CNRS en danger

[Patrice]

Salut à tous,

Guillaume soulevait il y a quelques temps le problème de la diminution de 25% des crédits accordés à l'archéologie (plus exactement à l'INRAP); notre cher gouvernement vient de faire encore mieux: une diminution globale de 30% des crédits accordés à la recherche (CNRS, IFREMER, INSERM, etc.). Certains labos sont touchés jusqu'à -40%!

C'est cool. Comme nos chers ministres n'ont pas osé toucher à la masse salariale (parce sinon, là, même les chercheurs de droite aurait râlé), ça va faire pas mal de personnel payé à rien faire, faute de moyens.



Elles coûtent si cher que ça, les flashballs, pour justifier une telle mesure?

A+

Patrice

[Thierry]

Hello, notre cher Premier Ministre vient de le dire, il faut faire des économies budgetaires.

Nous n'en somme qu'au début.....

Le secteur de la recherche est un des plus faciles à amputer (ça fait moins de monde dans la rue) mais je pense que l'enseignement, la culture, les monuments historiques vont aussi en prendre pour leur grade.

Sans compter que sous prétexte de décentralisation, on va transférer des budgets entiers vers des entités qui ne pourront assumer...

Enfin bref, on peut faire les fiers à bras internationaux, la France de proximité qui s'annonce a de quoi nous préoccuper...j'suis un peu hors sujet là , mais ça fait du bien de se défouler

Tiens nous au courant, Patrice sur les conséquences pratiques de telles mesures.

A bientôt. Thierry

[Fergus]

Patrice,

Je déplore autant que toi les restrictions budgétaires de la recherche scientifique. C'est d'ailleurs un problème récurrent, qui existe aussi sous des gouvernements de gauche, et je sais de quoi je parle, j'ai travaillé sur le sujet dans les années 90.

Par contre, je m'élève contre ta dernière remarque, remarque facile et complètement démagogique.
D'une part, je te rappelle qu'on est en démocratie, et que la majorité des gens ont exprimé comme souci n° 1, l'insécurité. En démocratie, on tient compte de l'avis de la majorité, même quand celle-ci n'est pas de gauche.

D'autre part, je t'informe qu'à Cosne-sur-Loire, où j'habite, le commissariat de police va fermer le 1er février 2004. Il y a là 48 fonctionnaires, donc 48 familles, qui vont devoir partir, ou travailler loin de leur domicile. Ils seront "remplacés" par 32 gendarmes (dont 10 emploi-jeunes) qui ne rendront évidemment pas le même service à la population (car je rappelle que le travail de la police ne consiste pas seulement à tirer au flash-ball). Sous couvert de "redéploiement police-gendarmerie", il s'agit en réalité, tout bêtement, de faire des économies.

J'ajoute qu'à Cosne-sur-Loire, petite ville de 12000 habitants, l'hôpital public est également menacé de fermeture, ainsi que d'autres administrations publiques... Il s'agit d'une politique générale, à long terme, de désengagement de l'Etat. La crise ne concerne donc pas que l'archéologie ou la recherche.

Patrice, il ne faut pas confondre les discours et les actes, ni résumer la politique à des slogans. Il y a une vie réelle, à côté des universités.

[Thierry]

Fergus,

Ce qui s'est surtout exprimé massivement au printemps dernier c'est le rejet d'une forte minorité à tendance xénophobe.

L'insécurité a toujours été une préoccupation pour ceux qui y étaient réellement confronté mais elle a été un thème majeur essentiellement pour les médias.....

Quant au renforcement des moyens de la police, il est aujourd'hui très réel ( et sans doute nécessaire ) en dépit du redéploiement local qui est défavorable à ta commune...

Cela ne saurait justifier les coupes drastiques sur des budgets aussi essentiels que la recherche....

A+, Thierry

[Patrice]

Bon, c'est vrai, ma dernière remarque était mesquine et non avenue sur ce forum. Quand on est directement visé, la colère fait parfois disparaître la mesure.

Il n'empêche que ce désengagement de l'Etat de tous ces secteurs d'activité (y compris ceux que tu cites, évidemment) est grave, particulièrement regrettable. Et surtout il n'a jamais été aussi catastrophique que sous le gouvernement actuel.

Manisfestement, le premier ministre, soit-disant ex-RPR, ne fait qu'appliquer une politique ultra-libérale de désengagement complet de l'Etat: tout ce qui n'est pas rentable et auto-financé doit être fermé.

C'est lamentable et surtout dangereux.

A+

Patrice

(Ceci dit, une dizaine de commande en moins chez Dassault, c'est presque une année de budget pour le CNRS...)

[Fergus]

Thierry,

Nous ne sommes pas là pour commenter les élections de l'an dernier, mais je ne pense pas qu'elles puissent se réduire au deuxième tour (faussé par l'absence de candidat de gauche). Il y a un réel problème d'insécuritéauquel il fallait répondre pour éviter que la minorité xénophobe ne soit encore plus importante la prochaine fois.

Pour le reste, Patrice, je suis bien d'accord : la science, la recherche sont des choses très importantes, et c'est ce qui nous préoccupe ici. Malheureusement, sans vouloir me faire l'avocat du Gouvernement (où je n'ai pas d'intérêt particulier ! ), ce ne sont pas les seuls secteurs importants du budget de l'Etat. Je ferai seulement remarquer que le budget de la Défense est extrêmement bas depuis quelques années...

Amicalement

[Muskull]

Bonjour
Le problème est certes plus économique (lié aux lois libérales) que politique, mais 30 % c'est énorme !
Dernièrement, des universités fermaient parce qu'on ne pouvait plus payer le chauffage ou faire des travaux de 1° sécurité...

Les USA ont beau jeu d'être le "paradis des chercheurs" alors qu'ils sont assis sur un déficit public colossal.
J'ai lu une étude dernièrement (Diplo), il suffirait que les pays asiatiques cessent de soutenir le dollar (pour investir en euro par exemple) pour que les états unis se retrouvent dans une situation identique à celle de l'Argentine !

Plus d'autonomie pour les régions est un leurre, il s'agit seulement d'un transfert de responsabilité budgétaire. Les régions fortement industrialisées s'en sortiront (et grossiront encore par attrait fiscal), les autres non.
Résultat : Les "pauvres" payeront plus d'impôt que les "riches"...

Solution : Instituer une "espèce de taxe Tobin" sur les profits de la recherche privée pour financer l'éducation et la recherche publique.