Un article du Figaro.fr... Mais dîtes-moi, notre passion commune serait-elle devenue...à la mode?
Si tel était le cas, Matthieu Poux (alias Adcauanos) en est en partie responsable, indéniablement !
Les villes gauloises ressortent de terre
Alors que la fouille de Bibracte, capitale des Eduens, atteint sa vitesse de croisière, une capitale «tripolaire» vient d'être identifiée chez les Arvernes, à côté de Clermont-Ferrand.
A.-M. R.
[15 novembre 2005]
L'ARCHÉOLOGIE CELTIQUE est en plein essor en France. Sans doute Christian Goudineau, titulaire de la chaire des Antiquités nationales au Collège de France n'est-il pas étranger à ce renouveau d'une discipline qui s'était longtemps arrêtée aux thèses du XIXe siècle, présentant les Gaulois comme des barbares, voire des sauvages, au profit des Romains civilisateurs. C'est lui, en effet, qui a porté à bout de bras la naissance du Centre européen de recherche et du Musée de Bibracte, sur le mont Beuvray, capitale des Eduens, premier lieu de rassemblement des tribus gauloises autour de Vercingétorix en 52 avant J.-C. et unique témoignage – jusqu'à l'an dernier – d'un authentique urbanisme gaulois.
Bibracte qui, du reste, fête cette année les vingt ans de la reprise de ses fouilles. Devenue Société anonyme d'économie mixte nationale, un statut particulier créé spécialement pour elle, l'«entreprise Bibracte» voit passer chaque année des équipes d'une dizaine de pays d'Europe et a déjà formé des centaines d'étudiants qui travaillent sur cette riche civilisation, rivale de Rome, qui réunissait tous les peuples de l'Europe moyenne tempérée.
Mais une autre ville gauloise est en train de se révéler, ou plus exactement une conurbation de trois oppida Corent-Gondole-Gergovie, à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand. Tout laisse penser qu'il s'agit de la capitale des Arvernes, un peuple aussi puissant que leurs rivaux éduens.
Matthieu Poux, conservateur au Musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon, qui dirige la fouille ouverte en 2001 à Corent, le plus riche des trois chantiers, estime que ces trois sites formant un triangle encerclant 2 000 hectares doivent être considérés ensemble, comme les trois pôles d'une ville éclatée, un modèle urbain déjà connu puisqu'il existait dans la Grèce archaïque. Tous les archéologues ne sont pas de cet avis, certains privilégiant la chronologie et affirmant que les trois sites ont dû prendre le relais les uns des autres entre 120 et 50 avant notre ère. Le débat est ouvert.
http://www.lefigaro.fr/culture/20051115.FIG0166.html?080934