/ La dévotion des fidèles lui apportait fréquemment de l'argent; mais il ne le déposait pas dans des cassettes dissimulées, mais dans les poches des pauvres (...)... Il donnait donc ce qu'il recevait, pour l'amour de Dieu, afin de subvenir aux diverses nécessités des indigents. D'où il se fit que pendant sa vie il délivra du lien de la servitude et du fardeau de leur dette plus de deux cents (Conferebat ei devotio fidelium plerumque pecuniam, sed non eam in abditis loculis, sed in pauperum marsupiis condebat (...)... Dabat enim hic quae accipiebat pro Dei intuitu, in diversis necessitatibus indigentium. Unde factum est ut in vita sua de his amplius quam ducentos a nexu servitutis debitique onere sublevaret).

2/ Tous ceux qui étaient par lui guéris de diverses infirmités grâce à Dieu, il leur donnait, s'ils étaient pauvres, la nourriture et le vêtement en un joyeux partage ; et il était d'un tel soin à l'égard des nécessiteux qu'il construisait des ponts sur les lits des rivières, afin que personne n'eût à déplorer les cruels naufrages du fait des eaux en crue (Omnes enim quoscunque per eum a diversis infirmitatibus dextera divina salvavit, si inopes fuissent, ipse cibum vestitumque dispensatione hilari porrigebat ; tantaque ei cura de egentibus fuit, ut etiam pontes super alveos amnium diligenter instrueret, ne quis inundantibus aquis naufragia saeva lugeret).

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès