la mandragore faisait elle partie de la pharmacopée des Celtes anciens ?
et si oui, sous quel nom ?
(je ne suis pas un néo sorcier, c'est l'histoire des végétaux qui m'interesse)
merci,
Ewenn
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MandragoreModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Mandragorela mandragore faisait elle partie de la pharmacopée des Celtes anciens ?
et si oui, sous quel nom ? (je ne suis pas un néo sorcier, c'est l'histoire des végétaux qui m'interesse) merci, Ewenn
Re : MandragoreJe ne sais pas si la mandragore faisait partie de la pharmacopée des anciens Celtes. Cette plante, de la famille des Solanacées, dont la racine tubérisée et bifurquée rappelle la forme d'un corps humain, pousse plutôt dans les régions chaudes, voire très chaude.
Autrefois, on attribuait une valeur magique à la mandragore et on l'utilisait effectivement en sorcellerie. Voici ce que dit Edouard Brasey dans son livre "Sorcières et Démons", qui rapporte un grand nombre de traditions et de légendes sur les sorcières: "La mandragore, sorte de tubercule vaguement anthropomorphe censée abriter un génie, possédait des vertus aphrodisiaques et divinatoires très importante pour les sorcières. Elle permettait même à celles qui en absorbaient de voler dans les airs, d'après la légende évidemment (Note de Gwyddyon: de nos jours, on utilise plutôt le Jameson 12 ans d'âge :-o). Mais la cueillette de la mandragore était délicate, car lorsqu'on l'arrachait de terre, cette plante magique poussait un cri terrible qui tuait sur place toute créature se trouvant aux alentours. La sorcière devait alors utiliser un subterfuge. De nuit, elle creusait tout autour des racines de la mandragore, afin d'en dégager le pied, puis elle passait une corde à la base de la plante dont elle attachait l'extrémité au cou d'un chien. Elle plaçait ensuite de la nourriture légèrement hors de portée de l'animal et s'en allait s'abriter plus loin, en ayant pris soin de se boucher les oreilles avec de la cire. En tirant sur la corde pour atteindre la nourriture, le chien déracinait la mandragore qui poussait alors son cri, foudroyant l'animal sur le coup. La sorcière n'avait plus qu'à venir s'emparer de la plante magique. Elle la baignait dans du vin puis l'emmaillotait dans de la soie avant de la remiser avec le plus grand soin dans un coffre prévu à cet effet." De nombreuses autres plantes faisaient partie de ce que l'on pourrait appeler "le jardin de la sorcière", soi-disante sorcières qui étaient souvent, avant tout, des guérisseuses, avec des connaissances venant peut-être d'un fond traditionnel assez ancien. La mélisse était recommandé pour les estomacs fragiles, la pervenche était bonne pour les soins de la peau, la bétoine aidait à lutter contre les insomnies et les cauchemars, la lavande et le thym étaient d'excellents antiseptiques qui aidaient à calmer la toux (on fait d'ailleurs toujours des infusions de thym et de lavande en Provence). Il est à noter que dans beaucoup de traditions, les plantes étaient associer à la prière ou à l'invocation. Ainsi, les maux de dents étaient soulagés par l'emploi de la potentille rampante, à condition de réciter une prière consacrée commençant par: "Saint Pierre était assis sur un bloc de marbre" et finissant par "Celui qui prononcera ces mots en m'invoquant n'aura jamais mal aux dents" (Note de Gwyddyon: de nos jours, on utilise plutôt le Tullamore Dew, et après ce n'est plus la potentille qui rampe :-o) Cette façon d'associer la médecine des plantes à la prière est également caractéristique des chamanes, les "hommes-médecines" des sociétés traditionnelles africaines, amérindiennes ou mongoles. La guérison ne vient pas uniquement de la plante, mais avant tout de "l'esprit de la plante". Est-ce que les anciens druides avaient recours à ce genre de pratiques, peut-on dire qu'ils étaient eux aussi des sortes de chamanes, d'autres intervenants pourront mieux te répondre que moi. On pourrait ajouter à ce "jardin de la sorcière" les aiguilles et les baies rouges de l'if qui apportaient la mort, de même que les grappes de fleurs bleues en forme de capuchon qui poussaient sur l'aconit. La belladone, la jusquiame et la stramoine entraient également dans la composition de breuvages qui provoquaient des visions terrifiantes (un peu comme le chouchen :-o). Mais employées avec justesse et parcimonie, ces plantes pouvaient avoir des vertus positives. Ainsi, le suc de baies de belladone servait de fard à paupières, et donnait au regard des femmes un éclat irrésistible (les coquines...). La cigüe était un poison mortel, mais à faible dose elle permettait de rendre un homme impuissant. En revanche, la liqueur de rose réveillait les ardeurs assoupies. Voilà , voilà pour les plantes. À noter que le nom "Mandragore" vient du grec "Mandragoras", qui signifiaient chez les anciens grecs "plante stupéfiante ou soporifique". Chez les Celtes, je ne sais pas (en admettant qu'ils aient eu connaissance de l'existence de cette plante). À noter, et je finirai avec ça, que à propos de la pervenche dont j'ai parlé, j'ai vécu 3 ans à Madagascar (quand j'étais petit, avec ma famille), plus exactement dans le nord de l'île, à Diego Suarez (de nos jours, Antsiranana), près du Cap d'Ambre. Il pousse à Madagascar une espèce unique, qui ne pousse que là -bas, et qui est la "Pervincamina Blanca" ou "Pervincamina Malagasy", une pervenche blanche que les laboratoires occidentaux vont chercher là -bas pour faire des médicaments favorisant la circulation sanguine cérébrale. Cette pervenche blanche est évidemment connu depuis des siècles par les différentes ethnies (et leurs traditions chamaniques) qui composent Madagascar. Puisque, apparemment, tu t'intéresses à l'histoire des végétaux, j'espère avoir pu te donner quelques informations. Bon, évidemment, ça n'a pas trop à voir avec le sujet qui nous intéresse sur ce forum, c'est à dire les Celtes (ah bon !? :-o) mais ça nous arrive des fois de dévier un peu. Demain, cours sur les bienfaits de la fermantation du blé et du houblon :-o) Professeur Gwyddyon Ap Cymru, Diplômé de l'Université de Salem, Grand Apothicaire du Malin, Docteur en Rouquinologie. Adresse: Pharmacie "La Neuvième Porte", 666 rue du Bouc Lubrique, 66666 Pandemonium (ouvert tous les jours sauf jours d'orgies)
Re : Re : MandragoreOups, je suis passé du latin à l'espagnol! Ce n'est pas "Pervincamina Blanca", mais "Pervincamina Albina" (ce qui est plus logique) et avec laquelle les laboratoires font la Pervincamine.
Gwyddyon Ap Cymru
Re : MandragoreEwenn, bonjour, je viens de consulter Magie, médecine et divination chez les Celtes / Christian-J. Guyonvarc'h.- Payot, 1997.- pp.263-269 :
deux sous-chapîtres sur les plantes médicinales gauloises et irlandaises. Chou blanc : rien sur la Mandragore sauf erreur de ma part ! Sed...
Re : Re : MandragoreBen oui grand vénérable, c'est bien par là que j'avais commencé, entre autre, et n'ayant rien trouvé dans le Guyonvarc'h, j'ai cherché ailleurs et je n'ai rien trouvé non plus. Je n'en sais donc toujours rien. La mandragore est originaire des régions chaudes, mais les Gaulois, par exemple, ayant commercé avec des peuples méditerranéens qui pouvaient eux-mêmes la tenir d'autres peuples avec lesquels ils commerçaient, peut-être les Gaulois pouvaient-ils connaitre son existence, même si celle-ci ne poussait pas sur leur sol, non ?
La question reste en suspens. Gwyddyon Ap Cymru
J'ai lu récemment un article de Jean-Loïc LE QUELLEC, La mandragore: « celle qui expulse », des références ô combien savantes qui ont ravi mes pauvres neurones.
J'avais trouvé cet article sur google scholar mais il n'est visiblement plus disponible. Peut-être l'intéressé pourra-t-il vous aider à le retrouver. Mes remarques pour M. Le Quellec, puisque je crois qu'il est monté sur l'Arbre , sur ce passage :
Il semblerait, qu'après Ginzberg, vous ayez eu la même tendance à voir dans l'âne plus une "interpolation" d'avec le chien qu'une véritable tradition associant l'âne et la mandragore. Or, ces deux animaux entretiennent une réelle symbiose mythologique. Ils sont tous les deux hautement caniculaires, psychopompes, pestilentiels et féconds. Mais l'âne, si j'ose dire, a quelque chose de plus que le chien dans la nature de cette plante que vous décrivez si bien : le souffle et les testicules. Vous avez bien saisi, il me semble, que ces oeufs étaient des "beaux couillons", un "panier double". On peut donc déjà anticiper un fait incontournable: on castrait plus volontiers les ânes que les chiens, surtout en Mésopotamie, que devenaient leurs testicules ? On avait beaucoup plus affaire au sperme asinien qu'au sperme canin, dès le troisième millénaire, la zootechnie équine était un fait établi. La relation des ânes et des ânons sur la castration est amplement discutée pendant l'antiquité, voir Elien notamment. Chez les Sémites, on prêtait serment et "allégeance" en prenant les testicules du "père" dans les mains. Des testicules jusqu'au phallus gonflant, que de souffle. En Egypte également, sous forme d'âne ou de porc, le dieu Seth s'attaquait aussi aux testicules (cf Adonis); en égyptien, le mot souhé désigne l'oeuf et le souffle. En hébreu, il y a confusion constante, et sûrement volontaire, entre le raisin et la figue dont vous parlez. Ainsi le terme eshkol en hébreu renvoie à la grappe de raisin et aux testicules, le grec n'est pas loin de cette association bien banale. Enfin, pendant la moisson, ce sont les ânes qui sont présents, non les chiens, et j'imagine que ces longues oreilles ne se faisaient pas prier pour grignoter tout ce qu'il trouvait. Alors, à l'instar des truffiers qui suivent leurs cochons, les Sémites rhyzotomes, en pleine canicule, devaient suivre leurs ânes pour dénicher la plante venteuse apotropaïque. Pour le braiment, encore une fois, il doit y avoir confusion entre le cri de l'âne et son flehmen. So long story... , je m'arrêterai là ... N'est pas âne qui veut
Salut Pan,
En quoi l'âne est "caniculaire" ? Je me souviens du chien de "l'hercule" Melkart phénicien qui découvre la pourpre (couleur) d'un coquillage sur la plage de Tyr. La pourpre royale des toges des arrivistes romains et du pape, plus tard... Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
L'article cité ci-dessus : http://jean-loic.lequellec.club.fr/page0/page3/assets/Salagon.pdf
Muskull, il me semble que j'en ai parlé plus d'une fois sur une des branches , en cherchant bien tu devrais trouver, désolé pas trop de temps. N'est pas âne qui veut
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