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Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Oui, si on veut, mais ça déteint sur les pila muralia :
Je trouve plus logique que les pieux/piquets servent comme retranchement plutôt que comme projectiles, mais comme un des mots latins désignant le retranchement a donné le français munitions, on est pas sortis de l'auberge ! Quant au mot épieu, il désigne des armes d'hast qui vont de la lance de bois des copains de Rahan à l'épieu de chasse encore utilisé de nos jours. Pour Rapin, la hasta pura des Latins, lance sacrée, était une hampe de bois pur, cf Gournay II. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Effectivement, munitions vient de munitionem, de munire qui signifie « munir » et désigne aussi les retranchements et les fortifications.
Désolé de revenir dans la discussion après un long silence. Le cas des pila muralia est pour moi symptomatique de la trop grande confiance qu'on a parfois dans les traductions. Celle de Constan, considérée comme la meilleure du De Bello Gallico, n'est pas exempte d'erreurs, comme en témoigne en effet la "librila" traduit par "casse tête" ou ailleurs par "balle de plomb" et j'en passe. Le Gaffiot est pourtant assez clair.
Ce dernier offre une traduction littérale pour "pila muralia", qui devient ainsi "javelots de siège". Cela veut tout dire et rien dire. Il faut plutôt voir dans quel contexte ces "pila muralia" apparaissent dans les textes. Du coup, certain en ont fait des pieux de retranchement. Markus Junkelmann le premier, qui a baptisé ainsi les pieux en bois, épointés au deux extrémités, avec un centre aminci, qu'on retrouve sur les camps du limes rhénan. Sa restitution de palissade avec de tels pieux n'est à mon sens en aucun cas crédible, tant elle s'en trouve aérée et perméable aux traits de l'ennemi. Ces pieux sont des "pali" servant à constituer des chevaux de frise. Le pila muralia est à mon avis, au sens premier du terme, des javelots ou épieux fabriqués durant les sièges pour être utilisés sur les fortifications. Comme je l'ai souligné dans la légende de la plache de S. Lagrange (réalisée sous mes indications, qui n'engagent donc que moi), un javelot une fois lancé est perdu. Le javelot n'est pas l'arme adéquate pour repousser une cohue aggripée à une palissade pour l'escalader ou la percer : une arme d'haste, lourde et perforante est beaucoup plus efficace. Les fouilles d'Alésia en ont révélé un certain nombre, de formats variables, mais généralement trop épais pour être lancé. L'un présente même un harpon latéral. Sans doute que dans l'attente des assauts, les forgerons des légions devaient en fabriquer des quantités importantes, avec du matériel de récupération. Pour moi, c'est cela les pila muralia.
Salut, François, en plus clair, cela rejoint ce que j'ai dit plus haut.
Ce que tu dis sur le javelot qui est destiné à être perdu rejoint des remarques d'André Rapin et Gérard Bataille sur des javelines gauloises fabriquées à l'économie. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Salut à tous,
Je viens de recevoir les actes du XXVe colloque de l’A.F.E.A.F, Repas des vivants et nourriture pour les morts en Gaule. L’article de Michels Bats, Mythe et réalités des consommations funéraires en Gaule méridionale : IVè .s- Ier s. av. J.-C. contient un dessin du mobilier de la tombe de Saint-Laurent-des-Arbres (Gard) : de la vaisselle, des armes : lance et épée gauloises plus un casque. D’après Michel Feugère, Casques antiques, p. 39 et p. 42, il s’agit d’un casque étrusco italique en bronze, avec bouton sommital et volutes gravées sur le couvre-nuque. Les séries de casques étrusco-italique se diffusent du IVe s jusqu’au IIe s. av. J.-C. M. Feugère donne une datation aux environs de 100 av. J.-C. Michel Bats date la tombe du Ier siècle av. J.-C. Si je comprnds bien un passage de Feugère, il s’agirait de la tombe d’un guerrier gaulois portant un casque « romain » d’avant la réforme de Marius. Après c’est le type Coolus-Manheim qui va se diffuser avec "version lourde" Manheim et "légère" Coolus. Ces modèles équiperont les légions césariennes. Michel Feugère présente ce casque comme "un signe de statut social privilégié", sous- entendu dans la Gaule Narbonnaise conquise récemment. Votre avis ? Dernière édition par Sedullos le Lun 02 Mar, 2009 12:46, édité 1 fois.
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Il me semble évident que les casques trouvés dans des sépultures gauloises indiquent un statut social élevé. Mais ici, il s'agit d'un casque étranger.
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Je présume que le casque est un héritage, ou alors un casque d'apparat simple. La lance et l'épée gauloise permettent d'infirmer qu'il s'agirait de l'équipement d'un principes romain, donc je pense qu'il s'agit d'un guerrier gaulois.
D'un statut haut ou moindre? Il pourrait s'agir d'une personne de haut rang qui reçu ce casque de sa famille ou bien d'un présent diplomatique. Ou alors il s'agit d'un simple combattant qui aurait acheter ou trouvé ce casque, étant donné que ce type de casque était courant un siècle auparavant et qu'au début du Ier siècle av J.-C le commerce était intense et qu'il était plus simple pour un guerrier de gagner de l'argent (ou de l'influence) par exemple grâce à l'esclavage.
Salut, il ne semble pas que ce soit un casque d'apparat qui par principe ne serait pas "simple". Même si on peut considérer qu'une arme ou pièce d'armure ordinaire dans un milieu culturel ou ethnique peut gagner du prestige en arrivant dans un autre milieu. Et que l'attraction de Rome et de Marseille ont joué à fond les deux derniers siècles avant notre ère. A propos d'une possible transmission des épées, j'avais envisagé cette idée de l'héritage dans un fil sur aremorica. Leukirix était très dubitatif à ce sujet. Stéphane Gaudefroy ,qui travaille en Picardie, nous dit qu'il constate un renouvellement de la panoplie environ tous les 30 ans. Il y a des types qui évoluent, des modes qui se succèdent. Pour revenir au sujet du fil, c'est d'ailleurs un peu le leitmotiv de Sur les traces de César : identifier l'armement utilisé par le "camp" césarien, regroupant les Romains, les Germains mais aussi des Gaulois, Africains et Espagnols... au moment de la guerre des Gaules, donc sur une période très courte. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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la transmission des épées j'en doute, à cause de la fragilité du matériau avec le vieillissement et les multiples réparations. De plus une épée n'est pas l'équipement le plus cher. Par contre le casque il pourrait très bien provenir d'un héritage, surtout pour un individu ne faisant pas partie d'une haute classe de la société celtique. Mais peut-être que l'archéologie prouve le contraire, je n'ai pas assez d'informations sur toutes les fouilles.
Mais je pense plutôt que cela vient du commerce, les vieux casques ne sont pas jetés dès qu'un nouveau modèle (ça c'est notre époque la surconsommation ![]() De plus il y avait peu d'auxiliaire avant la réforme marnienne et l'équipement n'était pas fourni par la légion romaine. Donc soit ce casque est un vieil exemplaire d'un casque gaulois, soit ce casque a été pris à un légionnaire (décès, vente d'un vétéran, perte au combat, vol etc.). Il faudrait analyser la structure du casque, si de nombreux endroits du casque ont été refondus (car c'est du bronze) alors le casque provient peut-être d'un guerrier gaulois, sinon il faut privilégier la piste italique.
Bonjour,
Au sujet du casque, il pourrait s'agir d'un cadeau : nous en avons l'exemple littéraire dans l'Iliade (rapshodie X) où un casque en dents de sanglier, hérissé de poils, est enlevé au combat à Amyntôr Orménide par Autolykos puis donné à Amphidamas, qui l'offre à Molos, qui le lègue à son fils Mèrionès, qui le prête à Ulysse... Cordialement. @+
Salut à tous,
Genava, si le casque étrusco-italique en bronze est bien une création des bronziers italiens, il est apparu à une époque où les casques en fer se diffusent chez les Gaulois d'Italie. Si on prend le groupe de 5 casques de Montefortino, on a 4 casques celtiques, 3 en bronze, 1 en fer : http://www.armae.com/Photos/Casques/Ant ... HL191A.jpg et 1 casque étrusco-italique en bronze. http://www.armae.com/Photos/Casques/Ant ... hl100A.jpg Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Bonjour à tous,
Me revoilà après un moment de silence... j'en profite pour annoncer ma nouvelle paternité, mon troisième enfant est né le 3 février... Pour ce qui est de la diffusion des panoplies, la persistance inhabituelle de certaine pièce (le casque de Sedullos), les héritages... Nous restons toujours dans l'hypothèse. Pour la diffusion, une hypothèse intéressante propose l'établissement de longue date de groupes humains celtiques, sédentarisés depuis des générations et la persistance de groupes celtiques toujours nomades ! Ce qui permet d'expliquer entre autre les textes disant que les Gaulois ne vivent que de la guerre, que leur seules richesses sont l'or et le bétail ! Ces groupes de nomades évoluant notamment au 4e et 3e s av. J.C. seraient d'excellent moteur pour la diffusion des nouvelles normes notamment dans l'armement et dans le mercenariat... Je précisais, sur un autre fil, que la mutation du matériel militaire tenait en premier lieu à la rencontre d'un nouvel ennemie et au contact duquel l'armement à dispo ne convient plus d'où évolution pour la suite si suite du conflit il y a. Je ne crois pas à la mise en place de nouvelles combinaisons d'armes en amont d'une opération militaire, mais plutôt en aval, lorsque celle-ci a quelque peu, voir complètement échoué... Pour les protections corporels les choses se présentent différemment à mon avis puisqu'au niveau tactique cela ne remet pas en cause l'aboutissement stratégique, à la différence près qu'un homme protégé par un casque a plus de chance de survie qu'un homme tête nue, ce qui peut jouer, c'est certain, dans la conservation des effectifs lors de l'engagement armé et donc joué en faveur ou défaveur de la stratégie mise en place... D'après les pièces archéologiques d'Alésia, il en est certaines qui ne sont pas du 1er av J.C. ! Ce qui veut dire que devant l'urgence de la situation, on a pas hésité à utiliser de l'armement obsolète qui équipait l'arrière grand père ! En clair, toutes les armes n'ont pas finit leurs jours aux côtés d'un homme dans sa sépulture ou dans les sanctuaires. Certaines ont été conservées dans les demeures ! J'en profite pour faire quelques remarques que je retire de l'excellente thèse d'Alain Deyber. Les tactiques guerrières et les effectifs diffèrent d'un peuple gaulois à un autre en fonction des zones géographiques occupées. En clair pour la défense d'un territoire à fort relief la gent militaire optera plus volontiers dans la guerre d'embuscade nécessitant peu d'effectif alors qu'au contraire les peuples occupant les plaines auront d'avantage besoin d'hommes et de mettre en place des tactiques plus élaborées pour le combat en rase campagne. Cela indique l'hétérogénéité de la qualité des effectifs au moment de la guerre des Gaules et aussi du nombre d'hommes que peut mettre à disposition tel ou tel peuple... On sait que toute manoeuvre militaire nécessite un parfait fonctionnement des communications, hors rien n'est plus difficile à une époque où il n'existe aucune de transmission onde !! Ainsi les manières de faire des montagnards et des gens de plaine diffèrent également. Je finirais pour dire que la défaite d'Alésia est du à la coupure totale des communications entre les assiégés et leurs alliés extérieur. Vercingétorix n'a donc pas pu organisé lui même l'offensive de ses troupes assiégées et de son armée externe, la pluralité du commandement jouant automatiquement en défaveur des Gaulois ! VAE VICTIS
http://www.archeoart.org
Toutes mes félicitations! C'est bien de repeupler la Gaule
![]()
C'est toujours comme ça, les romains changèrent sous Camille après la guerre contre les gaulois et sous Marius après les teutons et les cimbres.
Salut à tous,
Félicitations, Leukirix ![]() Une précision sur "mon" casque, enfin le casque de la Forêt de Rouvray, s'il pourrait remonter à un modèle béotien, dont l'utilisation s'arrête au IIe siècle av. J.-C., sa conception est très proche des modèles type Alésia ou celtique occidental, qui correspondent au Ier siècle av J.-C.
Peux-tu préciser de quelles armes, il s'agit ? Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Félicitations Leukirix,
Mais au fait, c'est un guerrier ou une guerrière ? @+Pierre Pierre Crombet
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